Impact du covid'19 sur la réforme de régime de change au Maroc Par : Yasser Aha

Impact du covid'19 sur la réforme de régime de change au Maroc Par : Yasser Ahachad [DCESS MRHQ Formule Cadres 2019/2021] 1.Introduction Le taux de change est une variable importante dans l’économie d’un pays, car ses variations affectent considérablement plusieurs composantes économiques, notamment l’inflation. Il est évident que dans un régime de change flexible, le ciblage de l'inflation est une stratégie de change efficace. En effet, si dans une économie le degré de transmission des échanges est plus élevé que ses partenaires commerciaux, la préférence de l’autorité monétaire pour un régime de change qui limite les fluctuations des taux de change sera raisonnable car il pourra réduire la volatilité de l’inflation. Au contraire, une transmission incomplète réduira la transmission des variations de taux de change aux prix locaux, ce qui devrait faciliter une transition réussie vers un régime de change plus flexible. En conséquence, la hausse de l'inflation due à la dépréciation du taux de change sera réduite, contribuant ainsi à la stabilité des prix. En outre, il est important de déterminer dans quelle mesure les variations de taux de change sont transmises aux différentes catégories d'Indice des Prix à la Consommation pour choisir les meilleures règles de change dans un régime de change flexible. 2.Les équilibres macroéconomiques : une nouvelle épreuve Les équilibres internes et externes de l’économie marocaine seraient soumis à de rudes épreuves en 2020. On serait témoins d’un creusement des déficits jumeaux, s’établissant entre 6% et 8% du PIB. Les marges de manœuvre dont disposent les autorités, budgétaire et monétaire, pourraient absorber partiellement le choc de la Covid-19 dans le court terme mais seraient sous stress pour accompagner la relance sur les années à venir. Les finances publiques seraient en première ligne de cette marée, et les recettes budgétaires, qui restent élastiques à l’activité économique, ne manqueraient pas de se compresser au regard de la violence des chocs mais également des mesures déployées par les autorités publiques pour alléger la pression sur le tissu productif. Du côté des dépenses, la loi de Finances rectificative est venue avec une principale vocation : réduire le train de vie de l’Etat et réaffecter les enveloppes budgétaires, de telle sorte à prioriser les dépenses courantes qui ont trait à la lutte contre la pandémie. Dans un tel contexte, et tenant compte de nos estimations de croissance, nous devrions assister à une détérioration du déficit budgétaire qui pourrait passer à 8% du PIB, consécutive à une chute des recettes ordinaires d’environ 15% par rapport à l’année 2019 et sous l’hypothèse d’une augmentation du niveau total des dépenses de 10 milliards de dirhams par rapport aux prévisions de la loi de Finances 2020. Par conséquent, la dette du trésor devrait dépasser 76% du PIB.Le compte courant devrait se détériorer, à la suite de la récession sévère qui sévit dans les pays partenaires du Maroc et la fermeture des frontières, mais il resterait à des niveaux inférieurs à ceux observés durant la période 2011-2013. Dans ces conditions, l’année 2020 devrait se solder par un déficit du compte courant supérieur à 6% du PIB, soit un creusement de plus de 2 points de pourcentage par rapport à l’année 2019, sous l’hypothèse d’un recul des recettes voyages de plus des deux tiers et des exportations de biens de plus de 10%. Les transferts des Marocains résidents à l’Etranger, quant à eux, devraient globalement maintenir le même niveau de l’année précédente, malgré la profondeur de la crise frappant les pays hôtes de notre diaspora. Le financement de ce déficit devrait se heurter à un reflux des entrées nettes des IDE à près de 1% du PIB et des emprunts publics venant à échéance équivalents à quasiment 3% (Ministère de l’Economie et des Finances, 2020). Le tirage sur la ligne de précaution et de liquidité (3% du PIB), l’émission obligataire du trésor et les prêts contractés auprès des institutions multinationales (Banque africaine de Développement (BAD), Banque mondiale (BM) et Fonds monétaire arabe-FMA), permettraient de plus que compenser la diminution des devises. Au terme de l’année, les réserves de change couvriraient 6 mois et demi d’importations. La stabilité éventuelle du « pouvoir d’achat de nos réserves de change » est due, également, à l’ajustement automatique de nos importations et au choc positif dont bénéficie l’économie marocaine relatif à la chute des cours pétroliers. 3.Conclusion Le taux de change est l’une des variables les plus influentes dans une économie donnée, parce que toute fluctuation des taux de change peut affecter l’encours de la dette extérieure, la compétitivité des entreprises d’importation et d’exportation, et les revenus et transferts du taux de change se raffermit davantage dans le cadre du système de flexibilité administrée et de poursuite du processus de libéralisation. Cette notion de taux de change perd de sa signification en cas de persistance des différences enregistrées dans les taux d’inflation entre le pays en question et son partenaire commercial. uploads/Finance/ management-financier-international-rattrapage-yasser-ahachad.pdf

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  • Publié le Mar 26, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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