Introduction PENDANT les trente années qui ont précédé la crise financière en A
Introduction PENDANT les trente années qui ont précédé la crise financière en Asie, la Corée, l’Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande ont affiché des performances économiques remarquables — croissance rapide, faible inflation, stabilité macroéconomique et finances publiques solides, épargne élevée, économie ouverte et secteurs d’exportation prospères. Il n’est donc pas surprenant que nul n’ait prévu la crise. A posteriori, il est bien sûr beaucoup plus facile d’en identifier les causes, qui sont d’ailleurs reconnues à l’unanimité, contrairement aux solutions à apporter, qui font l’objet de fortes dissensions. Dans les années 1990, ces économies prospères et en pleine croissance attirent les investissements étrangers. Sous la pression de l’OMC et du FMI, ces pays acceptent de déréglementer leurs marchés financiers, ce qui facilite les mouvements de capitaux, dans les deux sens, mais aussi le développement de la dette de ces pays Il est clair, avec le recul, que ces pays couraient à la catastrophe;la seule question était de savoir ce qui provoquerait la débâcle. Lorsque la crise éclata en Thaïlande en juillet 1997, les pays asiatiques devinrent tous vulnérables. Et les marchés réagirent de manière excessive, pensant que, si cette crise pouvait se produire en Thaïlande, il était inévitable que la même chose arrive dans d’autres pays d’Asie qui étaient aux prises, à des degrés divers, avec les mêmes problèmes — systèmes financiers et gouvernement d’entreprise déficients, importants déficits extérieurs courants et lourd endettement extérieur.Les créanciers retirèrent leurs capitaux de la région et la crise se propagea. Le FMI fut appelé à l’aide. Au départ, le plus urgent était de fournir aux pays d’Asie des financements adéquats pour remédier à la pénurie de liquidité due à la fuite soudaine des capitaux et à l’effondrement de leurs monnaies et pour redonner confiance au marché. Le FMI accorda le plus gros prêt de son histoire tout en mobilisant des financements supplémentaires auprès d’autres pays de la région et du Groupe des Sept. En outre, le FMI ne mesurait pas alors toute l’ampleur des problèmes de la Thaïlande, du fait que le baht avait été soutenu au départ par une intervention massive sur le marché à terme. Ignorant que la quasitotalité des réserves de la Thaïlande avait déjà été engagée sur le marché à terme, le FMI pensait qu’elles étaient suffisantes — jusqu’à ce qu’au milieu de 1997, les réserves utilisables du pays étant pratiquement épuisées, les autorités demandent l’aide du FMI. De même, le FMI n’a pas su que la Corée n’avait quasiment plus de réserves en devises jusqu’à ce qu’on l’appelle au secours. Les causes fondamentales de la crise asiatique ont été clairement identifiées. Premièrement, des montants substantiels de fonds étrangers se sont trouvés disponibles à des taux d’intérêt relativement faibles lorsque les investisseurs à la recherche de nouveaux débouchés ont réorienté massivement leurs capitaux vers l’Asie.Comme dans toute phase d’expansion, les prix des actions et de l’immobilier en Asie sont montés en flèche, attirant encore plus de fonds. Mais l’allocation intérieure de ces ressources étrangères empruntées a été inefficiente, en raison de la fragilité des systèmes bancaires, de la médiocrité du gouvernement d’entreprise et du manque de transparence du secteur financier. La capacité d’absorption limitée de ces pays a I. L’éclatement de la crise Dans les années 1990, les pays d’Asie du Sud-Est acceptent de déréglementer leurs marchés financiers pour faciliter les mouvements de capitaux et accroître leur dette. L’afflux de capitaux étrangers est massif dans ces économies très attirantes pour les investisseurs. Les ratios de dettes étrangères en pourcentage du PIB augmentent de 100 % à 167 % entre 1993 et 1996 (en Malaisie, Thaïlande, Indonésie et à Singapour). Bien qu’alloués de manière inefficace, ces capitaux contribuent à la montée en flèche du prix des actions et de l’immobilier. Seulement, en 1996, des problèmes économiques surgissent en Thaïlande. L’éclatement de la bulle financière en Thaïlande provoque une chute de la bourse début 1997. Le déficit de la BPC (Balance des paiements courants) (8 % du PIB) et la dette externe croissante (endettement à court terme) du pays font fuir les investisseurs et acteurs financiers de plus en plus méfiants. La forte présence de capitaux a aussi entretenu l’inflation, alors que le baht et le dollar restaient liés (peg), le baht devenant donc surévalué. Face à la fuite des capitaux et aux ventes de bahts, les autorités tentent de défendre leur monnaie (23 milliards de dollars épuisés par la Banque centrale thaïlandaise), mais le 2 juillet, cette dernière décide de laisser flotter sa monnaie. La défiance des spéculateurs se reporte alors sur les autres monnaies de la zone (peso philippin, ringgit malais, roupie indonésienne) et les capitaux fuient le continent (« flight to security »). La perte de confiance dans les monnaies asiatiques s’étend et entraîne la dépréciation de la roupie indonésienne, du ringgit malais et du peso philippin. À l’automne, la crise s’étend à la Corée du Sud, Taïwan, Singapour et Hong Kong. Cette perte de confiance rapide est accentuée par le rapprochement dans les mêmes produits financiers des valeurs de toute la région. La situation financière des banques et des entreprises locales, qui étaient fortement endettées à court terme en dollars et en yens, s’est détériorée rapidement. L’insolvabilité d’un grand nombre d’entre elles ainsi que la fuite des capitaux ont entraîné un collapsus du crédit et de l’activité économique entre la fin de l’année 1997 et le début de l’année 1998, empêchant les pays concernés d’exploiter les avantages de compétitivité procurés par la dépréciation de leur monnaie. Les flottements des monnaies laissent alors penser à leur dévaluation (ou dépréciation rapide), les investisseurs récupèrent donc leurs actifs libellés en ces mêmes monnaies devenues trop volatiles. Après les Tigres, la crise s’étend aux Dragons (Hong Kong, Corée du Sud), le won perd 50 % face au dollar au mois de novembre. Fin 1997, 12 pays émergents sont touchés (Tigres, Dragons, Brésil, Argentine, Inde). En octobre 1997, l’autorité monétaire de Hong Kong soutient sa bourse en achetant massivement des actions (15 milliards de dollars) pour soutenir les cours ; ceci n’était pas permis dans ses statuts mais a été exceptionnellement autorisé par le gouvernement chinois : les hedge funds subissent de lourdes pertes. On observe une accalmie début 1998, puis un redémarrage. L’Indonésie s’enfonce sous la présidence de Suharto qui augmente le déficit budgétaire (32 %) pendant la politique d’austérité du FMI (aide de 40 milliards de dollars). La crise devient politique et Suharto doit démissionner. Au printemps, la crise passe de la sphère financière, qui a détruit en quelques mois un total de 600 milliards de dollars, à la sphère de l’économie réelle. L’effondrement monétaire et financier réduit considérablement le pouvoir d’achat des populations qui n’ont plus accès au crédit (manque de liquidités des banques, taux d’intérêts élevés). Durant l’été, la contagion internationale se confirme, le risque est systémique, et aboutit au crach russe : le rouble se déprécie fortement, la hausse des prix à la consommation pourtant maîtrisée en 1997 (11 %) explose à 80 % l’année suivante. La crise est aussi politique et le remboursement de la dette externe du pays se fait par l’émission de GKO (bons du Trésor russe), dont le service occupe par la suite 35 % des dépenses budgétaires. L’État russe se met en cessation de paiement en 1998. Les économies asiatiques alimentant fortement la demande mondiale en biens d’équipements, mais aussi en matières premières (hydrocarbures), la crise de 1997 provoque une baisse de la demande mondiale et donc une chute du cours des matières premières et des hydrocarbures. La crise donc devient mondiale. Si les bourses du monde entier subissent le contrecoup de la crise, il n’est pas pour autant évident qu’elle ait eu un impact sur l’économie réelle des grandes puissances industrielles. La chute des exportations est certes touchée par la diminution des importations asiatiques, le commerce international ne croît que de 3,8 % entre 1997 et 1998 (10 % sur l’année précédente), mais ce ralentissement est de courte durée. Avant tout, les grandes puissances industrielles se sont appuyées sur leur demande interne et un pays comme la France a enregistré un taux de croissance de 3,2 % en 1998. En outre, la dévaluation des monnaies asiatiques entraîne la dépréciation des actifs de ces pays, et offre donc des opportunités de rachats d’entreprises pour les puissances industrielles à monnaie forte. Alors que le monde occidental craignait un déferlement des exportations asiatiques sur leurs marchés (du fait de la dévaluation des monnaies de la zone, les exportations asiatiques gagnaient en compétitivité), c’est le contraire qui s’est produit, les exportations des dragons et tigres n’augmentant guère, du fait de la faiblesse de l’investissement due à l’assèchement des liquidités disponibles dans ces pays (« credit crunch » dû à la fuite des capitaux), ne permettant pas une hausse de la production. L’impact de la crise asiatique sur le monde demeure donc tout relatif La monnaie thaïlandaise, le baht, étant raccrochée au dollar, sa valeur s’apprécie tandis que la demande diminue. Le taux de change est donc surévalué. La banque centrale thaïlandaise tente tant bien que mal de uploads/Finance/ crise-asiatique.pdf
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- Publié le Nov 21, 2021
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