Le travail ► Comment définir le travail ? Étymologiquement : tripalus, une mach
Le travail ► Comment définir le travail ? Étymologiquement : tripalus, une machine formée de trois pieux, permettant de tenir les bœufs pour leur imposer le joug. Au sens large : toute tâche qui nécessite un effort suivi, qui est accomplie de manière contrainte (au moins autocontrainte) et qui donc implique une certaine peine Au sens restreint : une telle tâche dans la mesure où elle apporte des revenus (=la profession). ► Problématiques : Le travail n’est-il qu’un moyen pour satisfaire nos besoins et désirs extérieurs au travail ? Le travail n’est-il pas une activité par laquelle l’homme peut s’accomplir individuellement et socialement, donc une activité essentielle au bonheur ? Bref, que peut-on espérer en matière de travail ? I - Le travail comme tâche servile pour satisfaire nos besoins 1.1 La conception commune et son origine biblique Le travail ne serait qu’un moyen pour satisfaire nos besoins, donc pour atteindre une fin extérieure à lui. Donc, si nous pouvions trouver un moyen qui nous dispense de travailler et qui nous évite cette peine pour vivre, nous nous en passerions bien. Cette conception est d’origine biblique. ➔ La nécessité de travailler provient d’abord une contrainte imposée de l’extérieur : elle ne vient pas de soi. Le péché originel L'homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n'en avaient point honte. Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que L'éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme: Dieu a-t-il réellement dit : vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin? La femme répondit au serpent : nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : "vous n'en mangerez point et vous n'y toucherez point, de peur que vous ne mouriez". Alors le serpent dit à la femme : "vous ne mourrez point ; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal". La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence ; elle prit de son fruit, et en mangea ; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d'elle, et il en mangea. Les yeux de l'un et de l'autre s'ouvrirent, ils connurent qu'ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s'en firent des ceintures. Alors ils entendirent la voix de l'Eternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l'homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l'Eternel Dieu, au milieu des arbres du jardin Mais l'Eternel Dieu appela l'homme, et lui dit : Où es-tu? Il répondit : j'ai entendu ta voix dans le jardin, et j'ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. Et l'Eternel Dieu dit : Qui t'a appris que tu es nu. Est-ce que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger ? L'homme répondit : la femme que tu as mise auprès de moi m'a donné de l'arbre, et j'en ai mangé. Et l'éternel Dieu dit à la femme : pourquoi as-tu fait cela? La femme répondit : le serpent m'a séduite, et j'en ai mangé. L'éternel Dieu dit au serpent : puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre tons les animaux des champs, tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras de la poussière tons les jours de ta vie. Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon. Il dit à la femme : J'augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. Il dit à l'homme : puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l'arbre au sujet duquel je t'avais donné cet ordre : tu n'en mangeras point ! Le sol sera maudit à cause de toi. C'est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l'herbe des champs. C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière. Avant la Chute Après la Chute Nature Nourricière Nature Hostile Oisiveté Travail Ignorance Connaissance Nudité (innocence) Vêtement (honte) Bonheur Malheur Éternité Mort À l’inverse, les tâches qui mettent en œuvre nos fins et nos capacités intellectuelles et morales sont considérées comme nobles : Politique, Fin : la justice (le bien commun) & Moyen : la réflexion et le débat. Philosophie (comprendre les sciences), Fin : la connaissance. & M oyen : la réflexion ➔ Aristote distingue plus précisément les activités en deux genres selon le rapport qu’elles ont à leur but : La poiesis (« production ») : la fin (le produit) est extérieur, séparable de l’activité elle-même et de l’agent. L’activité tire sa valeur de celle de son produit. Exemple : l’artisanat La praxis : la fin est interne à l’action, n’en est pas séparable. L’activité a sa valeur en elle-même. Exemple : l’activité intellectuelle purement théorique Transition : Le travail est selon Aristote une simple poïesis, donc n’a pas de valeur en soi. Mais cela est discutable. Le travail n’a-t-il pas aussi une valeur en lui-même? N’est-il pas aussi ce par quoi nous nous accomplissons en tant qu’être humain ? Dans le cas d’Adam, la peine du travail n’est liée qu’aux contraintes naturelles et techniques (travail autarcique). Mais lorsque le travail n’est plus autarcique (dans une économie d’échange), alors s’ajoutent à ces contraintes les contraintes sociales : liées à l’échange du fruit du travail (les clients), à la hiérarchie (cadres) et au salariat (contraintes patronales). 1.2 Le travail renvoie à notre animalité : il faut le laisser aux « machines animées » : les esclaves par nature (Aristote) Économie grecque : la production est domestique et assurée par les esclaves. Le travail est considéré comme une tâche ingrate, servile par nature, son but est de satisfaire les besoins (fin) : renvoie à notre dimension animale (notre corps). Pour cela, le travail repose d’abord sur l’activité physique (moyen) : le travail est d’abord travail manuel. II - Le travail comme moyen d’accomplissement de soi 2.1 Le travail est aussi un travail sur soi, par lequel l’homme façonne sa propre personne, se cultive Il fournit un ensemble d’expériences qui nous transforme profondément, nous enrichit ➢ Tous les travaux exigent acquisition de compétences : physiques / intellectuelles / morales (ex: persévérance) ➢ La production (même manuelle) n'est généralement pas une activité accomplie de manière machinale : y entre de la réflexion (technicienne). Ex : le raisonnement technique (trouver le moyen le plus efficace, le moins coûteux…) ➢ Une expérience sociale : au sein d’une entreprise (intégration dans un milieu social), en dehors de l’entreprise (par le statut). 2.2 Le travail peut aussi être une praxis Le but du travailleur n’est pas nécessairement que l’obtention de revenus : Il peut aussi trouver intérêt dans l’exercice même de son travail. Le travail peut aussi être une praxis : une activité qui a une valeur en elle-même. Exemple : le but de l’entrepreneur peut être (outre les revenus) le simple fait de bien gérer son entreprise, qu’il peut considérer comme un bien en soi. 2.3 Le travail comme devoir (Kant) • Devoir pour être heureux : travailler contre l’ennuie • Devoir moral : se laisser aller à la paresse, c’est une faute morale ➢ Faute envers la société : les hommes ne pourraient satisfaire leurs besoins si personne ne travaillait. Cf. critique de la « fraude sociale » à droite. Critère du bien et du mal selon Kant : mon action peut-elle être universalisée, généralisée à l’humanité entière ? Si non, alors elle est immorale. Si oui, alors elle est morale. Impératif catégorique (1):« Agis seulement d'après la maxime dont tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle » ➢ Faute envers nous-mêmes : Être paresseux = sacrifier ses talents, faculté pour satisfaire notre désir de paresse. Au contraire, respecter sa propre personne, c’est prendre soin de soi et développer nos facultés. Impératif catégorique (2) :« Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme un moyen » Transition : le travail dans notre société est-il vraiment source d’épanouissement ? Le devoir de travailler est-il vraiment justifié par la raison ? N’est-ce pas une idéologie au service du patronat ? III - Le travail dans la société moderne : une nouvelle forme de servitude ? Le travail dans nos sociétés voit ses uploads/Finance/ philo-cours-travail.pdf
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- Publié le Jul 10, 2021
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