0123 MARDI 27 JUILLET 2021 | 19 expressions, imite sa si gnature, comme Vincen
0123 MARDI 27 JUILLET 2021 | 19 expressions, imite sa si gnature, comme Vincent imitait jadis celle de son père. Surtout, il n’a pas les réticences de son frère Yannick visàvis des acti vités africaines du groupe paternel, qui jure à ses copains que « jamais » il n’y mettra le petit doigt. Cyrille est diplômé de Dauphine, lui aussi. Après ses débuts à Londres dans la banque, puis aux Etats Unis dans le trading pétro lier, son père lui propose de rejoindre le groupe. « Tu t’y colles et regardes si cela te plaît », conseilletil en 2007. Cinq ans plus tard, lors d’une conférence de presse, Vincent présente Cyrille comme son « successeur pour les activités industrielles et logistiques ». Enfin, Vincent Bolloré récupère dans ses fi lets la petite dernière, Marie, née en 1988, en la recrutant, après son cursus à Dauphine, à Blue Solutions, la filiale de batteries électri ques dont Autolib est le portedrapeau. L’homme d’affaires, attaché aux symbo les, jubile de ce rôle retrouvé de patriarche entouré de ses enfants. Maintenant que sa famille est enfin ressoudée, il se plaît à la mettre en scène, notamment dans son fief breton de Beg Meil, où il a conservé le ma noir familial, longtemps propriété de son oncle GwennAël Bolloré, un des héros du commando Kieffer, qui a contribué à libérer la France des occupants allemands. « Vin cent appartient à la sixième génération des Bolloré et il a depuis toujours une vision dy nastique, souligne Bernard Poignant, son vieil ami breton. Il s’inscrit dans un patri moine, se situe dans une chaîne et a toujours dit qu’il allait transmettre. » Au premier étage de la demeure principale, l’homme d’affaires a fait installer un musée avec textes et photos encadrés, où l’on peut voir Pompidou à la pêche à la crevette, dans une impeccable scénographie retraçant à la fois l’histoire de la famille et celle du groupe. Ses clients importants, ses visiteurs étran gers, les politiques français venus pour une inauguration ou la pose d’une première pierre ne coupent pas à la visite guidée par le propriétaire des lieux. Celuici adore convier ensuite les anciens ministres – Emmanuel Macron, Manuel Valls, Christian Estrosi ou JeanLouis Borloo y ont eu droit – à un dîner où il mêle à ces visages connus d’anciens ouvriers, l’exmaire du village, le curé, le colo nel de gendarmerie. Tous les ans, le 16 janvier, Vincent Bolloré organise une messe dans la chapelle du manoir, en mémoire de son grandpère René, disparu en 1935. Proches, employés et enfants sont priés d’y assister, comme ils se doivent de participer – autre tra dition familiale – au ramassage des coquilla ges sur la plage les jours de grandes marées. AFFICHER L’UNITÉ DU CLAN Depuis que la réconciliation a été scellée, à l’orée des années 2000, Vincent Bolloré met tout en œuvre pour qu’aucun de ses en fants ne s’éloigne à nouveau. Il prend soin de Cyrille lorsqu’il rencontre des soucis de santé, de même qu’il s’était inquiété pour Yannick du temps des virées en boîte. Alors que sa chaîne CNews se fait le portevoix des antivax, en bon papa poule, il s’est démené pour faire vacciner contre le Covid19 toute la famille dès les premières doses disponibles. Pour tenter de maintenir les liens entre une fratrie distendue, il organise également des repas du dimanche à la campagne, près de Fontainebleau (SeineetMarne), autour d’un traditionnel pouletfrites. L’été, le voilà trans formé en chef scout, faisant monter toute sa tribu dans un grand van posté à la sortie de l’avion privé, pour rejoindre en chantant SaintTropez (Var), où il a fait construire à cha cun sa propre maison. Anniversaires, inaugu rations d’usine, tout est bon pour rassembler son clan ou, du moins, afficher son unité. Il peut même en jouer, comme une provoca tion, lors du mariage qui unit, en 2006, de vant 300 invités, Yannick et Chloé Bouygues, la nièce de Martin Bouygues. Ce jourlà, ce dernier a préféré sécher la fête plutôt que de risquer de croiser ce rival breton coupable d’avoir mené contre lui, huit ans plus tôt, un raid brutal et inamical. Les quatre enfants de Vincent Bolloré sont désormais tous salariés du groupe, potentiels successeurs de leur père en même temps que ses obligés. A ceuxlà s’ajoute Cédric de Bail liencourt, le neveu du grand patron, monté lui aussi au sein du groupe en débutant dans le secteur des matières premières, café et ca cao, avant de devenir directeur financier. Pour autant, les héritiers sont loin d’être tous au même niveau dans la hiérarchie du pouvoir. Si Cyrille et Yannick occupent de vé ritables fonctions, l’un à la tête de la holding depuis 2019, l’autre à celle de Vivendi depuis 2018, l’aîné, Sébastien, et la dernière, Marie, sont moins bien lotis. Vincent Bolloré, avec la dureté qui le caractérise, ne parletil pas luimême de ses « deux enfants utiles » en évoquant Yannick et Cyrille ? Rentré en France, Sébastien s’est vu confier des mis sions aux EtatsUnis ou en Australie, bien loin de l’épicentre des affaires familiales. Of ficiellement, il est administrateur de l’édi teur de jeux vidéo Gameloft, racheté en 2016. Sa sœur, Marie, celle dont Vincent Bolloré parle sembletil si peu à ses proches, s’est, pour sa part, retrouvée propulsée au cœur de l’un des dossiers les plus compliqués : Auto lib. Pas un cadeau, de l’avis général, pour une jeune femme timide, qui n’a pas le bagage pour gérer un bras de fer avec la Mairie de Pa ris après l’arrêt du service d’autopartage. « Je la laisse faire, commente alors Vincent Bol loré, jamais en reste d’une saillie misogyne, parce qu’avec les femmes, si on leur confie le volant en leur disant à tout moment “accélère” ou “freine”, ça finit mal. » En réalité, Marie ne conduira pas seule les négociations. Gilles Alix, directeur général du groupe Bolloré, l’ac compagne à tous les rendezvous, parle à sa place et est en copie de ses courriels. Lorsque les discussions se durcissent, la jeune femme disparaît au profit de son père, qui affronte seul Anne Hidalgo et ses équipes. Même en tre Cyrille et son frère Yannick, les mieux pla cés dans la succession, la répartition est loin d’être équitable. Cyrille dirige l’empire – sous le regard constant de Vincent –, ce qui le place en position d’actionnaire de son aîné. Le mi crocosme des affaires garde en mémoire cette phrase du patriarche, voyant arriver Yannick et Cyrille à un pincefesses : « Voilà le beau gosse et celui qui bosse ! » Si Vincent Bolloré affirme aimer autant l’un que l’autre, c’est à Cyrille, le plus costaud et le plus discret, qu’il a confié les clés du cof fre et les responsabilités les plus importan tes. C’est le seul qu’il a luimême vraiment formé, lui faisant grimper un à un les éche lons de son empire, avec exigence. Un jour, alors que Cyrille se plaint du caractère om brageux de Dimitri Xylinas, patron de la dis tribution pétrolière du groupe, avec lequel il doit travailler, son père lui rétorque : « Tu vois, la vie des affaires, c’est ça. On est con fronté à des types qui vous emmerdent toute la journée. Il faut tenir et progresser. En haut, il y en a moins. » Pour aider Cyrille à atteindre le « haut », il a fait appel à ses amis Nicolas Sarkozy et Michel Roussin, ancien ministre spécialiste des affaires africaines, qui a orga nisé son premier voyage à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Vincent Bolloré a ensuite confié son fils à Etienne Giros, directeur de la division Afrique du groupe Bolloré entre 1991 et 2005. Ce dernier l’emmène au Cameroun et l’initie au business comme aux secrets de la branche africaine, dans laquelle il évolue dé sormais avec aisance. Vincent a fini par lui laisser officiellement les pleins pouvoirs en 2019, ainsi que son bu reau dans la tour qui porte le patronyme de la famille à Puteaux, dans les HautsdeSeine. Le fils choisi n’a rien changé à la décoration du lieu. Tout juste atil ajouté un ou deux fau teuils. Il travaille sur la table ayant appartenu à son grandpère, manière de signifier qu’il prend lui aussi la mesure de cet héritage. Mais les hauts cadres du groupe ne sont pas dupes de cette organisation où chacun des enfants dispose d’un titre ronflant. Quelles que soient les fonctions des uns et des autres, les déci sions majeures sont prises par Vincent et lui seul : l’entrée dans le capital de Lagardère, les ambitions du groupe sur Europe 1, la stratégie de Vivendi, les affaires africaines. C’est à peine s’il prend le temps d’en informer ses fils. Il est omniprésent, passant une tête dans les comi tés de direction où siègent ses enfants, his toire de montrer qu’il demeure le patron. Dans un tel contexte, Yannick a dû avaler pas mal de couleuvres. Lorsque Bertrand Meheut, le patron de Canal+ à l’époque, ex plique à Vincent uploads/Finance/ bollore-2.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Sep 20, 2021
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
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