EDITORIAL La révolution est redevenue une sujet de polémique Le programmatisme

EDITORIAL La révolution est redevenue une sujet de polémique Le programmatisme est un concept fondamental de la théorie développée depuis des années par “Théorie Communiste”. Il désigne la théorie et la pratique du prolétariat ayant pour contenu et pour but la montée en puissance de la classe à l’intérieur du mode de production capitaliste, l’affirmation du travail productif et l’érection du prolétariat en classe dominante. Inhérent à la domination formelle du capital sur le travail, il permet une périodisation des cycles de luttes, dans la mesure où ses déterminations de base perdurent en se modifiant en domination réelle. Comme théorie et pratique du prolétariat, il intégre le développement du capital, tant comme identification de son développement à la montée en puissance de la classe que comme période de transition, celle-ci étant la médiation nécessaire à la constitution de la société des producteurs associés. Dans ces termes mêmes, la perspective programmatique était impossible, une contradiction en mouvement : en tant qu’affirmation du travail productif, en tant que prolétariat s’affirmant, devenant classe dominante, elle nécessitait, pour être, la prise en charge du développement du capital. Le socialisme réel, enraciné dans une révolution prolétarienne, fut la concrétisation de cette impossibilité. Son caractère contre-révolutionnaire n’était finalement que la réalité empirique de celle-ci comme retournement contre elle-même de la révolution programmatique : la réalité empirique, triviale, de cette impossibilité qu’est l’auto- exploitation du prolétariat. La révolution programmatique s’achevait contre elle-même dans la restructuration du capital et de la classe capitaliste, installant la domination réelle du capital. Après la première période de développement de la domination réelle, la crise ouverte au début des années 70 a débouché sur une restructuration du rapport capitaliste d’exploitation, du rapport contradictoire entre les classes. L’extraction de plus-value relative est le principe dynamique de l’histoire de la subsomption réelle du travail sous le capital, elle structure puis bouleverse la première phase de celle-ci. Contrairement à la plus-value absolue, la plus-value relative affecte non seulement le procès de travail mais aussi toutes les combinaisons sociales du rapport entre le travail et le capital et conséquemment des capitaux entre eux ; combinaisons qu’elle se doit de bouleverser constamment. C’est cette dynamique de l’extraction de plus-value relative qui pousse le capital contre le prolétariat à poser comme limite et à dépasser le contenu de la crise et de l’ancien cycle de luttes. Est abolie et dépassée la contradiction entre d’une part la création et le développement d’une force de travail créée et mise en oeuvre par le capital de façon collective et sociale et d’autre part les formes de l’appropriation par le capital de cette force de travail : dans le procès de production immédiat ; dans le procès de reproduction de la force de travail ; dans le rapport des capitaux entre eux. C’était là, la situation conflictuelle qui dans le cycle de luttes antérieur se manifestait comme identité ouvrière confirmée dans la reproduction même du capital et qu’abolit la restructuration. Le contenu de la restructuration est la coïncidence de l’extraction de plus-value relative et de la reproduction des conditions de cette extraction. L’extraction de plus-value relative a produit un procès de reproduction du face à face du capital et du travail qui lui est adéquat en ce qu’il ne comporte aucun élément, aucun point de cristallisation, aucune fixation qui puisse être une entrave à sa fluidité nécessaire et au bouleversement constant qu’elle nécessite. Contre le cycle de luttes antérieur, la restructuration a aboli toute spécification, statuts, “welfare”, “compromis fordien”, division du cycle mondial en aires nationales d’accumulation, en rapports fixes entre centre et périphérie, en zones d’accumulation interne (Est / Ouest). La coïncidence entre extraction de plus-value relative et reproduction du rapport entre les classes, l’adéquation de la seconde à la première, c’est la disparition de l’identité ouvrière, du prolétariat comme rival du capital à l’intérieur de lui-même : ce fut la grande faiblesse intrinsèque du capital dans la première phase de la subsomption réelle et qui alla même jusqu’à couper le monde du capital en deux, avec le socialisme réel. Définir cette coïncidence, c’est définir la contradiction entre le prolétariat et le capital au niveau de la reproduction du rapport, et définir la coalescence entre la constitution et la reproduction du prolétariat comme classe d’une part et, d’autre part sa contradiction avec le capital. Sa contradiction avec le capital contient, met en jeu, remet en cause immédiatement sa propre définition comme classe dans le moment où il agit en tant que telle. Le prolétariat ne peut plus produire un mouvement ouvrier organisé de même ampleur et de même nature que durant les années du programmatisme, l’identité ouvrière ayant disparu. Ce mouvement prolétarien existe sous une forme nouvelle et avec des objectifs nouveaux, c’est ce que nous appelons le démocratisme radical. Il faut être clair d’entrée, toute la critique que nous pouvons faire de celui-ci ne lui enlève en rien son caractère de classe, sauf à considérer que le prolétariat n’est pas une classe de ce mode de production, mais une entité Théorie Communiste révolutionnaire en soi, selon les modalités canonique fixées de toute éternité. Le syndicalisme, le réformisme, exprimaient et expriment l’existence de la classe dans les rapports sociaux capitalistes, le démocratisme radical aussi. Son extension va de la “gauche socialiste” à certains groupes anarchistes, en passant par le P.C. F, certaines actions de la C.G.T, S.U.D, “C.F.D.T. en lutte”, la F.S.U, la Ligue, toutes sortes de “petites gauches alternatives”, les Verts, la C.N.T en voie d’officialisation (rue des Vignoles), et jusqu’à certains développements dans “Echanges et Mouvement”. Ses organes officiels sont “Le Monde Diplomatique”, “Charlie hebdo”, voire “Télérama”. Le démocratisme radical ne part plus de ce qu’est la classe face au capital mais de ce que le capital devrait être. Organisationnellement il ne peut être que beaucoup plus réduit et éclaté, il comporte une myriade de groupes et de courants qui tous posent la construction à l’intérieur du mode de production capitaliste d’une alternative dont la caractéristique est la démocratie, le pouvoir direct des gens, des producteurs, des habitants, des consommateurs, des usagers, sur leur vie. Tout cela synthétisé dans la figure sociale du citoyen. Ce pouvoir sur sa vie n’est pas une affirmation du travail productif, n’est pas une libération des forces productives, cela se voit bien dans l’importance et la diffusion des thèmes écologistes, en particulier dans celui du développement soutenable et dans la critique du productivisme. De par les thèmes que ce mouvement est amené à mettre en avant et le niveau où se situe la contradiction, les fractions de la classe, que la division du travail spécialise dans les tâches spécifiques de la mise en oeuvre de la reproduction sociale, tendent à devenir idéologiquement hégémoniques (contrairement à la situation antérieure). Corrolairement, tout un travail idéologique consiste à momifier la classe ouvrière en “communauté ouvrière” folklorisisée, et renvoyée par là-même à un passé révolu (cf Daeninks et Videlier). En même temps ce folklore rattache le démocratisme radical à une “histoire sociale”, et proclame que le “bonheur” est dans l’existence de la classe ouvrière à l’intérieur du capital, et cela même dans l’interminable lutte qu’elle mène contre lui, et justement dans le caractère interminable de cette lutte qui l’éternise. Le mythe de la communauté ouvrière a valeur de référence historique et d’image tutélaire pour la “participation citoyenne”. Par rapport au programmatisme, le démocratisme radical ne pose pas le développement du capital comme sa médiation nécessaire ; il est lui-même la médiation, il se veut lui-même en actes le programme minimum et maximum, il est le but et le moyen. Il se conçoit comme la contradiction qui se développe et qui dévore la société capitaliste et son Etat. Ainsi le démocratisme radical ne se pose pas de limite interne. Sa limite, c’est la frontière mouvante entre la démocratie et la domination du capital à l’intérieur de la société. Parmi ces courants existe une résurgence syndicaliste-révolutionnaire voire anarcho-syndicaliste. Ici aussi le fait marquant c’est le refus d’un relais politique, ce syndicalisme se veut autosuffisant, alternatif, démocratique et de base. Cette alternative, malgré des variantes infinies, se caractérise en ce qu’elle se veut autogestion d’espaces libérés comme conflit avec le “libéralisme”. Elle pose la libération de l’individu, tel qu’il est, prenant le plus souvent le nom de citoyen ; nom bien choisi en ce qu’il est le membre de la communauté comme démocratie, atome politique d’une communauté abstraite, relié aux autres par des mécanismes politiques à produire comme radicaux, c’est à dire de base, non sexistes, horizontaux, polymorphes. Si le démocratisme radical est le but et le mouvement vers ce but, ce but est donc la “démocratie vraie” qu’il oppose à la “dictature des marchés”, à la “pensée unique néo-libérale”. Il ne s’agit absolument pas d’un dépassement du capitalisme, même si des termes comme “fin du travail” sont utilisés, ce ne sont que des critiques très superficielles du chômage et de l’emploi. Dans les faits il participe des propositions ou tentatives de réaménagement du salariat et de la “vie quotidienne” rendues nécessaires par la restructuration. Ainsi on se rend compte que uploads/Finance/ tc13.pdf

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  • Publié le Fev 23, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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