P 010010778 Pierre RAT PATRON L’HISTOIRE DU CONGO LUE DANS LES CARTES GEOGRAPHI

P 010010778 Pierre RAT PATRON L’HISTOIRE DU CONGO LUE DANS LES CARTES GEOGRAPHIQUES Fonds Documentaire ORSTOM Cote :&&q+j Ex : & 2 Ce texte constitue le prolongement d’une conférence donnée le 25/05/1993 au Centre Culturel Français de Pointe Noire. L’auteur remercie Messieurs Gilbert COURTOIS et Do- , minique SCHWARlZ pour les judicieux conseils et pré- cisions qu’ils lui ont prodigués lors de la préparation de ce texte. ’ La mise en page a été assurée par l’auteur et par D. Schwarlz sur le logiciel Reacfy Set Go de Letraset, version Macintosh. 3 L’HISTOIRE DU CONGO LUE DANS LES CARTES GEOGRAPHIQUES D’un point de vue cartographique, le Congo est, à l’image de son histoire, une création récente en tant qu’entité géographique et politique. Pourtant de vieilles représentations de l’Afrique puis de la région elle-même vont véhiculer les mythes et les légendes qui firent la renommée des premiers commerçants et explorateurs; et ce d’autant plus, que l’Afrique, au sud du Sahara, est un sous- continent de tradition orale et que ce sont donc des civilisations extérieures à cette zone qui, les premières, la décriront avec toutes les croyances et les diffé- rentes représentations inhérantes à l’inconnu et à l’extraordinaire. Chronologiquement, la fin du XV3 va marquer un tournant décisif en raison des découvertes portugaises. Pourtant la connaissance de la région restera limi- tée, se cantonnant au littoral pendant encore quatre siècles, les cartes de I’inté- rieur africain s’inspirant toujours des connaissances de I’Antiquité et des grecs en particulier... De la fin des années 1870 au premier quart du xX3, en quel- ques années, un foisonnement de publications cartographiques va rattraper un retard considérable, le Congo devenant une région stratégique dans le cadre de la nouvelle géopolitique mondiale de l’époque. I - L’ IMAGE DE L’AFRIQUE (ET DU CONGO) DES ORIGINES A 1486 C’est une civilisation de la Méditerranée orientale qui va nous fournir les pre- miers documents relatifs à l’Afrique. Aux alentours du VIII” siècle avant J.C, les Grecs, en raison des relations commerciales privilégiées qu’ils entretiennent de- puis des années avec le Levant et l’Egypte, dessinent et cartographient, les pre- miers, l’immense continent... Quant à 1486, II s’agit de la première esquisse des côtes congolaises, après le voyage de DIEGO CAO qui découvrit l’embouchure du Congo en 1482. Entre’ ces deux bornes historiques, qu’elles ont été les représentations de l’Afrique ? 1 - IA CONNAISSANCE DE L’AFRIQUE, DES EGYPTIENS AUX ROMAINS les Egyptiens et les Grecs furent les civilisations les mieux renseignées sur l’Afrique sub-saharienne. Les premiers, en raison du rôle fondamental qu’a joué le Nil comme source de vie et d’échanges, de ses sources au delta. Les seconds reprenant les descriptions des premiers dans leurs ouvrages de géographie. Plus tard, les Romains se couperont de ce monde en se retranchant derrière des frontières politiques qui deviendront vite des frontières culturelles. Ainsi les connaissances grecques resteront les références incontestées de la cartographie mondiale et de l’Afrique pendant des siècles. . L’Afrique des Grecs Une des premières représentations du monde que l’on possède est celle d’Homère au VIII” siècle avant J.C. Cette carte représente le monde connu... et le monde imaginaire des Dieux (fig. 1). On reconnait, pourtant, le bassin de la mer Egée et la Méditerranée orientale. Pour l’Afrique, Homère s’inspire des infor- mations égyptiennes. En dehors de l’Egypte, bien connue, il note, plus au sud, la présence des Ethiopiens, et plus surprenant encore, des Pygmées (du grec pyg- maios : haut d’une coudée). Les Egyptiens avaient pris contact avec les petits hommes dès la VIème dynastie c’est à dire vers -2500 av.J.C. Des pygmées avaient même été reçus à la cour du Pharaon. Quant aux Ethiopiens, ce terme, caractérise, pour les Grecs, l’ensemble des populations noires de l’Afrique. II gardera cette signification pendant longtemps encore. Historiquement, l’origine de ces contacts entre les Egyptiens et les Pygmées reste aujourd’hui encore un sujet à préciser. Les Egyptiens sont-ils remontés très haut vers les sources du fleuve, ou, comme semble l’indiquer la carte, les Pygmées occupaient-ils à I’épo- que des espaces plus septentrionaux qu’actuellement? Deux cent ans plus tard, la carte d’Hécatée (Ws av. J.C) précise mieux le bas- sin méditerranéen et la mer Noire, mais pour l’Afrique, on en reste quasiment au même point. Seule nouveauté, l’adjonction de la mer Rouge, elle aussi déjà dé- crite par les Egyptiens en raison du commerce qui se développait sur ses côtes (fis. 2). II faudra attendre encore près de 300 ans pour que la cartographie de I’Afri- que acquière de nouvelles données... Les nouvelles indications de la carte d’Eratosthène (Ill”s av.J.C.) sont purement graphiques, car dans les faits, elles a- joutent des connaissances anciennes, mais oubliées .par ses prédécesseurs, au vieux fond déjà connu. De ces nouveautés, deux nous concernent directement : le Nil, et les fameuses Montagnes de la Lune, encerclant deux lacs, juste en aval des sources du fleuve (fis. 3). Cet ajout est important car il va conditionner jusqu’au XlX”s les investigations géographiques. Ptolémée, au deuxième siècle après J.C. (près de quatre cent ans plus tard), n’apporte rien de plus (fig. 4). Seule la construction géométrique de sa carte est fondamentale car, pour la première fois, la terre est définie selon des lignes : la longitude et la latitude. Ptolémée détermina par calcul huit mille points, complé- tant ainsi les travaux d’Hipparque qui avait défini; le premier, un rapport mathé- matique entre un point de l’espace et sa localisation sur un plan. De ce fait, cette carte va rester pendant des siècles la référence absolue des géographes occidentaux. En dépit de ces améliorations, l’Afrique centrale et de l’ouest restent des terres inconnues dont on ne perçoit ni l’intérêt ni la valeur... On suppose même que l’Afrique est reliée à l’Asie qÙ’on connait un peu mieux pour des raisons po- litiques et commerciales. L’avènement de l’Empire Romain ne changera en rien ces données. Les Romains se coupent de l’Afrique subsaharienne P . En effet, malgré l’extension extraordinaire de cet Empire au cours du premier et deuxième siècle, il n’y aura pas de percées vers l’Afrique; l’Egypte constituant . . 5 FIGURE l.- Le monde d’après Homère. Représentation du VIIIème siècle avant J.C. FLEUVE OCEAN COTÉ DE LA NUIT COTÉ DU JOUR FIGURE Z.- Mappemonde d’Hécatée 500 ans avant J.C. 6 FIGURE 3.- Carte d’Ératosthène. Représentation du IIIème siècle avant J.C. (~.::::::_::::_:_:: iiiz - a:,\ \ * . . . . . . . . . .M!~ . . . . . . . . . . . . . . . . . . k . . . . . . . . . . . .I.. . . . . . . . . . . A..:, ....... ......... l La carte d’Eratosthène est une carte graduée. Les parallèles et les méridiens tracés ne corres- pondent pas à une construction mathématique. Ils ne sont que des lignes passant par des points remarquables. Ainsi, d titre d’exemple, le parallèle noté (1) sur la carte est celui d’Alexandrie, car il passe par cette ville égyptienne. De même, le méridien noté (9) est celui de Carthage. Le paral- lèle et le méridien de réf&ence (en trait plein) sont ceux passant par Rhodes en Asie Mineure. F/GUE 4.- Carte de Ptolémée. Représentation du IIème siècle après J.C. 0 Cette carte est /a première carte définie selon la latitude et la longitude. Ptolémée détermina pour sa construction huit mille points par calcul, complétant ainsi en particulier /es travaux d’Hip- parque. Cette carte est restée une référence absolue jusqu’au XVIème siècle. . . HGURE 5.- L’Empire romain et le limes au IIème siècle après J.C. Carte extraite de : Nicolet C., Encyc/opedia hiversalis, vol. 1, 1978. en elle-même, un pôle oriental remarquable, au sein d’un ensemble culturel plus centré sur l’Occident que du temps de l’hégémonie hellène, depuis la victoire navale et idéologique d’Octave (YOccidental’) sur Antoine (YOriental’) à Ac- tium en 31 avant Jésus Christ. Ainsi, Les Romains se contenteront des descrip- tions grecques. Pire même, craignant les Berbères, ils vont installer une barière fortifiée (le limes) le long des provinces conquises (fig. S), à l’instar de ce qui se faisait en Europe et en Asie. Ce repli va Isoler un peu plus le monde méditerra- néen de l’Afrique centrale. La ‘Table de Peutinger’ (fig. 6) en est le symbole. Cette carte découverte à Worms porte le nom du géographe qui l’identifia aux environ de 1500. Elle a la particularité de représenter le réseau urbain de I’Em- pire au IV9 et surtout d’indiquer par des lignes noires les distances exactes entre les différentes villes. Sur ce document l’Afrique se réduit à une mince bande correspondant au littoral méditerranéen oazupé par les Romains. Le sud 8 s 1 . FIGURE 6.- Fragment de la Table de Peutinger. Représentation du IVème siécle après J.C. 0 Cette carte routière aurait été réalisée à Constantinople vers 393. Une copie découverte vers 1500 fut léguée au géographe Peutinger. Le document ne pan& qu’en 7598, aprés la mort de ce dernier. On reconnait, grossièrement esquissée, /‘Afrique (tout en bas de la carte), uploads/Geographie/ 010010778.pdf

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