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10 www.bensaidamine.yolasite.com L’impact d’un choc des prix du pétrole sur l’économie algérienne Dr Oukaci Kamal1 Introduction La crise financière internationale, qui s’est déclenchée aux Etats-Unis en août 2007, a touché in fine à l’ensemble de l’économie mondiale et a révélé au grand jour les carences du système financier international. Au départ, c’était une crise des crédits immobiliers hypothécaires à risque (mortgage subprimes crisis), qualifiée à l’époque de crise financière et bancaire, mais, très vite, les effets de cette crise ont commencé à se faire sentir dans l’économie réelle en touchant à des secteurs clés tels que l’automobile et le bâtiment. Aidée par une mondialisation et une interconnexion des systèmes économiques, cette crise a pu se propager à l’ensemble de la planète n’épargnant ni les pays développés, ni les pays émergents et encore moins les pays en développement. Ce phénomène de contagion était présent pratiquement dans toutes les crises précédentes à l’instar de la crise du sud-est asiatique de 1997, étendue par la suite à d’autres régions du globe (Russie, Brésil). D’une manière générale, la contagion fait référence à l’extension des perturbations de marchés financiers d’un pays vers les marchés financiers d’autres pays. Plusieurs travaux ont tenté d’expliquer les causes et les défaillances à l’origine de ce phénomène de contagion et qui peuvent être résumées en deux approches principales. La première, appelée contagion fondamentale, renvoie aux interdépendances réelles ou financières entre pays (Kaminsky et Reinhart, 1999 et Van Rijckeghem et Weder, 2001). La seconde, qualifiée de contagion pure, attribue la principale cause de contagion aux comportements des investisseurs (Masson, 1998, Forbes et Rigobon, 2000). Première ressource économique du pays, les hydrocarbures contribuent à plus de 50% à la formation du Produit Intérieur Brut (PIB) et à environ 98% aux recettes d’exportation de l’Algérie. La flambée des prix du pétrole brut entre 2006 et 2008 a permis à l’économie algérienne d’engranger des entrées en devises très importantes. Cette manne financière a permis aux pouvoirs publics de réduire considérablement la dette extérieure du pays, la ramenant à 5,6 milliards de dollars US à fin 2008 (alors qu’elle dépassait les 30 milliards 1 Maître de conférence « A » à l’université de Béjaia. 10 www.bensaidamine.yolasite.com quelques années auparavant) et de lancer un vaste programme de développement économique évalué à plus de 150 milliards de dollars US. Les canaux de transmission purement financiers de la crise sont quasiment absents en Algérie du fait même de la configuration du système bancaire et financier du pays. La relative fermeture du système a, de fait, protégé l’économie algérienne de la contagion financière. La crise emprunte alors directement le canal de l’économie réelle (contagion fondamentale). Avec le ralentissement économique, dû à la crise financière, les prix du pétrole à l’instar des prix des autres matières premières ont subi les effets de ce ralentissement à travers une chute brutale des cours sur les marchés internationaux. La baisse des prix pétroliers, induite par la récession mondiale, pourrait alors avoir d’importantes répercussions négatives sur l’économie algérienne. L’objet de cet article consiste alors à évaluer l’impact de la chute des prix du pétrole brut sur l’économie algérienne. L’exposé de notre travail est articulé en trois sections. La première sera dédiée à une revue théorique et empirique des crises et de leur contagion. La deuxième section, et après un bref rappel du poids des hydrocarbures dans l’économie algérienne notamment durant les dernières années, présentera une description de l’impact de la crise financière internationale à travers le canal commercial et budgétaire. La troisième section exposera les résultats du modèle d’équilibre général utilisé dans cette recherche. 1. Crises et contagion : bref survol de la littérature Nous effectuerons dans cette section un bref rappel théorique et empirique des canaux réels de la transmission internationale des crises. Nous présenterons successivement un aperçu sur les théories non contingentes aux crises ainsi que les principaux travaux empiriques relatives à la contagion. La contagion fondamentale se définit comme étant la transmission du choc via les canaux réels et financiers suite à un choc. Ce dernier provient d’une chute des prix des matières premières ou d’une variation du taux de change ou généralement suite à une récession mondiale. Les mécanismes de transmission ne sont pas significativement différents de ceux d’avant le choc, c'est-à-dire qu’il y a une continuité des interdépendances (canaux non 10 www.bensaidamine.yolasite.com contingents aux crises). Forbes et Rigobon (2000) distinguent trois canaux de transmission du choc : le commerce, la coordination des politiques économiques et les chocs globaux et aléatoires. Le premier canal renvoie aux liens commerciaux existant entre les pays. Les exportations vers le pays en crise chutent, ce qui entraine une détérioration de la balance commerciale des partenaires commerciaux. Aussi, la proximité géographique est souvent synonyme de proximité commerciale, d’où l’importance du canal commercial comme vecteur de contagion régionale. Le second canal concerne un certain nombre d’économies liées par des accords et qui coordonnent leurs réactions face à un éventuel choc économique, ce qui entraine une propagation de la crise. Le troisième canal (les chocs globaux et aléatoires) provient d’une hausse des taux d’intérêt internationaux, des chocs de liquidité exogènes, ou une contraction de l’offre des capitaux. Ces chocs globaux influencent la croissance des économies concernées et perturbent les prix des actifs dans ces pays. Les travaux empiriques relatifs à l’identification de la contagion sont relativement abondants, aussi bien pour la contagion fondamentale que pour la contagion pure. Marais (2007) distingue deux types d’études empiriques. Le premier type d’études s’intéresse aux effets d’un choc dans un pays sur d’autres pays en utilisant l’approche économétrique. Les différentes estimations permettent de tester la significativité des canaux réels de transmission des chocs comme les liens commerciaux, les interdépendances financières ou les similitudes macroéconomiques. Ces études montrent que les externalités générées par les interdépendances jouent un rôle primordial dans l’explication de la transmission du choc entre pays. Toujours dans les travaux relatifs aux théories non contingentes aux crises, la forte liaison des marchés et la globalisation financière et commerciale font que les effets qui prévalent avant le choc continuent de se manifester après le choc (Forbes, Rigobon, 2000, 2002). Dans le second type de recherches empiriques, la contagion est définie comme la présence de discontinuités dans les mécanismes de propagation des chocs (théories contingentes aux crises). Dans ce type de travaux, le mécanisme de transmission après le choc est fondamentalement différent de celui qui prévalait avant le choc. Ce dernier provoque un changement structurel de telle sorte que les chocs se propagent par l’intermédiaire d’autres canaux qui n’existent pas durant les périodes de stabilité financière. Ces canaux de transmission de chocs concernent le rôle des équilibres multiples, les chocs de liquidité endogènes et le rôle des asymétries d’informations. 10 www.bensaidamine.yolasite.com 2. Les impacts de la crise financière 2.1. Les hydrocarbures dans l’économie algérienne L’économie algérienne est basée essentiellement sur l’exploitation des hydrocarbures, ressource quasi unique du pays. Ces derniers constituent la principale source de revenu du pays (98% des recettes des exportations algériennes). Durant la dernière décennie, les recettes des hydrocarbures ont permis de financer les différents programmes de relance économique et de réduire considérablement la dette extérieure du pays. Ainsi le produit intérieur brut (PIB) demeure fortement influencé par le comportement de la production dans le secteur des hydrocarbures, compte tenu du poids de ce secteur dans la formation du PIB (voir figure n°1). Figure n°1 : La contribution des hydrocarbures au PIB en 2007 Sources : Calcul de l’auteur, Office National des Statistiques, Ministère des Finances. Aussi, les revenus tirés des hydrocarbures contribuent considérablement au budget de l’Etat à travers la fiscalité pétrolière. Ainsi, au cours de la dernière décennie où les prix du pétrole brut ont enregistré des augmentations importantes (97 dollars en moyenne en 2008), la contribution de la fiscalité pétrolière au budget de l’Etat avoisine les 60% (voir figure n°2). Figure n°2 : La contribution de la fiscalité pétrolière au budget de l'Etat Sources : Calcul de l’auteur, Ministère des Finances. 2.2. Impact commercial 10 www.bensaidamine.yolasite.com L’impact principal de la crise financière internationale sur l’économie algérienne est de type commercial. La variation du prix du pétrole brut se répercute sur les équilibres extérieurs dans un premier temps et sur la croissance économique dans un second temps. L’Algérie est l’un des pays qui a un rapport exportations des hydrocarbures sur exportations totales parmi les plus forts au monde. L’effet déstabilisant d’une baisse du prix du pétrole brut est par conséquent évident. Cet impact est largement visible dans les statistiques du commerce extérieur de l’Algérie durant l’année 2009. D’après le Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS) des Douanes algériennes, les exportations ont atteint 35,97 milliards de dollars durant les dix premiers mois de l’année 2009, contre 68,03 milliards durant la même période de l’année écoulée, soit une baisse de 47,13%. Quant aux importations, elles ont atteint 32,60 milliards de dollars à la fin Octobre 2009 contre 32,52 à la même période en 2008. Cette baisse dans la valeur des exportations s’est répercutée sur l’excédent de la balance commerciale qui est passé de 35,5 milliards de dollars uploads/Finance/ km-l-ak-sy.pdf

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  • Publié le Aoû 31, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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