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Déterminants des Transferts et des Investissements des Migrants Marocains à l’E

Déterminants des Transferts et des Investissements des Migrants Marocains à l’Etranger Décembre 2022 2 Le Haut-Commissariat au Plan remercie l’UNFPA pour l’appui financier à cette étude 3 Sommaire 1. Introduction 4 2. Evolution des transferts des MRE au niveau national 6 3. Caractéristiques des transferts des MRE au Maroc 12 4. Déterminants des transferts des MRE au Maroc 23 5. Déterminants des investissements des MRE au Maroc 35 6. Déterminants des investissements des Migrants de retour au Maroc 43 7. Conclusion 59 Références bibliographiques 64 Annexe: 65 Régressions 65 Sélection de tableaux 68 4 Introduction Dans le contexte actuel de mondialisation, la relation entre migration et développement prend une dimension nouvelle avec l’amplification des flux migratoires internationaux et des transferts d’épargne des migrants. En 2020, la Division de la Population des Nations Unies, chiffre à 280,6 millions le nombre de migrants internationaux, soit 3,6% de la population du globe, et leurs transferts à 702 milliards de dollars US. Les données disponibles font apparaître une tendance à la hausse à long terme, les rapatriements de fonds internationaux étaient de seulement 128 milliards de dollars US en 2000. En 2020, l’Inde, la Chine, le Mexique, les Philippines et l’Égypte ont été, dans l’ordre, les cinq premiers pays du monde bénéficiaires de rapatriements de fonds. L’Inde et la Chine étaient arrivées loin en tête, avec chacune plus de 59 milliards de dollars US de transferts reçus. Ce phénomène occupe donc une place centrale dans le débat politique et scientifique aux échelles nationale et internationale. Le Maroc n'est pas en reste et se trouve concerné par cette problématique, la migration internationale et les transferts représentant un enjeu important pour la croissance et le développement du pays. Parmi les pays du Maghreb, la migration marocaine à l’étranger est la plus intense, par les effectifs des migrants et la plus diversifiée par le nombre de pays de destination. Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) atteignaient 5,4 millions1 d’individus en 2020, pour une population totale vivant au Maroc d’environ 36,7 millions. Parmi les Maghrébins, les Marocains de l’étranger sont également ceux qui effectuent le plus de transferts de revenus au pays. La migration internationale, par ses effets économiques et sociaux, est devenue une dimension importante de la société marocaine. Les transferts de revenus des MRE constituent une recette importante de la balance des paiements du Maroc. Ils ont représenté au cours de la dernière décennie quelque 7% du PIB marocain, soit quelque 7 milliards de dollars US par an. Ils ont connu un pic au cours de l’année 2021 où ils ont dépassé 9 milliards de dollars US. Les neuf premiers mois de 2022 indiquent également une augmentation de plus de 11% par rapport à la même période de 2021 qui avait connu une forte hausse par rapport aux années précédentes2. Une des questions qui se pose est de comprendre le pourquoi de cette forte augmentation : la pandémie et l’élan de solidarité qu’elle génère ou un phénomène plus profond ? D’où l’intérêt de faire une étude sur les déterminants des transferts des MRE et aussi de leurs investissements qui sont une des utilisations des transferts. 1 Source : Direction des Affaires Consulaires et Sociales, Ministères des Affaires Etrangères et de la Coopération. 2 Selon les données de l’Office de change. 5 L’objectif de cette étude est, après avoir rappelé l’importance et l’évolution des transferts des MRE au niveau macroéconomique, de manière globale et par rapport aux agrégats économiques nationaux, d’analyser les déterminants des transferts et des investissements des migrants marocains à l’étranger, à partir des données de l’Enquête nationale sur la migration internationale de 2018-19 (ENMI)3. Cette enquête couvre différentes dimensions de la migration internationale marocaine, par la collecte de données sur l'émigration, la migration de retour, la migration potentielle et les non-migrants. Elle s’intéresse aussi à diverses autres questions liées, notamment l’importance des transferts de revenus, leur utilisation et les bénéficiaires, les transferts de biens ; l’effet des transferts sur l’investissement, les raisons de non-investissement, les comportements et les perceptions des MRE et des migrants de retour (MR). Diverses autres enquêtes qui portent notamment sur les transferts et les investissements ont été réalisées au Maroc avant celle de 2018-19 et pourraient servir comme indications. L’étude abordera les caractéristiques démographiques et socioéconomiques des migrants effectuant des transferts et des investissements au Maroc, en analysant certaines variables explicatives de leur importance en vue de déterminer les éventuelles relations avec les transferts et les investissements et identifier leurs déterminants. On procédera à des analyses descriptives détaillées et à des régressions pour affiner les déterminants des transferts des MRE et des investissements des MR. Ainsi, les sections qui suivent sont : 1. Evolution des transferts au niveau national, à partir des données de l’Office de change 2. Caractéristiques des transferts des MRE, à partir des données de l’Enquête nationale sur la migration internationale (ENMI) 2018-19 (idem pour les sections suivantes) 3. Déterminants des transferts des MRE 4. Déterminants des investissements des MRE 5. Déterminants des investissements des MR 6. Conclusion 3 HCP (2020) 6 2. Evolution des transferts des MRE au niveau national 2.1. Valeur globale des transferts Les transferts monétaires des MRE ont connu une progression importante et assez régulière au cours des vingt dernières années, passant de 22,96 milliards de DH en 2000 à 93,67 milliards de DH en 2021. La hausse a été particulièrement forte certaines années, 2001, 2006-2007 et 2021-20224, suivie parfois d’un léger repli comme en 2002 et 2008-2009, ces dernières années ont été marquées notamment par la crise financière dans les pays industriels ( cf. Graphique 1 ci-dessous). La hausse continue s’explique d’abord par le nombre croissant de MRE au cours de la période et aussi par d’autres facteurs qui seront examinés dans les sections suivantes de cette étude. La forte augmentation de certaines années est due à des évènements particuliers, comme l’avènement de l’Euro en 2001 qui a entrainé la mise en circulation et le transfert de l’argent thésaurisé dans les anciennes monnaies européennes, ou l’effet de solidarité en 2021-2022, suite à la crise provoquée par la pandémie de Covid 19. 4 Plus de 11% d’augmentation sur les 10 premiers mois de 2022, même après la forte hausse de 2021, d’après les données de l’Office de change. 7 Graphique 1 : Evolution des recettes des MRE entre 2000 et 2021 (en Millions de DH) Source : Office de Change 2.2. Transferts par rapport au PIB En termes relatifs, les transferts de revenus des MRE ont représenté en permanence quelque 6 à 7% du PIB, sauf pendant les pics de 2001 et 2007 où ils ont dépassé 8% (respectivement 8,3 et 8,5%). L’année 2021 est particulière, car malgré une forte hausse des transferts en termes absolus (37,5% par rapport à 2020), ils n’ont progressé que d’un point en termes relatifs, passant de 6,3 % à 7,3% du PIB. C’est que le PIB a lui-même connu une croissance plus forte que d’habitude en 2021 (17,9 %), grâce à une récolte agricole exceptionnelle5. 5 Cf. HCP, Annuaire statistique. 8 Graphique 2 : Evolution de la part des recettes MRE** par rapport au PIB* entre 2000 et 2021 (en %) (*) : Source : Direction de la Comptabilité Nationale, HCP. (**) : Source : Office de Change 2.3. Principaux pays émetteurs des transferts Les principaux pays émetteurs de transferts sont en principe les principaux pays qui accueillent la communauté marocaine à l’étranger. Ceci est vrai et le classement est respecté pour les trois premiers pays émetteurs de transferts qui sont en même temps les pays qui accueillent le plus de MRE, dans l’ordre la France, l’Espagne et l’Italie (cf. les Graphiques 3 et 4 ci-dessous ainsi que les Tableaux en Annexe). La correspondance des deux classements (volume des transferts et effectifs de MRE) n’est pas respectée pour les pays suivants. Ainsi, en considérant les quatre pays suivants en 2020- 2021, l’Arabie Saoudite, quatrième pays émetteur de transferts, est classé neuvième en ce qui concerne l’effectif des MRE. Et l’Allemagne est classé respectivement 5ème et 6ème, la Belgique, 6ème et 4ème, Les Emirats Arabes Unis, 7ème et 10ème. 9 Graphique 3 : Evolution des recettes des MRE (en milliards de DH) dans les 8 premiers pays d’accueil émetteurs de transferts entre 2006 et 2021*(1) Source : Office de change (*) : Données provisoire 10 Graphique 3 suite : Evolution des recettes des MRE (en milliards de DH) dans les 8 premiers pays d’accueil émetteurs de transferts entre 2006 et 2021*(2) Source : Office de change (*) : Données provisoire 11 Graphique 4 : Effectifs des Marocains Résidant à l’Etranger (%) selon les pays d’accueil, septembre 2020 Source : Direction des Affaires Consulaires et Sociales (DACS), septembre 2020 Cependant ces classements peuvent évoluer, plus rapidement pour les transferts - en fonction de plusieurs facteurs dont la conjoncture et la politique économiques des divers pays concernés- que pour les effectifs de MRE. 12 3. Caractéristiques des transferts des MRE au Maroc Les caractéristiques des transferts des MRE et de leurs investissements– ainsi que leurs déterminants qui seront analysés dans uploads/Finance/ determinants-des-transferts-et-des-investissements-des-migrants-marocains-a-l-x27-etranger.pdf