Que pensez-vous du shadow-banking ? 1. DEFINTION DU SHADOW BANKING: La crise de

Que pensez-vous du shadow-banking ? 1. DEFINTION DU SHADOW BANKING: La crise des subprimes qui a éclaté en 2007 a révélé l’existence d’un système de financement parallèle au système bancaire traditionnel, que l’on a dénommé shadow banking system (système bancaire de l’ombre). Il peut être défini comme un système d’intermédiation financière qui regroupe des entités extérieures au secteur bancaire traditionnel mais remplit pour partie des fonctions semblables. Cet ensemble d’acteurs, situé aux frontières des banques et des marchés, collecte de l’épargne, souvent liquide, pour la transformer en placements de long terme, en particulier des produits de titrisation. Ce système bancaire parallèle établit des interconnexions entre les banques et l’ensemble des institutions financières qui constituent une source importante de risque systémique. Il a joué un rôle majeur dans la genèse puis la propagation internationale de la crise financière. Les acteurs du système bancaire parallèle Les banques traditionnelles financent leurs prêts avec les ressources qu’elles collectent auprès de leurs déposants et avec leurs fonds propres. Plus important, les banques créent des dépôts – la monnaie scripturale – à l’occasion de leurs opérations de crédit. Plus récemment, les banques se sont mises à émettre des obligations pour accroître leurs ressources et leur capacité de prêt. Le plus souvent, les banques font de la transformation d’échéance : leurs crédits sont effectués à des échéances plus longues que leurs ressources. Du fait de cette asymétrie entre la durée de leurs ressources et celle de leurs emplois, le système bancaire est fragile et instable, car dépendant de la stabilité des dépôts, et donc de la confiance des déposants. Ce qui explique pourquoi, afin d’assurer la stabilité du système bancaire, des règles et des institutions ont été créées dans la plupart des pays, telles que la garantie des dépôts, la Le shadow banking system et la crise financière les subprimes a révélé l’existence d’un système financier parallèle ou de l’ombre – d’où la dénomination de shadow banking system – dont le rôle dans la genèse et la propagation de la crise financière est aujourd’hui bien démontré. S’il s’est d’abord développé aux États-Unis, les grandes banques universelles européennes y ont très vite joué un rôle majeur. Comment et pourquoi ce réseau d’acteurs financiers pratiquant des activités proches de celles des banques, mais échappant aux réglementations auxquelles celles-ci sont soumises, a-t-il connu un tel essor ? Les réformes financières menées un peu partout pour tirer les leçons de la crise ont-elles permis de le réguler de manière satisfaisante ? À la différence du système bancaire traditionnel, le shadow banking system se compose de tous les acteurs impliqués dans des opérations de crédit à fort effet de levier et qui n’ont pas directement accès à une assurance de dépôts ni au refinancement des banques centrales. Ces acteurs financiers ne sont pas soumis à la supervision prudentielle édictée par le Comité de Bâle. Participent au shadow banking system les banques d’investissement, les fonds spéculatifs (hedge funds), les fonds d’investissement (fonds mutuels, fonds de pension, sociétés d’assurance), les fonds de private equity et les véhicules spéciaux d’investissement. 2. Les facteurs à l’origine du shadow banking : Deux changements majeurs ont bouleversé le métier de banquier traditionnel depuis les années 1980, ouvrant la voie au shadow banking system. Le développement des marchés de gré à gré Le premier changement est venu des politiques de libéralisation financière menées dans la plupart des pays avancés puis émergents à partir des années 1980. Les gouvernements et les autorités de supervision et de régulation ont décidé de promouvoir des politiques de laisser-faire à l’égard des acteurs financiers. Ces politiques étaient fondées sur la croyance en l’autorégulation des marchés et en la capacité des acteurs financiers de s’autocontrôler. C’est ainsi que les autorités ont laissé se développer des marchés de gré à gré qui, à la différence des marchés organisés, fonctionnent d’une manière totalement opaque et donc incontrôlable, et sont caractérisés par l’absence de chambres de compensation et de règles communes à l’ensemble des opérateurs de marché. Les opérations sur produits dérivés réalisées sur des marchés de gré à gré non régulés ont permis aux institutions financières de bénéficier d’effets de levier importants. Sur ces marchés, les institutions financières ont la possibilité de se couvrir contre les risques de taux d’intérêt et de taux de change, mais aussi de spéculer avec un paiement initial faible, voire nul.  Un nouveau modèle d’intermédiation bancaire : Le deuxième bouleversement concerne les modalités de l’intermédiation bancaire. Soumises à la double pression des exigences de rendement des actionnaires et des normes de supervision prudentielle, les banques ont cherché à accroître et à diversifier leur offre de financement. Pour atteindre cet objectif, ces dernières ont développé deux axes stratégiques. Elles ont mis en œuvre une nouvelle forme d’intermédiation, qualifiée d’intermédiation de marché, fondée sur une activité intense sur les marchés financiers. Une part croissante des résultats bancaires provient désormais des opérations de marché. En second lieu, pour satisfaire les exigences prudentielles, et en particulier le ratio de fonds propres, les banques ont cherché à sortir de leurs bilans une partie de leurs actifs et de leurs risques. Cette stratégie a conduit les banques à un usage massif des produits dérivés et surtout de la titrisation des créances. Innovation financière majeure, la titrisation consiste à transformer des crédits bancaires en titres négociables pour les vendre à des investisseurs, ce qui permet de transférer du crédit, et donc des risques, du bilan des banques vers celui d’institutions non bancaires. Les banques se sont ainsi éloignées du modèle d’intermédiation traditionnel, dénommé originate to hold, dans lequel elles accordent des crédits et les gardent dans leur bilan jusqu’à l’échéance en contrôlant la qualité et les résultats de l’emprunteur. La titrisation a favorisé l’adoption d’un modèle nouveau (originate to repackage and sell), dans lequel les banques continuent certes d’accorder des crédits, mais avec l’idée de les restructurer et de les vendre au plus vite. Dans ce modèle, les banques ne remplissent plus leurs fonctions traditionnelles – financer l’économie et contrôler les risques – qui sont transférées à des acteurs non bancaires. Cette nouvelle forme d’intermédiation a donné naissance à une véritable industrie financière, qui constitue le cœur du shadow banking system. Les banques ont commencé par regrouper (repackage) les crédits titrisés et ont émis des obligations adossées à ces actifs, dénommées collateralized debt obligations (CDO). Ces « produits structurés » sont divisés en tranches ayant des risques et des rendements différents et sont évalués par les agences de notation. Les acteurs les plus actifs dans cette industrie financière ont été les banques d’investissement états-uniennes, telles Goldman Sachs, Bear Sterns et Lehman Brothers. À l’autre bout de la chaîne, les produits structurés sont achetés par des investisseurs ; les tranches les plus risquées sont acquises par les « véhicules spéciaux d’investissement » (VSI) – Special Investment Vehicles – et les fonds spéculatifs (hedge funds). N’ayant pas la possibilité de collecter des dépôts, à la différence des banques, ces acteurs financiers se financent en émettant des titres de créance, des billets de trésorerie (commercial paper) acquis par les money market funds (l’équivalent des fonds communs de placement monétaires français). Comme ils ne peuvent pas créer de la monnaie en octroyant des crédits, ces acteurs financiers ont utilisé les ressources financières ainsi obtenues sur le marché pour se porter contrepartie des banques, soit en leur vendant de la protection sur les marchés de produits dérivés, soit en achetant aux banques les produits structurés adossés sur les créances bancaires (CDO). Se comportant comme des « quasi-banques », ces acteurs financiers lèvent des ressources à court terme pour financer des créances à long terme. En fin de compte, le système bancaire traditionnel et le shadow banking system représentent deux formes d’intermédiation différentes. La première – originate to hold – correspond à un circuit court dans lequel les banques collectent des dépôts qu’elles transforment en crédits à long terme dont elles contrôlent et assument les risques. Le shadow banking system – originate,repackage, sell – correspond pour sa part à un circuit long et fait intervenir une chaîne d’intermédiaires non bancaires qui se substitue, et fonctionne en parallèle aux banques traditionnelles, réduites à de simples courtiers, et ne remplissant plus leur fonction de financement et de gestion des risques.  Le modèle traditionnel des banques : Dépôts des ménages => Banques commerciales => Crédits à long terme.  Le modèle shadow banking system : Épargne des ménages => Fonds communs de placement monétaires => VSI, banques d’investissement, fonds spéculatifs => Produits structurés adossés sur les créances bancaires. Le système financier complexe qui s’est mis en place est un facteur important de risque systémique, pour deux raisons. Premièrement, les institutions financières parallèles au système bancaire traditionnel remplissent des fonctions voisines de celles des banques, tout en échappant à la surveillance des autorités bancaires et n’appliquant pas les règles prudentielles, notamment en matière de fonds propres. En second lieu, les banques traditionnelles ont cru s’être débarrassées du risque, en le transférant à d’autres entités moins surveillées. En réalité, les mécanismes de la finance parallèle ne leur ont uploads/Finance/ analyse-des-risques-bancaires-yvan.pdf

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  • Publié le Jul 27, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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