1 Notes explication de texte : Rousseau, Du contrat social, III, 15, « Sitôt qu

1 Notes explication de texte : Rousseau, Du contrat social, III, 15, « Sitôt que la service public cesse…l’État est perdu ». Remarques introductives Regarder le début et la fin, puisque la première et la dernière phrase se font écho : « Sitôt que le service public cesse d’être … l’État est déjà près de sa ruine » / : « Sitôt que quelqu’un dit des affaires de l’État, que m’importe ? on doit compter que l’Etat est perdu » : dans la première phrase, l’État était au bord du gouffre, proche de la ruine, là est définitivement perdu. Donc : qu’est-ce qui se passe entre les deux ? Au fond, l’explication doit prendre la mesure de prendre de l’écart qui sépare ces deux formules. Enjeux : Critique de la représentation = citoyenneté active, soucieuse du service public vs passivité de l’homme occupé par son seul gain financier individuel. Critique de l’individualisme au profit d’une réflexion sur le commun). Grand enjeu de ce texte serait la séparation public/privé, qui permet à Rousseau de définir la vie publique comme vie politique en commun, au travers de la volonté générale. En particulier, Rousseau s’intéresse ici au pouvoir délétère de l’argent. On retrouve ici certains thèmes développés dans le Discours sur les sciences et les arts (1751), dans lequel R présente la corruption morale de ses contemporains, par le luxe et l’oisiveté, qui découle notamment de la pratique du commerce, lequel suit le développement des sciences et des arts. Du point de vue interne à l’œuvre de Rousseau, ce texte est intéressant car il articule la dimension politique du Contrat social (réflexion sur les principes du droit politique) et la dimension morale tout à fait centrale dans la pensée de Rousseau et même sa pensée politique. L’objectif de R est ici d’opposer l’intérêt privé à l’intérêt public, à savoir celui de l’État. Cette opposition prend la forme d’une alternative : ou bien payer (dimension de médiation de la monnaie, mise en parallèle avec la médiation de la représentation politique, rejetée elle aussi) ou bien prendre part à la vie publique. C’est une opposition du médiat et de l’immédiat (compris comme présence), de l’action par la personne vs action par l’argent (qui est une forme d’inaction). Question du service public : les citoyens ne doivent jamais déléguer ce devoir, qui est celui de la participation. Participation physique (faire avec ses bras) qui invite à comprendre qu’il faut être là, être présent (voler aux assemblées) ; participation décisionnelle (au travers de la volonté générale), participation militaire (marcher au combat). Mais 2e dimension du problème, caractéristique de la réflexion rousseauiste dans le Contrat social, pour que les citoyens « aiment » servir l’État en y impliquant l’ensemble de leur « personne » (on retrouve la double dimension physique et morale – la personne c’est l’ensemble de ces deux dimensions), encore faut-il que l’État soit « bien constitué ». On voit donc le caractère circulaire du problème : il faut que l’État soit bien constitué (c'est-à-dire pensé selon les bons principes du droit politique, que le Contrat Social se donne précisément pour 2 tâche de présenter), mais il faut aussi que les citoyens fasse marcher pratiquement la machine institutionnelle en s’impliquant et en donnant de leur personne. Ici l’ordre du raisonnement est plutôt de dire que si l’État est correctement constitué, les citoyens aimeront mieux payer de leur personne que de leur bourse. Mais la IIIe partie du Contrat Social, dont le texte est extrait, est justement attentive à la dimension de vie concrète du corps politique. R est bien conscient que de bons principes ne suffisent pas et qu’il faut aussi que les citoyens soient attachés au service de l’État et permettent son bon fonctionnement (cf. la réflexion sur les institutions d’opinion public). Il peut toujours y avoir des glissements, et l’intérêt public peut toujours être sacrifié au profit de l’intérêt privé. D’où ce texte. En quoi la recherche de l’intérêt privé conduit à une forme d’asservissement politique qui menace l’existence même de l’Etat ? Comment, à partir d’une critique de l’intérêt financier individuel, R parvient à une redéfinition de la volonté générale comme activité de la personne en vue du commun ? Développement I (« sitôt que…pour la vendre ») Dans le premier moment du texte, Rousseau commence par formuler la condition principale d’une destruction imminente de l’État. Qu’est-ce qui menace l’existence de l’État ? Deux causes sont avancées : la diminution de l’intérêt des citoyens pour le « service public » et la substitution d’une forme de service à une autre. Le terme de service public n’est pas explicitement défini, mais on peut raisonnablement supposer qu’il s’agit de l’ensemble des actions accomplies ayant pour finalité le bien commun des citoyens d’un même État. Ces actions qui permettent de servir le « public » peuvent donc être opposées aux actions que chaque citoyen accomplirait en vue de servir seulement son intérêt privé ou particulier. La deuxième cause consiste à préférer servir les affaires publiques par son argent (sa « bourse ») que par sa personne. On peut donc affirmer pour l’instant que les deux causes de la ruine prochaine de l’État sont donc : une hiérarchie des objets d’intérêt et la préférence d’une modalité de service à une autre. On peut également remarquer que la menace de la ruine prochaine de l’État ne prend pas la forme spectaculaire d’un conflit violent, qui opposerait l’État à un État voisin dans une guerre extérieure, ou des groupes de citoyens entre eux dans une guerre civile. Le problème de la ruine (entendue ici comme effondrement d’une construction et non comme perte de biens financiers) se joue donc au niveau de la disposition morale singulière de chaque citoyen. Le constat est nuancé : avant même un désintérêt complet, il suffit que le service public ne soit plus la « principale affaire », c’est-à-dire, l’occupation première, la priorité de l’activité des individus et qu’ils préfèrent faire usage de leur argent que de le personne pour que l’État soit, « déjà » gravement menacé. L’adverbe « déjà » insiste sur cette suffisance : il n’en faut pas davantage pour que l’État soit sur le point de disparaître (« près » de sa ruine, mais pas encore ruiné). 3 On apprend donc dans cette première phrase que du simple intérêt des citoyens et de la manière de le servir dépend finalement rien de moins que la survie même de l’État. Deux questions restent néanmoins en suspens : quelles sont exactement ces autres affaires qui ont relégué le service public à une occupation secondaire des citoyens, et en quoi consiste l’opposition entre le service de la bourse et celui de la personne ? C’est à la seconde question que la suite du texte permet de fournir des éléments de réponse. Rousseau propose deux exemples qui témoignent de la désaffection du service public, sous la forme d’une double suite de questions et réponses. Les deux questions se ressemblent dans leur énoncé = des expressions d’un certain devoir (« faut-il ? »). On comprend ainsi que le service public présente désormais comme le devoir du citoyen. Or, Rousseau montre qu’il y a des manières détournées de s’acquitter de son devoir civique. Exemples de 2 types de services du citoyen, le devoir militaire et le devoir législatif. Le premier concerne le citoyen en tant que défenseur de la patrie, et engage la vie extérieure de l’État, dans sa relation à d’autres États qui risqueraient de lui nuire. Le devoir consiste alors à « marcher au combat ». Le second concerne le citoyen en tant que membre du souverain, c’est-à-dire du peuple uni en corps et producteur des lois. Il concerne donc le fonctionnement interne de l’État, qui impose « d’aller au conseil », lieu de discussion public où sont élaborées les lois. À la lecture de ces devoirs, on peut remarquer un second niveau de parallélisme, qui concerne les verbes employés par Rousseau : il s’agit bien de « marcher » et d’« aller », ce qui suppose une action physique, un déplacement du corps dans l’espace. Le « combat » et le « conseil » sont donc les lieux communs vers lesquels le déplacement du citoyen doit être orienté. Or, à ces deux injonctions d’agir une même réponse est fournie : les citoyens préfèrent « rester chez eux ». Au lieu de se déplacement activement dans des lieux communs, les hommes préfèrent demeurer passivement dans leur résidence privée. Le désintérêt du service public procède ainsi d’un repli sur soi qui se manifeste déjà par les lieux fréquentés. C’est donc le repli passif sur le privé qui menace en premier lieu l’existence de l’État. Pour pouvoir justement rester « chez eux » au lieu d’aller au combat ou au conseil, les citoyens vont alors faire accomplir leur services par d’autres individus. L’action directe ou immédiate est donc remplacée par une action indirecte ou médiate, qui n’est plus effectuée par le citoyen lui-même, mais par des tiers (troupes de soldats pour le combat, députés ou représentants pour uploads/Finance/ explication-de-texte-rousseau.pdf

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  • Publié le Jul 12, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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