Chapitre 1 : La crise de 1929 : déséquilibres économiques et sociaux Le 24 octo
Chapitre 1 : La crise de 1929 : déséquilibres économiques et sociaux Le 24 octobre 1929, la Bourse de Wall Street à New York est le théâtre d’un krach boursier. Avec le recul, cet événement apparaît comme l’un des plus importants du XXème siècle. Il initie en effet des processus tragiques dont les conséquences vont se révéler terribles pour le monde entier. Elle se sont sentir des Etats-Unis au Japon en passant par la Yougoslavie du Roi Alexandre et l’Allemagne, où Hitler profite de la crise pour prendre le pouvoir (1933). La « grande dépression » économique des années 1930 est si violente que l’on assiste à la multiplication des dictatures, et à la progression des régimes totalitaires qui vont conduire l’humanité à la Seconde Guerre Mondiale. Cette crise de 1929 soulève 3 types de questions sur 1) ses causes et dynamiques : comment expliquer que la Bourse s’effondre alors que l’économie est en pleine croissance ? Et pourquoi un krach boursier se transforme-t-il en une crise économique et sociale généralisée pour les Etats-Unis ? (12M chômeurs) 2) les mécanismes de diffusion d’une crise américaine à l’échelle mondiale. 3) les réponses politiques : des gouvernements ont-ils réussi à trouver des solutions ? I. Une crise tout d’abord américaine : pourquoi ? A. Aux origines du krach financier de 1929 : un problème économique ou politique ? -A première vue, la crise de 1929 est une crise classique de spéculation typique du capitalisme. Dans les années 1920, la croissance économique est stimulée par des innovations (automobile, fordisme, phonographe…) ; le cours des actions augmente rapidement. Dès lors, banquiers, traders, épargnants sont tentés d’en profiter le plus possible en achetant toujours plus d’actions. Certains prennent même de grands risques en faisant des crédits pour s’en procurer…On assiste dès lors à une flambée des actions à partir de 1927 qui incite les investisseurs à en acheter encore davantage. Il en résulte une bulle spéculative. Or, celle-ci est destinée à éclater car la valeur financière ne correspond plus du tout à la valeur économique des entreprises, ce qui se produit finalement en 1929. -Cependant, reste une question : pourquoi la Banque Centrale, la FED, n’a-t-elle pas agi pour limiter cette fièvre spéculative si évidente dès 1927 en augmentant les taux d’intérêt ? Le problème remonte à la Première Guerre Mondiale et au Traité de Versailles (1919) qui ont fragilisé le système financier international. Les puissances européennes en sortent ruinées, très endettées envers les Etats-Unis. La situation est aggravée par la décision d’infliger de lourdes « réparations » à l’Allemagne malgré les avertissements de Keynes. Dès lors, afin de relancer l’économie, les Etats-Unis ont dû bricoler une solution dangereuse : 1) prêter massivement à l’Allemagne afin qu’elle puisse honorer ses dettes envers la France et l’Angleterre et que celles-ci puissent à leur tour rembourser leurs dettes 2) maintenir des taux d’intérêt bas afin que de plus de capitaux aillent vers l’Angleterre et l’Allemagne. -Or, ces faibles taux d’intérêt sont le carburant de la spéculation qui conduit au krach de 1929. Celui- ci est donc plus qu’une crise financière ; c’est aussi une crise de gouvernance politique marquée par de mauvaises décisions (Traité de Versailles, rétablissement de l’étalon-or) et un déficit d’intervention. B. Le tournant de la crise en 1931 quand la crise financière devient une crise bancaire. -En 1929, la catastrophe n’est pas encore généralisée. C’est l’année 1931 qui marque le tournant décisif : de nombreuses banques sont en difficulté de par la chute des actions, la difficulté croissante d’obtenir des crédits et la peur des clients qui ont tendance à réclamer leur argent en liquide au cas où l’établissement ferait faillite….Le gouvernement et la Banque Centrale auraient certainement pu éviter le pire en accordant des crédits massifs aux banques. Toutefois, encore très influencés par l’idéologie libérale selon laquelle le marché se porte mieux quand l’Etat n’intervient pas, se régulant de lui-même par la loi de l’offre et de la demande (« la main invisible d’Adam Smith), ils n’osent pas le faire. Dès lors, une panique bancaire submerge les Etats-Unis, avec de terribles conséquences pour l’économie… C. La crise bancaire se transforme en dépression économique et sociale (1932-1933). -La Bourse et les Banques sont le cœur du système capitaliste irriguant l’économie par leurs capitaux et leurs crédits qui permettent aux entreprises et aux particuliers d’investir…En 1931-1932, l’économie étasunienne se trouve donc asphyxiée : à court de capitaux, le secteur productif peut moins innover et doit réduire ses coûts ; de nombreuses entreprises licencient des travailleurs…Un cercle vicieux se met en place : la hausse du chômage fait baisser les prix, et cette déflation aggrave les difficultés des entreprises qui doivent vendre toujours moins cher, ce qui les amène à licencier encore plus… -Comme en témoigne l’écrivain John Steinbeck (Les raisins de la colère, Des Souris et des hommes…), la grande dépression est d’une violente paupérisation de la société ; 12 millions de chômeurs (25% en 1932, une explosion de la pauvreté et de la faim alors que des producteurs désespérés décident de brûler leurs récoltes pour en faire remonter le prix…) II. Une crise qui change d’échelle : une crise américaine qui devient mondiale. A. Les mécanismes implacables de la diffusion, de la mondialisation de la crise. Depuis la Première Guerre Mondiale, les Etats-Unis sont le nouveau centre de l’économie-monde. La majeure partie du monde dépend de ses investissements (Banques, firmes transnationales) et de ses importations. Or, à partir de 1929, les banques américaines en difficulté s’empressent de rapatrier leurs capitaux. De plus, l’économie américaine ralentit fortement, de telle sorte qu’elle achète de moins en moins à l’étranger. (En outre, le nouveau Président démocrate, Franklin Delano Roosevelt, élu en 1932, est si inquiet face à l’explosion du chômage et de la misère dans son pays qu’il prend 2 types de mesures radicales qui vont avoir un lourd impact pour le reste du monde : 1) dispositifs protectionnistes (taxes douanières) 2) dévaluation du dollar et sortie brutale de l’étalon-or. Pour les nations qui dépendent de leurs exportations vers le 1er marché du monde, c’est un désastre.) B. Les régions très plus touchées : de l’Amérique latine (point de passage ) à l’Allemagne. -L’Allemagne et l’Amérique latine sont parmi les régions les plus affectées. Lourdement endettées, elles dépendaient plus que les autres des capitaux étasuniens, et de leurs exportations. La chute des matières 1ères est une catastrophe ; c’est la 1ère ressource des pays comme le Brésil, l’Argentine ou le Chili. -Or, ces démocraties et ces sociétés étaient déjà fragiles, traversées par de multiples fractures sociales et souvent raciales remontant à la colonisation (1492-XIXème siècle). Avec l’aggravation du chômage et de la pauvreté, c’est la situation idéale pour des coups d’Etats, et la mise en place de régimes autoritaires qui prétendent être les seuls à pouvoir unifier la société et à résoudre la crise. Le Brésil, avec Getulio Vargas et son Estado Novo, et l’Argentine, séduite plus tard par le péronisme, vont se laisser tenter par des idéologies en partie inspirées par le fascisme. III . Réponses politiques face à une crise économique sans précédent. A. La tentation de solutions autoritaires et nationalistes, voire totalitaires. -La crise de 1929 discrédite le libéralisme, la mondialisation capitaliste et le modèle démocratique. De l’Amérique latine au Japon en passant par la majeure partie de l’Europe, on opte pour des régimes dictatoriaux valorisant l’unité aux dépens de la liberté. /Ainsi, le Roi Alexandre décide de remplacer le Royaume démocratique des Serbes, Croates et Slovènes en une monarchie beaucoup plus autoritaire et centralisée autour de Belgrade et des Serbes, celle de Yougoslavie. Cela suscite une violente contestation parmi les Croates, dont les plus extrémistes forment le groupe des oustachis qui assassinent le Roi à Marseille. (1934)/ (-C’est en Allemagne que la crise de 1929 provoque la mutation politique la plus tragique. Face à l’effondrement du commerce international, et du crédit, les gouvernements démocratiques ne voient plus qu’une solution pour récupérer de l’argent et honorer leurs dettes : augmentation des impôts combinée avec une réduction des salaires. Alors que le chômage (25%) et la misère atteignent des sommets, ces mesures apparaissent comme injustes et scandaleuses. Hitler en profite pour diffuser ses thèmes : ‘la finance dominée par les Juifs est en train de tuer les peuples et de manipuler les démocraties ». En 1932, au pic de la crise, le NSDAP devient le 1er parti d’Allemagne. Nommé chancelier en janvier 1933, Hitler opte pour une politique économique très risquée dans le cadre d’un système totalitaire : annulation brutale de la dette, création d’une nouvelle monnaie dévaluée, réarmement massif pour créer des emplois, réduction des importations et autarcie. Cependant, la situation reste précaire ; l’Allemagne manque de matières premières et la guerre apparaît pour Hitler comme la solution.) B. Adaptation humaniste de certaines démocraties : Etats-Unis du New Deal et France du Front Populaire de Léon Blum. (points de passage) -Janvier 1933 offre un parallèle troublant entre Allemagne et Etats-Unis. Deux nouveaux dirigeants arrivent au pouvoir presque en même temps : Hitler et FD uploads/Finance/ la-crise-de-1929-cour.pdf
Documents similaires
-
16
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 24, 2022
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
- Taille du fichier 0.0751MB