Gestion de trésorerie et risque de change Les entreprises internationalisées se
Gestion de trésorerie et risque de change Les entreprises internationalisées se trouvent exposées au risque de fluctuations des taux de change ou risque de change. En effet, les modifications du cours des devises contre monnaie nationale peuvent changer considérablement le résultat d’une opération internationale commerciale ou non. Nous présenterons dans un premier temps des exemples de situations d’exposition au risque de change (section 1). Dans la section 2, les principales techniques de prévision des taux de change seront exposées. Nous parleront successivement des méthodes de prévision de court terme et des méthodes de prévision à moyen et long terme, même si, dans le domaine du change, cet exercice s’avère difficile. La section 3 s’attache à essayer de définir la politique de gestion du risque de change la plus satisfaisante pour l’entreprise. La notion capitale de position de change est précisée dans toutes ses acceptions : de transaction, de consolidation ou comptable, économique ou de long terme. La section 4, la plus détaillée, traite des techniques ou instruments de gestion du risque de change. Sont exposées les techniques internes, pouvant être mises en place par le trésorier lui-même à l’intérieur de son entreprise, et les techniques externes nécessitant le recours à un organisme extérieur : la banque dans le cadre des marchés de gré à gré. I. Exemples de situations d’exposition au risque de change Nous présenterons successivement un exemple d’exposition au risque de change sur : - un contrat d’exportation ; - un contrat d’importation ; - une opération conditionnelle, en l’occurrence, un appel d’offres. A. Risque de change sur un contrat d’exportation L’exportateur libellant ses créances en devises est exposé au risque de change. En effet, en cas de dépréciation de la devise face à la monnaie locale, la contre-valeur de sa créance en dirham diminuera. À l’échéance de celle-ci, l’exportateur recevra moins de dirhams lors de la conversion des devises reçues sur le marché des changes au comptant. Exemple Une entreprise marocaine obtient un contrat d’exportation provenant d’un client français. Le montant du contrat est d’1 million de FRF. L’échéance et le paiement sont fixés 6 mois plus tard. Au moment de la conclusion du contrat, le franc français (FRF) cote contre dirham marocain 1,30. La contre-valeur en dirhams de ce contrat étranger est donc 1 300 000 dirhams. Nous supposons sue le trésorier ne prend aucune décision de couverture et que, six mois plus tard, quand le paiement est reçu, le franc ne cote plus que 1,28 dirhams. Cela signifie que le trésorier et donc l’entreprise vendront le million de francs sur le marché comptant soit un cours de 1,28 contre 1,30 lors de la conclusion du contrat. Le chiffrage de la perte est : (1,30 - 1,28)x 1 million de francs = 20 000 dirhams. Une telle perte peut fortement grever la rentabilité commerciale de l’opération. B. Risque de change sur un contrat d’importation L’importateur ayant ses dettes libellées en devises est exposé au risque de change. En effet, en cas d’appréciation de la devise face à la monnaie locale, la contre-valeur de sa dette en dirhams augmentera. A l’échéance de celle-ci, l’importateur devra débourser plus de dirhams pour se procurer les devises nécessaires à l’extinction de sa dette. Exemple Une entreprise marocaine passe un contrat d’importation à un fournisseur de Hong-Kong. Le montant du contrat est d’un million de USD. L’échéance et le paiement sont fixés 6mois plus tard. Au moment de la conclusion du contrat, le dollar américain (USD) cote contre dirham marocain 10,20. La contre-valeur en dirhams de ce contrat est donc 10 200 000 dirhams marocains (MAD). Nous supposons, ici aussi, que le trésorier ne prend aucune décision de couverture et que, 6mois plus tard, quand le paiement doit être effectué, le dollar cote 10,40 dirhams. Cela signifie que le trésorier et donc l’entreprise achèteront le million de dollars sur le marché comptant soit un cours de 10,40 contre 10,20 lors de conclusion du contrat. Le chiffrage de la perte est là aussi égal à : (10,40-10,20) x 1million de dollars =200 000 dirhams. Une telle perte vient renchérir le coût d’acquisition des matériels achetés. Dans les deux exemples précédents, nous avons travaillé sur des opérations déjà conclues. Le dernier exemple vise à montrer une autre situation d’exposition au risque de change, très fréquente, et qui pose des problèmes à tous les trésoriers internationaux. C. Risque de change sur appel d’offres Nous avons vu dans les deux exemples précédents que l’entreprise était exposée au risque de change dés que sa créance ou sa dette était libellée en devise étrangère. Il est un autre cas dans lequel les entreprises sont exposées, souvent de manière très importante : celui des appels d’offres et plus largement des opérations conditionnelles. Une opération conditionnelle (non certaine) est une opération qui risque de ne pas se réaliser ou … de se réaliser. La probabilité de réalisation et donc d’inscription dans le bilan de l’entreprise est bien sûr extrêmement difficile à quantifier. Nous verrons plus loin que les instruments les plus appropriés pour gérer le risque de change lié à des telles opérations sont les options de change. Donnons un exemple d’une telle situation. Exemple Une entreprise marocaine répond à un appel d’offres lancé par un client français début juin de l’année N. L’entreprise s’est engagée sur une offre (cas également d’un devis, ou d’une vente sur catalogue) de 2 millions de francs français et a calculé ses coûts en conséquence. Sur le marché comptant (marché spot), la cotation est 1FRF= 1,50 MAD. La contre-valeur en dirhams marocaine du contrat de 1 000 000FRF est de 1 500 000dirhams. Ne sachant pas si elle va ou non remporter l’appel d’offres, l’entreprise ne prend aucune décision de couverture du risque de change. La réponse à l’appel d’offres parvient 3mois plus tard, c’est à dire début septembre. L’entreprise est retenue comme adjudicataire du contrat : elle devient maintenant exportatrice. Le montant du contrat est toujours de 2milions de francs mais sur le marché comptant, le franc a chuté contre le dirham pour s’établir à 1,30 MAD. Si l’entreprise décide alors de se couvrir contre le risque de change lié aux fluctuations erratiques du franc, les conditions de couverture seront certainement moins bonnes qu’à la date de naissance réelle du risque, c’est à dire lorsque l’entreprise s’engage sur un prix ferme et définitif. Cet exemple montre bien que l’entreprise court un risque non négligeable et que dans cette situation (opération conditionnelle d’exportation et baisse anticipée de la devise), une décision de couverture aurait dû être prise. Le produit le plus adapté à la couverture sera l’option de change. Etre conscient de l’existence du risque de change ne suffit pourtant pas : encore faut-il être capable de construire quelques anticipations sur les cours futurs des devises dans lesquelles on travaille. C’est l’objectif des techniques de prévision des taux de change que nous allons étudier ci-après. II. Prévision des taux de change Si la prévision des taux d’intérêt est difficile, celle des taux de change ne l’est pas moins. Le trésorier, pour essayer de gérer au mieux l’incertitude quant au devenir des taux de change, doit mettre en place des outils de prévision des taux de change. Dans ce cadre, la connaissance des facteurs fondamentaux déterminant l’évolution des taux de change est d’après nous nécessaire voire cruciale. Elle permet de se forger des anticipations de moyen et long terme sur l’évolution future des taux de change. A plus court terme, l’analyse technique ou chartiste peut permettre d’avoir une idée, parfois assez précise, sur les taux futurs.. A. Facteurs fondamentaux Un trésorier d’entreprise ne saurait rester déconnecté des facteurs fondamentaux qui influent sur la formation des taux de change entre les différentes devises. Nous n’étudierons pas le problème de manière théorique. Nous préférons focaliser notre analyse sur les principaux facteurs qui nous semble les plus pertinentes et utilisables par un trésorier d’entreprise, à savoir : - les taux d’intérêt des devises ; - le déficit ou l’excédent de la balance des paiements courants. Le niveau des taux d’intérêt est un facteur déterminant dans la prévision des taux de change futurs. Le taux d’intérêt d’une devise est en effet un révélateur de sa force ou de sa faiblesse. Ainsi, quand une devise est suspectée de faiblesse, c’est à dire quand on anticipe sa dépréciation, les autorités monétaires du pays régissant la devise concernée peuvent relever le niveau des taux d’intérêt directeurs, ce qui permet : - d’élever la rémunération des capitaux financiers investis dans le pays ; - de décourager les spéculations qui empruntent la devise censée se déprécier pour espérer la racheter une fois la baisse réalisée. Il serait bien de garder en mémoire les règles d’or du marché des changes qui sont : - 1ère règle : les devises faibles ont des taux d’intérêt élevés. Une devise faible est une devise qui tend à se déprécier par rapport à une autre devise sur une période définie. - 2ème règle : les devises fortes ont des taux d’intérêt faibles. Une devise forte est une devise uploads/Finance/ gestion-de-tresorerie-et-risque-de-change 1 .pdf
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- Publié le Mai 31, 2022
- Catégorie Business / Finance
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