2 Petit manuel de politesse et de savoir-vivre à l'usage de la jeunesse Quéroll
2 Petit manuel de politesse et de savoir-vivre à l'usage de la jeunesse Quérolle Bernardin-Béchet et fils, Libraires-Editeurs, Paris, 1866 3 PETIT MANUEL DE POLITESSE ET DE SA VOIR-VIVRE La civilité consiste à bien régler ses discours et ses actions. 2. Celui qui ne connaît pas les règles de la civilité manque souvent aux usages reçus dans le pays où il se trouve, et devient par là l’objet du mépris général. 3. V eiller sur toutes nos actions, éviter avec soin de mettre nos défauts en évidence, être indulgent pour les défauts d’autrui, avoir pour chacun les égards qui lui sont dus suivant son âge et sa condition, donner à tout le monde des marques d’une bienveillance sagement entendue : voilà ce que la civilité, ou si l’on veut, la politesse, exige plus particulièrement de nous. 4. « La politesse, dit La Bruyère, est une certaine attention à faire pour que, par nos discours et par nos actions, les autres soient contents de nous et d’eux-mêmes. » 4 Elle est le supplément de beaucoup de vertus, puisqu’elle s’oppose souvent à nos démarches, nous fait renoncer à nos mauvaises habitudes, mesurer nos discours, et donner à nos actions un but utile au prochain. 5. On distingue deux sortes de politesse : l’une, celle du cœur, qui dérive de vertus chrétiennes ou morales (l’humilité, la charité, la modestie et la bienveillance) : l’autre, celle d’apparence, qui a sa source dans l’amour-propre, la vanité et l’intérêt. 6. L ’homme que la vertu rend poli, ne fait jamais rien de désobligeant ; il sent tout ce qui lui manque, et par cette raison, il est très modeste, extrêmement indulgent pour autrui, et très sévère pour lui-même. Sa bienveillance le porte à excuser les autres, à leur trouver du mérite et à les servir de tout son pouvoir, quelque soit leur rang ou les circonstances où il les voit placés. 7. L ’homme poli par calcul, est vain, présomptueux, égoïste ; il n’aime, n’estime et n’oblige personne que par intérêt. Ses protestations d’amitié, ses attentions, ses prévenances, sont autant de grimaces qui n’offrent qu’un simulacre de politesse. 8. Ce n’est sans doute pas ce dernier qu’il faut chercher à imiter ; mais quelque méprisable qu’il soit, sa présence est moins dangereuse, moins insupportable que celle d’un enfant grossier, brusque et malpropre. 9. Un auteur estimable a dit : « dans ce siècle poli, la grossièreté est le premier des défauts ; il faudrait un mérite bien supérieur pour se la faire pardonner. La politesse, au contraire, forme seule une recommandation, elle tient lieu de bien de talents : on aime à voir dans les jeunes gens une perfection qui honore toutes les conditions de la vie et qui embellit également 5 tous les âges. » ⁂ Du lever, de la prière et des soins commandés par la propreté, au commencement du jour ; du coucher. La civilité nous impose des devoirs pour chaque instant du jour ; elle s’étend sur toutes nos actions, à commencer par le lever. 2. Le premier soin d’un enfant, avant de se lever, doit être d’offrir son cœur à Dieu, de lui demander qu’il veuille bien répandre sur lui ses bénédictions pendant le cours de la journée, afin qu’il remplisse exactement tous les devoirs qui lui sont imposés, et qu’il se corrige des défauts auxquels il est le plus enclin. 3. Il doit, après avoir payé à Dieu ce premier tribut d’hommages et de reconnaissance, se lever promptement et s’habiller avec toute la décence possible. 4. Ayez soin de vous laver la figure, les yeux, la bouche et les mains ; de vous frotter les oreilles, de vous peigner, couper les ongles, nettoyer les dents, de brosser vos habits, de n’avoir ni 6 trou ni tache sur vos vêtements, d’avoir vos bas bien tendus, vos souliers propres et enfin d’être vêtu de manière à donner bonne opinion de vous. 5. Rien ne contribue davantage à la conservation de la santé, que les soins que je recommande ici : l’enfant qui les néglige un jour, n’inspire que le dégoût, et donne de lui une si mauvaise opinion, qu’il est certain que le désordre de sa toilette sera regardé comme une suite de sa paresse, de ses autres défauts, ou des imperfections de son âme. 6. Lorsque vous serez habillé, vous irez souhaiter le bonjour à votre père et votre mère, vous informer de leur santé, écouter attentivement les ordres qu’il leur plaira vous donner, et les exécuter ensuite très ponctuellement, soit que ce qu’ils vous ordonneront vous paraisse agréable ou pénible. Du coucher. 8. L ’heure du coucher étant arrivée, après avoir obtenu de vos parents la permission de vous retirer, faites votre prière, comme le matin ; déshabillez-vous décemment ; pliez et placez vos habits avec ordre et propreté. 9. Couchez-vous ensuite sur le côté droit, et non pas sur le ventre ou sur le dos, cela étant nuisible à la santé et entretenez votre esprit de tout ce que vous aurez fait pendant le jour. 10. Si vous vous rappelez quelqu’action blâmable, demandez- en sincèrement pardon à Dieu, et promettez-lui bien de ne plus commettre la faute que vous auriez à vous reprocher. ⁂ 7 Comment il faut se conduire à l’église. Dans une église vous êtes plus particulièrement en présence de Dieu, et vous ne sauriez y être avec assez de respect et d’humilité ; que votre maintien soit donc humble et que votre attention ne se partage pas avec tout ce qui peut se passer autour de vous. 2. Si vous entendez la messe, si vous assistez à quelques cérémonies religieuses, priez Dieu à voix basse, afin de ne pas interrompre ceux qui vous avoisinent. Gardez-vous bien surtout de jaser ou de paraître vous occuper de toute autre chose que de votre prière, car alors le scandale que vous causeriez vous rendrait inexcusable. 3. Lorsque vous assistez au prône ou au sermon, écoutez attentivement le prédicateur : faites que rien de ce qu’il dira ne vous échappe, afin de vous conformer à ce qu’il vous prescrira au nom du Seigneur qu’il représente sur la terre. 4. Toutes les fois que vous entrez à l’église, vous devez prendre de l’eau-bénite du bout du doigt, en mettre sur votre front, et faire ensuite le signe de la croix. 5. Si vous rencontrez dans la rue le saint Sacrement, découvrez-vous, fléchissez le genou, et courbez humblement la tête et le corps, jusqu’à ce qu’il soit éloigné d’une vingtaine de pas. 6. V ous apprendrez, en étudiant le catéchisme, tout ce qu’il 8 importe que vous sachiez touchant les mystères de notre sainte religion. ⁂ Des devoirs envers le prochain. « Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qui vous fût fait. » « Faites à autrui tout le bien que vous voudriez qu’on vous fît. » 2. Par un de ses commandements, Dieu nous ordonne d’aimer notre prochain comme nous-mêmes ; comment oseriez-vous manquer à votre devoir envers vos semblables ?… Soyez indulgent pour les fautes d’autrui ; vous aurez souvent besoin qu’on vous pardonne. 3. N’imitez ces enfants mal élevés, qui s’amusent du spectacle humiliant qu’offre celui qui a perdu la raison par un excès de vin, ou de toute autre liqueur spiritueuse. Plaignez au contraire celui de vos semblables qui s’est ainsi placé au rang des animaux. 4. Ne raillez pas votre prochain sur les défauts dont il n’est pas maître de se corriger. Rappelez-vous qu’il arrive souvent que les imperfections du corps sont compensées (dans les sujets mal conformés, laids, boiteux ou bossus) par quelques bonnes qualités du cœur ou de l’esprit. 9 5. Par cette raison, les personnes ainsi maltraitées de la nature, se font presque toujours rechercher, alors qu’on fuit le plus beau jeune homme, la plus jolie demoiselle que souvent un sot orgueil et de mauvaises façons rendent insupportables. 6. Gardez-vous bien de contrefaire les paroles ou les gestes de quelqu’un. Celui dont vous vous moquez, s’il venait à le savoir, en serait plus offensé que du discours le plus injurieux que vous auriez pu tenir contre lui. 7. Secourez votre prochain, compâtissez à ses maux, consolez- le dans ses infortunes ; cette conduite sera pour vous une source de bénédictions. 8. Si vous donnez l’aumône à un autre, ne le faites pas repentir par votre brusquerie, de vous l’avoir demandée. Combien n’est- il à plaindre ce malheureux, obligé par l’infortune ou les infirmités de venir tendre la main à ses semblables ? ⁂ Des devoirs envers les Parents, les Maîtres et les Supérieurs. Soyez respectueux avec vos supérieurs, respectueux, soumis, reconnaissant et attaché à vos maîtres : respectueux, soumis, reconnaissant, attaché et dévoué à vos père et mère et à vos 10 bienfaiteurs. 2. V os père et mère tiennent auprès de vous la place de Dieu sur la terre ; ils ont soigné votre enfance, veillent à votre éducation, travaillent sans cesse pour rendre moins pénible votre passage dans ce monde, en vous ménageant un avenir heureux ; uploads/Finance/ petit-manuel-de-politesse-et-de-savoir-vivre-a-l-x27-usage-de-la-jeunesse-texte-entier.pdf
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- Publié le Nov 14, 2021
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