Singapour veut former les managers du «boom» asiatique Entre MBA et Confucius,

Singapour veut former les managers du «boom» asiatique Entre MBA et Confucius, les entreprises émergentes cherchent leur modèle REPORTAGE | PAGE 3 Universum 2013: le top 50 de l’employeur idéal Un panel de plus de 34000étudiants du supérieur a établi son palmarès S P É C I A L J E U N E S D I P L Ô M É S | P A GE S 1 2 À 1 4 L ’empereurAkihiton’apasdechance. L’èreHeiseiqu’aouvertesonintroni- sation,en 1990,promettaitpourtant «l’accomplissementdelapaix». C’està cettedatemêmequeleJaponacom- mencésa descenteauxenfers. Entroisdécenniesd’après-guerre,lepays étaitdevenulepremierexportateurdelapla- nète.SesentreprisesachetaientHollywood etlesexpertsprévoyaientsonaccessionpro- chaineàlapremièreplace mondiale,humi- liantuneAmériqueàl’industriedévastée. Ilasuffid’ungraindesablemonétaire pourtoutremettreenquestion.Ceserontles accordsduPlazaen1985entrelesEtats-Unis, leJapon,laRFA,leRoyaume-UnietlaFrance qui,en voulantintroduireuneconcertation internationaledanslecontrôledeschanges, provoquerontune chutebrutaledudollar parrapportauyen.Cedésordremonétairea euuneffetindirect.Ila provoquéunrapatrie- mentmassifdescapitauxjaponaisplacés auxEtats-Unis,qui sesontinvestisdansla Bourseetdansl’immobilier,gonflantl’une desplusbellesbullesde l’histoire.Dramede l’argentfacilequinourritlesspéculationsles plusfolles.Despropriétésduquartierchicde Ginzaà Tokyotrouvaientpreneurà plusde 700000euroslemètrecarré. Lesdixansquisuivirentl’explosiondecet- tebulleont étémarquésparune croissance nulleet unedéflationmortifèredesprix.Le payss’estépuisé.Ila dépenséplusde 1000milliardsde dollars(768milliardsd’eu- ros)dansunedouzainede plansde relance sansautreeffetquedegonflerunedette gigantesquedontleremboursementabsor- bele quartdubudgetdupays.Onaappelé celaladécennieperdue.Lasuivanten’a pas étéplusjoyeuse.Aussidéprimanteque l’hu- meurneurasthéniquedesprincessesimpé- riales.Letotaldesdépensesannuellesen bienset servicesestaujourd’huiaumême niveauqu’ilyavingtans. LenouveaupremierministreShinzoAbe, vieuxroutierdelapolitique,a doncdécidé defrapperfort.Sonplanàluicomprendnon seulementunnouvelinvestissementmassif etdesréformesstructurellesdelibéralisa- tiondel’économie,touteschosesdéjàexpéri- mentéesparlepassé,maissurtoutunepoliti- quemonétaired’uneagressivitésansprécé- dent.Avecunobjectifsimple:retrouverd’ici àdeuxansuneinflationà 2%contreune déflationde0,5%actuellement.LaBanque duJaponestdoncpriéed’imprimermassive- mentdesyens.Uneffortdeuxfoisplus importantquecelui,déjàtrèsgénéreux, conduitparlesEtats-Unis.Sicelamarche,l’in- flationrepart,leproduitintérieurbrut remonte,dopéparlaconsommation,etla baissede ladevisestimuleles exportations, cequiaccroîtlesrentréesfiscaleset doncla possibilitéderembourserladette. Siçarate.Hum…l’inflationprovoqueune haussedestauxd’intérêtquifaitexploserle coûtd’unedettehorsdecontrôle.Lerisque estaussi,commeen1985,quecetocéand’ar- gentfraisaillenourrirdenouvellesbulles qui,à leurtour,éclaterontdansunmonde bienplusconnectéqu’àl’époque.Uncauche- maraucarré. C’estpourcelaqu’EuropéensetAméri- cainsscrutentavecattentionlamanœuvre deShinzoAbe.Tousont choisilechemindu laxismemonétaire,dernièrearmepour contrerlacriseetredonnerde l’airàdeséco- nomiesen trainde s’asphyxier.LesEtats- Unisl’ontpratiquélargement,l’Europesi timidementqu’ellenecontentepersonneet semblepaverlavoied’unedécennieperdue àlajaponaise.Maisl’Europen’estpasle Japonetlapolitiqueéconomiqueest unart toutenéquilibreet enimprovisation.p PhilippeEscande LordTurner contre les «gens» de la City ParPaulJorion C HRO NIQ UE | PAGE 2 Argentpascher Discours du nouveau gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, devant la commission des finances de la Chambre basse du Parlement, à Tokyo, le 26mars. TONU HANAI/REUTERS Larévolutionmonétairejaponaise Pousséeparlegouvernement, laBanqueduJaponmobilisemassivement toussesoutilspoursoutenirl’économie, provoquantunenettedépréciationduyen ainsiqu’unchocdecompétitivité. Objectif:renoueravecune inflationà2%d’icideuxans.Unparirisqué PAGES 4 ET 5 GIE INFOGREFFE 338 885 718 RCS CRÉTEIL / crédit photo : corbis EXTRAIT KBIS, INFORMATIONS LÉGALES SUR LES ENTREPRISES, ACCÈS AU REGISTRE DU COMMERCE ET DES SOCIÉTÉS La source officielle LES GREFFES DES TRIBUNAUX DE COMMERCE é d i t o r i a l Cahier du « Monde » N˚ 21219 daté Mardi 9 avril 2013 - Ne peut être vendu séparément 2 0123 Mardi 9 avril 2013 AMenloPark,enCalifornie,ausiègedeFacebook,MarkZuckerbergadévoilé,jeu- di4avril,sonambitieusestratégiemobile.Et,surtout,Home,uneapplicationqu’il serapossibled’installercommepaged’accueild’unsmartphoneAndroid,à partir du12avril,etquiplaceaucœurde lanavigationles«amis»Facebook.Pourlemil- liardaire,il s’agitdetirerpartideladominationde sonréseausurlemobileen devenantlepilierdesusages,sansmettrelepieddanslafabricationdesproduits, secteurmoinsporteurquel’exploitationdes donnéesdes«mobinautes»à des finspublicitaires.«SurHome,il n’yapasdepublicitépourle moment.Maisje suis sûrqu’ily enauraàunmomentdonné»,expliqueM.Zuckerberg,convaincuque «Facebookgagneraplusd’argentsurles mobilesquesur lesordinateurs». LeLouvrechangedetête P r o f i l | Unhommedusérail,Jean-LucMartinez, s’apprêteàdirigerlepluscélèbremuséedumonde L ord Adair Turner, qui fut jusqu’au 31mars président de la Financial Servi- ces Authority, le régulateur des mar- chés financiers britanniques, a eu l’amabilité, lors d’un entretien téléphonique le 6février, de répondre à quelques questions relatives aux remarques qu’il avait faites en 2009 sur «les activités financières sociale- ment inutiles» (Lemonde.fr, 29août 2009) et la nécessité d’y mettre fin, observations qui avaient provoqué une levée de boucliers dans les milieux financiers. «La grande masse des commentaires relatifs aux activités sociale- ment inutiles est venue de la City», confirme Lord Turner. La violence de la réaction à ses propos n’est pas surprenante. Elle émane d’un petit cercle où l’on révère des opinions de certains prix de sciences économiques à la mémoire d’Al- fred Nobel. On se souvient ainsi de Friedrich von Hayek (récipiendaire en 1974), selon qui la notion de «justice sociale est une expres- sion entièrement vide, privée de tout contenu déterminable» ou de Milton Friedman (réci- piendaire en 1976), pour qui «la notion de res- ponsabilité sociale (…) conduit immanquable- ment au totalitarisme». Remarques qui ne manquent pas de piquant quand on sait que l’un et l’autre tinrent à prodiguer leurs conseils au général Augusto Pinochet. M.von Hayek précisa même lors d’un voyage au Chili: «Je préfère personnellement un dicta- teur libéral à un gouvernement démocratique qui ne serait pas libéral.» SelonLord Turner «les gens de la City [le quartier d’affaires à Londres] ont été horrifiés qu’[il] mette en questionles activités de marché et l’arbitrage de la réglementationfinancière», pour expliquerensuite ce qu’il entend par là. D’abord, pour ce qui touche aux activités de marché: «Une affirmation controversée, formulée par des économistes tel Keynes, est qu’il arrive que la taille de ces activités dépasse le niveau optimal d’allocation efficiente du capital et de l’épargne, au point de se transfor- mer en activités à somme nulle, voire à somme négative. Ce bilan négatif s’explique d’une part par la ponction de ressources économi- ques réelles qu’elles opèrent, d’autre part par l’apparition au sein du marché d’une instabili- té financière qui fera que ceux des interve- nants qui ne “tiennent” pas le marché devront se couvrir et rémunérer ceux qui le tiennent (à l’aide ici aussi de ressources réelles) pour que ces derniers gèrent cette instabilité.» Pour ce qui touche à la réglementation financière, Lord Turner estime que «les petits jeux d’arbitrage impliquent la mise au point de montages financiers qui permettront à une entreprise de réduire son capital alors que sa fonction économique demeure inchangée. Les entreprises apparaîtront en conséquence en meilleure santé qu’elles ne le sont réellement. Il va de soi que de telles manipulations n’aug- mentent pas la taille du gâteau et ne présen- tent, du coup, aucune utilité sur un plan social. Il s’agit au mieux d’un jeu à somme nulle, mais en réalité, à mon sens, d’un jeu à somme négative, puisque sont mobilisés pour ces opé- rations d’excellents esprits qui pourraient met- tre leur talent au service de tâches plus fécon- des et plus exaltantes». Lord Turner conclut: «Les gens de la City négligeaient complètement les questions fon- damentales – car il s’agit bien, ici, de questions fondamentales – comme le volume souhaita- ble du crédit dans un pays comme le Royaume- Uni, et la question de savoir si son système financier ne contient pas un nombre excessif de créances.» Lord Turner établit-il une différence entre les activités financières «socialement» inuti- les et celles qu’il appelle «économiquement» inutiles? La réponse se trouve dans la Lionel Robbins Lecture qu’il prononça en 2010 où il expliquait que «l’optimalité d’un point de vue social peut exiger une redistribution des revenus économiques» – Economics after the Crisis. Objectives and Means, Cambridge (Mas- sachusets), The MIT Press, 2012 –, une considé- ration apparentée à celles qui motivaient John Maynard Keynes autrefois: la solution des problèmes économiques ne peut s’énon- cer qu’en termes qui sont, eux, politiques. Keynes affirma ainsi durant les années noires de la Dépression que la logique économique n’exige pas le plein-emploi, mais le vivre- ensemble, oui. Lord Turner avait fait remarquer dans un autre contexte que notre économiede marché veut que chaque génération revendeà la sui- vante le parc immobilierà des prix ridicule- ment gonflés, soulignantqu’il s’agit, avec les prêtsau logement, d’une activité financière, là aussi, «socialement inutile». L’énoncécandide de telles vérités a bien entendumultiplié le nombre de ses ennemis au sein de la City, ce qui explique sans doute l’insuccèsde sa candidature à la successionde MervynKingau poste de gouverneurde la Ban- que d’Angleterre. Si le petit garçon qui dit que le roi était nu avait ensuite fait carrière, soyonssûrs que cela se serait su.p Faire juste un téléphone, ce n’est pas assez pour Facebook » Mark Zuckerberg, PDG du réseau social LordTurneretlaCity l a c i t a t i o n q u i z c h r o n i q u e PaulJorion Economiste et anthropologue Faute Nathaniel Herzberg L e grand public ne connaissait ni son nomnisonvisage.Unebonnepartiedu monde de la culture, même, n’avait jamais entenduparler de Jean-Luc Mar- tinez, directeur du départementdes antiquités grecques,étrusquesetromainesduLouvre.Cet- te époque est révolue. A 49ans, l’archéologuea été choisi par François Hollande pour occuper le poste le plus prestigieux du monde de la culture: président du Louvre. Depuis 2007, Jean-LucMartinezveillait,certes,surlaVictoire de Samothrace et la Vénus de Milo, deux des trois icônes du musée. Désormais, la Joconde sera elle aussi sous sa coupe, de même que ses 60conservateurs, 2000employés et près de 10millionsdevisiteursannuels.Enlepréférant à Sylvie Ramond, la directrice du Musée des beaux-artsde Lyon, et à Laurent Le Bon,patron du Centre Pompidou-Metz, le chef de l’Etat fait donc un pari. Homme du sérail, connaissant très bien les arcanesdelamaison,Jean-LucMartinezn’enest pasmoinsunconservateuratypique.Lesbeaux quartiersparisiensoùagrandisonprédécesseur HenriLoyrette,filsd’avocatd’affaires,luinelesa fréquentés que sur le tard. Enfant d’immigrés espagnols, il représente, au contraire, le parfait produitdelaméritocratierépublicaine.Elevéau cœurdelaSeine-Saint-Denis,oùilasuivil’essen- tieldesascolarité,ilestlepremierdelafamilleà décrocher le baccalauréat. Après l’agrégation d’histoire,c’estencoreenbanlieueestqu’ilensei- gnedansle secondaire.En 1993, il intègrel’école française d’Athènes, pour laquelle il accomplit desfouillesàDéloset Delphes. Car,àcôtédesoncursusuniversitaired’histo- rien,Jean-LucMartinezasuivilescoursdel’éco- le du Louvre en histoire de l’art et archéologie, discipline qu’il enseigne à l’Institut français de restaurationdes œuvresd’art, ou à l’université Paris-XNanterre.En1997,àsonretourdeGrèce, il devient conservateur en chef du patrimoine et entre au Louvre. Il s’est aussi illustré aux avant-postes de l’aventure du Louvre-Lens. Elus locaux et mécènes lui sont devenus pres- que familiers. Le début de l’apprentissage de son nouveau métier, qui cumule, selon Marc LadreitdeLacharrière,sponsordumusée,ceux de «scientifique, chef d’entreprise, ambassa- deur, capable d’attirer l’argent des mécènes et de séduire les politiques». Excusez du peu.p Dans quel pays les prix de l’immobilier ont-ils le plus baissé pendant la crise? v La Grèce? v L’Espagne? v L’Irlande? L ’ancien «tigre celtique» est celui qui a connu la plus forte chute des prix après l’explosion de la bulle immobilière qui a ravagé son secteurbancaire, sauvé par l’Etat, lui-même sauvépar un plan d’aide européen. En Irlande, les prix ont baissé de moitié depuis le second trimestre2007. Ils montrentenfin des signes de stabilisation,selon une note des économistes de la banque Goldman Sachs, Sebastian Graveset Kevin Daly, uploads/Finance/ le-monde-20130409-eco.pdf

  • 14
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Nov 14, 2022
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
  • Taille du fichier 7.8943MB