LES SECRETS DE L’APPROCHE VALUE 2 Les secrets de l’approche value Imaginez une
LES SECRETS DE L’APPROCHE VALUE 2 Les secrets de l’approche value Imaginez une chaîne de pizzerias appelée « Angelo ». Elle a été fondée dans les années 80, lorsque la concurrence n’était pas très féroce. Jusqu’aux années 2000, elle a connu une croissance folle et ouvert des dizaines d’enseignes. Les clients se bousculaient au portillon et chaque nouvel établissement augmentait le bénéfice, alimentant encore la marge disponible pour investir dans de nouveaux restaurants. L’image même du succès ! Puis les choses se sont gâtées… En fait, même si les restaurants sont plutôt bien gérés, les pizzas d’Angelo ne sont pas très bonnes. Avec le temps, la qualité des ingrédients a été réduite pour faire des économies d’échelle. De nouveaux entrants sont arrivés sur le marché. Et ils proposent de meilleures pizzas « à la napolitaine » pour le même prix ! Les clients se sont logiquement mis à déserter les pizzerias Angelo. Devant la baisse des chiffres, la direction a décidé de contracter un prêt auprès d’une banque pour sauver la chaîne. Après des mois de recherche et développement, l’équipe parvient à inventer un nouveau concept de pizzas bio de haute qualité. Tous les restaurants sont redécorés et la carte est complètement revue. Malheureusement, il est trop tard. Les clients n’ont pas le temps de se rendre compte des changements et sont déjà habitué aux pizzas de la concurrence. Pour la chaîne Angelo, il est de plus en plus difficile de payer les factures et les salaires. Et la situation a été encore aggravée par le gros prêt contracté pour sauver la chaîne. Payer les intérêts est un vrai poids. Au bout de quelques mois, il faut se rendre à l’évidence. Au bout du chemin, ce sera la faillite. Laissez-moi vous poser une question : Est-ce que la chaîne Angelo ne vaut plus rien ? Et bien cela dépend. Il se trouve que même si le fondateur d’Angelo n’est pas un très bon pizzaiolo, c’est en revanche un gestionnaire intelligent. En effet, à chaque pizzeria ouverte, il a acheté les locaux si c’était possible. Avec le temps, il a construit un patrimoine immobilier de plusieurs millions d’euros. De plus, il a toujours acheté le meilleur matériel pour ses cuisines : • Fours haut-de-gamme, • vaisselle de valeur • et même couverts en argent dans certains restaurants ! Et ce n’est pas tout. La chaîne Angelo possède une flotte de petites automobiles et scooters en très bon état pour le service de livraison. Pour finir, certaines enseignes valent de véritables fortunes car ils sont placés à des endroits stratégiques (il y en a un à deux pas des Champs-Elysées). Si on met tout ça ensemble, on se rend compte que cela vaut plus que la dette actuelle de la société. Une fois que tout sera vendu, le fondateur aura perdu son entreprise, mais il aura des millions d’euros sur son compte en banque. 3 L’approche value – Qu’est- ce que ça vaut vraiment ? Si vous avez compris l’histoire d’Angelo, vous avez déjà fait une bonne partie du chemin pour comprendre ce qu’est l’approche value. Le principe est finalement très simple. Si la valeur des actifs (donc des possessions de l’entreprise) est plus haute que la valeur en Bourse, alors on peut se dire qu’acheter des actions de cette entreprise est une opération plutôt avantageuse. C’est ce qu’a conclu Benjamin Graham lorsqu’il a publié son fameux ouvrage Security Analysis avec David Dodd en 1934. Ce que Graham nous apprend, c’est que Monsieur Marché (La bourse) assigne parfois le mauvais prix à une action. Il constate que les gens achètent de manière totalement irrationnelle en bourse : • Certaines actions sont irrationnellement appréciées par les investisseurs qui se jettent dessus sans raison. • À l’inverse certaines actions sont irrationnellement écartées par les investisseurs, ce qui fait baisser leur prix de façon injustifiée. Ce sont autant d’opportunités pour les investisseurs avertis. Graham fait également la différence entre les « spéculateurs » et « les investisseurs » : • Les investisseurs s’assurent de la sécurité de leur capital et de leur potentiel de gain à travers une analyse minutieuse de l’entreprise. • Tout le reste est de la pure spéculation (ou du hasard si vous préférez) ! La différence entre investir et spéculer c’est comme la différence entre les statistiques et le hasard : aucun des deux ne vous donne des résultats assurés, mais le premier est fondé sur un raisonnement. Sur le long terme il n’y a pas photo : on gagne plus souvent en se basant sur des stat’ que sur le hasard ! En publiant Security Analysis, Graham et Dodd ont donné naissance à toute une école d’investissement appelée Value Investing ou « investissement axé sur la valeur ». L’idée est de repérer les entreprises qui se négocient en-dessous de leur « valeur intrinsèque » (ce qu’elles valent réellement). Cela procure une « marge de sécurité » qui augmente notre potentiel de gain mais réduit aussi les conséquences néfastes d’une baisse et même d’une faillite. L’histoire d’un succès : comment battre les marchés à leur propre jeu L’économie et les circonstances ont beaucoup changé depuis l’invention de la value dans les années 1920. Pourtant cette méthode a continué d’enrichir des générations d’investisseurs à travers les décennies. En fait, il y a beaucoup d’arguments qui font penser que la value est l’approche boursière la plus efficace jamais développée, et ce malgré l’émergence de nouveaux courants. Si la value connait parfois des périodes de sous- performance, toutes les études sérieuses la désignent comme la stratégie la plus efficace sur le long terme. Nous sommes, en ce moment, dans une période où la value est « en retard » sur les actions de croissance. Mais c’est pour nous une bonne nouvelle. En effet, il y a déjà eu plusieurs périodes comme celle-ci depuis les années 50 et toutes ont été suivies par une surperformance des actions value. Pour finir gardez bien à l’esprit que la value est une des meilleures, si ce n’est LA meilleure stratégie sur le long terme. Selon Invesco (et il ne s’agit que d’une étude parmi de nombreuses autres qui confirment toutes la même chose), sur le dernier siècle et sur une période roulante de 10 ans, la value a surperformé 891 mois sur 983. Se placer maintenant, en période moins faste, vous permet donc de bénéficier d’un potentiel de hausse plus important, tout en évitant le risque de n’investir que dans des actions de 4 croissances dont les valorisations très élevées inquiètent de nombreux analystes. Alors la méthode value, martingale un peu trop belle pour être vraie ? C’est un peu plus compliqué que cela. Une méthode injustement négligée Le plus étonnant avec l’approche value est peut-être sa faible popularité malgré son efficacité reconnue. Voici ce qu’en dit Warren Buffett, le plus grand investisseur vivant : « Ceux d'entre vous qui ont un esprit commercial se demanderont peut-être pourquoi j'écris cet article. Convertir un grand nombre de personnes à l'approche value risque de réduire les écarts entre le prix et la valeur. Je ne peux que vous dire que le secret a été dévoilé il y a 50 ans, depuis que Ben Graham et Dave Dodd ont écrit Security Analysis, mais je n'ai vu aucun appétit pour l'investissement value depuis 35 ans que je le pratique. Il semble y avoir une caractéristique humaine perverse qui aime rendre les choses faciles difficiles. Le monde universitaire, en fait, a boudé la value au cours des 30 dernières années. Il est probable que cela continuera de cette façon. Les navires feront le tour du monde, mais la Flat Earth Society prospérera. Il y aura toujours de grands écarts entre le prix et la valeur sur le marché, et ceux qui lisent Graham & Dodd continueront à prospérer. » Warren Buffett, qui est un des plus grands investisseurs du monde (3ème fortune mondiale fondée quasi exclusivement sur ses investissements boursiers) est un fervent adepte de la value. Songez que s’il a postulé pour la Columbia Business School à 20 ans c’est parce qu’il a appris que Benjamin Graham et David Dodd y enseignaient ! En fait, il a bâti sa fortune grâce à cette dernière. Ici, il nous explique que malgré l’efficacité évidente de cette approche, peu d’investisseurs l’utilisent. Il attribue ce fait à la nature humaine qui n’est pas toujours rationnelle. Sa référence aux adeptes de la « terre plate » résume bien le décalage : Eratosthène avait déjà prouvé 3 siècles avant notre ère que la terre était ronde, il se trouve encore des gens aujourd’hui pour défendre l’idée saugrenue qu’elle est plate ! Vous croyez que c’est un peu court comme explication ? Le poids de l’irrationnalité des investisseurs C’est pourtant la triste réalité : les investisseurs ne choisissent pas de manière rationnelle. Le prix Nobel de finance comportementale Daniel Kahneman a démontré cette part immense d’irrationnalité dans les choix, qu’il nomme « biais cognitifs ». Les investisseurs sont des humains comme les autres et n’échappent pas à ces biais. uploads/Finance/les-secrets-de-l-x27-approche-value.pdf
Documents similaires







-
23
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 23, 2022
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
- Taille du fichier 1.0734MB