Philippe Chantepie et Thomas Paris Économie du cinéma Copyright © La Découverte

Philippe Chantepie et Thomas Paris Économie du cinéma Copyright © La Découverte, Paris, 2021 ISBN papier : 9782348057847 ISBN numérique : 9782348057946 Ce livre a été converti en ebook le 17/02/2021 par Cairn à partir de l'édition papier du même ouvrage. Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre national du livre. http://www.editionsladecouverte.fr Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. Présentation Un siècle après sa naissance, le cinéma connaît une croissance régulière portée par de nouveaux marchés. Engagé dans une mutation numérique, il combine grande stabilité et profondes transformations. La production, malgré une internationalisation, n’a pas connu de bouleversement majeur. La distribution a composé avec l’arrivée des géants du numérique, les GAFAN, qui a accompagné le développement de nouveaux modèles économiques et de nouveaux modes de consommation (abonnement illimité) qui se superposent aux autres formes de consommation, comme la salle. Stratégique sur les plans culturel, commercial et diplomatique (soft power), le cinéma a toujours fait l’objet d’une attention des pouvoirs publics. Sa régulation doit s’adapter à un contexte évolutif et à une concurrence internationale, où l’importance du cinéma américain est confrontée à un monde plus polycentrique. L’économie de ce secteur majeur et mondial et ses enjeux contemporains sont ici décryptés. Les auteurs Philippe Chantepie Philippe Chantepie est inspecteur général au ministère de la Culture, chercheur associé à la chaire Innovation et régulation des services numériques (École polytechnique, Télécom ParisTech, Orange). Il a publié Économie des industries culturelles (avec A. Le Diberder, 2019, 3e éd.) et Jeux vidéo, l’industrie culturelle du XXIe siècle ? (avec P.-J. Benghozi, 2018). Thomas Paris Thomas Paris est chercheur au CNRS, professeur affilié à HEC Paris, directeur scientifique du master spécialisé MAC (Médias, Art, Création) à HEC. Docteur en gestion, il est spécialisé dans l’économie et le management des industries de la création. Il a notamment publié Manager la créativité (2010). Table des matières Introduction I / Une filière de production stable Les caractéristiques d’une économie de la création De la création à la production du film Copyright et droit moral, et l’affaire Asphalt Jungle La production Le greenlighting II / L’exploitation du cinéma : de la salle au multicanal Le lien stratégique production-distribution Électronique grand public et marchés bifaces Pixar La diversification des recettes des films Le cas Betamax (Sony Corp. of America vs Universal City Studios, Inc., 464 U.S. 417) (1984) La différenciation des modes de consommation La montée en gamme des salles HBO et Canal +, archétypes des chaînes payantes Abondance, prescription et accélération III / Financement et régulation du cinéma Les modes de financement du cinéma La régulation temporelle : la « chronologie des médias » Les interventions publiques Les justifications de l’intervention publique en faveur du cinéma Le système de financement public et d’aides publiques en France Des politiques fiscales déterminantes IV / Les dynamiques du marché mondial Une domination américaine maintenue, mais en doute Hollywood, Pentagone et Washington Une défense européenne régulière Le modèle britannique du cinéma L’entrée de la Chine dans la compétition internationale Des cinémas singuliers : le Japon et la Corée du Sud Le Kofic (Korean Film Council) L’Inde et l’Afrique, des pôles continentaux ? V / Les enjeux contemporains Les défis du numérique : transition et nouvelle donne Les nouveaux entrants : Netflix et les autres Les « OTT » (over the top) Les stratégies (numériques) des groupes médias mondiaux Des mutations de l’offre et des consommations The Walt Disney Company, première major mondiale de divertissement Le cinéma face à la crise de la Covid-19 Conclusion Repères bibliographiques L Introduction e 28 décembre 2020, le cinéma a fêté ses cent vingt-cinq ans. Un âge honorable pour une forme artistique qui a résisté à bien des évolutions technologiques ou sociologiques. Il faut se souvenir que la première séance publique payante, dans le Salon indien du Grand Café, marquait certes l’invention du modèle de consommation du cinéma, mais concrétisait des années d’invention autour de l’image animée. Cent vingt-cinq ans plus tard, si le cinéma perdure dans sa forme historique, l’image animée a envahi nos vies et c’est un contexte tout autre qui suscite d’énormes interrogations sur son évolution, suggérant qu’il est à un moment charnière de son histoire. Le 28 décembre 1895 marquait aussi le mariage, le premier qui prospéra, de la consommation collective d’une œuvre artistique et de sa reproduction. La reproduction de l’œuvre l’avait fait entrer dans l’ère de son accessibilité au peuple [Benjamin, 1936] [*] . Avec le cinéma, l’œuvre devint durablement accessible dans sa consommation collective, ouvrant la possibilité au développement d’une forme artistique populaire. Le cinéma le fut dans les pratiques de consommation et devint l’un des plus ouverts en matière de diversité des publics, jusqu’à l’avènement de la radio et de la télévision. La télévision introduisit une concurrence sur la diffusion des films et installa une cohabitation avec les salles, qui se construisit sur les spécificités des deux médias, selon leurs coûts comme selon leurs modalités de consommation. Elle ouvrit l’entrée du cinéma dans une deuxième ère : la séparation d’un contenu — le film — et de son support d’origine — la salle — au profit d’une multitude de canaux et d’acteurs de distribution et diffusion. Cette séparation se traduisit par la démultiplication des débouchés possibles pour les producteurs de films et, paradoxalement, par la montée d’un risque d’asservissement. Si les contenus se sont toujours adaptés au média, la multiplication des médias ne fut pas seulement une opportunité de nouvelles diffusions. Elle impliquait une transformation des équilibres économiques du cinéma, le faisant entrer dans une ère d’instabilité, au gré de l’apparition et du développement des nouvelles formes de consommation. L’économie du cinéma est spécifique et a fait l’objet de travaux depuis longtemps [Mercillon, 1953 ; Bonnell, 1978 ; 1986 ; Gomery, 1987 ; Benghozi, 1989 ; Creton, 1994]. Elle relève d’une économie de la création, avec ses caractéristiques structurelles : place des talents, incertitude, cohabitation de grandes entreprises en situation de quasi-oligopole et de petites sociétés, concentration de la consommation… Elle résulte de la rencontre de deux économies très différentes, celle de la production et celle de la diffusion. Elle implique toujours un intérêt important des pouvoirs publics, qui prend des formes différentes selon les pays, du fait de la dimension culturelle du cinéma et de sa capacité à porter un soft power. L’économie du cinéma construisit ses équilibres de manière évolutive et adaptative pendant plus d’un siècle, sans que soient jamais remises en cause ses caractéristiques structurelles… jusqu’à l’arrivée du numérique. D’abord invisible, le numérique se contenta de transformer la pellicule en pixels, revivifia la longue histoire de la 3D, opéra le basculement de la projection analogique à la projection numérique. Ces pixels furent des chevaux de Troie. Car, plus largement, le numérique a entraîné le cinéma dans une transformation de son économie, et amené de nouvelles formes de consommation, à domicile et sans contrainte de temps, et une globalisation de la diffusion. Ces mutations en cours redéfinissent l’économie du cinéma. Le cinéma est un art, cela ne fait plus de doute. C’est aussi, disait Malraux, une industrie. C’est cette industrie mondiale qui est présentée ici, dans sa singularité et dans ses enjeux contemporains. Alors qu’il a semblé résisté à de nombreuses transformations, sociologiques ou technologiques, le cinéma semble aujourd’hui être face à un véritable tournant. La place privilégiée de la salle peut-elle être remise en cause ? Les films vont-ils pâtir de la concurrence des séries ? Les industries nationales peuvent-elles résister à la mondialisation accélérée ?… Ces questions et tant d’autres sont au cœur d’une transformation sourde qui interroge les fondamentaux de l’économie du cinéma. Deux anniversaires Le 125e anniversaire du cinéma correspond au premier de la Covid-19, qui a eu un effet considérable sur la production, la distribution des films, les marchés internationaux, l’exploitation en salle, les modes de consommation. Sans pouvoir apporter de réponses définitives, les analyses présentées ici peuvent se lire avec des effets d’amplification, d’accélération, de stabilité aussi de certaines structures du secteur (voir encadré en fin de chapitre V). Cet ouvrage a vocation à présenter les caractéristiques structurelles de l’économie du cinéma, et la manière dont elles sont impactées par les transformations en cours. Sans nier l’importance d’autres modèles industriels, il s’appuie principalement sur les exemples américain et français, parce qu’ils proposent deux modèles contrastés, et parce qu’ils ont une place à part dans l’histoire du cinéma. L’organisation de l’ouvrage est construite comme un scénario de film. Il débute par la présentation du personnage principal, la production, cœur de l’activité et son élément le plus stable. Il relate ensuite son histoire au gré de l’évolution des formes d’exploitation. Puis il introduit les forces uploads/Finance/ philippe-chantepie-amp-thomas-paris-e-conomie-du-cine-ma.pdf

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  • Publié le Fev 17, 2021
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
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