Si on se risque à construire un « ideal type » de l’enseignement mainstream de
Si on se risque à construire un « ideal type » de l’enseignement mainstream de la monnaie (puisqu’ on ne dit pas « argent » quand on est économiste) peut se résumer par ces quatre éléments : I) La monnaie a été créé pour surmonter les difficultés du troc. II) La monnaie se reconnait en ce qu’elle a trois et seulement trois fonctions. III) Il y a dématérialisation progressive de la monnaie IV) La monnaie est neutre, dernière condition particulièrement discutée au sein des économistes mais toutefois dominante. Chacune de ces affirmations est au moins discutée par les recherches anthropologiques, voire totalement invalidées. Chez Smith (document 1), la division du travail succède à l’autarcie et les surplus dus à la division du travail vont entrainer un échange, d’abord sous forme de troc puis monétarisé. Dans le document 2 (Samuelson), il apparait clairement que la monnaie ne peut pas être désirée pour elle-même et ue la seule fonction importante est la fonction de transaction. Mais il indique qu’il s’agit d’une « reconstruction historique selon des hypothèses logiques . Dans l’extrait de Lipsey et Steiner (document 3), on ne retrouve pas ce caractère hypothétique Graeber indique clairement le caractère mythique de cette fable du troc (document 4). Alain Testart tient le même propos et rapelle que la première monnaie n’est pas matérialisée (la monnaie d’avant la monnaie » selon ses termes- cf document 5). Tout mythe est fondateur, ce que rappelle Graeber (document 6) Il n’y a pas unicité du phénomène monétaire et historiens et anthropologues seront amenés à faire des analyses différentes (document 7et8). Testart remet à sa place le deuxième mythe de l’universalité de l’homo oeconomicus (document 9). Mais il fat aussi remettre en cause la croyance de l’ancienneté du troc et de la modernité du crédit (Graeber –document 10). Dans le document 11, Testart s’éloigne d’un certain nombre d’anthropologues puisque , contrairement à ceux ci, il pense qu’il existe des « sociétés primitives » sans monnaie. Les documents 12 à 21 traitent de la question des « fonctions » de la monnaie réduites à rois fonctions (voire à une seule dans e cas de la monnaie voile), les anthropologues , eux insistent, sur une quatrième fonction, la fonction de paiement et testart montre que la monnaie peut aussi ne pas assumer de fonction de transaction. Il insiste également sur les fonctions « non économiques » de l’argent. Par ailleurs, Jerome Blanc discute de la conception e la « monnaie pour tous usages » considérée comme universelle par le mainsream et comme spécifique des sociétés modernes par Polanyi(document 22) L’idée de monnaie neutre suppose qu’elle ne eut as être désirée pour ele même et ne pas avoir d’effets sur la sphère réelle. (Document s 23 et 24) L’idée de dématérialisation de la monnaie au cours de l’Histoire gagnerait aussi à être sérieusement nuancée. Testart et Thierry inversent la séquence en montrant que le troc n’existe sans doute que dans els sociétés récentes en crise et que la monnaie fiduciaire existe en Chine depuis longtemps (documents 25 à 31) Dans le document 32, graeber dresse l’ace de décès de la théorie traditionnelle de la monnaie 1 I) ANALYSES « MAINSTREAM » DE LA MONNAIE Document 1 : la monnaie comme dépassement du troc chez Smith La division du travail une fois généralement établie, chaque homme ne produit plus par son travail que de quoi satisfaire une très petite partie de ses besoins. La plus grande partie ne peut être satisfaite que par l'échange du surplus de ce produit qui excède sa consommation, contre un pareil surplus du travail des autres. Ainsi, chaque homme subsiste d'échanges et devient une espèce de marchand, et la société elle-même est proprement une société commerçante. Mais dans les commencements de l'établissement de la division du travail, cette faculté d'échanger dut éprouver de fréquents embarras dans ses opérations. Un homme, je suppose, a plus d'une certaine denrée qu'il ne lui en faut, tandis qu'un autre en manque. En conséquence, le premier serait bien aise d'échanger une partie de ce superflu, et le dernier ne demanderait pas mieux que de l'acheter. Mais si par malheur celui-ci ne possède rien dont l'autre ait besoin, il ne pourra pas se faire d'échange entre eux. Le boucher a dans sa boutique plus de viande qu'il n'en peut consommer, le brasseur et le boulanger en achèteraient volontiers une partie, mais ils n'ont pas autre chose à offrir en échange que les différentes denrées de leur négoce, et le boucher est déjà pourvu de tout le pain et de toute la bière dont il a besoin pour le moment. Dans ce cas-là, il ne peut y avoir lieu entre eux à un échange. Il ne peut être leur vendeur, et ils ne peuvent être ses chalands ; et tous sont dans l'impossibilité de se rendre mutuellement service. Pour éviter les inconvénients de cette situation, tout homme prévoyant, dans chacune des périodes de la société qui suivirent le premier établissement de la division du travail, dut naturellement tâcher de s'arranger pour avoir par devers lui, dans tous les temps, outre le produit particulier de sa propre industrie, une certaine quantité de quelque marchandise qui fût, selon lui, de nature à convenir à tant de monde, que peu de gens fussent disposés à la refuser en échange du produit de leur industrie. Il est vraisemblable qu'on songea, pour cette nécessité, à différentes denrées qui furent successivement employées. Dans les âges barbares, on dit que le bétail fut l'instrument ordinaire du commerce; et quoique, ce dût être un des moins commodes, cependant, dans les anciens temps, nous trouvons souvent les choses évaluées par le nombre de bestiaux donnés en échange pour les obtenir (…)On dit qu'en Abyssinie le sel est l'instrument ordinaire du commerce et des échanges; dans quelques contrées de la côte de l'Inde, c'est une espèce de coquillage; à Terre-Neuve, c'est de la morue sèche; en Virginie, du tabac; dans quelques-unes de nos colonies des Indes occidentales, on emploie le sucre à cet usage, et dans quelques autres pays, des peaux ou du cuir préparé; enfin, il y a encore aujourd'hui un village en Écosse, où il n'est pas rare, à ce qu'on m'a dit, de voir un ouvrier porter au cabaret ou chez le boulanger des clous au lieu de monnaie. Cependant, des raisons irrésistibles semblent, dans tous les pays, avoir déterminé les hommes à adopter les métaux pour cet usage, par préférence à toute autre denrée. Les métaux non seulement ont l'avantage de pouvoir se garder avec aussi peu de déchet que quelque autre denrée que ce soit, aucune n'étant moins périssable qu'eux, mais encore ils peuvent se diviser sans perte en autant de parties qu'on veut, et ces parties, à l'aide de la fusion, peuvent être de nouveau réunies en masse; qualité que ne possède aucune autre denrée aussi durable qu'eux, et qui, plus que toute autre qualité, en fait les instruments les plus propres au commerce et à la circulation. (…) Différentes nations ont adopté pour cet usage différents métaux. Le fer fut l'instrument ordinaire du commerce chez les Spartiates, le cuivre chez les premiers Romains, l'or et l'argent chez les peuples riches et commerçants. (…) L'usage des métaux dans cet état informe entraînait avec soi deux grands inconvénients : d'abord, l'embarras de les peser, et ensuite celui de les essayer. Dans les métaux précieux, où une petite différence dans la quantité fait une grande différence dans la valeur, le pesage exact exige des poids et des balances fabriqués avec grand soin. (…)Cependant, nous trouverions 2 excessivement incommode qu'un pauvre homme fût obligé de peser un liard chaque fois qu'il a besoin d'acheter ou de vendre pour un liard de marchandise. Mais l'opération de l'essai est encore bien plus longue et bien plus difficile; et à moins de fondre une portion du métal au creuset avec des dissolvants convenables, on ne peut tirer de l'essai que des conclusions fort incertaines. Pourtant, avant l'institution des pièces monnayées, à moins d'en passer par cette longue et difficile opération, on se trouvait à tout moment exposé aux fraudes et aux plus grandes friponneries, et on pouvait recevoir en échange de ses marchandises, au lieu d'une livre pesant d'argent fin ou de cuivre pur, une composition falsifiée avec les matières les plus grossières et les plus viles, portant à l'extérieur l'apparence de ces métaux. C'est pour prévenir de tels abus, pour faciliter les échanges et encourager tous les genres de commerce et d'industrie, que les pays qui ont fait quelques progrès considérables vers l'opulence ont trouvé nécessaire de marquer d'une empreinte publique certaines quantités des métaux particuliers dont ils avaient coutume de se servir pour l'achat des denrées. De là l'origine de la monnaie frappée et des établissements publics destinés à la fabrication des monnaies; institution qui est précisément de la même nature que les offices des auneurs et marqueurs publics des draps et des toiles. (…) C'est de cette manière que la monnaie est devenue chez tous les peuples civilisés l'instrument universel du uploads/Finance/ dossier-sur-la-question-de-l-x27-enseignement-de-l-x27-argent.pdf
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- Publié le Apv 09, 2021
- Catégorie Business / Finance
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