Revue Économie, Gestion et Société N°18 décembre 2018 http://revues.imist.ma/?j
Revue Économie, Gestion et Société N°18 décembre 2018 http://revues.imist.ma/?journal=REGS ISSN: 2458-6250 1 EFFICIENCE DES MARCHES BOURSIERS : QU’EST-CE QUI MARGINALISE L’AFRIQUE ? Par Mathieu AVOUTOU Enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG) de l’Université de Parakou (UP). Résumé : La plupart des marchés boursiers africains sont inefficients, contrairement aux marchés boursiers des autres continents de même taille. Ce papier a repris, d’une part, le test de l’efficience au sens de Fama (1970) sur 58 marchés boursiers des 5 continents. Et d’autre part, il a essayé d’identifier les déterminants de l’efficience des marchés boursiers à partir d’un modèle PROBIT. Les tests d’autocorrélation réalisés sur des rentabilités journalières des indices principaux de l’année 2017 ont montré que le continent africain est marginalisé en matière de l’efficience des marchés financiers. L’estimation du modèle PROBIT révèle que les facteurs qui favorisent l’efficience des marchés boursiers est leur ancienneté et leur environnement institutionnel. La pratique et la culture boursières s’améliorent dans la durée. Mais ce qui explique particulièrement l’inefficience généralisée des marchés africains et l’environnement institutionnel caractérisé par une gestion inefficace des réformes économiques et financières. Pour rendre leurs marchés plus actifs et plus efficients, les pays africains doivent développer de vastes programmes d’information et de sensibilisation pour développer la culture boursière au sein des agents économiques locaux. Ils doivent également œuvrer à une mise en œuvre effective et efficace des réformes économiques et financières pouvant impacter les marchés boursiers. Mots clés : Efficience des marchés ; Marchés boursiers ; Marchés financiers africains ; test d’autocorrélation Classification JEL: G14; G15 Abstract: Almost of African stock markets are inefficient, contrary to stock market of others continent. This paper re-examine, in one hand, the efficiency, in Fama (1970) way, on 58 stocks market of all continents. And in second hand, it tried to identify the determinants of stocks market efficiency by using a PROBIT model. The autocorrelation tests on daily returns in 2017 confirmed that the African markets are, in general, non-efficient. Meanwhile, the hypothesis of random walk hold for almost of stocks market of the others continents. The results of the PROBIT model reveal that the factors that affect the efficiency of stocks markets are their oldness and institutional environment’. Their relatively recent creation dates didn’t permit the existence of sufficient stock markets culture and practise in their environment. But what explain the particularity of the African markets is the ineffective management of economic and financial policies. To make their market more active and Revue Économie, Gestion et Société N°18 décembre 2018 http://revues.imist.ma/?journal=REGS ISSN: 2458-6250 2 efficient, African countries have to develop wide information and awareness programmes to promote stock market culture within the local economic agents. Those countries have to work for a good implementing of economic and financial reform. Keyword: Market Efficiency; Stock market; African Financial Markets; Autocorrelation test JEL Classification: G14; G15 Revue Économie, Gestion et Société N°18 décembre 2018 http://revues.imist.ma/?journal=REGS ISSN: 2458-6250 3 Introduction : Les marchés boursiers représentent de nos jours une alternative importante pour le financement de l’activité économique. L’un des canaux par lesquels la bourse impacte l’économie est sa capacité à mobiliser l’épargne et à orienter les capitaux vers les secteurs d’activités les plus rentables. Ce rôle d’allocation optimale des capitaux est intimement lié au degré d’efficience du marché boursier. L'hypothèse d'efficience des marchés financiers, formulée pour la première fois par Fama (1965), stipule que sur les marchés financiers le prix de l'action doit refléter sa valeur fondamentale et donc traduire à tout moment, toute l'information pertinente disponible. En effet, d’une part, le prix d'action observé doit être très proche de sa valeur intrinsèque reflétée par ses fondamentaux économiques. Cette hypothèse suppose, d’une part, que les cours des actions des entreprises les plus rentables doivent être plus élevés que les cours des actions des entreprises les moins rentables. Ceci permettrait une allocation optimale de l’épargne vers les projets les plus rentables et favoriserait une croissance économique plus forte. D’autre part, l’hypothèse de l’efficience des marchés suppose que les économies les plus rentables devraient attirer plus de capitaux internationaux. Les meilleures performances économiques réalisées par les pays émergents coïncident avec les périodes d’essor de leurs marchés financiers. En 30 ans, la part des investissements directs étrangers en direction des pays en développement est passée de 15% à 25%. Ces flux de capitaux ont beaucoup plus profité aux pays émergents d’Asie et d’Amérique Latine. L’Afrique n’attirait que 7% de ces flux de capitaux destinés aux pays en développement1. Cet afflux des capitaux vers ces régions au détriment des pays africains, pour certaines études, s’explique par l’inefficience des marchés africains. Depuis les travaux fondateurs de Tobin (1958), Markowitz (1959) et Alexander (1961), plusieurs recherches ont été réalisées sur la théorie de l’efficience des marchés financiers pour tester sa validité. On peut citer les travaux de Fama (1965 ; 1970 ; 1991), de Paul Samuelson (1965), de Levy (1967), de Stiglitz (1980) etc… Ces études ont été réalisées sur différents échantillons de marchés de capitaux dans le monde. Les résultats tendent à montrer que les marchés financiers africains généralement sont non efficients. Ces résultats justifient l’inefficience des marchés boursiers africains par leur faible taille et leur faible liquidité. Cependant, il existe des marchés boursiers européens, asiatiques et d’Amérique Latine de plus faible taille mais qui sont caractérisés par plus d’efficience que les marchés boursiers africains. Une question fondamentale qui se pose est de savoir qu’est-ce qui détermine réellement l’inefficience des marchés boursiers africains ? Les travaux consacrés au test de l’efficience des marchés financiers africains se sont intéressés à des marchés regroupés dans une région donnée de l’Afrique (MENA, Afrique Subsaharienne etc..) et n’ont généralement pas visé ni une analyse globale de la situation africaine, ni une approche comparative entre les marchés africains et ceux des autres continents sur une même période. Ce papier vise d’une part à tester, dans une démarche comparative, l’efficience au sens faible2 des marchés sur un échantillon de 58 marchés boursiers répartis sur tous les continents du monde avec des données plus récentes (données de 2017). En effet, le test de l’efficience doit être renouvelé périodiquement afin d’actualiser les résultats, étant donné qu’un marché 1 DJE Patricia, « Les déterminants des investissements directs étrangers dans les pays en développement : leçons pour l’UEMOA », BCEAO, Document d’Etude et de Recherche N°DER/07/03 – Septembre 2007. 2 L’analyse de la version faible de l’efficience est privilégiée car un marché qui n’est pas efficient au sens faible ne peut l’être ni au sens semi-fort, ni au sens fort. Les études ont montré que les deux dernières formes de l’efficience sont difficiles à réaliser même pour les marchés les plus développés. Revue Économie, Gestion et Société N°18 décembre 2018 http://revues.imist.ma/?journal=REGS ISSN: 2458-6250 4 inefficient peut devenir efficient d’une période à l’autre si les conditions s’améliorent (Zadjenweber, 1994). D’autre part, nous tentons d’identifier les facteurs socio-économiques et institutionnels qui expliquent l’inefficience des marchés boursiers africains. Dans la section 2, nous présentons une revue de littérature sur la question. La section 3 est consacrée à l’exposé de la méthodologie adoptée. Dans la section 4, nous présentons les résultats et les interprétations. 1. Revue de littérature 1.1. Notion d’efficience de marché boursier : La capacité d’un marché boursier à mobiliser l’épargne nationale et à orienter les capitaux vers les projets les plus rentables dépend fortement de son degré d’efficience. La littérature évoque trois types d’efficience. Il s’agit de l’efficience allocative, de l’efficience opérationnelle et de l’efficience informationnelle. Un marché boursier est dit allocativement efficient lorsqu’il est capable de drainer les fonds vers les emplois les plus productifs. Sur un marché efficient au sens allocatif, les taux de rendement marginaux ajustés par le risque sont égaux pour les emprunteurs et les prêteurs à tout instant. Cette égalité suppose que chaque fois que le rendement marginal d’un titre s’écarte du niveau de celui des autres, l’offre et la demande de ce titre réagissent systématiquement pour ramener ce rendement au même niveau que celui des autres titres du marché. Un marché est efficient au sens opérationnel si sur un tel marché, les intermédiaires financiers mettent en relation, de manière satisfaisante, les offreurs et les demandeurs de capitaux, au coût le plus faible et tout en retirant une juste rémunération. Cela suppose que les coûts de transaction sont déterminés par la confrontation de l’offre à la demande des participants dans un environnement concurrentiel. Toutes ces formes d’efficience dépendent du degré de circulation de l’information et de comment les acteurs réagissent à chaque information disponible. En effet, la définition de l’efficience la plus répandue et ayant suscité la plus grande attention tant dans le monde de la recherche que dans celui des praticiens est celle de l’efficience informationnelle. L’efficience informationnelle d’un marché financier suppose que toutes les informations pertinentes capables d’affecter le prix d’un titre échangeable sur ce marché sont à tout instant automatiquement intégrées dans le prix observé de ce titre. Selon Bachelier (1900), les cours évoluent suivant une marche au hasard (aléatoire) et sont en effet impossibles à prévoir. La notion de l’efficience des uploads/Finance/3-pb 1 .pdf
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- Publié le Oct 01, 2021
- Catégorie Business / Finance
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