Institut de Recherches et d’Applications des Méthodes de Développement Note thé

Institut de Recherches et d’Applications des Méthodes de Développement Note thématique n° 2 49, rue de la Glacière 75013 Paris France • Tél. : 33 (0)1 44 08 67 67 • Fax : 33(0)1 43 31 66 31 • iram@iram-fr.org • www.iram-fr.org N o t e t h é m a t i q u e ` Téléchargeable sur le site de l’Iram ƒ N°2 - Janvier 2006 Edito Dans un contexte marqué par une relative impuissance vis à vis des méthodes d’aide à la décision, la relance d’une approche « filière/méthode des effets » apparaît opportune. Pour les économies agricoles africaines ayant une contribution forte à la croissance et au développement de leur pays, cette double approche permet de donner aux responsables nationaux des outils et des cadres de pilotage, de suivi et d’ajustement, analytiques et synthétiques ; elle offre un cadre propice pour la mise en place d’un double partenariat : interne au niveau des pays concernés entre les « décideurs » et les opérateurs, dont les exploitants agricoles ; externe entre les bailleurs / donneurs et les agents de ces filières ; elle permet la mise en place d’un système d’information pertinent et efficace , fondé sur une information macro/méso/micro, facilement lisible par tout le monde, pouvant être enrichie et actualisée dans le cadre du fonctionnement courant de la filière ; elle peut ainsi constituer pour les opérateurs de la filière un outil de dialogue, de formalisation de politique contractuelle et donc de négociations, « privilège » qui doit être développé et élargi le plus possible aux agriculteurs. Cette approche peut et mérite d’être consolidée et enrichie à partir des nombreuses réflexions et expériences acquises dans le passé. Trois dimensions méritent d’être prises en compte et développées : intégrer la logique des exploitants agricoles qui n’est pas exclusivement déterminée par la logique produit ou l’organisation verticale ; prendre davantage en compte les implications macro économiques (budgétaires notamment) et les externalités de ces filières, en particulier celles relatives aux aspects environnementaux ; articuler et mieux coordonner les relations entre les approches filière et les politiques sectorielles et/ou structurelles (foncières, recherche,…) qui sont des variables fortes de la dynamique des filières. A ces conditions, le bien fondé de cette approche peut faire l’objet d’un consensus des principaux acteurs concernés de ces filières et des partenaires extérieurs. Cependant, ce consensus n’est pas automatique ; il demande un travail de persuasion : pour convaincre les partenaires nationaux qu’un tel choix est probablement le seul moyen de disposer d’un système d’information de qualité (même si incomplet) et d’un outil de dialogue/concertation ; pour faire adhérer les partenaires extérieurs à l’idée que cette approche constitue le cadre de partenariat qu’ils recherchent pour améliorer l’efficacité de leur aide ; pour donner les moyens et le mandat aux cadres nationaux de maîtriser l’ensemble des méthodes et techniques et d’enrichir celles-ci. Pour l’IRAM et ses partenaires institutionnels, cette approche est l’occasion de poursuivre ses engagements à l’égard du monde rural et agricole en enrichissant et élargissant ses méthodes d’intervention. Elle l’amènera probablement à proposer des interventions plus diversifiées, s’adressant à l’ensemble des opérateurs des filières et des décideurs nationaux, mariant davantage les différentes compétences exercées par ses équipes et ses partenaires, à savoir : la formation des exploitants agricoles, la professionnalisation de leurs organisations, la maîtrise de l’analyse et de l’évolution de l’environnement technico-économique des filières, les discussions et la formalisation des politiques agricoles, l’apprentissage du dialogue et de la négociation entre décideurs et opérateurs. Jean-Pierre Lemelle Fondé de pouvoir AFD, en poste auprès de la Direction Stratégie/Service des Evaluations de l’AFD Depuis près de 50 ans, l’Iram appuie le développement des pays du Sud, avec une expérience prépondérante dans le secteur rural, sous différentes formes : participation directe à des actions de développement, réalisation d’études, organisation d’actions de formation … Soucieux d’apporter une expertise de qualité, l’Iram a, tout au long de ces décennies, cherché à tirer les enseignements des prestations fournies, en articulant selon diverses modalités « l’action » et « la réflexion » : organisation de journées d’études, publication d’ouvrages et articles, rédaction de documents de capitalisation, … Les « Notes thématiques » constituent l’une des manifestations de cette composante, fondamentale, de notre activité. Publiées 2 fois par an, elles ont pour objectif de proposer, sur l’un des thèmes de travail de l’Iram, une analyse combinant les enseignements de notre expérience et des réflexions plus théoriques menées dans différents cercles (recherche, bailleurs de fonds, réseaux d’opérateurs, OSI…). L'ANALYSE DE FILIERES ET LES ENJEUX ACTUELS DES POLITIQUES AGRICOLES Institut de Recherches et d’Applications des Méthodes de Développement Note thématique n° 2 49, rue de la Glacière 75013 Paris France • Tél. : 33 (0)1 44 08 67 67 • Fax : 33(0)1 43 31 66 31 • iram@iram-fr.org • www.iram-fr.org L’analyse de filière a-t-elle quelque chose de nouveau à nous apprendre ? Benoît Faivre Dupaigre L’analyse de filière est présentée comme une spécificité française. De fait, elle est souvent marginalisée parce que jugée peu crédible au regard des critères habituels de notoriété. En France même, elle est un peu déconsidérée parce qu’elle évoque un passé où l’utilisation des mathématiques en économie se bornait le plus souvent à l’algèbre linéaire des matrices de comptabilité nationale. Mais peut-on aller au-delà de l’image démodée, pour questionner les apports de l’approche filière par rapport aux enjeux actuels et par rapport à d’autres méthodes ? Rationalité individuelle et avantage collectif Revenons aux fondements de toute méthode d’évaluation économique : c’est parce que la simple mesure du bénéfice individuel ne rend pas compte du bénéfice global que l’on doit mettre en œuvre des méthodes d’évaluation étendues à l’ensemble de l’économie. En effet, seuls deux modèles économiques idéaux assurent le lien parfait entre représentations micro-économiques et macro-économiques en garantissant que la réalisation par un individu de son plan de production optimum conduit à la réalisation de l’optimum macro-économique, et qu’inversement, la recherche de l’optimum macro conduit à la maximisation de la satisfaction individuelle. Il s’agit de la concurrence et de la planification centralisée parfaites qui offrent cette particularité théorique d’assurer la coïncidence de la maximisation du bénéfice social et du bénéfice individuel. Mais c’est bien en raison de l’absence, dans la réalité, des conditions de la concurrence parfaite –la question n’est plus d’actualité pour la planification centralisée - que l’on doit revenir à l’analyse détaillée des rapports entretenus par les opérateurs. Lorsqu’on cherche à mesurer l’impact économique global d’un investissement individuel ou collectif, on met en œuvre des méthodes d’évaluation économique qui possèdent toutes la propriété d’intégrer dans le calcul du bénéfice social, les avantages et coûts liés aux défaillances du marché. On ne peut donc pas se fonder sur le système de prix en vigueur et sur la simple analyse financière d’un segment d’une filière concerné par une mesure politique ou un investissement pour évaluer la contribution de ce segment à la richesse collective. Se démarquer de l’approche par les prix de référence La méthode des prix de référence évalue le surplus du consommateur et le profit global sur la base des prix d’équilibre théoriques (les fameux prix de référence) alors que la méthode des effets – qui correspond mathématiquement, par dualité, à la précédente – calcule les avantages et les coûts pour tous les agents aux prix courants. Toutes deux intègrent dans la description de l’impact économique global l’ensemble des défaillances de marché au niveau micro. Mais les tenants de la méthode des effets reprochent à la méthode des prix de référence de recourir trop facilement à des conventions de calcul contestables et de rendre difficilement compte pour les acteurs pris individuellement, des conséquences des défaillances. Rappelons la spécificité de l’analyse filière héritée de la méthode des effets. En premier lieu c’est une méthode positive, dans la mesure où elle rend compte de la réalité constatée sans recours à des interprétations telles que l’établissement de prix de référence dont la signification est toujours sujette à caution. Elle permet de bien isoler la situation de chaque type d’acteur économique et de présenter facilement les bénéfices et les coûts d’une mesure sur les différents acteurs qui opèrent dans la filière. En cela elle est originale : elle met en évidence les Les principes de la méthode d’analyse des filières La filière : un mode de représentation La filière doit être considérée comme un mode de représentation d’un processus de production, un modèle d’explication de l’organisation des flux de matière et d’argent et des acteurs centré sur les relations d’interdépendance et les modes de régulation (Fabre 1994) La conservation du produit Le long de la filière, le produit se conserve en volume : « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Tout volume entrant au niveau d’un opérateur de la filière doit se retrouver en sortie, même sous des formes très différentes. Un minotier par exemple achète du blé et vend de la farine, de la semoule, du son etc. dont la masse totale est égale à celle du blé acheté. La décomposition du prix Le prix uploads/Finance/ ote-thematique-n-0-2-j-a-n-v-i-e-r-2-0-0-6.pdf

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  • Publié le Aoû 11, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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