Le virtueL très réeL L’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013 Marché du e-commerce e

Le virtueL très réeL L’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013 Marché du e-commerce en Algérie ENQUETE Enquête Bimensuel de l’économie et de la finance 27 A près un énorme retard pris sur les offres du web, l’Algérie s’ouvre enfin aux opportunités indéniables du e- commerce, à ne pas confondre toutefois avec le e-business. La règlementation législative n’étant pas encore au point, le paiement électronique est jusqu’à présent confiné dans l’agenda des pouvoirs publics. Mais il n’en demeure pas moins que des opérateurs économiques se lancent dans cette nouvelle aventure commerciale avec beaucoup d’entrain, boostés par les expériences d’ailleurs. En moins d’un mois, 64 sites marchands viennent meubler la Toile algérienne, portant ainsi leur nombre à 250. A ce rythme, plus de 800 boutiques virtuelles verront le jour d’ici la fin de l’année en cours, soit quatre fois le nombre de sites créés durant ces quatre dernières années. Une croissance appréciable, qui reste toutefois éloignée de tout optimiste béat. La vente en ligne en Algérie en est encore à ses premiers balbutiements, au regard des progrès accomplis par les pays avancés ou encore les pays voisins. Beaucoup reste à faire. D’ailleurs, certains l’ont située «au stade de l’imagination, le e-commerce ne représente rien en termes d’activité réelle». Ils estiment que les obstacles sont encore coriaces pour pouvoir parler d’un réel commerce en ligne algérien du moment où aucune loi le régissant n’existe à ce jour. Le seul texte réglementaire concernant cette activité est la codification d’inscription au registre du commerce (CNRC). Des manques à combler au plus vite par les pouvoirs publics afin d’accompagner une dynamique déjà amorcée et qui annonce d’ores et déjà des perspectives prometteuses, préconisent les intervenants dans le dossier que leur a consacré l’Eco. Encore une fois, c’est la vie économique qui prend de l’avance sur la réglementation et c’est tant mieux n L’Eco Bimensuel de l’économie et de la finance 28 Enquête Développement du e-commerce L a promotion des ventes en ligne est fortement corrélée au taux de pénétration de l’internet à haut débit. Le processus de modernisa- tion et de développement de l’infra- structure des télécommunications par la densification du réseau de fibre optique sont aussi des facteurs signifi- catifs. Aussi, le développement des réseaux sans fil wi-fi serait à même d’élargir les possibilités d’accès à internet dans les zones publiques comme les centres commerciaux, les aérogares et autres. Un autre facteur mérite d’être pris en ligne de compte : l’équipement des ménages en matériel informatique, une mission que mène le ministère de la Poste et des Technologies de l’infor- mation et de la communication (MPTIC) dans le cadre de l’opération Ousratic. En Algérie, les sites de vente tardent à faire leur entrée sur le mar- ché, ainsi que les achats faits à l'étran- ger et autres réservations d'hôtel ou de titres de transport, mais seule l'intro- duction de la certification électro- nique peut amorcer ce commerce. A ce propos, une source proche du MPTIC nous a confié que «la certifica- tion électronique est une nécessité vitale pour notre pays afin d’assurer la protection des échanges et des tran- sactions dans le réseau numérique des différentes menaces, telles que les attaques informatiques, l’accès à des informations confidentielles ou le vol de données». Pour ce faire, deux avant-projets de loi sont en cours d’élaboration par le MPTIC. Le pre- mier concerne les règles générales relatives aux transactions électro- niques et à la définition des aspects liés à la signature électronique et à la certification et l’authentification. Cet avant-projet prend en charge la sécuri- té dans les entreprises, la certification électronique, le e-service, la certifica- tion électronique appliquée au réseau monétique interbancaire, le cadre juri- dique de la signature électronique en Algérie, etc. Le second avant-projet de loi est consacré au traitement des don- nées à caractère personnel. Il est clair que la mise en place d’un cadre légal de la signature électronique et de la certification électronique permettront d’effectuer tout type d’opération ban- caire, notamment à l’international, en vue d’améliorer les transactions com- merciales et de promouvoir le com- merce électronique. Cette même sour- ce a souligné, cependant, que «l’opé- ration à l’international est tributaire du processus national de convertibilité du dinar». A noter aussi que la nouvelle loi sur la poste et les technolologies de l’in- formation et de la communication, approuvée récemment par le Conseil des ministres, est à même non seule- ment d’ouvrir la porte au e-commer- ce, voire au e-paiement et au paiement mobile, mais également permettra à des investisseurs privés d'entrer dans des offres internet dans des zones non couvertes, notamment des services de réseau mobile virtuel (MVNO). Cette loi a le mérite de définir les conditions d’accès au commerce virtuel, notam- ment celles liées à la régulation du e- commerce de façon à favoriser préala- blement un environnement stable, équilibré et responsabilisant n R. K. Par Ranya Khaldi C’est indéniable. Les spécialistes algériens s’accordent à dire que le développement du e-commerce est fortement lié à plusieurs facteurs, notamment socioculturels, en raison des comportements et autres habitudes du consommateur. Le commerce, en Algérie, a encore tendance à se jouer dans la complémentarité entre le virtuel et le physique. La certification électronique est une nécessité vitale pour notre pays afin d’assurer la protection des échanges et des transactions dans le réseau numérique des différentes menaces telles que les attaques informatiques, l’accès à des informations confidentielles ou le vol de données. Pour ce faire, deux avant-projets de loi sont en cours d’élaboration par le ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication. ENQUETE L’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013 La signature éLectronique est un préaLabLe Moussa Benhamadi Dr Ali Kahlane, président de l’AAFSI «Il faut Instaurer les mécanIsmes de la certIfIcatIon électronIque» L’Eco : bien que le marché du e- commerce en Algérie soit encore au stade embryonnaire, peut-on parler de son évolution ? A-t-il un avenir ? Ali Kahlane : oui, bien sûr qu’il a un avenir. Avec un chiffre d’affaires mondial de plus 1100 milliards de dollars, l’Algérie ne peut pas se permettre de rester en marge. Pour y arriver, il nous faut, par dessus tout, instaurer la confiance entre les clients et les vendeurs. Dit simplement, il est nécessaire de mettre à jour la loi sur la monnaie et le cré- dit laquelle doit inclure le commerce élec- tronique et en particulier définir le rôle payant (l’intermédiaire qui paiera le ven- deur) et, surtout, instaurer les mécanismes de certification électronique qui garantiront et sécuriseront la transaction commerciale en termes d’authentification, d’intégrité et de confidentialité des données. Malgré l’approbation d’un projet de création d’une instance indépendante de supervision des paiements électroniques et d’un Groupement d’intérêt économique (GIE) regroupant toutes les banques de la place publique et la Banque d’Algérie pour prendre en charge l’aspect monétique du e- commerce, pour le moment, nous n’avons ni l’une ni l’autre et, par conséquent, pas de e-commerce au sens générique du terme. Les sites actuels existent et «fonctionnent» en dehors des deux éléments que j’ai évo- qués plus haut. Non seulement ils ne peu- vent malheureusement pas offrir tout le confort et la sécurité d’un site e-commerce classique, mais ils ne pourront pas aussi facilement atteindre les volumes que ce type de commerce peut engranger si toutes les conditions étaient réunies. Malgré tout cela, je pense que les sites de e-commerce qui existent actuellement doivent évoluer et accumuler plus d’ex- périence et ceux qui sont en cours de montage devront investir dans les nou- veaux créneaux, être inventifs et inno- vants pour prouver encore une fois que la nature n’aime pas le vide, même dans le monde virtuel. Que demande cette activité en termes de logistique et d’installation de réseaux internet ? Le marché algérien est-il prêt à se lancer sérieusement dans ce créneau ? Il faut un débit élevé avec une large bande passante. La connexion ne doit abso- lument pas souffrir de coupure, notamment lors du lancement d’une requête, de l’au- thentification et surtout de la validation de la transaction financière. Il n’y a aucun doute que le marché algérien est prêt pour se lancer dans le créneau du commerce électronique. Les nombreux sites existants et leur succès auprès des internautes nous le démontrent tous les jours. Le problème reste que le e- commerce algérien est en train de se com- porter comme une grande belle kermesse, un joli bazar virtuel où la débrouillardise et le bricolage priment, pour pallier à l’absence d’un relais financier fiable et d’une sécurisa- tion des affaires. Selon certains professionnels, le problème du paiement électronique est la contrainte majeure dans notre pays pour exercer cette activité. Que faut-il faire, à votre avis, pour y remédier ? Effectivement le problème majeur est le paiement et son mode. Comme déjà déve- loppé ci-dessus, il suffit d’une banque pour assurer la partie monétique et d’un tiers garant pour sécuriser et garantir la transac- tion. Ce que les autorités tentent de mettre en place depuis plusieurs années sans trop de succès uploads/Finance/ marche-du-e-commerce-en-algerie-844016.pdf

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  • Publié le Sep 23, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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