Chapitre 1 : Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

Chapitre 1 : Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ? - Comprendre le processus de croissance économique et les sources de la croissance : accumulation des facteurs et accroissement de la productivité globale des facteurs ; comprendre le lien entre le progrès technique et l’accroissement de la productivité globale des facteurs. - Comprendre que le progrès technique est endogène et qu’il résulte en particulier de l’innovation. - Comprendre comment les institutions (notamment les droits de propriété) influent sur la croissance en affectant l’incitation à investir et innover ; savoir que l’innovation s’accompagne d'un processus de destruction créatrice. - Comprendre comment le progrès technique peut engendrer des inégalités de revenus. - Comprendre qu’une croissance économique soutenable se heurte à des limites écologiques (notamment l’épuisement des ressources, la pollution et le réchauffement climatique) et que l’innovation peut aider à reculer ces limites. Introduction : la croissance économique et sa mesure. Pour l’économiste François Perroux la croissance économique correspond à « l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels ». La croissance est un phénomène quantitatif qui correspond à l’augmentation de la production de biens et services sur le long terme. On la mesure en calculant la variation du PIB, c’est-à-dire la somme des valeurs ajoutées sur une période, généralement sur une année. L’accumulation d’une quantité toujours plus importante de valeur ajoutée chaque année est indissociable de la logique capitaliste. Elle constitue l’objectif ultime des sociétés contemporaines malgré ses conséquences écologiques et sociales. I- Quelles sont les sources de la croissance économique ? Jusqu’au milieu du XXème siècle, l’analyse économique classique considère que l’accumulation de facteurs de production est suffisante pour garantir la croissance. Dans les années 1950, la théorie de la croissance exogène complète l’analyse classique. Dans les années 1980, la théorie de la croissance endogène complétera la réflexion sur les sources de la croissance économique. A. L’accumulation des facteurs de production au cœur de la croissance extensive. La croissance extensive est obtenue par une augmentation régulière des facteurs de production travail et capital. Cette conception de la croissance se heurte à la loi des rendements décroissants et ne correspond pas aux mesures économétriques. a. L’accumulation de facteur travail source de croissance Le facteur travail correspond à l’activité humaine productive, c’est-à-dire à la main d’œuvre. Plus le facteur travail est abondant plus il est possible de le mobiliser pour produire. L’accumulation du facteur travail augmente donc la production dans les mêmes proportions : deux fois plus d’hommes pour récolter deux fois plus vite par exemple. Elle est source de croissance extensive. La quantité de travail disponible dans une économie dépend de nombreux paramètres comme :  la démographie : plus la population est nombreuse, plus il sera facile de produire en grande quantité, comme le prouve l’exemple de la Chine. Comme l’écrivait Jean Bodin au XVIème siècle : « Il n’est de richesse que d’hommes » ;  la législation concernant la durée de travail et les congés : plus la durée du travail est élevées plus la production le sera. C’est un des arguments du patronat français depuis les années 2000, il faut supprimer la durée légale de 35h hebdomadaire en France ;  l’âge de départ à la retraite : plus les travailleurs restent longtemps en activité, plus la production sera forte. Actuellement, l’âge légal de départ à la retraite est de 62 ans.  la durée des études : prolonger les études prive les entreprises d’un surplus de main d’œuvre. b. L’accumulation de capital source de croissance Le facteur capital qui correspond au capital fixe renvoie aux biens de production utilisés durablement pour produire : machines, outils, locaux, terres. L’accumulation de ce facteur de production qui passe par l’investissement soutient également la croissance extensive. Davantage de machines génèrent davantage de valeur ajoutée. L’indicateur qui mesure l’investissement est la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) et on distingue différentes formes d’investissements :  les investissements matériels (machines, outils, locaux…) des investissements immatériels (logiciels, brevets, fonds de commerce…) dont le poids augmente dans les économies développées.  l’investissement privé réalisé par les entreprises et les ménages de l’investissement public réalisé par les administrations publiques. c. La fonction de production de Cobb-Douglas. Dans l'analyse classique de la croissance économique, l’augmentation de la production résulte de la hausse de la quantité de facteurs utilisée, travail et capital. On peut schématiquement représenter la relation entre le capital et le travail par une fonction de production, qui associe la quantité maximale produite à diverses quantités de travail et de capital utilisées, et qui s’écrit, d’une manière générale, Q = f(K,L) et dans laquelle Q = Quantités produites, K = Capital, L = Travail. Il s'agit de la fonction de production du mathématicien Cobb et de l’économiste Douglas. La fonction de production de Cobb- Douglas date de 1928, et elle est sans doute la plus connue des fonctions de production malgré les critiques qui lui seront adressées par la suite. d. L’existence d’un résidu Les travaux réalisés par les économistes ont cependant montré que l’accumulation de travail et de capital ne permettait pas d’expliquer l’intégralité de la croissance économique. D’un point de vue économétrique, il manque un élément à la fonction de Cobb-Douglas. Dans les années 1950, Robert Solow a montré qu’il existait une part importante de la croissance qui restait inexpliquée : un résidu. En effet, en augmentant la quantité de capital et de travail on obtenait un résultat plus que proportionnel tel que 1+1 = 3. Il existe donc un résidu que Solow propose de nommer la Productivité Globale des Facteurs. C’est-à-dire à l'augmentation de l’efficacité de la combinaison productive. Cet accroissement de la productivité peut s'expliquer par le progrès technique. Dans les faits, la PGF représente parfois plus de la moitié de la contribution à la croissance économique. Le progrès technique est d’autant plus nécessaire que l’accumulation du capital par travailleur, qui accroît la productivité du travail, se heurte à la loi des rendements décroissants lorsque le facteur travail est fixe, ce qui, en première approximation, est le cas dans les pays ayant réalisé leur transition démographique depuis longtemps. Seul le progrès technique permet de surmonter ces rendements décroissants du capital et d’assurer une croissance durable de la productivité du travail. Le progrès technique est donc au cœur de la croissance mais il est considéré par Solow comme « une manne tombée du ciel », comme une variable extérieure, exogène. Le modèle de Solow est donc un modèle de croissance exogène. B. Le progrès technique source de croissance intensive La croissance intensive est une augmentation du PIB obtenue par une meilleure utilisation des facteurs de production. Elle repose principalement sur le progrès technique dont une explication a été proposée par Joseph Aloïs Schumpeter. a. La relation progrès technique – productivité – croissance Le progrès technique améliore la productivité, c’est-à-dire l’efficacité de la combinaison productive. Lorsque la productivité augmente il est alors possible de produire davantage de valeur ajoutée avec la même quantité de facteurs. Le progrès technique est donc source de croissance intensive. Cette valeur ajoutée additionnelle alimente directement le PIB et soutient donc la croissance. Ces gains de valeur ajoutée peuvent être utilisés de différentes façons :  ils peuvent être utilisés pour baisser les prix et par conséquent soutenir la compétitivité,  pour augmenter les salaires et ainsi soutenir le pouvoir d’achat,  ou encore être conservés par l’entreprise afin de réaliser des investissements. Toutes ces utilisations soutiennent à leur tour l’activité économique et donc la croissance. Si le progrès technique est à l’origine de la croissance, il faut se questionner sur son origine. b. Le progrès technique résulte d'un ensemble d’innovations Le progrès technique résulte d'un ensemble d’innovations c’est-à-dire les applications industrielles ou commerciales d’une invention qui entraînent une transformation ou un bouleversement des moyens et méthodes de production, de l’organisation du travail, des produits ou des marchés. L’économiste autrichien hétérodoxe Joseph Aloïs Schumpeter (1883-1950) a établi une typologie des innovations.  innovation de produit : nouveaux produits ou amélioration de produits. Exemple : nouveau smartphone.  innovation de procédé : nouvelles méthodes de production ou de vente. Exemple : vente en ligne, imprimante 3D.  innovation organisationnelle : transformation de l’organisation du travail. Exemple : taylorisme, toyotisme.  innovation de marché : exploitation de nouveaux débouchés. Exemple : conquête du marché chinois, découverte des Amériques par les européens au 15ème siècle.  innovation de matières premières : conquête de nouvelles matières premières. Exemple : terres rares en Chine, gaz de schistes. c. Le progrès technique au cœur de la destruction créatrice Le progrès technique n’est pas continu. Schumpeter a montré qu’il intervenait par vagues d’innovations qu’il nomme des « grappes d’innovations » ce qui explique l’instabilité de la croissance économique. Les innovations majeures comme la machine à vapeur, l’électricité, la pétrochimie ou encore l’informatique étant à l’origine de cycles économiques. Il a aussi mis en évidence un processus de destruction créatrice par lequel les innovations technologiques tendent à détruire d’anciennes uploads/Finance/ chapitre-1-sources-defis-croissance.pdf

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  • Publié le Nov 12, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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