ඓ ඓ ඓ MANUE L DU GUÉ R I L L E R O UR B AI N ඓ ඓ ඓ p a r C AR L OS MAR I GHE L
ඓ ඓ ඓ MANUE L DU GUÉ R I L L E R O UR B AI N ඓ ඓ ඓ p a r C AR L OS MAR I GHE L L A 1 9 6 9 C O N T E X T U A L I S A T I O N Même s’il est marqué par son époque (1969) et le contexte brésilien dans lequel il a été rédigé, le document que nous présentons ici est une lecture indispensable pour quiconque s’intéresse aux phénomènes d’insurrection, de guérilla et de terrorisme. À l’époque où beaucoup de théoriciens révolutionnaires prônaient des guérillas dans des zones rurales, Marighella avait au contraire bien compris l’intérêt présenté par des actions dans des zones urbaines - même s’il se trompa quant au soutien qu’il pensait pouvoir ainsi susciter. Bien que daté à certains égards, ce texte demeure un fondement important, dont l’écho a porté bien plus loin que le Brésil. 2 Ma n u e l d u g u é r i l l e r o u r b a i n À p r o p o s d e l ’ a u t e u r e t d e c e d o c u m e n t Né à Salvador de Bahia le 5 décembre 1911, Carlos Marighella adhéra au Parti communiste brésilien (PCB) alors qu’il étudiait à l’École polytechnique de Bahia pour devenir ingénieur. Il fit rapidement l’expérience des arrestations et de la prison ainsi que de la clandestinité, condition dans laquelle il vécut une bonne partie de son existence adulte. Il fut élu au Comité central du PCB en 1952. En 1954, il effectua un voyage en Union soviétique et en Chine. Tôt convaincu que seule une lutte militaire permettrait au mouvement révolutionnaire de parvenir à ses fins, il fut expulsé du PCB en 1967, après s’être rendu à Cuba pour une conférence de solidarité latino- américaine en dépit d’instructions contraires données par le PCB. Il fonda en 1968 l’Action de libération nationale (ALN), qui se lança dans des actions armées pour financer son activité, lança de premières actions de guérilla urbaine au Bréil et réussit à enlever l’ambassadeur des États-Unis en 1969. Marighella fut finalement tué dans une embuscade dans la nuit du 4 novembre 1969. Si l’ALN ne survécut pas longtemps à son fondateur, le souvenir de celui-ci reste encore cultivé aujourd’hui : l’année du trentième anniversaire de sa mort, en 1999, un monument lui a été dédié, à l’origine duquel se trouve le célèbre architecte communiste Oscar Niemeyer (L ’Humanité, 5 février 2002). Ce fut l’année de sa mort que Marighella systématisa ses convictions en matière de guérilla urbaine dans le célèbre Manuel du guérillero urbain. Contrairement à Che Guevara, qui affirmait que « la ville est le cimetière de la guérilla », Marighella y voyait un terrain d’action idéal. Le Manuel constitue un texte fondamental pour la stratégie de guérilla urbaine ; il ne fait à nos yeux guère de doute que certains de ces principes — adaptés à de nouveaux contextes et de nouvelles possibilités — continueront d’inspirer des actions futures, comme ils ont déjà contribué à inspirer par le passé des groupes tels que la Fraction armée rouge (FAR) ou les Brigades rouges. Nous reproduisons le texte de Marighella dans la traduction française qui figure sur le site des Noyaux autonomes pour le communisme (NAC, maoïstes) et de la revue Front social (le groupe à l’origine de cette revue a décidé de se dissoudre en septembre 2001, en raison de mesures répressives dont il craignait d’être frappé). C’est à notre connaissance le seul site en français à offrir ce texte. La section des archives du site des NAC contient plusieurs autres textes intéressants. Il nous a semblé d’autant plus important de republier ce texte qu’une disparition éventuelle de l’unique site sur lequel Ma n u e l d u g u é r i l l e r o u r b a i n 3 il figurait le rendrait inaccessible aux lecteurs de langue française. Nous avons cependant corrigé plusieurs fautes de frappe ou d’orthographe dans ce texte ainsi que quelques inexactitudes de traduction (mineures) que nous avons pu repérer, mais sans nous livrer à une comparaison systématique avec l’original. Il semble d’ailleurs y avoir des variantes entre différentes éditions de ce texte, et nous ignorons laquelle peut être considérée comme la plus « autorisée ». Les différences ne portent d’ailleurs pas atteinte au sens du texte et ne concernent que des détails. Nous avons conservé la « préface à l’édition québecoise » contenue dans cette traduction, bien qu’elle ne soit évidemment pas de Marighella, car elle illustre comment ce traité a pu — et, comme nous l’avons souligné, peut toujours — inspirer également des aspirants à la guérilla urbaine dans des pays occidentaux. Nous ignorons en revanche à quelle édition québecoise renvoie cette préface. Les termes « exproprier » ou « expropriation », utilisés euphémiquement pour désigner des vols pour la cause révolutionnaire, ont été mis entre guillemets dans la traduction française, ce qui n’était pas le cas dans l’original brésilien. Nous avons cependant conservé ces guillemets. 4 Ma n u e l d u g u é r i l l e r o u r b a i n MA N U E L D U G U É R I L L E R O U R B A I N H o m m a g e d e l ’ a u t e u r En rédigeant ce manuel, je désire rendre un double hommage. Le premier, à la mémoire d’Edson Luis José de Almeida, « Escoteiro » et tant d’autres combattants et guérilleros urbains assassinés par la police politique (la D.O.P .S.) et par l’armée de la dictature militaire qui sévit au Brésil. Le second à nos courageux camarades, hommes et femmes, qui croupissent dans les geôles qui n’ont rien à envier aux crimes commis par les nazis. Comme ce le fut pour eux, notre seul devoir est de lutter. A v e r t i s s e m e n t Toute personne hostile à la dictature militaire ou tout autres formes d’exploitation et d’injustice, désireuse de combattre peut faire quelques choses, même si cette action est modeste, plusieurs petites action en feront naître une immense. Ceux qui, après avoir lu ce manuel, auront conclu qu’ils ne peuvent rester passifs, je les invite à suivre les instructions que je propose et à s’engager tout de suite dans la lutte. Car, en toute hypothèse et dans toutes circonstances, le devoir du révolutionnaire est de faire la révolution. S’il importe de lire cet ouvrage, il est également très souhaitable de le divulguer. Que ceux qui acceptent les idées qui s’y trouvent défendues, le fasse ronéotyper ou imprimer, fût-ce sous la protection d’un groupe armé. Si je l’ai signé, c’est parce qu’il est le résultat systématisé d’une expérience vécue par un groupe d’hommes qui, au Brésil, luttent les armes à la main et dont j’ai l’honneur de faire partie. Contre ceux qui mettent en doute ce que j’y recommande, qui continuent d’affirmer que ne sont pas encore réunies les conditions propres au combat ou qui nient les faits décrits, le mieux est que je revendique ouvertement la responsabilité de mes paroles et de mes actions. Je refuse donc les commodités ambiguës de l’anonymat. Mon but est de recruter le plus grand nombre possible de partisans. Le nom d’agresseur ou de terroriste n’a plus le sens qu’on lui donnait jadis. Il ne suscite plus la terreur ou le blâme ; il éveille des vocations. Être appelé « agresseur » ou « terroriste », dans le Brésil d’aujourd’hui, honore le citoyen, puisque cela signifie qu’il lutte, les armes à la main, contre la monstruosité et l’abjection que représente l’actuelle dictature militaire. Ma n u e l d u g u é r i l l e r o u r b a i n 5 Q u ’ e s t - c e q u ’ u n g u é r i l l e r o u r b a i n ? La crise chronique des structures qui caractérise la situation au Brésil et l’instabilité politique qui en découle ont favorisé le déclenchement de la guerre révolutionnaire. Celle-ci se manifeste en termes de guérilla urbaine, de guérilla rurale ou de guerre psychologique. C’est au guérillero urbain qu’il incombe de faire, dans les villes, la guérilla aussi bien que la guerre psychologique. C’est de lui que je parlerai. Le guérillero urbain est un homme armé qui lutte contre la dictature militaire ou tout autres formes d’oppression par des moyens non conventionnels. Révolutionnaire sur le plan politique et vaillant patriote, il lutte pour la libération de son pays ; il est ami du peuple et de la liberté. Son champ de bataille, ce sont les grandes villes du pays. Dans ces villes agissent également des bandits communément traités, uploads/Finance/ manuel-du-guerillero-urbain-by-carlos-marighella.pdf
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- Publié le Jul 07, 2022
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