rapport d’activité 2011 Le 25 juin 1943, Ma petite chérie, J’espère que ce peti

rapport d’activité 2011 Le 25 juin 1943, Ma petite chérie, J’espère que ce petit mot te parviendra. Le monsieur qui te fixera un rendez-vous, c’est un ami, fais ton possible pour le joindre. Je ne te décrirai pas les moments d’angoisse que j’ai passés ici, mais je suis heureux que jusqu’à présent je ne t’ai pas vue arriver ici. J’espère que tu feras ce qu’il faut, je t’en supplie, pour éviter cela à tout prix. Je suis encore ici je ne sais pas pour combien de temps. Je ferai l’impossible pour m’accrocher encore, mais cela paraît presque impossible, à moins d’événements imprévus que nous attendons tous. En tout cas, si le destin nous sépare, ma chérie, sache que je partirai plein de courage et d’énergie, car je suis sûr que, maintenant, ce n’est plus pour longtemps. Ton image et celle de ma petite chou ne me quittent et ne me quitteront jamais, et mon amour pour vous deux me donnera la force de supporter et vaincre tous les obstacles et les épreuves qui m’attendent encore… Surtout, ma chérie, garde ton courage et ton moral pour moi. Je sais que tu dois passer des moments terribles. Surtout ne te laisse pas abattre et sois forte comme tu as été jusqu’à présent. Surtout fais attention. Je serai désespéré si je te vois arriver ici car je ne voudrais à aucun prix te voir arriver ici pour partager avec moi cette existence ignoble et affreuse… Surtout pour toi et pour notre Bichette chérie… La seule chose qui puisse peut-être me retenir ici, c’est un passeport roumain valable et un certificat de nationalité récent. Il faut absolument l’avoir d’urgence car je suis choisi déportable à la première déportation. Si tu as la possibilité, mon amour, apporte à mon ami pour le rendez-vous des cigarettes, tabac, et quelque chose à manger. Il s’en chargera. Tu peux avoir entière confiance en lui et si tu peux lui remettre les papiers roumains ainsi que l’adresse de Fima à Bucarest, de tes parents et la tienne si possible, que je puisse t’écrire s’il y a possibilité. Je te quitte, mon amour. J’espère quand même que le destin ne nous séparera pas pour longtemps. Mon amour pour toi me donnera les forces de tout supporter et toi, mon chou, je sais que tu es très courageuse et que tu tiendras pour moi. Embrasse ma Bichou chérie. Je te quitte, mon amour. Je t’adore et je lutterai jusqu’au bout pour toi. Ton Moustique 1 N ous avons eu la chance de connaître dix années relativement prospères, caractérisées par des rendements élevés de notre dotation et une capacité à répondre favorablement à la grande majorité des projets qui nous étaient soumis. Près de 170 millions d’euros ont ainsi été accordés depuis la création de notre Fondation, renforçant la place de l’histoire, de la mémoire, et de l’enseignement de la Shoah dans notre pays, élargissant les capacités des institutions sociales qui s’occupent des survivants de la Shoah en difficulté, accompagnant la mutation du paysage communautaire aujourd’hui, en particulier le développement de l’éducation juive. Les prochaines années s’annoncent plus complexes, tant du fait d’un environnement financier incertain que de l’écart qui s’élargit chaque année entre les demandes adressées à notre Fondation et ses ressources prévisibles. 2011 constitue à cet égard l’année la plus difficile que nous ayons eu à traverser. Il nous a fallu dès lors réaffirmer nos choix. Nous accordons ainsi une priorité claire à l’action de solidarité envers les survivants de la Shoah. Avec l’âge, ceux-ci connaissent des situations de plus en plus douloureuses, que nous nous efforçons de soulager, dans la mesure de nos capacités. Autre priorité, le soutien au Mémorial de la Shoah, en particulier pour le site de Drancy. Nous nous devions de pérenniser l’histoire et la mémoire du camp de Drancy, qui fut l’antichambre de la mort pour la grande majorité des 76 000 Juifs déportés de France. Grâce à Serge Klarsfeld, dont je salue par ailleurs la nouvelle édition, remarquable, du Mémorial de la Déportation des Juifs de France, il a été possible de construire un centre juste en face de la Cité de la Muette, dans lequel le Mémorial de la Shoah pourra accueillir notamment le public scolaire. Ces priorités n’empêcheront pas la Fondation de continuer à œuvrer dans ses autres champs d’action statutaires, en particulier la culture juive, afin de contribuer au rayonnement des valeurs du judaïsme. David de Rothschild, président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah Éditorial 2 D ans un environnement sensiblement plus compliqué, qui a rappelé à tous les dangers des idéologies de haine, nous continuons à œuvrer pour la mémoire de la Shoah et pour faire reculer l’antisémitisme. L’année 2011 a ainsi été pour notre Fondation une année riche en nouveaux projets, avec un niveau d’activité toujours élevé. Cela a été aussi une année marquée par un contexte difficile, avec notamment la nécessité impérieuse de devoir procéder à des arbitrages afin de garantir la stabilité de notre action à moyen et long terme. Anticipant sur cette évolution, nous avons lancé, à l’initiative de la commission financière, un audit de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, portant sur les exercices 2005 à 2010. Ce rapport d’audit, rendu au second semestre, a salué la qualité de la gestion de notre Fondation et la maîtrise de nos dépenses, notamment de fonctionnement. Il a aussi mis en exergue le niveau élevé de nos soutiens récurrents et le risque de voir se développer une tendance de dépenses qui dépasserait de manière structurelle les recettes. Il nous a également proposé de nombreuses pistes d’amélioration du fonctionnement de notre Fondation. Certaines ont déjà été mises en œuvre, en particulier le renforcement de nos procédures en matière de gestion financière et le recrutement d’un nouveau directeur administratif et financier. Nous avons eu ainsi le plaisir d’accueillir Patrick Benarouch en décembre 2011 à ce poste. D’autres améliorations restent à développer au cours des prochains mois et des prochaines années, car nous ne pouvons pas nous permettre de nous installer dans le confort illusoire des performances passées et de la routine. De manière générale, le maintien des standards de qualité et d’équité qui sont les nôtres continue de guider notre action quotidienne. C’est une exigence morale, étant donné l’origine de nos fonds, l’importance de nos missions et ce que nous devons à la mémoire des Juifs assassinés pendant la Shoah. Philippe Allouche, directeur général Poursuivre notre action par-delà les turbulences 3 La Fondation pour la Mémoire de la Shoah La création en 2000 de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah s’inscrit dans le cadre de la reconnais­ sance des responsabilités de la France dans la Shoah. Sa dotation initiale, de 393 millions d’euros, provient de la restitution par l’État et les institu­ tions financières concernées des fonds en déshé­ rence issus de la spoliation des Juifs de France. Avec les produits financiers de cette dotation, la Fondation subventionne, d’une part, le Mémorial de la Shoah, d’autre part, des projets qui per­ mettent d’élargir les connaissances sur la Shoah, de venir en aide aux survivants en difficulté, et de transmettre l’héritage de la culture juive. 4 Une fondation reconnue d’utilité publique Les projets soumis à la Fondation sont examinés par cinq commissions composées de personnalités qualifiées, bénévoles : Solidarité, Mémoire et Transmission, Histoire de l’Antisémitisme et de la Shoah, Enseignement de la Shoah, Culture juive. Les recommandations des commissions sont ensuite soumises au bureau puis au conseil d’administration de la Fondation. La commission financière veille à la préservation de la valeur de la dotation, donne son avis sur les projets les plus importants et définit les procédures de contrôle de l’emploi des fonds. Repères Depuis sa création, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah a financé plus de 2 200 projets. En 2011, plus de 8,3 millions d’euros ont été attribués à 217 projets. Évolution du nombre de projets traités par la Fondation Projets refusés ou sans suite Projets acceptés 245 80 218 95 217 86 2009 : 313 2010 : 325 2011 : 303 Projets refusés ou sans suite Projets acceptés 245 80 218 95 5 Un soutien permanent au Mémorial de la Shoah La Fondation finance plus de 80 % du budget de fonctionnement et d’investissement du Mémorial de la Shoah. En 2011, ce financement a représenté 7,1 millions d’euros, auxquels il convient d’ajouter des projets spécifiques comme le financement d’un programme de voyages à Auschwitz à destination des professeurs et des lycéens. Le Centre de Drancy, dont l’ouverture est prévue en 2012, est l’une des priorités de la Fondation, qui en financera le coût (en investissement et en fonctionnement). Ce lieu d’histoire et de mémoire, opéré par le Mémorial de la Shoah, accueillera des publics scolaires afin de leur expliquer l’histoire du camp d’internement de Drancy établi dans la cité de la Muette, située juste en face. Repères Cette année, la part consacrée au Mémorial de la Shoah représente 46 % des financements accordés par la Fondation pour la Mémoire uploads/Finance/ rapport-d-x27-activite-2011-fondation-pour-la-memoire-de-la-shoah.pdf

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  • Publié le Apv 15, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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