L'étude des interactions en classe de français langue étrangère et langue mater

L'étude des interactions en classe de français langue étrangère et langue maternelle : deux « didactiques » au banc d'essai ? Author(s): Sandra Canelas-Trevisi and Thérèse Thévenaz-Christen Source: Revue française de pédagogie , OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2002, No. 141, Vers une didactique comparée (OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2002), pp. 17-25 Published by: Ecole normale supérieure de lyon Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41201840 JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Ecole normale supérieure de lyon is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue française de pédagogie This content downloaded from 41.221.68.50 on Tue, 02 Feb 2021 19:26:12 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms ^H L'étude des interactions en classe ^H de français langue étrangère ^H et langue maternelle : ^H deux « didactiques » ^H au banc d'essai ? ^^| Sandro Canelas-Trevisi ^^Ш Thérèse Thévenaz-Christen La notion d'interaction est utilisée aussi bien en didactique du français langue du français langue maternelle. En adoptant la perspective de la didactique com l'emploi de cette notion dans un corpus de recherches récentes. Trois question 1. Quelle est la définition de l'interaction adoptée par les différents chercheu 2. Comment les dimensions de l'acquisition ou de renseignement/apprentissage sont-elles conçues ? Comment le contenu à apprendre est-il identifié ? 3. Comment le recueil des données est-il théorisé ? Notre parcours exploratoire montre que les frontières entre les deux didactiques sont marquées ess tiellement par la modélisation de l'acquisition d'une part, de renseignement/apprentissage d'autre p ainsi que par des conceptualisations différentes de l'objet enseigné. Mots-clés : didactique du français « langue maternelle », didactique du français « langue étrangère », interact classe, enseignement/apprentissage, acquisition, oral. processus de renouvellement, commencé il y a une trentaine d'années, qui a placé la com- munication, orale et écrite, en tête des objectifs d'enseignement, a touché aussi bien le français langue maternelle (ci-après FLM), que le français langue étrangère (ci-après FLE). Les deux didac- tiques ont été amenées à effectuer des emprunts à différents domaines des sciences du langage et plus largement des sciences humaines pour conceptualiser des objets d'enseignement et des procédures susceptibles de favoriser la maîtrise de capacités de communication chez les appre- nants. La notion d'interaction se situe à la croisée de ces domaines. Dès lors, il y a lieu de se demander si les recherches qui s'intéressent aux enjeux de la construction (1) du langage (ce qui les rapproche du champ didactique) adoptent un trai- tement des interactions révélateur de la spécificité du projet scientifique des deux didactiques. Cette interrogation concerne une didactique comparée, si l'on admet que son objet est de questionner les frontières de la spécificité constitutive des didac- Revue Française de Pédagogie, n° 141, octobre-novembre-décembre 2002, 17-25 17 This content downloaded from 41.221.68.50 on Tue, 02 Feb 2021 19:26:12 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms tiques des disciplines. Elle s'inscrit également dans une controverse présente au sein de la didactique du français langue maternelle depuis de nombreuses années (Chartrand et Paret, 1995). QUESTIONS DE RECHERCHE ET CHOIX DU CORPUS Pour interroger les frontières des deux didac- tiques, nous avons choisi de nous restreindre aux études qui portent sur la communication ou expression, voire production orales. Etant donné que les significations de ces termes, qui diffèrent notamment en fonction des traditions disciplinaires et des institutions, demeurent difficiles à distinguer clairement, nous adopterons le terme générique de conduites langagières orales. Ce terme est volontairement utilisé au sens le plus large, car les recherches retenues prennent en compte à des degrés divers des aspects verbaux et non verbaux et, dans le domaine du verbal, des faits linguistiques ponctuels (lexique, grammaire) ou inversement des phénomènes conversationnels comme la régulation des tours de parole. L'hypothèse sous-jacente est double : 1. L'« objet » conduites langagières orales per- met de discriminer deux grands sous-ensembles d'études : - celles qui thématisent un objet d'enseignement particulier prenant en compte le dispositif préalable censé permettre son enseignement/ apprentissage dans la classe ; - celles qui se centrent sur l'analyse de la com- munication orale à partir de critères conversa- tionnels et ethnologiques, plaçant les actions inhérentes à l'enseignement et à l'apprentis- sage en arrière-plan. 2. Le statut de l'interactant, placé en face des locuteurs novices, l'enseignant, change selon le point de vue adopté : locuteur expert parmi d'autres ou, inversement, enseignant engagé dans un projet d'enseignement spécifique, portant sur un objet particulier inscrit dans une modélisation des conduites langagières orales, inévitablement par- tielle, variant en fonction des théories de référence. Étant donné que les interactions en classe sont étudiées par des chercheurs qui se situent dans le champ de la didactique aussi bien que dans celui de la linguistique (linguistique de l'acquisition, lin- guistique appliquée, pragmatique) et de la psycho- logie (psychologie sociale), voire à la frontière entre plusieurs champs de recherches, nous ne pouvons prétendre à l'exhaustivité. Nous avons sélectionné un ensemble de re- cherches exemplaires à double titre (bien enten nous ne pouvons exclure des contre-exemples en l'état actuel de notre investigation) : elles sollicitent la notion d'interaction et portent sur la relation entre l'enseignant, locuteur expert, et l'apprenant, locuteur novice. Dans le domaine du FLE, ont été retenus les tra- vaux de De Pietro, Matthey et Py (1989) ; Bange (1992) ; Matthey (1996) ; Mondada (1995 et 2000) ; Gajo et Mondada (1998) ; Pekarek (1999) (2). En FLM, en plus de nos propres travaux (3) (Canelas-Trevisi, 1997 et 2001 ; Canelas-Trevisi, Moro, Schneuwly et Thévenaz, 1999 ; Cicurel, 2001 ; Haller et Thévenaz, sous presse), nous nous appuyons essentiellement sur un numéro de la revue Pratiques (1999) qui traite des interactions et des apprentissages (plus particulièrement les travaux de Brixhe et Specogna, 1999 ; Turco et Plane, 1999) ; et sur les travaux de Nonnon (1990 ; 1998 ; 2000). L'ensemble des travaux mentionnés ci-dessus recouvre un espace de problèmes très vaste. Nous l'abordons d'un point de vue didactique, mais la perméabilité des frontières entre les recherches ne nous autorise pas à établir d'emblée un question- nement à partir de concepts didactiques comme, par exemple, ceux de transposition ou de contrat didactiques. Ces concepts, que nous intégrons dans nos propres travaux et qui sont issus de la didactique des mathématiques, ont certes migré de manière ponctuelle dans les didactiques du fran- çais, mais leur réinvestissement demeure faible dans les travaux portant sur les conduites langa- gières orales en classe. En particulier, dans la majorité des textes retenus, les concepts en ques- tion sont peu explicités, voire tout bonnement ignorés. Il s'agit dès lors pour nous d'éviter d'éta- blir a priori une grille d'analyse qui pourrait occulter certaines des caractéristiques de notre corpus de textes scientifiques. Ceci serait tout à fait en contradiction avec notre objectif : mettre en évi- dence, parmi les procédures et les objets mobilisés dans l'analyse des interactions en classe, large- ment utilisée, ceux qui sont propres à chacune des deux didactiques du français. 18 Revue Française de Pédagogie, n° 141, octobre-novembre-décembre 2002 This content downloaded from 41.221.68.50 on Tue, 02 Feb 2021 19:26:12 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Notre investigation se focalise sur trois ques- tions : 1. Quelle est la définition de l'interaction adop- tée par les différents chercheurs ? 2. Comment les dimensions de l'acquisition ou de renseignement/apprentissage sont-elles conçues ? Comment le contenu à apprendre est-il identifié ? 3. Comment le recueil des données est-il théo- risé ? LA QUESTION DE L'INTERACTION Dans le cadre restreint de cet article, il est impossible de rendre compte des valeurs que prend le terme d'interaction dans les différents domaines de recherches qui l'investissent, mais il semble toutefois possible d'identifier au moins trois points de vue : sociologique, cognitif et dis- cursif. Le point de vue sociologique réunit l'interaction- nisme symbolique de Mead (1934) et de Goffmann (1974), la sociologie de la vie quotidienne, l'ethno- méthodologie de Garfinkel (1967) et enfin les tenants de l'analyse conversationnelle qui s'inscri- vent dans la droite ligne de l'ethnométhodologie. Pour ces derniers, les membres d'une société accomplissent des activités sociales selon une organisation méthodique qui génère des normes et, en conséquence, un ordre social. « Au fur et à mesure des analyses, la conversation a été définie comme un lieu constitutif de la sociabilité, de la socialisation, de l'acquisition du langage et du maintien de l'ordre social» (Mondada, 2001, p. 112). L'interaction devient ainsi le lieu où l'ordre social est ratifié, transformé et approprié. Suivant le point de vue cognitif, il est possible de fédérer un très grand nombre de recherches. Citons les travaux de la psychologie sociale, qui, réinterprétant les apports de Piaget, considèrent la relation entre le sujet et le monde comme « une relation d'interdépendance entre sujet connaissant et autres sujets connaissants face à l'objet à connaître » (Perret-Clermont, uploads/Finance/ interactions-en-langue-maternelle-en-classe-du-fle.pdf

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  • Publié le Fev 20, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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