Les défaillances du marché1 L’étude du marché concurrentiel (chapitre 1) et de
Les défaillances du marché1 L’étude du marché concurrentiel (chapitre 1) et de son cadre théorique est nécessaire pour identifier les limites du marché concurrentiel. Dès que l’information n’est pas parfaite (asymétries d'information), que les échanges concernent d’autres biens que les biens privatifs (biens collectifs), ou que l’on intègre les coûts sociaux (externalité), l’allocation des ressources par les marchés devient sous-optimale. L’existence des défaillances du marché mise en avant par la science économique permet de présenter les recours possibles face aux limites de la coordination marchande. Les pouvoirs publics devront intervenir en mettant en place des taxes ou en introduisant des réglementations sur le marché concerné. I/ Les principales défaillances de marché: A : Les asymétries d’information Les asymétries d’information correspondent à des situations où un (ou plusieurs) agent(s) économique(s) dispose(nt) de plus d’informations qu’un autre (ou plusieurs) agent(s). Il peut s’agir d’informations sur le prix, les coûts de production ou la qualité d’un bien ou d’un service. L’existence d’une information asymétrique peut conduire à une défaillance du marché, qui ne peut plus fournir de façon optimale les biens ou services, soit à cause d’un risque de sélection adverse, soit en cas d’aléa moral. L’exemple classique pour illustrer le problème de sélection adverse est celui du marché de la voiture d’occasion. L’information est asymétrique, car les acheteurs ne connaissent pas l’historique du véhicule vendu. Face à ce manque d’informations, les acheteurs potentiels sont incités à faire baisser le plus possible le prix du véhicule. À l’inverse, les vendeurs de voiture de bonne qualité auront du mal à obtenir un bon prix de la vente de leur véhicule et risquent de disparaître du marché des voitures d’occasion. On comprend ainsi que la sélection adverse peut mener à l’absence d’équilibre. (→ voir En théorie) L’aléa moral est le risque qu’un agent économique adopte un comportement imprudent dès lors qu’il se sait protégé du risque encouru. Le marché de l’assurance est exposé à ces situations lorsqu’il n’est pas en mesure de contrôler les comportements d’un assuré. Le concept d’aléa moral est également essentiel pour expliquer les mécanismes à l’oeuvre lors de la crise financière qui a débuté en 2007. Par exemple, les politiques de soutien aux banques quand elles connaissent des difficultés et leur très grande taille ont pu leur faire penser que les pouvoirs publics leur viendraient toujours en aide en cas de difficultés. Cet aléa moral les a incitées à prendre des risques élevés. (→ voir dossier 1) B : Les externalités économiques Dans le cadre du marché, les agents économiques raisonnent en tenant compte des coûts privés qu’ils supportent. Ainsi, le consommateur se soucie principalement de l’impact de ses décisions de consommation sur son bien-être individuel en fonction de son budget. Le producteur quant à lui cherche à maximiser son profit en maîtrisant ses coûts de production. Autrement dit, ils ne tiennent pas compte des externalités (ou effets externes) créées par leurs activités, ce qui entraîne des situations de marché sous-optimales. La pollution est un exemple d’externalité négative. Dans la logique de marché, les entreprises sont parfois amenées à choisir des techniques de production polluantes lorsque ce sont les moins onéreuses. Cette décision est rationnelle pour l’entreprise si 1 Cette synthèse de chapitre a été rédigée pour le chapitre 3 du manuel de 1ere éditée par Lelivrescolaire.fr (SES) - (par Arnaud Alarçon et Vincent Levrault) elle ne tient compte que des coûts privés qu’elle supporte. Elle n’est en revanche pas optimale pour la société qui subit des dommages importants (dépenses de santé, coûts de dépollution, épuisement de ressources, etc.). Il existe également des externalités positives. Les activités de recherche par exemple, qui permettent des innovations technologiques parfois importantes, entraînent une amélioration du bien-être collectif. Cependant, les coûts de ces activités étant particulièrement élevés, certains agents économiques peuvent renoncer à les entreprendre, ce qui bénéficierait pourtant à la collectivité. C : Le problème des biens collectifs Les biens collectifs sont définis par leurs caractéristiques : non rivalité des consommations et non-excluabilité des consommateurs. Le fait qu’on ne puisse empêcher un agent économique, une fois le bien produit, de le consommer aussi, laisse place à de potentiels comportements de passagers clandestins. C’est pourquoi le marché peine à prendre en charge les biens collectifs purs. Un phare, la défense nationale ou encore les parcs publics sont des exemples de biens et services collectifs purs. Les biens communs sont menacés du fait de leurs caractéristiques : rivalité des consommations et non-excluabilité des consommateurs. La logique marchande (recherche de l’intérêt individuel) mène alors à la surexploitation des biens communs. Dans le domaine de la pêche par exemple, un pêcheur a intérêt à pêcher le plus possible de poissons afin de maximiser son profit. Cependant, une telle logique risque de mener à la disparition de certaines ressources halieutiques si, collectivement, tous les pêcheurs adoptent cette logique. Une intervention publique semble alors nécessaire.(→ voir dossier 3) II/ Ces défaillances nécessitent l’intervention des pouvoirs publics et une prise de conscience des acteurs. A : le rôle des pouvoirs publics Les labels de certification permettent d’avoir une meilleure connaissance des produits que l’on achète. C’est également le rôle des associations de consommateurs ou des avis donnés sur les produits sur Internet. Cependant, dans un certain nombre de cas, les pouvoirs publics doivent intervenir, en mettant en place des réglementations ou des incitations économiques. En présence d’externalités, les pouvoirs publics ont recours à la loi pour interdire ou encadrer (mise en place de normes, de réglementations, de quotas, etc.) certaines pratiques. Ils peuvent également utiliser des instruments fiscaux pour internaliser les externalités. La taxation par exemple permet de créer des incitations afin que les agents économiques prennent les « bonnes » décisions. L’État peut aussi prendre en charge la production des biens collectifs purs. Il finance ainsi la défense nationale, ou encore prend en charge la construction des phares ou des digues, car sans son intervention ces services ne pourraient être produits sur un marché. B : Le rôle des acteurs locaux Face à « la tragédie des biens communs », si l’État a un rôle à jouer en utilisant les différents instruments de politique publique, les travaux d’Elinor Ostrom, première femme récompensée du Nobel d’économie (2009), montrent à travers plusieurs études de cas que des solutions locales de gestion communautaire peuvent également permettre de protéger des ressources communes. C’est finalement en favorisant une meilleure information sur les activités marchandes et leurs conséquences que les acteurs peuvent prendre de meilleures décisions sur les marchés. Un consommateur éclairé peut ainsi faire de son acte de consommation un acte de citoyenneté, en effectuant des dépenses intégrant, par exemple, leurs impacts environnementaux. uploads/Finance/ defaillance-de-marche.pdf
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- Publié le Mai 24, 2022
- Catégorie Business / Finance
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