LA PREDICTION DE FAILLITE DES ENTREPRISES TUNISIENNES PAR LA REGRESSION LOGISTI
LA PREDICTION DE FAILLITE DES ENTREPRISES TUNISIENNES PAR LA REGRESSION LOGISTIQUE Hamadi MATOUSSI & Rim MOUELHI Institut Supérieur de Comptabilité et d'Administration des Entreprises (ISCAE) Rue des entrepreneurs Z.I. Charguia II 2035 Tunis / Tunisie Fax: 216 – 1- 701 270 Sayah SALAH Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales (ESSEC) 6 Rue Abou Zakaria El Hafsi Montfleury 1089 Tunis / Tunisie Fax: 216 – 1- 33 35 18 ABSTRACT : In this paper we attempted to modelize the probability of corporate failure from a sample of Tunisian firms. Our results suggest a good rate of classification either in the original sample (87% two years before and 91% one year before the failure) and in the control sample (94% one year before the failure). We can stress by the way the importance of cash, solvency and working capital ratios in the formation of failure probability, which is consistent with the classic financial analysis. RESUME : Nous avons cherché dans ce papier à modéliser la probabilité de défaillance des entreprises tunisiennes au terme d'une regression logistique. Il ressort des résultats obtenus un taux de bon classement des entreprises dans leur groupe d'origine de l'ordre de 87% deux ans avant et de 91% un an avant la défaillance. Ce taux est de l'ordre de 94% dans l'échantillon de contrôle. Nous soulignons, par ailleurs, le poids des ratios de trésorerie, de solvabilité, d'équilibre et d'autonomie financière dans la détermination de la probabilité de défaillance ; ce qui est conforme à l'analyse financière classique basée sur la méthode des ratios. halshs-00587769, version 1 - 21 Apr 2011 Manuscrit auteur, publié dans "20ÈME CONGRES DE L'AFC, France (1999)" 1 I – INTRODUCTION La pratique des affaires montre que toutes les entreprises connaissent à un moment ou un autre des difficultés. Celles qui s'y prennent tôt s'en sortent généralement sans grand dégât ; en revanche, celles qui ne s'en rendent pas compte suffisamment tôt ou ne prennent pas les mesures qui s'imposent en restent là. En effet, la défaillance des entreprises n'est pas un événement surprise mais obéit à un processus qui s'étale dans le temps des premières difficultés économiques jusqu'aux difficultés financières, la faillite étant la conséquence d'une cessation de paiement. Si l'entreprise réussit à prendre conscience de ses difficultés suffisamment tôt, elle pourrait envisager des solutions de rechange (allant des simples recettes appropriées à la situation jusqu'à la révision de sa position stratégique) ; d'où l'importance de la prévision. Les états financiers synthétisent généralement la situation financière de l'entreprise à un moment donné. L'analyse financière permet de diagnostiquer sa santé financière à partir d'indicateurs (ratios). Ainsi, une bonne analyse financière peut renseigner à l'avance sur les symptômes des difficultés potentielles, voire sur le risque de faillite. En effet, lorsque les difficultés financières sont prégnantes, il est souvent trop tard pour réagir. C'est la raison pour laquelle il est important de comprendre le plutôt possible les signaux faibles des difficultés. C'est l'objet des modèles de prévision des difficultés d'entreprise. La recherche en la matière a montré dès les années 1960 qu'en analysant les causes de la défaillance des entreprises, il est possible de la prédire suffisamment à l'avance grâce aux modèles de prévision de la défaillance. Depuis, ce domaine n'a cessé de susciter l'intérêt des chercheurs et des praticiens. Cet intérêt grandissant peut s'expliquer par l'enjeu du phénomène de faillite. En effet, la faillite des entreprises génère des coûts énormes pour tous les agents économiques et pour la société en général. La prévoir à l'avance pourrait la prévenir et éviter ses conséquences. C'est la raison pour laquelle la demande des modèles de prévision n'a cessé de halshs-00587769, version 1 - 21 Apr 2011 2 croître aussi bien de la part des banquiers, des dirigeants d'entreprises, des gestionnaires de portefeuilles que des autorités publiques. Cette question a été analysée d'une manière intense dans les pays développés. En revanche, le terrain reste encore vierge dans les pays en développement1. Pourtant, le besoin est plus fort étant donné la fragilité du tissu industriel et l'implication de l'Etat d'une façon directe (à travers les entreprises publiques) ou indirecte (à travers le système fiscal et financier). La Tunisie a engagé dès les années 1970 une action de soutien aux entreprises à travers le système fiscal et le système financier2. Des fonds de promotion de l'industrie (FOPRODI), de l'artisanat (FONAPRAM) et des exportations (FOPROTEX) ont été créés pour aider à la création d'entreprises. Ces actions ont évidemment contribué au développement des entreprises existantes et la création de nouvelles entités. Cependant, on assistait à des entreprises fortement endettées et de plus en plus déficitaires, surtout parmi les entreprises publiques. Pour faire face à cette dégradation du système économique et la multiplication des entreprises en difficultés, les autorités publiques ont entrepris, sous la recommandation du FMI, des réformes fiscales, monétaires et du marché financier et se sont engagés dans une action de privatisation. Une loi a même été votée (Loi 95-34 du 17/4/1995 relative au redressement des entreprises en difficultés économiques) pour réglementer les entreprises en difficultés. Néanmoins aucune étude sérieuse n'a été menée pour tenter de prévoir la faillite des entreprises tunisiennes. C'est donc pour répondre à cette carence que nous avons entrepris cette étude. Plusieurs aspects seront abordés. Après une analyse de la notion et des causes de la défaillance des entreprises (section II), un rappel des principales études et de leurs conclusions fera l'objet de la section III. Les sections IV et V seront consacrées à la méthodologie suivie, aux tests effectués et aux résultats obtenus. Enfin nos conclusions feront l'objet d'une dernière section. halshs-00587769, version 1 - 21 Apr 2011 3 II – NOTION ET CAUSES DE LA DEFAILLANCE Un examen critique des études menées sur la notion de défaillance montre une diversité assez marquée des terminologies retenues pour qualifier l'entreprise de défaillante. Certains auteurs considèrent comme défaillante l'entreprise définie comme telle par la loi. D'autres qualifient de défaillante l'entreprise à laquelle les organismes bancaires ont refusé l'octroi d'un crédit. Une troisième catégorie d'auteurs juge l'entreprise comme défaillante lorsqu'elle aura accumulé des pertes importantes. Ainsi, on voit que la notion de défaillance est assez vague et son domaine mérite d'être circoncis. A notre sens, la notion de défaillance recouvre au moins quatre dimensions : économique, financière, organisationnelle et juridique. D'un point de vue économique, l'entreprise devient défaillante lorsqu'elle n'arrive plus à écouler (ou à assurer) normalement ses produits (services), ce qui se manifeste par des pertes structurelles ou chroniques. En effet, une telle entreprise supporte plus de charges qu'elle ne génère de produits accumulant ainsi les déficits. Devenant non rentable, celle-ci ne contribue plus positivement à l'économie. Selon GRESSE (1994), le stade ultime de la défaillance économique est une valeur ajoutée négative. L'entreprise consomme alors des ressources au lieu d'en produire. D'un point de vue financier, l'entreprise est considérée comme défaillante lorsqu'elle ne peut plus honorer ses engagements et rencontre de sérieux problèmes de trésorerie. Cette situation est souvent conséquente à une situation de déséquilibre financier structurel mettant en cause sa solvabilité. Dans l'optique organisationnelle, la défaillance est la dégradation des structures et l'inadaptation aux contingences de l'environnement. C'est le résultat d'une perturbation de la structure organisationnelle de l'entreprise ou d'un dysfonctionnement au sommet ou à d'autres halshs-00587769, version 1 - 21 Apr 2011 4 niveaux de la hiérarchie. Une telle perturbation ou dysfonctionnement peut se répercuter sur la motivation et le rendement des employés3. Enfin et d'un point de vue juridique, une entreprise est défaillante lorsqu'elle se trouve en situation de règlement judiciaire. Ainsi, on voit que la défaillance est une notion assez large et qu'il est difficile de lui donner une définition précise. On pourrait être tenté de parler plutôt de degrés de défaillance. En réalité, la défaillance n'est pas un événement isolé qui survient brusquement comme une catastrophe naturelle, mais un processus complexe par lequel passe l'entreprise avant d'être déclarée en faillite. En effet, lorsque les difficultés financières sont prégnantes il est souvent trop tard pour réagir. En général, les difficultés financières sont précédées de difficultés économiques, qui sont elles-mêmes devancées par des difficultés organisationnelles (inadaptation aux contingences de l'environnement économique ou social). Cependant, même si la définition retenue pour la défaillance ne fait pas l'unanimité, les causes qui la génèrent sont généralement les mêmes. C 'est ce qui a poussé les auteurs à se pencher plutôt à analyser les causes de la défaillance que le concept lui-même. Ces derniers prétendent que la connaissance des causes de la défaillance permet de détecter les variables pertinentes et les modèles appropriés susceptibles de la prédire avec succès. Les études menées de par le monde mettent en relief deux principales causes de la défaillance : - Des causes micro-économiques dont l'origine est interne à l'entreprise. Il s'agit des faiblesses liées aux différents aspects de l'organisation (problème lié à la spécificité des actifs et responsable de l'augmentation des coûts de transaction – relation d'agence non arbitrée – asymétrie de l'information non résolue – climat social défavorable …). - Des causes macro-économiques qui sont d'origine externe à l'entreprise. Il s'agit des uploads/Finance/ prediction-faillit-entreprise.pdf
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- Publié le Mai 29, 2021
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