44 forward février 2012 F ort d'une double expérience dans l'industrie agroa- l
44 forward février 2012 F ort d'une double expérience dans l'industrie agroa- limentaire et dans l'engineering, Philippe Mengal prend la tête de GreenWatt en 2009. Sortie de terre cinq ans plus tôt, cette spin-off de l'UCL vient alors de signer son premier contrat industriel et cherche à renforcer son capital. GreenWatt est une société d'engineering dans le domaine des cleantech. Sa technologie brevetée de bio- méthanisation vise à valoriser des déchets agroalimentaires en énergie. Elle propose à l'industrie agroalimentaire d'implanter sur son site une centrale biogaz qui sera alimentée par les déchets de son processus industriel. Début 2010, la première centrale de GreenWatt était inaugurée. Implantée sur le site de Joluwa, une forcerie de chicons à Nivelles, elle permet à l'entreprise agroali- mentaire de couvrir une grosse partie de ses besoins en énergie thermique et électrique via la biométhanisation de racines de chicons. Peu de temps après, c'est l'entreprise Boyer, pro- ducteur de melons dans le Sud de la France, qui s'est laissée convaincre par cette technologie des plus innovantes. De- puis, trois autres contrats ont été signés pour des centrales qui seront construites cette année. Ces centrales représen- tent un investissement de 1 à 5 millions EUR. "La France, première agriculture européenne, est clairement notre tout premier marché", déclare Philippe Mengal, CEO de Green- Watt. L'entreprise a d'ailleurs créé une fi liale à Avignon en septembre dernier, GreenWatt Ingénierie. "2011 a été une année de transition durant laquelle GreenWatt est passée du stade de la microsociété à celui d'une société industrielle et commerci- ale. 2012 sera la première année de notre phase d'expansion. Nous attendons pour cette année un chiffre d'affaires de 8 millions EUR", déclare le CEO. L'année de l'expansion Outre la France et le Benelux, les marchés prioritaires de dévelop- pement de l'entreprise seront le Nord de l'Italie et l'Angleterre, aux forts potentiels agroindustriels. "GreenWatt est encore une PME. Nous sommes une quinzaine. Et même si nous voulons dou- bler les effectifs de l'entreprise cette année, il ne faut pas vouloir courir le monde entier", souligne Philippe Mengal. Ce dernier, en ligne avec son conseil d'administration, ne reste cependant pas sourd aux opportunités, même si elles sortent du modèle écono- mique 'classique' de l'entreprise. "Nous avions laissé la porte ou- verte à d'éventuels projets en dehors de cette zone, au cas où nous aurions la possibilité de prendre part à un projet avec un par- tenaire solide. L'Afrique subsaharienne, certaines régions d'Asie du Sud-Est et l'Amérique latine ont en effet un potentiel colos- Du cactus pour alimenter en électricité des mines chiliennes. Voilà un projet peu banal auquel prend part GreenWatt en fournissant la technologie per- mettant la biométhanisation de la matière première. La société de Louvain-la-Neuve, spécialisée dans la valorisation énergétique des déchets de l'industrie agroalimentaire pour cette même industrie, entend devenir leader sur ce marché. De l'agroalimentaire à la biomasse Philippe Mengal, CEO de GreenWatt TEXTE FLORENCE DELHOVE PHOTO GREENWATT “Nous voulons doubler les effectifs de l'entreprise cette année” 44 45 Philippe Mengal sal pour notre technologie." Le récent contrat signé par la société au Chili en est le parfait exemple. Mais pourquoi le Chili ? "Les Chiliens sont venus nous chercher", répond Philippe Mengal, non sans une pointe de fi erté dans la voix. Le Chili, un cap stratégique L'industrie agroalimentaire et les mines – notamment de cuivre – forment les deux piliers de l'économie chilienne. Deux industries fortement énergivores. Or, le pays ne dispose ni de gaz, ni de pé- trole, ni de charbon. "Les mines – dans le Nord du pays en parti- culier – sont alimentées par des centrales au charbon. Charbon qui est importé d'Afrique du Sud ou de Chine et qui peut leur coûter jusqu'à 200 dollars le mégawattheure", raconte Philippe Mengal. De nombreuses sociétés chiliennes d'engineering se sont donc lan- cées dans le développement des énergies renouvelables et notam- ment de la biomasse à partir d'une espèce de cactus, le Figuier de Barbarie. Le processus de biométhanisation de ce substrat com- porte cependant certaines spécifi cités. "Ce substrat s'acidifi e très rapidement. Une des solutions pour réguler ce niveau d'acidité est de le mélanger à des déjections animales. Le problème est que la plupart des élevages chiliens sont situés à 2.000 km de l'endroit où sont les cactus…", explique Philippe Mengal. La société chilienne Visors Generacion, qui allait devenir le partenaire de GreenWatt dans ce pays, était sur le point d'abandonner ses recherches quand elle a eu vent des activités de la PME belge. "Tout s'est alors en- chaîné très rapidement et il s'est avéré que le projet tenait la route pour l'ensemble des parties prenantes tant d'un point de vue éco- nomique, qu'environnemental et social", poursuit-il. La technolo- gie de la société néo-louvaniste, basée sur une séparation en deux étapes bien distinctes du processus de dégradation de la matière, ne nécessite en effet pas l'ajout de déjections animales pour régu- ler l'acidité. Pour la plupart des petites exploitations minières, cet- te technologie viendra en complément d'autres sources d'énergie moins prévisibles, comme l'éolien. Certains pensent déjà à combi- ner ces deux sources d'énergie de manière intégrée. "Un exploitant de parcs éoliens envisage de planter du cactus sur le champ éolien. Nous aurions alors une centrale biogaz au cactus, raccordée au même réseau que les éoliennes et qui permettrait de régu- ler la production totale d'électricité en fonction du moindre fonctionnement des éoliennes. Cette activité compléterait cel- le développée pour les mines." Afi n d'accompagner ces projets et d'explorer plus avant le potentiel du marché chilien, Green- Watt souhaite ouvrir un bureau de représentation à Santiago. Recapitalisation en cours Actuellement, GreenWatt vit sur une capitalisation de 2,5 millions EUR. Philippe Mengal : "C'est peu. En moyenne, pour une même trajectoire, la capitalisation des entreprises belges oscille entre 5 et 8 millions EUR. C'est pourquoi nous sommes en train de réaliser une opération de levée de fonds importante. Opération qui est sur le point d'être fi nalisée." Au moment de décider de recapitaliser ou non, Philippe Mengal n'a pas fait sienne la philosophie "qui va piano va sano". "Pour moi, il était clair que c'était 'that's now'. Nous avons fait la preuve de notre business model. Attendre, c'était prendre le risque de se réveiller dans cinq ans avec une forte concurrence. Aujourd’hui, nous avons la possibilité, tout pe- tit que nous sommes, de prendre un certain leadership dans le 'onsite waste to energy'." ÉVACUATION DES DÉCHETS À MOINDRE COÛT Quel est le modèle économique de GreenWatt pour commercialiser la tech- nologie mise au point par le Professeur Gerin (UCL) dans les années 90 ? Une entreprise agroalimentaire qui dispose sur son site d'une quantité de substrat suffi sante que pour atteindre un certain niveau de rentabilité inves- tit dans une centrale biogaz développée par GreenWatt. D'autres entrepri- ses aux alentours, disposant aussi de substrats végétaux, peuvent devenir partie prenante du projet en concluant des contrats d'approvisionnement avec l'industriel sur le site duquel la centrale est implantée. Ce sont souvent des substrats qui putréfi ent rapidement et dont l'entreprise doit se défaire, généralement via un opérateur de déchets. Pour récupérer ces substrats à la place de cet opérateur, l'industriel agroalimentaire facture leur collecte à un prix moins élevé que celui de l'opérateur. Les deux parties sont ainsi gagnantes. L'industriel, qui non seulement produit de l'énergie, mais en plus facture la collecte du substrat. Et le fournisseur, qui se débarrasse de ses déchets à un moindre coût. L'entreprise fournisseur peut cependant égale- ment décider de ne pas se débarrasser de ses déchets via un opérateur de déchets, mais de les revendre à l'industrie de l'alimentation animale. "C'est là un vrai concurrent, souligne Philippe Mengal. Une entreprise active dans la transformation de pommes de terre peut décider de revendre ses déchets de pommes de terre à un prix très compétitif à des élevages de porcs, par exemple …" uploads/Finance/ de-l-x27-agroalimentaire-a-la-biomasse-philippe-mengal-ceo-de-greenwatt.pdf
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- Publié le Sep 23, 2022
- Catégorie Business / Finance
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