Revue d'économie financière Le financement des PME par les banques Bernard Yonc
Revue d'économie financière Le financement des PME par les banques Bernard Yoncourt, Thierry Marois Citer ce document / Cite this document : Yoncourt Bernard, Marois Thierry. Le financement des PME par les banques. In: Revue d'économie financière, n°12-13, 1990. Articles divers. pp. 27-40. doi : 10.3406/ecofi.1990.1673 http://www.persee.fr/doc/ecofi_0987-3368_1990_num_12_1_1673 Document généré le 16/10/2015 L e financement des Pme par les banques Bernard YONCOURT et Thierry MAROIS Respectivement Président-Directeur général et Directeur régional, Banque SNVB Les modalités du financement des entreprises ne sont que l'un des déterminants de leur degré de compétitivité. La technique, le commercial ou le social sont largement aussi décisifs. On attribue cependant au facteur financier un rôle prépondérant que les bouleversements survenus récemment dans la sphère financière n'ont fait qu'accentuer. Si ces bouleversements sont un phénomène international, ils sont particulièrement remarquables en France par leur ampleur et leur rapidité. Une dynamique nouvelle est en effet apparue dans notre pays depuis plus d'une dizaine d'années qui 27 touche, à des degrés encore divers, la quasi totalité des acteurs économiques. Ce vaste mouvement de modernisation coïncide avec la prise de conscience par l'opinion et les Pouvoirs publics du potentiel des Pme en matière de création d'emplois, d'exportation ou d'investissement, et de l'attention prioritaire qu'il convient de leur accorder dans la perspective de la concurrence européenne. Voilà qui explique que les dirigeants de ces entreprises s'interrogent sur le surcroît de compétitivité que leurs sociétés pourront espérer de cette dynamique face à leurs concurrents étrangers à moins qu'elle ne conduise, au mieux, qu'à résorber quelques-unes des insuffisances traditionnellement attribuées au système bancaire français. Inachevée, cette dynamique est cependant suffisamment engagée pour qu'en émergent les lignes de force et que les Pme commencent à discerner le profit qu'elles peuvent en tirer mais aussi la distance qu'il reste à parcourir. La seule enumeration des réformes intervenues ne suffit pas à rendre compte du phénomène, tant les particularismes des Pme en modifient les effets. LES PARTICULARISMES DES PME Du point de vue qualitatif Les Pme occupent dans notre économie une place majeure. Si elles constituent une population peu homogène, aux yeux du banquier, trois caractéristiques communes de nature qualitative déterminent leur comportement. Le dirigeant y joue un rôle prépondérant : dans une Pme, le dirigeant assure personnellement et directement les responsabilités financières, techniques, sociales REVUE D'ÉCONOMIE FINANCIÈRE N° 12-13 LE FINANCEMENT DES PME et morales, quelle que soit la forme juridique de l'entreprise. Même si de nouveaux profils de patrons de Pme apparaissent désormais, la grande majorité d'entre eux restent encore fondamentalement hommes de production ou commerciaux, sans toujours grande expérience ni parfois réel intérêt pour la finance et ses techniques. Et dans tous les cas, ils sont seuls à assumer les options stratégiques de leurs affaires. De là l'attachement fondamental du dirigeant de Pme à une relation personnelle et confiante avec ses interlocuteurs financiers. Le caractère familial : il concerne 4 entreprises sur 5 environ. La forme juridique de l'affaire ne masque que superficiellement la proximité, de fait, voire de droit, entre le patrimoine de l'entreprise et celui de son propriétaire dirigeant. Or, les motivations du propriétaire contrarient parfois celles du dirigeant : comment concilier, en effet, accélération de la croissance et refus de recapitaliser l'entreprise ? Pourquoi extérioriser des résultats sous forme de dividendes plutôt que de servir au propriétaire dirigeant sur-salaires et avantages divers ? Cette insuffisante séparation des logiques est exacerbée à certaines étapes cruciales de la vie de la société telle que la transmission. C'est un élément spécifique de ces entreprises, indépendant de leur taille ou de leur secteur d'activité, mais qui influence leur comportement financier. La diversité de maturité financière : le comportement financier de la Pme est amplement fonction du degré de maturité de l'entreprise. Mal codifiable, cette maturité est cependant un bon critère de segmentation des préoccupations financières d'une entreprise petite ou moyenne. En phase de démarrage la priorité est généralement celle de la seule trésorerie, car c'est affaire de survie. La seconde étape est celle de l'accélération de la croissance. La recherche des volumes de capitaux nécessaires au développement de l'activité devient prioritaire. Peu importe l'optimisation de l'architecture des financements obtenus et celle de leur coût. La phase de maturité survient ensuite. L'objectif 28 change : minorer les frais financiers et assurer une plus grande stabilité des financements. Le dirigeant veille aux grands équilibres financiers du bilan. Le déclin peut, enfin, constituer une quatrième étape temporaire ou ultime selon l'issue qu'elle connaît : il faut soit survivre, soit passer la main. Même aussi grossièrement schématisée, cette segmentation est fortement explicative des rapports qui se créent entre les Pme et leurs banquiers. L'appétence de leurs dirigeants pour les innovations financières en dépend. Du point de vue quantitatif Comparées aux grandes entreprises, les Pme attestent de caractéristiques quantitatives nettement marquées : leur autofinancement paraît plus instable comparé à celui des plus grandes entreprises qui réussissent à le lisser davantage d'un exercice sur l'autre ; leurs besoins en fonds de roulement sont proportionnellement plus importants, moins à cause du poids des stocks qu'à la position des Pme dans la chaîne du crédit inter-entreprise ; dans leur endettement prédominent les concours d'origine bancaire ou issus d'organismes financiers ; les crédits à court terme au sein de cet endettement, notamment les crédits d'escompte, sont prépondérants ; et au total, les financements ressortent très atomisés, conséquence de l'accumulation des crédits négociés au coup par coup et affectés à des objets précis. REVUE D'ÉCONOMIE FINANCIÈRE N° 12-13 LE FINANCEMENT DES PME LES REFORMES DU SYSTÈME FINANCIER FRANÇAIS L'idée qui a présidé à la modernisation du financement de l'économie est que les capitaux doivent être abondants et mobiles sur un marché organisé, directement accessible au plus grand nombre, si l'on veut en faire baisser le coût et donner aux emprunteurs le choix de leurs ressources. Il s'est donc agi de décloisonner les marchés français et d'y attirer les capitaux en quête de placement. Il fallait aussi donner à l'ensemble une plus grande fluidité, en stimulant la concurrence entre les divers acteurs de la sphère financière et en organisant l'accès direct des acteurs économiques non financiers à ce marché ainsi unifié. La réorientation de l'épargne La réorientation de l'épargne vers le secteur productif était prioritaire. Elle est principalement intervenue par le biais de la fiscalité avec la loi Monory, en 1978, puis les CEA (Comptes d'Epargne en Action). Les SICAV et fonds communs de placement, créés en 1979, ont permis au grand public d'investir plus massivement en valeurs mobilières. Le Second Marché, créé en 1982, procédait de la même logique, suivi en 1983 par la création des fonds communs de placement à risques et, en 1 985, des sociétés de capital risque, avec une volonté plus affirmée d'en faire profiter les Pme. Le décloisonnement des marchés L'internationalisation des échanges commerciaux et la libéralisation progressive des mouvements de capitaux ont consacré la globalisation des marchés financiers et l'interpénétration des marchés nationaux. La fluidité des déplacements de capitaux provoque une volatilité, jusqu'alors inconnue, des taux de change et des taux d'intérêt. Les différents segments du marché financier français ne pouvaient, dans cet 29 environnement nouveau, rester par trop étanches les uns aux autres, d'autant plus qu'à la politique de régulation quantitative du crédit s'est substituée une régulation par les taux. La réforme engagée à partir de 1985 a créé, outre le marché interbancaire des réserves Banque de France, un marché unique de l'argent, largement ouvert et offrant une continuité des échéances, des plus courtes aux plus longues. Sous certaines réserves, l'ensemble des acteurs économiques peuvent désormais y trouver les capitaux ou les placements les mieux adaptés à leurs besoins. La création de nouveaux instruments financiers Le continuum créé par l'unification des marchés monétaire et financier a suscité l'émergence d'un grand nombre d'instruments nouveaux. En mars 1985 ont été émis par les banques les premiers certificats de dépôt. Puis les entreprises ont pu proposer des billets de trésorerie, dès le mois de décembre de la même année. En janvier 1 986, le Trésor a émis ses bons négociables, suivi par les IFS (Institutions Financières Spécialisées) autorisées à émettre les leurs. Non seulement le nombre de supports négociables disponibles s'est accru, mais leurs diverses composantes taux, durée, devise sont devenues négociables séparément. La Place de Paris s'est, de plus, dotée d'un Marché à Terme d'Instruments Financiers. . Le cadre instrumental ainsi rénové, il fallait encore supprimer les rigidités ou obstacles qui subsistaient. REVUE D'ÉCONOMIE FINANCIÈRE N° 12-13 LE FINANCEMENT DES PME La banalisation des circuits et des intervenants Un ensemble de réformes a donné au système bancaire une plus grande fluidité, de manière à y exercer des pressions à la baisse des taux. La loi de 1984, dite « loi Bancaire », a universalisé le statut des banques, gommant les disparités héritées de l'histoire. Bien que contrariée par la survivance de quelques monopoles, cette banalisation a pris une plus grande ampleur encore avec la suppression progressive des bonifications de crédits. Perdant leurs spécialisations, les établissements tels que les SDR (Sociétés de Développement Régional), le Crédit National ou le CEPME (Crédit uploads/Finance/ecofi-0987-3368-1990-num-12-1-1673.pdf
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- Publié le Mar 16, 2021
- Catégorie Business / Finance
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