Documents pour le Médecin du Travail N° 99 3e trimestre 2004 315 dmt 99 TC 99 C
Documents pour le Médecin du Travail N° 99 3e trimestre 2004 315 dmt 99 TC 99 Ce dossier est l’aboutissement d’une action menée par le groupe coiffeur d’EVEREST Bretagne (Évaluation et veille des risques dans les petites entreprises par un réseau santé au travail). Il a été en grande partie réalisé par Valérie Feaugas (hygiéniste du travail) et Anne Bruneteau (interne en médecine du travail) dans le cadre de leur mémoire et thèse. Ce dossier s’appuie sur la visite de 22 salons de coiffure de la région rennaise ainsi que sur une abondante littérature récente publiée ou non [1 à 8]. Il est composé de plusieurs parties distinctes pouvant être lues séparément en fonction de son propre degré de connaissance de l’activité. Une première partie (pp. 315 à 317) présente le secteur de la coiffure. Le métier de coiffeur est ensuite développé dans une deuxième partie (pp. 318 à 325). Elle permet au médecin de s’initier aux caractéristiques de la profession. Les différents risques encourus par les coiffeurs sont ensuite décrits : risque chimique, risque de troubles musculosquelettiques, risque biologique… (pp. 325 à 341). Le dernier chapitre donne des conseils pour la prévention des risques. Enfin, en annexe (p. 351), se trouve un guide de visite destiné au médecin du travail lors de ses évaluations du risque sur le terrain. d o s s i e r m é d i c o - t e c h n i q u e Évaluation et prévention des risques dans les salons de coiffure Les salons de coiffure LES CARACTÉRISTIQUES ÉCONOMIQUES DES ENTREPRISES [9] En France, le secteur de la coiffure représente 58 200 entreprises soit 7 % des entreprises artisanales. Depuis 1997 (de source INSEE/RSA/APCM au 1er jan- vier 2002), le nombre d’entreprises de coiffure en salon reste relativement stable : 90,2 %. Le nombre d’entre- prises exerçant hors salon progresse chaque année d’environ 8 %, excepté entre 2001 et 2002 où la pro- gression est de 5 %. Sept à 8 % des entreprises sont franchisées et réalisent 20 % du chiffre d’affaire de la coiffure. Soixante-dix pour cent des chefs d’entreprise sont des femmes. LES ACTIVITÉS DES SALONS L’activité des salons se répartie de la façon suivante : G 58,2 % coiffure femmes ; G 11,1 % coiffure hommes ; G 28,4 % coiffure mixte ; G 2,4 % divers : implants, prothèses. Ces chiffres sont à prendre avec précautions car ils sont issus de l’immatriculation au répertoire des métiers. Or il n’y a pas de gestion des changements d’activité. Huit à 9 % des femmes qui entrent dans un salon de coiffure demandent une permanente, 50 % une colora- tion et 90 % une coupe. LE CHIFFRE D’AFFAIRES Le chiffre d’affaires du secteur est de 4,6 milliards d’euros soit un chiffre d’affaires moyen par entreprise de l'ordre de 77 000 euros. L’EMPLOI Au 1er janvier 2002, ce secteur employait près de 116 000 personnes. Le secteur a gagné 9 100 emplois entre 1997 et 2001. Deux tiers des entreprises de coif- fure sont des établissements employeurs qui comp- tent 112 000 salariés dont plus de 22 000 apprentis. Depuis 5 ans, une proportion de plus en plus impor- tante d’établissements sont employeurs. Le nombre moyen de salariés par entreprise est passé de 1,75 à 1,93 de 1997 à 2001 et de 1,87 à 2,09 pour la coiffure en salon. Les établissements employeurs ont en moyenne 3 salariés. En 2002, les salariés hors salon re- présentaient 0,9 % des salariés de la coiffure. Leur LE GROUPE EVEREST BRETAGNE : A. BRUNETEAU (1), L. BECHMANN (1), P . PICOT (1), S. JEGO (1),A. MAILLARD (1), L. DELAPORTE (1), C. DURAND (1), M. D’AGUANNO (1), A. HOUITTE (1), M. DUBREIL (1), C. ROUXEL-BLECHET (1), S. MULLER (1), F. BOUVET (1), V. FEAUGAS (1,2), M. GARDEY (1), E. JOUFFE (1),A. ROQUENTIN (1), N. DEBRY (1), M.F. LE GUILCHER (1), M.H. PIERRE (1), L.TORTELLIER (1), C.VERGER (3) ET D. LAFON (4).. (1) AIMT 35 (2) IHIE, Institut d’hygiène industrielle et de l’environne- ment, Angers (3) Inspection médicale de Bretagne et Institut de médecine du travail de Rennes (4) Département Etudes et assistance médicales, INRS, Centre de Paris Documents pour le Médecin du Travail N° 99 3e trimestre 2004 316 rapport au groupe témoin, les coiffeurs ont un risque 3,5 fois plus élevé de quitter la profession pour un problème d’asthme et d’eczéma des mains. Le risque d’atteinte du poignet ou du coude est 2,7 fois plus important et celui de pathologies du cou et des épaules 1,7 fois plus im- portant chez les coiffeurs que chez les témoins. La maternité et les salaires peu attractifs sont des raisons fréquemment avancées par la profession pour expliquer ces départs, mais sans que des études expli- catives rigoureuses aient été effectuées. LES ÉTUDES ET FORMATIONS [11] Formation de base, le CAP de coiffure se prépare par la voie scolaire ou en apprentissage en 2 ans après une classe de 3e dans un lycée professionnel ou dans un établissement privé. Certains établissements le pré- parent en 1 an après le bac. L’admission se fait sur exa- men du dossier scolaire. proportion croît d’environ 1 % par an depuis 1997. L’activité peut être exercée à domicile ou en centres de soins (certains centres disposent de salons). LES CARACTÉRISTIQUES DES SALARIÉS Quatre-vingt-sept pour cent des salariés sont des femmes (source IRPC : Institution nationale de retraite professionnelle de la coiffure). La durée moyenne d’exercice de la profession est de 8 ans pour les collabo- ratrices. Cette durée extrêmement courte est mal expli- quée. La figure 1 présente les pyramides des âges des sa- lariés hommes et femmes. Leino [10] a réalisé une étude cas-témoin sur les différentes raisons pour lesquelles les coiffeurs finlandais quitteraient la profession : santé, or- ganisation du travail, ergonomie, raison financière et so- ciale. Seule la raison de santé accroît le risque de quitter la profession. Des pathologies liées au travail ont été la cause de la cessation d’activité de 73 % des coiffeurs. Par 68 64 60 56 52 48 44 40 36 32 28 24 20 16 0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 Nombre de salariés Hommes Femmes Âges Fig. 1 : Pyramide des âges des hommes et femmes professionnels de la coiffure. Source : IRPC, Institution nationale de retraite professionnelle de la coiffure. Documents pour le Médecin du Travail N° 99 3e trimestre 2004 317 Après le CAP, il y a deux mentions complémen- taires (MC) de spécialisation : G MC coloriste « permanentiste ». G MC styliste visagiste. D’autres spécialisations sont possibles après le CAP de coiffure : G Le CAP perruquier posticheur : fabrication et pose de perruques en cheveux naturels ou synthétiques. Ce CAP, préparé en un an, permet de travailler pour le ci- néma ou le théâtre. G Le brevet professionnel (BP) coloriste «permanentiste» et le BP styliste visagiste. La préparation dure un an en formation initiale, formation continue ou en apprentissage. Enfin, le brevet de maîtrise (BM) permet d’assurer la gestion d’un salon de coiffure, d’enseigner aux apprentis et d’obtenir plus facilement des prêts auprès des banques. Le BM est délivré par les chambres de métiers. Il se pré- pare en 2 ans. Il faut avoir au moins 19 ans au 31 dé- cembre de l’année en cours et être titulaire du BP ou jus- tifier de 5 ans d’activité professionnelle pour pouvoir s’ins- crire à un brevet de maîtrise. LES SALARIÉS Les salaires sont bien définis par la grille conven- tionnelle suivant la formation et l’ancienneté. Un coif- feur ou une coiffeuse titulaire du CAP et ayant au moins 5 années de pratique perçoit au minimum 1098 euros par mois. Le(a) titulaire du brevet profes- sionnel ou du brevet de maîtrise de coiffure et ayant au moins 10 années d’exercice dans la profession de la coif- fure après l’obtention de ce diplôme aura un salaire mi- nimal de 1250 euros. La marge de progression des sa- laires au cours de la carrière des coiffeurs paraît faible. Cependant, il faut tenir compte des efforts consentis par les employeurs pour rendre la profession plus at- tractive. En particulier, de nombreux employeurs ajou- tent au salaire un pourcentage sur le montant du chiffre d’affaire réalisé par le salarié. Ce pourcentage peut être variable suivant le niveau du chiffre d’affaire. D’autre part, il faut signaler que des objectifs de chiffre d’affaire peuvent être fixés suivant la qualification du salarié. L’ORGANISATION DU TRAVAIL Le travail à temps partiel est fréquent. Sur la vingtaine de salons visités à Rennes un seul fonctionne uniquement sans rendez-vous. Par ailleurs, les journées continues sont fré- quentes et les amplitudes d’ouverture peuvent être impor- tantes, particulièrement pour les salons situés dans les centres commerciaux (de l’ordre de 9 h à 19 h du lundi au samedi). En général, les coiffeurs des salons employant peu de personnel sont polyvalents alors que dans des salons plus importants on trouve des fonctions bien spécifiques : coupe et techniques (coloration et permanente). Il est important de savoir que uploads/Finance/ cabeleireiros-riscos 1 .pdf
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- Publié le Fev 12, 2021
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