Et si c’était plus que de la chicane ? Des repères pour différencier la violenc

Et si c’était plus que de la chicane ? Des repères pour différencier la violence conjugale de la chicane de couple 2 Cette brochure est inspirée du contenu de la conférence Violence conjugale ou chicane de couple : pour y voir plus clair ! largement diffusé, depuis 2005, par le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. Créé en 1979, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale déploie, dans une perspec- tive de prévention, un éventail de stratégies pour aider à mieux comprendre la violence conjugale et pour effectuer un dépistage et une action plus efficaces. Conception originale : Diane Prud’homme Nos remerciements à toutes celles qui ont contribué, d’une façon ou d’une autre, à la réalisation de cette brochure. Conception graphique : Turbinegraphique.ca Impression : SC Consultant Cette publication a été réalisée grâce au soutien financier de la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine. La reproduction et l’adaptation, en tout ou en partie, sont interdites sans l’autorisation écrite du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. Dépôt légal Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2012 Bibliothèque et Archives Canada, 2012 ISBN 978-2-921018-15-9 Tous droits réservés 1 Chaque fois que je suis avec mon amie et que son conjoint est présent, ils finis- sent immanquablement par s’engueuler à propos de tout et de rien. Est-ce sim- ple ment un couple qui va mal ou se pourrait-il qu’il y ait de la violence là- dessous ? Jamais mon amie n’aborde cette question avec moi. Des situations comme celle-là susci- tent en nous des interrogations : que se passe-t-il quand ils sont seuls tous les deux ? Quand nous sommes témoins, malgré nous, d’une tension dans un couple, nous ne savons pas toujours quel sens donner à ce qui se passe : est- ce une dispute, un conflit, une crise… Rarement oserons-nous aller jusqu’à songer à de la violence conjugale, par méconnaissance, par doute, peut-être. Et comme la violence conjugale s’exerce habituellement à l’abri des regards, nous avons bien peu d’indices pour décider s’il s’agit ou non de violence. Au Québec, depuis plusieurs années, la violence conjugale est considérée comme un problème social et elle doit être dénoncée. En fait, nous sommes de plus en plus nombreux à nous sentir concernés et plus encore lorsque nos proches semblent en être les victimes ou encore les auteurs. La question est donc : comment savoir si c’est une chi- cane de couple ou de la violence ? Voilà le sujet de cette publication. Elle s’adresse à ceux et celles qui peu- vent être témoins d’une « chicane de couple », de même qu’aux proches qui désirent comprendre ce qui distingue une chicane de couple de la violence conjugale et qui aimeraient réagir. Parce que notre réaction peut faire toute la dif- férence ! Cette brochure propose une série de questions qui sont autant de pistes ou d’indices pouvant aider à différencier la violence conjugale de la chicane de cou- ple. Suivent quelques balises pouvant guider les proches qui veulent réagir devant une situation de violence conju- gale. Et si c’était plus que de la chicane ? Il arrive que la violence conjugale soit exercée par une femme. Toutefois, il est démontré que dans la vaste ma- jorité des cas, c’est l’homme qui en est l’auteur dans les couples hétérosexuels. C’est pourquoi nous avons fait le choix d’utiliser un langage laissant entendre que la victime est de sexe féminin et l’agresseur, de sexe masculin. Il est aussi possible d’utiliser ces mêmes repères lorsqu’il s’agit de couples de même sexe. Examen d’une scène Nous sommes au restaurant avec Sonia et Marc, un couple d’amis dont nous avons fait la connaissance dernièrement. L’ambiance est plutôt agréable jusqu’à ce que la discussion glisse sur la politique. Dès que Sonia prend la parole et donne son opinion, Marc se moque systématiquement de ses propos. Il faut dire que c’est un sujet déli- cat entre eux puisque Sonia ne pense pas comme Marc. Elle continue tout de même à dire ce qu’elle pense. Marc éclate et finit par lui enjoindre de se taire en la traitant d’« insignifiante ». Un malaise s’installe. Que vient-il de se passer ? Est-ce de l’agressivité de la part de Marc, frustré que Sonia le contredise alors qu’il croit en savoir plus qu’elle sur le sujet ? Ou simplement une réaction (certes un peu vive) de la part de quelqu’un qui se passionne pour la politique ? Peut-être est-ce leur façon habituelle de se parler ? Peut-être ont-ils l’habitude de débattre très vivement entre eux ? Ou est-ce une façon pour Marc de prendre le pouvoir sur Sonia ? S’ajouteront également deux indices importants : la répétition de l’agression et le partage de pouvoir dans une relation de couple. Regardons-les en détail. » Quatre critères nous aideront à examiner cette situation : le type d’agression, le gain recherché, l’impact et l’explication 2 3 » Le type d’agression Marc a traité Sonia d’« insi gni fiante » devant nous et lui a dit de se taire. Était-ce intentionnel, plutôt impulsif ou spontané ? Marc a-t-il pété une coche ou, au contraire, s’est-il livré à un geste calculé ? Clarifier le type d’agression est la première étape pour déterminer s’il s’agit d’une chicane de couple ou d’une scène de violence conjugale. Marc fait preuve d’un manque flagrant de respect envers Sonia en l’agressant verbalement. Toutefois, c’est la réaction de Sonia qui nous donnera plus d’éléments pour déterminer si cette agression était intentionnelle ou impulsive. Il est donc trop tôt pour se prononcer. Il y a surtout de l’argu mentation, qui peut être alimentée par de la colère et de la con- viction. Il peut y avoir de l’agres sivité qui libère une tension intérieure créée par la colère ou la frustration. Il y a des agressions intentionnel les et stratégiques qui sont utilisées pour pren- dre le pouvoir sur l’autre. Quel est le type d’agression utilisé ? Comment l’agression se manifeste-t-elle ? Dans une CHICANE DE COUPLE Dans une scène de VIOLENCE CONJUGALE L’agressivité peut se manifester par exemple : VERBALEMENT : argumen ter, crier, parler fort, exprimer sa colère, être impoli envers l’autre personne, bouder… PHYSIQUEMENT : lancer un objet (sans di- rection précise), donner un coup de poing sur la table, faire un geste impulsif (une gifle), claquer la porte… L’agression peut se manifester de plusieurs façons : PHYSIQUE : donner des coups, pousser, gifler, lancer un objet vers l’autre personne en la visant, la séquestrer… PSYCHOLOGIQUE : humilier, dénigrer, ridi- culiser… CONTRÔLE : isoler, vérifier les allées et venues de l’autre personne, dénigrer les membres de son entourage et même lui interdire de les voir… SEXUELLE : traiter l’autre de « pute » ou de « salope », faire allusion à ses compétences sexuelles, forcer des pratiques sexuelles… ÉCONOMIQUE : contrôler l’argent, mon- trer que c’est lui qui détient l’argent, dé- nigrer les revenus de l’autre, prendre son argent, lui interdire de travailler… VERBALE : faire des menaces, crier après l’autre, lui faire peur volontairement, bou- der, imposer un silence intimidant… 4 Marc et Sonia discutent « vigou reuse ment » et leurs échanges sont centrés sur la ques- tion politique, soit le sujet de la controverse. Sonia continue à défendre ses opinions et Marc réagit de manière agressive. » Le gain recherché Sans avoir tous les éléments de réponse permettant de qualifier l’agression, nous pouvons nous demander si elle était intentionnelle ou non, s’il y avait un but à cette agression. Pourquoi Marc a-t-il traité Sonia d’« insignifiante » ? N’aurait-il pas pu argumenter sur le point de vue de Sonia ? Avait-il quelque chose à gagner à l’insulter ainsi ou était-ce tout simplement de l’impulsivité ? S’il cherchait à l’emporter sur elle à tout prix, nous pouvons penser que cette agression était intentionnelle, mais si c’était le fruit d’une impulsion, nous pencherons plutôt vers l’hypothèse de l’agressivité. S’interroger sur le gain recherché est la deuxième étape. Que la chicane de couple soit déclenchée par l’un ou par l’autre, ce sont généralement les deux membres du couple qui argumen- tent et qui veulent que leur point de vue l’emporte. La personne qui agresse veut obtenir le pouvoir sur l’autre. L’agresseur est l’instigateur des agressions et cherche à l’emporter sur l’autre. La victime veut que la violence cesse. Elle n’a rien à gagner. Qui cherche à l’emporter sur l’autre ? Quel est le gain recherché ? Dans une CHICANE DE COUPLE Dans une scène de VIOLENCE CONJUGALE Les deux cherchent à sortir gagnants du dif- férend, mais pas à tout prix, pas au prix de détruire l’autre. Ce qui est en jeu, c’est le sujet de la dis- pute. L’agresseur veut gagner à tout prix au détriment de sa victime, au point de la blesser et de la détruire pour la soumettre. L’agresseur recherche donc le contrôle ou le pouvoir sur l’autre en saisissant dif- férents prétextes. Ce qui est en jeu, c’est le désir de contrôler l’autre et non le sujet uploads/Finance/ la-violence-ou-chicane-de-couple.pdf

  • 14
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Oct 27, 2022
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
  • Taille du fichier 1.2563MB