Revue de la littérature : Risque Opérationnel Mohamad JEZZINI Doctorant mohamad

Revue de la littérature : Risque Opérationnel Mohamad JEZZINI Doctorant mohamad.jezzini@univ-avignon.fr PRATIC Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse Janvier 2005 Technologie de l’information, banque à distance, monnaie électronique, fusions acquisitions, diversification des produits, intensification de la concurrence internationale, nombreux sont les éléments nouveaux qui obligent les banques à réduire leurs coûts opératoires pour améliorer leur performance. Le risque associé à l’exécution d’une opération financière devient de plus en plus important et peut mettre la banque en situation de perte opérationnelle pouvant lui être fatale. Selon l’étude de la Banque Centrale Européenne1 sur la rentabilité des systèmes bancaires de l’UE, l’augmentation et les changements caractéristiques des revenus non financiers ont récemment causé une considérable évolution du profil de risque des intermédiaires financiers. En effet, l’augmentation du poids de l’activité de services a provoqué une croissance de certains types de risques tels que les risques opérationnels, réputationnels et stratégiques. Parallèlement, il a été prouvé que les pertes les plus considérables durant les dernières années au niveau des institutions financières sont des pertes liées au risque opérationnel (Barings, Sumitomo, Daiwu...) Le comité de Bâle2, source des réglementations bancaires, établit que les plus grandes pertes résultent d’une mauvaise surveillance du contrôle interne ou d’un manque de respect des procédures existantes. Il soutient que « la gestion du R.O devient un enjeu important pour le développement du Risk Management dans l’évolution des marchés financiers » et que « les banques sont invitées à partager avec les autorités de surveillance du système financier de nouvelles techniques pour identifier, mesurer, gérer et contrôler les R.O dans le but de les éliminer ». Ainsi, la mesure et le contrôle du risque opérationnel sont devenus le sujet de réflexions profondes pour les institutions bancaires et les autorités de surveillance. Le contrôle du R.O est un problème clairement qualitatif (pilier 2 et 3)3. Mais, depuis peu, c’est la quantification de ce risque qui devient la question primordiale. En effet, la mesure de l’exposition à ce risque a été introduite dans le nouvel accord de Bâle 2 (pilier1). Les travaux menés par le comité de Bâle se sont appuyés sur l’importance croissante de la gestion du risque opérationnel dans les grandes banques internationales et les 1 Banque centrale européenne (2000). 2 Comité de Bâle pour la surveillance bancaire (1998). 3 Le nouveau ratio MacDonough est décomposé en trois piliers pour répondre aux questions de gestion et de calcul des risques bancaires : charge en capital, supervision des procédures et discipline de marché. 1 conseils financiers qui insistent, les uns et les autres, sur la nécessité de mesurer et contrôler l’exposition au risque opérationnel. Malgré les remarquables avancées faites dans ce domaine, les problèmes techniques constituent d’importantes barrières pour unifier les approches de mesure. Notre présent travail traite le problème de définition du risque opérationnel et les différentes identifications de ses pertes, en première partie. La deuxième partie est consacrée à l’exposition des différentes méthodes de calcul utilisées suite à chaque définition. Revue de la littérature du risque opérationnel : débat des définitions Pour être appréhendé et géré, un risque doit être connu et identifié. La première étape dans la mise en œuvre d’une stratégie de gestion des risques opérationnels est donc de définir avec assez de précision quels sont les risques que l’on souhaite suivre. La définition du risque opérationnel est la clé primordiale d’une gestion efficace. Jusqu’à maintenant, il n’y a pas une définition unanime permettant d’adopter une approche commune et une méthodologie unique de gestion par toutes les banques. Le débat sur la définition a commencé avec le comité de Bâle. Les risques opérationnels correspondaient, pour lui, aux risques de pertes directes et indirectes résultant de l’inadéquation ou de la défaillance de procédures, de personnes et de systèmes ou résultant d’événements extérieurs. (Second document consultatif). Cette définition a été critiquée, car il est difficile de calculer certaines pertes indirectes. Dans le document de travail de septembre 2001, le comité a proposé une autre définition : « les risques opérationnels se définissent comme le risque de pertes dues à une inadéquation ou à une défaillance des procédures, des personnels, des systèmes internes ou à des événements extérieurs ». Cette définition inclut le risque juridique, mais ne prend pas en compte les risques stratégique et de réputation. Elle résulte d’une étude de BBA, ISDA, RMA et PWC4. Vanini (2004) critique la définition de Bâle, selon lui, l’utilisation de cette définition sans aucune extension amène à des difficultés d’application dans les banques, telles que le risque opérationnel représente seulement une possibilité de perte, le potentiel de gain est négligé. La définition indique que les personnels et les systèmes sont les causes de pertes, mais elle ne prend pas en compte le fait qu’ils soient les mieux placés pour détecter les sources de pertes potentielles et lancer des avertissements. De plus, le document de travail de Bâle centré sur la perte, ne permet pas de représenter les anciennes pertes des banques, ni les éventuelles à venir. Et enfin, Vanini ajoute que cette définition sous-entend que les pertes sont seulement directes, alors qu'en réalité, les pertes indirectes sont comparativement plus importantes. Vanini définit le risque opérationnel comme le risque de déviation entre le profit associé à la production d'un service et les attentes de la planification managériale. Le R.O. correspond à l'écart enregistré, positif ou négatif, par rapport au profit attendu. La gestion du risque opérationnel doit être basée sur trois facteurs : le gain, les coûts et le risque de production des services. A la recherche d’une relation causale entre les différents risques bancaires et une représentation plus significative des pertes, les gestionnaires ont défini le risque opérationnel selon leurs propres points de vue. Le « Wild West Semantico » donne une définition plus vaste du risque opérationnel : « tout risque autre que les risques de crédit et de marché ». Le risque opérationnel présente au moins deux caractères distincts du 4 BBA: British Bankers' Association; ISDA : International Swaps and Derivatives Association; PWC : Price Waterhouse Coopers. 3 risque de crédit et du risque de marché. Tout d’abord, l’exposition au risque opérationnel n’est pas la contrepartie d’un gain potentiel. Ce qui conduit au second point : le R.O doit être obligatoirement contrôlé et éliminé autant que possible. King (2001) définit le risque opérationnel comme le risque qui « ne dépend pas de la façon de financer une entreprise, mais plutôt de la façon d’opérer son métier », et « le risque opérationnel est le lien entre l’activité du travail d’une entreprise et la variation de résultat du travail ». Une autre approche de la définition du risque opérationnel s’appuie sur la décomposition des risques bancaires en deux grandes catégories : financiers et non financiers. Kuritzkes (Wharton, 2002) définit le risque opérationnel comme un risque non financier ayant 3 sources : le risque interne (ex : « rogue trader »), le risque externe c’est à dire tout événement extérieur incontrôlable (ex : une attaque terroriste) et le risque stratégique (ex : un affrontement dans une guerre de prix). Pour Kuritzkes, le risque stratégique est le plus important. Il est cependant ignoré par l’accord de Bâle. Culp (2001) compare le risque (stratégique) de business et les risques de crédit et de marché. Il conclut que la difficulté d’identifier le risque opérationnel revient aux différents processus d’organisation utilisés par les entreprises pour agir face à ce risque. Culp rejette la nature financière du risque opérationnel et considère que même si les entreprises financières ont récemment commencé à s'intéresser organisationnellement au risque opérationnel, les entreprises non financières ont toujours souffert des risques de management de produit et de la labilité du produit. Culp note que le risque opérationnel est un vaste problème qui peut se produire n’importe où et conclut que la stratégie ne consiste pas à identifier tous les risques opérationnels, mais à retenir ceux dont la perte potentielle associée est conséquente pour l'entreprise. Enfin, Harris (2002) classe les bénéfices de gestion du risque opérationnel en trois cas : a) une gestion saine réduit les pertes de basse fréquence et forte sévérité, b) elle peut réduire la prime de l’assurance et c) baisser les charges en capital. Rosengen (2002) soutient Harris par son étude dans laquelle il incite les organisations financières à gérer le risque opérationnel en raison du coût potentiellement significatif des pertes opérationnelles. ‘Exemple Enron’. Jusqu'à présent, le risque opérationnel souffre d'un problème de définition. La méthodologie unique d'action face au risque n’existe pas. Selon leurs buts de gestion et leurs modes d’organisation, les entreprises adoptent la définition du risque opérationnel qui représente mieux leurs distributions de perte. Nous allons résumer quelques approches de mesure utilisées pour quantifier le risque opérationnel. Méthode de gestion du risque opérationnel : Problèmes techniques Les estimations réalisées indiquent que lors des dix dernières années, plus de 100 événements liés au risque opérationnel ont généré des pertes supérieures à 100 millions de USD. Devant ces montants, on ne peut que penser que les investissements à réaliser seront rapidement rentabilisés si l’on évite l’un de ces événements uploads/Finance/ gestion-des-risques-operationnels.pdf

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  • Publié le Apv 09, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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