ÉQUILIBRE GÉNÉRAL STOCHASTIQUE ET DYNAMIQUE NON- WALRASIENNE DU MARCHÉ DU TRAVA

ÉQUILIBRE GÉNÉRAL STOCHASTIQUE ET DYNAMIQUE NON- WALRASIENNE DU MARCHÉ DU TRAVAIL Arnaud Chéron, François Langot La Documentation française | « Économie & prévision » 2008/2 n° 183-184 | pages 93 à 113 ISSN 0249-4744 DOI 10.3917/ecop.183.0093 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-economie-et-prevision-1-2008-2-page-93.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour La Documentation française. © La Documentation française. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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Économie et Prévision n°183-184 2008/2-3 L’objectif de cette contribution est d’évaluer l’apport d’une modélisation non-walrasienne du marché du travail lorsque l’on analyse la dynamique économique. Au-delà de l’intérêt positif de l’exercice, nous montrons également que ces modèles d’équilibre général avec chômage permettent de quantifier l’incidence de politiques économiques visant à réduire le chômage. Dans un premier temps, la capacité de notre modèle à reproduire les caractéristiques des fluctuations du marché du travail est « testée ». Dans des économies telles que la France ou les États-Unis, on observe en effet une volatilité de l’emploi comparable à celle du PIB, alors que la volatilité du salaire réel est réduite et que sa corrélation avec le PIB est proche de zéro. Cette a-cyclicité du salaire réel constitue un fait stylisé extrêmement difficile à reproduire. Nous montrons pourtant que les rigidités réelles introduites par le processus d’appariement combinées à une spécification particulière du salaire négocié permet de rendre compte de façon tout à fait satisfaisante de ces propriétés observées du marché du travail. Après cette validation empirique, le modèle peut alors, dans un second temps, être utilisé pour quantifier l’impact d’une politique de lutte contre le chômage. L’évaluation quantitative du modèlemontreeneffetquelasituationderéférenceestunéquilibreoùleniveaudechômageest supérieur à son niveau optimal. Nous proposons d’examiner la mise en place de subventions à l’embauche pour les entreprises. Nous calculons la part optimale de prise en charge des coûts d’embauche par l’État. Cette politique diffère des allégements de charge puisqu’elle est ciblée uniquement sur les créations d’emploi. Enfin, pour financer cette mesure, nous montrons qu’une taxe sur le travail s’avère finalement moins coûteuse socialement (en termes de distorsion) qu’un ajustement de la fiscalité sur le capital. © La Documentation française | Téléchargé le 27/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.154.234.137) © La Documentation française | Téléchargé le 27/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.154.234.137) 94 © La Documentation française | Téléchargé le 27/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.154.234.137) © La Documentation française | Téléchargé le 27/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.154.234.137) L’objectif de cette contribution est d’évaluer l’apport d’une modélisation non-walrasienne du marché du travail lorsque l’on analyse la dynamique économique. Bien entendu, depuis les travaux de Keynes, il semble difficile d’expliquer les ajustements macroéconomiques en faisant abstraction du chômage. Toutefois, cet argument n’est pas suffisant pour justifier une approche “scientifique”. Ainsi, nous proposons de montrer que le pouvoir explicatif des modèles d’équilibre général stochastique est accru par la prise en compte des développements récents de la littérature sur le marché du travail. Au-delà de l’intérêt positif de l’exercice, nous montrons également que ces modèles d’équilibre général avec chômage permettent de quantifier l’incidence de politiques économiques visant à réduire le chômage. Ce cadre d’analyse permet de dépasser les évaluations faites à partir de “petite maquettes” du marché du travail qui négligent les substitutions intertemporelles entre emploi et capital. Enfin, il est possible d’analyser l’impact respectif de différents modes de financement de ces politiques de lutte contre le chômage, en intégrant notamment la fiscalité du capital et du travail. Ce nécessaire réexamen des politiques d’emploi dans les modèles dynamiques d’équilibre général est le résultat de la crise de la macroéconomie à la fin des années soixante dix. Ces années vont en effet définitivement obliger les macroéconomistes à reformuler le cadre d’analyse des fluctuations de l’emploi, tant au niveau théorique qu’empirique. Les critiques de Phelps (1970) et Friedman (1968) vont tout d’abord déstabiliser l’édifice keynésien en montrant qu’une spécification des comportements microéconomiques d’offre et de demande implique qu’il est impossible d’arbitrer à long terme entre inflation et chômage, comme le suggéraient Samuelson et Solow (1960). En étendant le concept de rationalité aux anticipations, les contributions de Lucas (1973,1976), démontrent, d’une part, que la courbe de Phillips est aussi verticale à court terme et d’autre part, que les modèles macroéconométriques ne peuvent pas être utilisés afin de prévoir les implicationsdesvariantesdepolitiqueéconomique. Parallèlement à ces critiques théoriques, l’échec avéré des politiques de régulation de l’emploi par les seuls facteurs de demande conduit à remettre sérieusement en question la pertinence des modèles économétriques keynésiens. L’expérience de niveaux élevés d’inflation et de chômage à la fin des années soixante dix rend peu crédible ces modèles où les déterminants de l’offre sont quasi-absents. Le principal enseignement de cette crise de la “macroéconomie à l’ancienne” semble être le suivant: toute théorie macroéconomique moderne doit avoir des fondements microéconomiques et doit être formulée dans un cadre où les anticipations des agents sont cohérentes avec les hypothèses du modèle. Cette théorie doit de plus se doter d’un instrument d’analyse quantitatif capable de rendre compte de l’expérience récente du marché du travail, tout en pouvant être utilisée pour évaluer des variantes de politiques économiques, répondant ainsi à la critique de Lucas. C’est à partir de cet enseignement méthodologique que de nouveaux axes de recherche se sont développés en modélisation macroéconomique. Dès les années soixante-dix plusieurs contributions ont proposé des fondements microéconomiques à l’équilibre et à la dynamique du marché du travail (voir l’ouvrage de Phelps, 1970). Dans cette lignée, les travaux sur les modèles d’appariement, synthétisés dans Pissarides (1990, 2000), Mortensen et Pissarides (2000) et Cahuc et Zylberberg (2004), décrivent un équilibre non-walrasien sur le marché du travail, permettant d’analyser la dynamique du chômage. Ces modèles supposent qu’il n’y a pas de commissaire priseur sur le marché du travail. En l’absence de ce coordinateur, la recherche d’un partenaire pour effectuer une transaction est coûteuse. Pour les demandeurs d’emploi, cette recherche prend du temps : ils perdent alors une partie de leur loisir sans bénéficier d’une rémunération du travail (coût d’opportunité de la recherche). Pour les entreprises, elle coûte des ressources qui correspondent aux coûts de recrutement. À l’issue de ce processus de recherche, c’est-à-dire lorsque qu’une entreprise et un demandeur d’emploi se sont rencontrés, les agents déterminent, par le biais d’une négociation à la Nash (1953), le prix auquel ils sont prêts à effectuer la transaction. Cette méthode de détermination du salaire ne permet pas d’assurer que l’équilibre soit Pareto-optimal. Ces modèles sont donc capables de déterminer un niveau de chômage d’équilibre supérieur à son niveau optimal. Mais, au-delàduniveaudechômageetdesesdéterminants, les modèles d’appariement en modélisant explicitement les flux d’embauches et de licenciements sur le marché du travail, proposent un cadre d’analyse dynamique du marché du travail. L’objectif de cet article est tout d’abord d’évaluer l’apport des modèles d’appariement dans la compréhension des grandes caractéristiques des fluctuations du marché du travail. Dans des économies telles que la France ou les États-Unis, on observe en effet une volatilité de l’emploi comparable à celle du PIB, alors que la volatilité du salaire réel est réduite et que sa corrélation avec le PIB est proche de zéro. Cette acyclicité du salaire réel constitue un fait stylisé extrêmement difficile à reproduire à partir d’un modèle de type RBC soumis uniquement à des perturbations technologiques. Nous montrons pourtant que les rigidités réelles introduites par le processus d’appariement combinées à une spécification particulière du salaire 95 © La Documentation française | Téléchargé le 27/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.154.234.137) © La Documentation française | Téléchargé le 27/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.154.234.137) négocié permet de rendre compte de façon tout à fait satisfaisante de ces propriétés observées du marché du travail. Après cette validation empirique, le modèle peut, dans un second temps, être utilisé pour quantifier l’impact d’une politique de lutte contre le chômage. L’évaluation quantitative du modèle montre en effet que la situation de référence est un équilibre où le niveau de chômage est supérieur à son niveau optimal. Nous proposons d’examiner la mise en place de subventions à l’embauche pour les entreprises. Nous calculons la part optimale de prise en charge des coûts d’embauche par l’État. Cette politique diffère des allégements de charge puisqu’elle est ciblée uniquement sur les créations d’emploi. Enfin, pour financer cette mesure, nous montrons qu’une taxe sur le travail uploads/Finance/ ecop-183-0093.pdf

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  • Publié le Dec 26, 2021
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