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H- C*UECTI*N H- ^ AWTIKIUCIimi ^ GEORGES SADOUL Les Religions et le chômage F0G(:U^l[:.i 'Akib Bureou d'Edifions, 132, Faub. St-Denis, Parit-10' ir Prix : I fr. |0 COLLECTION ANTIRELIGIEUSE N” 3 Georges SADOUL Les Religions eï le chômage La croisade de charité 1932 BUREAU D'ÉDITIONS 132, Faubourg Si-Denis - PARIS (10e) _ DEPARIS^^J (f ‘ f I COLLECTION ANTIKtLiuicuati DÉJÀ PARUS : Jean Baby: Le rôle soda! de TEglUe .... 2 h, H. Meins: L’Espagne en feu . .................. 1 fr. G. Sadoul: Les religions et le chômage. . La croisade de charité........... 1 50 A PARAITRE : LTglise et la guerre. La Franc-maçonnerie. Les religions et JbJÊhêmâge Service oocu^îk:;^;!!]' 44, Rfs Lî »-3le:i'ir PARIS I. La crise et le chômage t La crise L’hiver de 1931-1932 aura vu brûler le blé en Amérique, noyer le café au Brésil, arracher les plants de caoutchouc sous les tropiques, utiliser le coton pour l’empierrage des routes en Caroline du Sud, rejeter le poisson à la mer à Boulogne... Et pendant que les savants cherchaient des moyens scientifiques, expéditifs pour détruire le blé, le coton, le café des capitalistes qui crevaient d’abondance, des millions et des millions d’ouvriers et d’ouvrières crevaient de faim, sans pain, tous les jours, sans vêtements chauds. La société se trouvait brusquement ramenée à un état momentané de barbarie. C’était comme si une famine, une guerre de destruction venaient de lui couper brusquement les moyens d’existence. L’in­ dustrie, le commerce paraissaient anéantis. Et pour­ quoi ? Parce que cette société avait trop de civilisa­ tion, trop de moj^ens d’existence, trop d’industrie, trop de commerce... Ces phrases du Manifeste com- munistey décrivant le monde capitaliste en temps de crise, se trouvaient une fois de plus vérifiées. Le ministre Tardieu, porte-parole d’e l’industrie française, avait, à son arrivée au pouvoir, célébré la prospérité qui était, et serait dans les temps à venir l’apanage d’une industrie fondée sur l’épargne et la raison, et il s’était bruyamment gaussé de Marx, ce prophète de malheur, qui n’était plus, grâce à Dieu, pour les hommes modernes, qu’une désuète vieille barbe. Mais, vingt mois plus tard, les indus­ triels qui, par la bouche de leur ministre, avaient triomphalement enterré le marxisme et proclame la perpétuelle prospérité, ces mêmes industriels assis­ taient avec terreur à la chute verticale des actions de la Banque de France, à l’arrêt presque complet des commandes, et ne voyaient leur salut que dans les « restrictions » : ils supprimaient l’iine de leurs voitures et licenciaient la moitié de leur personnel. Le chômage en France Par milliers, par centaines de mille, les chômeurs se multiplièrent en France. D’après les statistiques du ministère du Travail il y avait, au début de janvier 1932, 13,38 % des tra­ vailleurs en chômage complet, 51,60 % en chômage partiel. Il y avait donc, à cette date, en France, 1.500.000 chômeurs complets et 5.600.000 chômeurs ])a^ticls. La bourgeoisie est la seule responsable de la crise actuelle. La bourgeoisie devrait donc — au nom de cette « justice » dont elle se réclame — nourrir, et indemniser ceux qu’elle a réduits au chômage. Le 16 janvier 1932, en France, 267 chômeurs par­ tiels recevaient un secours. Deux cent soixante-sept sur plus de cinq millions et demi ! Le 16 janvier 1932, 207.649 chômeurs complets recevaient des secours. Ces secours leur étaient — 4 — 1. Nous prenons ces chiffres et les suivants dans la revue catholique : Les Dossiers de Vaction populaire (10-2-32, p. 829). — 5 — accordés par les caisses de chômage qui sont éta­ blies seulement dans 57G communes dont la popula­ tion totale est de près de 12 millions d’habitants, soit un peu plus du quart de la population totale de la France. Les trois quarts des Français, donc, ne peuvent recevoir d’indemnité de chômage. Qu’on ne s’étonne pas qu’un septième seulement (200.000 sur 1.400.000) des chômeurs complets reçoive une indemnité, les autres étant écartés des secours par une réglementation bien établie. Il y a, dans ce pays, durant ce froid hiver de 1931-1932, 1.200.000 travailleurs, 1.200.000 familles qui sont privées de tout moyen d’existence, 5 millions d’autres, chômeürs partiels, sont réduits à la gêne, sont sous-alimentés, mal chauffés, mal vêtus. Quant aux 267.000 « privilégiés » que la bour­ geoisie daigne secourir, ils reçoivent une indemnité qui va de 4 francs par jour, pour les femmes, à 7, 8, rarement 9 francs pour les hommes. Et cet hiver, le kilo de pain coûte deux francs vingt-cinq. Une aussi basse indemnité facilite la baisse des salaires de ceux qui travaillent encore. / Les manifestations de chômeurs Les chômeurs, dont beaucoup sont réduits à pas­ ser la nuit dehors, sous le porche d’immeubles neufs aux appartements vides (des rues entières sont à louer à Paris, cet hiver), les chômeurs s’organi­ sent. Durant le dernier semestre de 1931, les co­ mités de chômeurs se multiplient dans la région parisienne. Le 12 novembre, le soir du réveillon, le 12 janvier, des milliers de sans-travail descendus dans la rue poussent leur cri de ralliement : « Du pain et du travail ! » A Montmartre, sur l’esplanade des Invalides, dans les grandes villes de province, — 6 — ils résistent à la police, ils tiennent le pavé où on les a jetés. Ils imitent là leurs frères d*‘Allemagne, d’An­ gleterre, d’Amérique qui, cet hiver et les hivers pré­ cédents, ont fait, par leurs manifestations, trembler la bourgeoisie. Car elle tremble, cette bourgeoisie. Cet apprenti sorcier s’affole devant les puissances qu’il a évo­ quées. Et TEglise, et toutes les religions, dont le sort est étroitement lié à celui du régime, tremble, elle aussi, devant la colère montante du prolétariat por­ teur et héritier de la philosophie matérialiste. Avec les économistes bourgeois, les prêtres s’évertuent à trou­ ver des remèdes à cette crise, s’efforcent de découvrir quelque truc qui sauvera le capitalisme et leur pro­ pre peau. 11. La croisade de charité Chiens et chômeurs Parce qu’oii calme un chien hargneux en lui jetant un os, les prêtres pensent que les assiettes de soupe feront taire la colère des chômeurs. Les capitalis­ tes et leurs valets mettent, en effet, les prolétaires et les chiens sur le même pied. On peut même dire qu’ils préfèrent les chiens aux chômeurs. Ulntran- sigeant, par exemple, a toujours combattu l’assu­ rance-chômage, mais, dans un numéro de jan­ vier 1932, il s’attendrissait en première page sur le sort des pauvres toutous jetés à la rue par leurs maîtres devenus chômeurs, et demandait qu’on éta­ blisse une bonne œuvre pour secourir ces malheu­ reuses bêtes. L’encyclique du pape Le pape, dans son encyclique « Misereor super turbam » (20 octobre 1931 — jour de la fête des Saints anges gardiens), a proclamé très haut que lui aussi il ne distinguait pas l’homme du chien, en ordonnant de jeter quelques rogatons aux chômeurs pour que l’hiver de 1931-1932 ne voie pas gronder une trop terrible colère prolétarienne. » Il écrit : Maintenant approche l’hiver et avec lui toute la suite de souffrances que la saison froide apporte aux pauvres. Il faut craindre que la plaie du chômage aille encore en s’aggravant. De telle sorte que si l’on ne secourt pas l’in­ digence de tant de familles déjà misérables et de leurs enfants elles seront — ce qu’à Dieu ne plaise — pous­ sées à l’exaspération. C’est à tout cela que pense en trem­ blant Notre cœur de Père... Nous adressons un appel à une sorte de croisade de charité et de secours... qui fera disparaître les troubles sentiments que la misère engen­ dre, qui éteindra les flammes des haines et des passions qui divisent pour allumer et entretenir celles de l’amour et de la concorde... Malgré Tentlure ecclésiastique de son style, le pape est là d’une franchise qui touche au cynisme. Il dit très simplement que la masse sans cesse croissante des chômeurs va se révolter et qu’il faut calmer cette « populace », en lui distribuant des gamelles de soupe. Et si par hasard la « prospé­ rité » revenait, on pourrait espérer sauver le ré­ gime. Ainsi parle « l’Ange gardien » du capita­ lisme, avec un tel cynisme que les dirigeants jo- cistes (1) n’osèrent reproduire dans leur journal la Jeunesse ouvrière que des fragments soigneu­ sement expurgés de l’encyclique pontificale. — s — Les évêques français et la « croisade » L’encyclique Misereor super turbam a été le signal d’une immense campagne. Dociles tous les évêques s’employèrent dans les mois qui suivirent à reprendre et à amplifier dans des lettres pastorales les mots d’ordre du pape. J’y reviendrai plus tard. Le cardinal Verdier n’a pas craint d’entrer dans les moindres détails de l’organisation de la « croi­ sade » : Nous demandons aux jeunes gens de nos œuvres de s’ingénier à recueillir aux Halles tout ce qui n’a pu être 1. Jeunesses ouvrières chrétiennes. vendu. A des prix modiques, ils pourront ainsi faire des provisions de légumes, de fruits, peut-être même de viande. Des soupes populaires pourront ainsi se multi­ plier. « Tout uploads/Finance/ georges-sadoul-les-religions-et-le-chomage.pdf

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  • Publié le Fev 13, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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