Afin de comprendre la finance islamique, nous allons dans un premier temps, ret
Afin de comprendre la finance islamique, nous allons dans un premier temps, retracer son histoire, dans un second temps, nous en expliquerons ses principes, et enfin nous verrons quels sont les instruments qu'elle propose. Historique de la finance islamique 2.1.1. Les origines14(*) : La finance islamique trouve sa source dans la religion musulmane : l'islam. Cette dernière aurait été révélée au prophète Muhammad (né en 570 à la Mecque et mort en 532 à Médine) à partir de l'an 610. L'islam prévoit dans ces textes (Coran et Hadiths), un ensemble de préceptes afférant aux échanges économiques entres les hommes. Ainsi pouvons-nous voir apparaitre les grands principes de la finance islamique dans la charia. Cependant nous ne pouvons pas dire qu'il s'agisse de la finance telle qu'on la connait. En effet le Coran décrit certains comportements à avoir lors de transactions commerciales, mais ne définit pas un système aussi complexe que celui que l'on connait aujourd'hui. Les premières traces d'un système comptable organisé en terre d'islam se situeraient à l'époque des premiers Khoufala (à partir de 634). Cette époque fut le début de l'expansion de la religion musulmane. Les institutions islamiques de cette période furent très rigoureuses sur la gestion des ressources des Etats. L'enjeu majeur fut de canaliser correctement la Zakat. Déjà à cette époque la religion musulmane se voulait transparente en matière de finance. En 1969 Subhi LABIB décrit cette période comme la naissance du capitalisme islamique. Effectivement, dans un article du journal of economic history, il rappela qu'à cette époque un système économique musulman verra le jour. Ce système sera basé sur le dinar. Ce sera à partir de ce moment que nous pourrons voir apparaitre de nouveaux instruments financiers (tels que les chèques, les lettres de changes, les opérations de transferts de fond internationaux....). Cet âge d'or perdurera jusqu'à la chute des abbassides, en 1258. 2.1.2. La finance islamique contemporaine La finance islamique telle que nous la connaissons ne verra le jour que dans les années 1970. En effet, ce n'est qu'en 1963 que naquit la première caisse d'épargne musulmane. Cet évènement se déroula dans le village égyptien de Mit Ghamr et fut déclenché par l'économiste Ahmad EL NAGGAR. La population locale, très croyante, exprima une méfiance vis-à- vis des banques classique. C'est pourquoi ils décidèrent de fonder un système tontinier d'entraide musulman (par le biais du microcrédit), afin de subvenir à leurs besoins. Au départ, il n'était pas question d'un système islamique à proprement parler. Il s'agissait simplement d'un rassemblement d'agriculteurs souhaitant mutualiser leurs ressources pécuniaires. Cette caisse d'épargne, qui fut la première initiative du genre dans le monde musulman, draina une grande partie des revenus des villageois. Fidèles à leurs principes, les villageois ne pratiquaient aucune distribution ou prise d'intérêts. Ils favorisaient plutôt les prises de participations et les financements directs. En ce sens on peut dire que la finance islamique moderne vit le jour à cette époque. Bien que cette première expérience fût une véritable réussite elle ne dura que 4 ans, et dû prendre fin pour des raisons politiques. Cette initiative aura inspiré la création de plusieurs leviers islamiques : -En 1969 la Malaisie créa un fond islamique d'entraide appelé le Tabung Hadji. Ce fond, toujours en activité, a pour mission d'aider financièrement les pèlerins (partant pour la Mecque). Aujourd'hui encore ce fonds joue un rôle économique très important en Malaisie -En 1969, toujours, se créa le Dallah Albaraka Group. Un conglomérat d'entreprises puissant dont fait partie l'Albaraka Banking Group. Ce dernier ayant des filiales, « charia compliant », spécialisées dans la banque de détail et la banque d'investissement. -En 1970, on observe la naissance du premier sharia board, « le sharia supervisory board ». Celui-ci fut indépendant, et fut l'initiateur de la gouvernance bicéphale des banques islamiques (nous y reviendrons plus tard dans notre étude). -En, 1972, on assista à la création de la Nasser Social Bank. Il s'agissait de la première banque destinée aux gens modeste en Egypte. Le concept était de proposer des services conventionnels et parallèlement proposer des services islamiques tels que la collecte et la redistribution de la Zakat15(*) ou le financement du Hadj16(*). D'une manière générale, on peut dire que c'est dans les années 1970 que l'on vit apparaitre un ensemble de pratiques financières conformes aux préceptes de l'islam. Cela à plus grande échelle. Ce mouvement verra le jour grâce à l'OCI (Organisation de la conférence islamique) qui décida en 1973 de créer l'Islamic Development Bank. Elle démarra son activité 2 ans plus tard, en même temps que la banque privée Dubai Islamic Bank. Ce mouvement fut appelé « Islamic Finance » (finance islamique en français). 2.1.3. La normalisation de la finance islamique : Nous sommes en Mars 1981. La Dar Al Maal Al Islami est fondée. Son siège se situe à Genève. Le président de cette banque se nomme Mohammed AL FAISAL AL SAOUD. Son activité se décompose en 2 grandes parties : -les services commerciaux islamiques : dépôts, cartes chèques, gestion d'actifs, gestion de portefeuilles etc... -les services corporates : investissements, fusions et acquisitions, assurances islamiques etc... Ce groupe constituera un poids lourd de la finance islamique. En effet il est présent dans une dizaine de pays (Royaume-Uni, Emirats Arabes Unis, Bahamas, Bahreïn, Egypte, Pakistan, Niger, Suisse, Sénégal, Luxembourg). 2.1.4. La finance islamique dans le monde Nous avons vu que la finance islamique, était née en 1963 en Egypte (Mit Ghamr). Elle s'exporta ensuite en Malaisie. Dans les années 1970, elle commença tout juste son évolution, en passant par les pays du Golfe (Dubai, par exemple). Elle démarra sa normalisation au début des années 1980, atteignant des régions du monde telles que l'Afrique subsaharienne (Niger, Sénégal...) ou l'Europe (Grande Bretagne, Luxembourg). Cette finance, a connu en quarante ans, un essor considérable. effectivement, née la veille du choc pétrolier de 1973, elle est aujourd'hui pratiquée dans plus de 60 pays. Elle s'est exportée bien en dehors des terres arabes, traditionnellement musulmanes. Il est maintenant nécessaire de comprendre comment se répartie l'activité financière islamique. Elle est représentée par 345 institutions financières ou fenêtres d'institutions financières17(*). Parmi ces dernières, on pourra noter que seules 105, sont des banques purement islamiques (les banques dont les résultats et bilans sont composés comme l'annexe 5 et 6). Même dans les pays du golfe arabo-persique, la part de marché des activités purement islamique ne dépassera pas les 26,5% des activités bancaires totales en 2008. Ce chiffre est enregistré par le Koweït. En revanche, l'Iran et le Bahreïn enregistre le meilleur chiffre en ce qui concerne la part des banques purement islamique dans le système bancaire des pays du golfe en 2008. Ce chiffre est de 86%. On pourra noter que même si l'Iran fait partie des pays utilisant le plus la finance islamique, elle n'est pas souvent citée pour en parler. En effet, ce pays est extrêmement protectionniste. D'après Dhafer SAIDANE, le processus d'instauration de la finance islamique dans ce pays fut différent des autres. En effet, cette finance serait née dans ce pays, à l'initiative des pouvoirs publics, pendant les révolutions de 1979. On observera aussi que le sultanat d'Oman ne pratique pas la finance islamique. Effectivement, ce pays émet un rejet, qui serait d'ordre religieux. Le dogme qui y est majoritairement pratiquée est l'islam de tendance Abadhite. Ainsi elle ne peut qu'exprimer un rejet vis-à-vis des principes émanant du courant Sunnite : « ...des recherches récentes ont montré que des anciennes sectes de l'islam [dont font partie les Abadhites], lorsqu'elle se séparèrent de la communauté orthodoxe [Sunnite], ne pouvaient partager avec la majorité les principes essentiels d'un droit qui n'existait pas »18(*). 2.2. Les fondements et principes de cette finance : La finance islamique est une extrapolation du droit islamique. Elle découle du dogme musulman. En revanche on peut noter certaines différences entre la finance en islam et la finance islamique. Il est donc nécessaire d'expliquer en quoi consiste ces deux modèles afin d'en cerner les divergences. 2.2.1. La finance dans l'islam : Afin de comprendre les fondements de l'islam, il est nécessaire d'en expliquer les outils. Ainsi, il existe 2 notions très fortes dans le dogme islamique : halal et haram. Le halal est ce qui est autorisé dans la religion musulmane. Le haram est ce qui est interdit. La charia est le périmètre qui définit ce qui est halal et ce qui est haram. Par exemple, on entend beaucoup parler de la viande halal. Elle l'est lorsque que l'animal que nous consommons est abattu selon le rite musulman. Ainsi nous pouvons voir que l'islam règlemente le financement mais aussi l'objet du financement. Il est donc interdit d'avoir recours à des financements haram, mais il est aussi interdit d'utiliser son argent de manière illicite en islam. Ainsi les fondements de la religion musulmane se basent sur ces notions. 2.2.1.1. L'économie au service de l'Umma L'islam est une religion apparue au VIIème siècle. Sa racine vient du mot « Salam » qui signifie « paix » et du mot « istislam » qui se traduit par « soumission » en uploads/Finance/ afin-de-comprendre-la-finance-islamique.pdf
Documents similaires






-
50
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jui 22, 2021
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
- Taille du fichier 0.1604MB