Clicanoo.com publi le 3 juin 1998 00h00 ECONOMIE De la friture sur la ligne...

Clicanoo.com publi le 3 juin 1998 00h00 ECONOMIE De la friture sur la ligne... Le marché du GSM s’étant avéré juteux à la Réunion, Abdéali Goulamaly s’est implanté à Madagascar. Un développement financé par la Société réunionnaise de radiotéléphone (SRR), qui a étonnamment abouti dans l’escarcelle d’une filiale malgache de France Télécom. Un peu comme si Peugeot s’était ingénié à financer un projet pour le compte de Renault... Relation de cause à effet (?) Abdéali Goulamaly vient de "démissionner" de la présidence de la SRR. Comme l’annonçait le Journal de l’île samedi dernier, Monsieur Goulamaly a démissionné de la présidence de la SRR, "pour raisons personnelles", précise l’annonce légale parue hier. Il est bien évident que l’aura de scandale et de corruption qui entoure aujourd’hui le nom de Goulamaly n’est pas étrangère à cette "initiative" du patron réunionnais. Lequel conserve, pour l’heure, la présidence de la Société malgache de mobiles (SMM). En décembre 1996, Abdéali Goulamaly a obtenu du ministre malgache des Télécommunications, Ny Hasina Andrianamanjato, pour le compte de la SRR, et aux dépens de France Câble & Radio (filiale de France Télécom), une licence de téléphone cellulaire valable 10 ans. Trois millions de francs ont été avancés par SRR dans l’opération Société malgache de mobiles (SMM). Des fonds qui auraient servi, officiellement, à la réalisation d’études diverses et variées, études d’impact notamment. Une somme importante récemment réintégrée dans la comptabilité de SRR. Logiquement ce serait à cette dernière de détenir les atouts maîtres au sein de la SMM, aux côtés d’Abdéali Goulamaly, qui en contrôle la bagatelle de 34%. Or, surprise, la SRR détient moins d’un centième du capital ! France Câble & Radio, à l’origine concurrent direct de SRR, étant devenu le principal partenaire de Monsieur Goulamaly. Comment alors expliquer que la société réunionnaise ait financé des études conduisant à une prise de participation majoritaire de sa principale concurrente ? D’après l’actuel P.D.G. de SRR, Jean-Pierre Haggai, ce "retrait" découlerait de la volonté de SFR/SRR de ne point s’égarer sur des terrains "instables" et excentrés, préférant se polariser sur "le marché hexagonal". L’infime pourcentage détenu par la société réunionnaise serait même sur le point d’être cédé à FCR. L’irruption de France Câble & Radio au sein du capital de la SMM s’est produite en complète contradiction avec la nature même de la licence octroyée à la SRR par l’Etat malgache. En effet, la licence est strictement personnelle à l’attributaire et ne peut normalement être transférée. Or la structure de la SMM a connu quelque bouleversement en enregistrant l’admission du nouvel actionnaire qu’était FCR. Pourquoi Abdéali Goulamaly a-t-il privilégié FCR aux dépens de SRR, son partenaire naturel ? Quel bénéfice en a-t-il retiré ? Nous avons contacté, à Antananarivo, Jean-Marie Guillocheau, le représentant de FCR au sein de SMM-Antaris, cadre de FCR précédemment en poste à Dakar, par ailleurs directeur général en titre. Il s’est montré pour le moins laconique, rétif au dialogue, paraissant tout ignorer de la société qu’il dirige. Pourtant sa maison mère, au vu de l’état de santé d’Antaris-SMM, de la déconfiture de son président, devra fatalement assumer le devenir de l’entreprise, comme son expansion. Pour ce faire, à court terme, FCR envisage de procéder à une augmentation de capital, en ouvrant la SMM à des investisseurs malgaches. Dans les milieux diplomatiques il se dit qu’en l’occurrence les intérêts français jouent une grande partie, et que France Télécom doit s’imposer sur le marché malgache, face aux Américains de Telecel et aux Asiatiques de Madacom. Une croisade sans fil en quelque sorte. Si l’on applique aux communications les mêmes stratégies que dans la crevette, l’histoire risque fort de finir... en queue de poisson. [---- Sur la piste des « passe-droits » ---- Comment être compétitif ? Tout simplement en obtenant plus d’exemptions et de "facilités" que ses concurrents. L’histoire de SMM est instructive en la matière : manipulations, trafic d’influence et grandeur de la Nation en constituent les principaux ingrédients.] Abdéali Goulamaly entretient de bonnes relations avec la famille du président de l’Assemblée nationale malgache, le pasteur Richard Andrianamanjato, chef de l’opposition parlementaire. Une sollicitude qui l’a poussé à prendre à la charge d’ARMAS quelques menus services et billets d’avion, courant 1995 notamment. Que Ny Hasina Andrianamanjato ait été ministre des Télécommunications au moment où Abdéali Goulamaly s’est décidé à décrocher une licence de téléphonie mobile constitue sans doute un heureux hasard. Le fait est qu’entre décembre 1996 et décembre 1997, bien des choses se sont passées. Pendant près d’un an, Goulamaly n’a pas utilisé sa licence, risquant même d’outrepasser le délai de mise en uvre d’un an qui lui était imposé par l’Etat malgache. Le premier signe d’activité de SMM est intervenu après que la société concurrente Madacom ait commencé d’émettre. Antaris-SMM a procédé à des essais symboliques destinés à justifier la réalité de son activité. Parallèlement, le montant de la première tranche d’investissement étant supérieur à 42,7 millions de francs français, Abdéali Goulamaly, une fois France Câble & Radio introduite dans le capital de SMM, aux côtés de la symbolique SRR, s’est ingénié à « décrocher » quelques « facilités » fiscales. Pour ce faire, Jean-Marie Guillocheau, actuellement directeur général de SMM, a reçu le soutien actif d’un certain Denis Proto, bien connu pour le rôle joué dans l’affaire ARMAS. Goulamaly lui avait adjoint un second personnage de qualité, Eric Berarengo, alias "Eric Berar". C’est en novembre 97 que l’offensive du président de la SMM a été lancée ; et il semble qu’elle ait abouti en forçant quelque peu la main à Pierrot Rajanarivelo, vice-premier ministre de la Décentralisation et du budget. Les 42,7 MF de matériel commandés par SMM au constructeur français Alcatel, fournisseur régulier de France Télécom, pour couvrir la région d’Antananarivo, sont frappés de 17,6 MF de droits et taxes à l’importation. Préférant échapper à une telle "contribution", SMM a obtenu simultanément l’accord du ministre ad hoc pour une franchise partielle des droits et taxes à l’importation, soit un « cadeau » d’environ 7 MF, (la TVA, d’un montant quelque peu supérieur restant due), et une autorisation d’admission temporaire du même matériel. En tel cas, les équipements étant introduits « momentanément » sur le territoire malgache sont exempts de droits et taxes. Cette « facilité » intervenant moins de dix jours après que l’autorisation légale du ministère ait été accordée, Pierrot Rajanarivelo a réagi en annulant l’admission temporaire en date du 15 décembre 97, laquelle a été finalement confirmée... Fin décembre, Abdéali Goulamaly, sûr de lui, présentait à la presse malgache la campagne de lancement d’Antaris-SMM. Une campagne publicitaire multimedia, dont la particularité, sur les affiches 4x3, était l’utilisation d’un tsunami, la gigantesque vague d’un raz-de-marée, symbolisant l’expansion à venir de la société et de ses parts de marché. Apparemment, la vague a failli emporter tout à la fois bateaux, crevettes et rêves de grandeur. Aujourd’hui, Eric Berar prospère, en dépit d’une réputation sulfureuse - fondée ou pas - qui lui prête un curriculum vitae d’ex-mercenaire. Il gère le Chapiteau, un « resto-bar-boîte » installé en banlieue de Tana. C’est à la même adresse qu’est domiciliée la société Espace Telecom Mobile qui représente et importe les mobiles Ericsson. Quant à la SMM, son avenir paraît sombre. Alcatel n’aurait pas été intégralement payée pour sa première livraison de matériel et retiendrait donc en France les équipements destinés au développement d’Antaris-SMM. On est loin des 150 MF annoncés sur quatre ans. Quant au développement du réseau, il est bien en retrait des prévisions originelles. Antaris-SMM ne couvre qu’une partie d’Antananarivo. A l’issue du renouvellement de l’Assemblée nationale et du gouvernement, l’Etat malgache va procéder à la régularisation des matériels « sous douane », admis temporairement sur le territoire. SMM devrait donc payer 17,6 MF à l’Etat. Or les caisses de la société sont loin d’être florissantes. D’où l’urgence pour FCR d’ouvrir son capital et de trouver des ressources nouvelles. Il y va de la grandeur de la France, ou presque, puisque c’est l’influence de France Télécom dans cette partie de l’océan Indien qui serait en jeu... http://archives.clicanoo.re/spip.php?page=imprimer&id_artic... 1 sur 1 22/11/2013 20:27 uploads/Finance/ de-la-friture-sur-la-ligne-pdf.pdf

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  • Publié le Fev 01, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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