Eclairage sur la situation des PME au Maroc Oussama TILFANI Chargé d’étude INFO
Eclairage sur la situation des PME au Maroc Oussama TILFANI Chargé d’étude INFORISK – Mai 2011 Définition de la PME au Maroc La question de la PME constitue une préoccupation majeure de tous les acteurs de la société marocaine (pouvoirs publics, financiers, investisseurs, chercheurs…). En effet l’avènement d’une nouvelle ère économique marquée par l’ouverture sur les marchés étrangers (l’accord libre échange), la promotion des nouvelles technologies, l’émergence des services, le commerce, l’introduction croissante de l’intelligence artificielle et de la cybernétique dans le système de production industrielle,… sont les prémisses d’une nouvelle économie que la PME a grandement contribué à instaurer par son dynamisme. Toute stratégie visant le développement des PME au Maroc, devra se baser une connaissance solide des forces, faiblesses, menaces, et opportunités de croissance des PME. La question de l’information et de la donnée (sectorielle, financière, économique,…) devient un impératif. La définition de la PME au Maroc a évolué en fonction des dispositions contenues dans les différents textes de loi dont l’objet fut d’aider à la promotion et au développement de cette catégorie d’entreprises (en raison de sa taille réduite et sa fragilité relative). Parmi ces textes, on peut citer : - La procédure simplifiée accélérée de 1972 - Le code des investissements de 1983 - La définition de Bank Al Maghrib de 1987 - Les dispositions du FOGAM pour la mise à niveau des PME - La charte des PME de 2002 Une nouvelle définition de la PME est actuellement en cours, où seul le critère du chiffre d’affaire sera retenu : 175 millions constituera le seuil séparant la PME (CA < 175 millions) de la Grande Entreprise (CA > 175 millions). Dans cette étude, nous avons introduit la terminologie suivante pour nuancer davantage le profil de la PME : - La Moyenne Entreprise (ME) sera définie par un CA compris entre 10 et 175 millions. - La Petite Entreprise (PE) sera définie par un CA compris entre 3 et 10 millions. - La Très Petite Entreprise (TPE) sera définie par un CA inférieur à 3 millions. Typologie des entreprises Sur la base des données recueillis auprès de l’OMPIC sur l’année 2009, et si l’on adopte la définition de la PME retenue au début de ce papier, une image de celle-ci peut être esquissée de la manière suivante : En termes de nombre d’entreprises, le poids de la PME représente 99% du tissu productif national. La part des PME est de plus de 97% dans tous les secteurs d’activités. Selon une étude du ministère des finances (Mars 2000) les PME représentent 98% de l’ensemble du tissu productif national, la part des PME est de plus de 90% dans tous les secteurs d’activités sauf celle de la production de l’eau, de l’électricité et de gaz, où cette participation est uniquement de 50%, nous expliquons cet écart par la fait que les chiffres contenus dans notre base ne reflètent que 10% des chiffres officiels communiqués (ONE, poids lourds), coopérative ne sont pas immatriculées, les sociétés de l’état 98.86%98.86%97.83%98.18%96.33%99.61%99.16%99.69%99.33%99.63%99.30% 0.00% 20.00% 40.00% 60.00% 80.00% 100.00% 120.00% PME GE La valeur ajoutée Valeur ajoutée par type d’entreprise (taille) La participation des PME dans la création de la valeur ajoutée globale est de 40%, cette participation est très variable allant de 78% pour le secteur de l’agriculture à 8% pour la production et la distribution de l’électricité le gaz et l’eau, nous notons que la même étude du ministère des finances qui date de 2000 (critère chiffre d’affaires 100 millions versus 175 millions dans le cadre de la définition de la PME aujourd’hui), stipule que la contribution des PME dans la valeur ajoutée nationale est estimée à 21%, on signale que cette étude est basée sur les résultats de l’enquête de la direction de la statistique de 1995, on peut estimer que le tissu des PME a augmenté durant cette période, mais est ce qu’au point de doubler sa contribution ? Les sociétés financières contribuant très largement dans l’économie nationale de fait part de la forme de leurs bilans, sont exclus du champ de notre étude. 21.81% 48.15% 65.65%58.32% 91.15% 36.78%45.65%29.72% 77.77% 34.86% 58.00% 0.00% 20.00% 40.00% 60.00% 80.00% 100.00% 120.00% GE PME Segmentation sectorielle En terme de nombre d’entreprise par activités économiques, le tissu des PME est composé d’abord par les activités de commerce et réparations 32.8%, suivies des activités de l’immobilier et services aux entreprises 22.7 %, puis bâtiments et travaux publics 13.83 % et des industries manufacturières 10.17%. Mais les industries manufacturières viennent avant le BTP avec une contribution de 18.5%, après le commerce et réparations 27.8% et l’immobilier 19.1%. Ces résultats ne s’éloignent pas de ceux de l’enquête du ministère des finances sur les PME. On constate que la visibilité sur le comportement et les performances des Pme au Maroc est très limitée en raison de la faiblesse du dispositif statistique actuel, dont il faut souligner les carences suivantes : - La faible représentativité des données disponibles auprès de l’OMPIC (40% de la réalité). - La faible qualité des données individuelles. - Absence d’identifiant commun des entreprises. - Les intentions d’investissement ne sont pas connues, elles sont calculées de façon approximative. 0.74% 0.11% 0.50% 10.15% 0.14% 13.83% 32.80% 5.56% 7.07% 3.13% 22.17% 3.80% Agriculture, chasse, sylvi culture Pêche, aquaculture Industries extractives Industries manufacturières Production et distribution d'électricité, de gaz et d'eau Quelques ratios Pour quantifier brièvement les difficultés des PME au Maroc, nous avons calculé quelques ratios financiers, afin de relever les différences entre les entreprises à travers une approche comparative par taille. Pour des raisons de simplification des calculs nous adoptons un seuil minimal de chiffre d’affaires de 1 Millions de dirhams. Si on commence par le ratio de marge brute (EBE/CA), le ratio de marge brut moyen est de 9.75% pour chez les PME, et de 12.42% chez les grandes entreprises. En effet un ratio de marge brute de 9.75% veut dire que sur un dirham de vente, vous avez dépensez 90.25 centimes de coûts directs (avant amortissements, financements…), nous constatons que les grandes entreprises ont moins de coûts directs, que les PME, ce qui s’explique par le pouvoir qu’ils ont sur les fournisseurs, l’ancienneté, la présence sur le marché … Par la suite en analysant le ratio de marge opérationnelle (résultat d’exploitation/CA), qui indique la qualité de la gestion globale de l’entreprise du point de vue de l’exploitation, ce ratio il est 9.02% chez les grandes entreprises, est de 4.6% chez les PME, nous déduisons que les grandes entreprises sont mieux gérées que les PME (il faut relativiser ;) Le ratio de marge nette, qui est le rapport du résultat net sur le chiffre d’affaires, montre quelle proportion de chaque dirham de vente, l’entreprise conserve pour elle, ce ratio il est de 3.29% chez les PME, alors qu’il est de 5.08% chez les grandes entreprises. L’insuffisance de profitabilité des PME s’explique par deux faux procès, l’entrepreneur reste timoré, délais de paiement long, risque d’impayé élevé, la limitation du risque limite la rentabilité, l’accès au financement bancaire est trop chère par ailleurs très mesuré. Le ratio d’endettement chez les grandes entreprises est de 30%, alors qu’il n’est que de 20% chez les PME, il est clair que l’endettement massif n’est pas favorable pour l’entreprise, mais il est nécessaire de s’endetter pour investir, rembourser ses dettes et dégager des bénéfices. Performance La littérature concernant l'évaluation de la performance en entreprise est importante. Cependant, elle se concentre généralement sur l’aspect de l'organisation, du système de production ou de sa stratégie. Concernant les PME, les dirigeants sont à la recherche d'outils permettant d'avoir une vue plus globale de leur entreprise ou même d'un secteur d'activité. En effet, les dirigeants cherchent à évaluer une performance multicritère touchant aussi bien à la structure financière qu’économique. La performance prend son sens lorsqu'elle est envisagée de façon instrumentale. C'est ainsi qu’il existe de nombreuses pistes en matière d'évaluation de la performance. Les méthodes multicritères font parti des plus connues. Dans ce sens Inforisk a mis ne place un indice de performance, qui permet de synthétiser la performance d’une entreprise, en agrégeant plusieurs variables en un seul indicateur. En testant cet indice sur les deux groupes PME et GE, nous avons les constats suivants : Histogramme de performance chez les PME Histograme de performance chez les GE Nous constatons que la moyenne des performances chez les grandes entreprises est 13.23 (sur 20) plutôt assez bonne, alors qu’elle est de 11.5 plutôt moyenne chez les PME. A travers ce diagnostic synthétique, on ne cherche pas à dénombrer de façon exhaustive, les problèmes des PME marocaines, mais on apporte un éclairage sur une problématique prioritaire. A la lecture de ce papier, les principales contraintes au développement de cette catégorie d’entreprises peuvent être sériées comme suit : - Le cadre général : absence d’une définition unifiée, selon les normes internationales, qui combine le chiffre d’affaires, le total bilan et le nombre de personnel. - L’opacité du système d’information. - Faiblesse de la formation et manque de conseil et d’innovation, absence des méthodes modernes de gestion et de uploads/Finance/ etude-situation-pme-maroc.pdf
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- Publié le Jan 04, 2023
- Catégorie Business / Finance
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