Contact : Béatrice Mariolle ENSA PARIS BELLEVILLE / IPRAUS UMR AUSSER b.marioll

Contact : Béatrice Mariolle ENSA PARIS BELLEVILLE / IPRAUS UMR AUSSER b.mariolle@wanadoo.fr VERNACULAIRE CONTEMPORAIN Auteurs Béatrice Mariolle Avec Marie-Ange Jambu architecte HMONP Mots clés : vernaculaire, rural, logiques spatiales Résumé : Parler d’Hyperville à la manière d’André Corboz et évoquer ainsi une approche globale de l’urbanisation du sol, permet de s’interroger sur la manière dont les espaces de basses densités, qu’ils participent historiquement du rural ou, aujourd’hui, du périurbain, selon les catégories de l’INSEE, peuvent contribuer au développement de territoires globalement plus durables. La recherche FRUGAL « Formes Rurales de l’Urbain Généralisé » menée dans le cadre du programme ANR Villes et Bâtiments durables réunit des chercheurs en géographie (CRIA Géographies Cité), en écologie (Muséum d’Histoire Naturelle) et en architecture (IPRAUS). Au sein de cette équipe, l’IPRAUS a choisi de poser la question des formes urbaines et architecturales, existantes et futures, au regard des critères climatique, énergétique et hydrologique. En faisant l’hypothèse que la proximité de la nature constitue une valeur technique forte pour une architecture écologique, et que formes bâties et nature peuvent se combiner pour construire ensemble des systèmes d’échange et répondre aux besoins nécessaires à l’implantation humaine, à savoir, l’eau, les matériaux, l’énergie, l’alimentation, la mobilité… mais aussi les espaces de rencontre, les services… Toutes ces aménités constituent une toile de fond d’accueil de populations et d’activités. Les déterminants spatiaux pré-industriels nous intéressent car ils positionnent les territoires dans une relation presque charnelle entre l’urbanisation et les ressources naturelles. Il faut les mettre en regard des logiques spatiales actuelles et imaginer des potentiels futurs. Comprendre l’implantation des lotissements, centres commerciaux, zones d’activités. C’est dans cette vision diachronique et prospective que le studio « habiter les nouvelles campagnes » prend place à l’Ecole d’architecture de Paris Belleville depuis plusieurs années. VERNACULAIRE CONTEMPORAIN Le 20° siècle nous lègue un territoire que nous ne comprenons plus. En marge des espaces hyper planifiés, centres anciens, grands ensembles sociaux, quartiers composés… se sont bâtis des hectares de lotissements, de zones commerciales et d’activités, des kilomètres de réseaux, d’infrastructures de transport, de tuyaux, de cables et de système de communication. A coup d’opportunité foncière et de fonctionnalisme de l’échange, en plusieurs siècles, notre cadre de vie n’est plus compréhensible, reconnaissable. C’est pourquoi, aujourd’hui, un écart tragique se produit entre la réalité territoriale et sa représentation mentale1. Comment digérer de tels bouleversements alors que les catégories passées sont encore très présentes dans nos imaginaires et dans les statistiques. Pour l’INSEE les aires urbaines2 sont définies à partir de critères de continuité et de dépendance à la ville centre. Le périurbain entoure les pôles ; le rural3 existe en creux par rapport à l’urbain comme l’exprimait en 2003 le groupe de travail portant sur la structuration de l’espace rural4.. Sur le terrain, on réalise que les différences entre le périurbain, le rural, les villes et les villages, ne sont plus opérantes, et que les modes de vie ne correspondent plus aux morphologies construites. Alors que l’urbain s’est généralisé5 en termes de mode de vie, les formes bâties se complexifient par leur rapprochement, leur frottement. Les limites et les catégories spatiales d’hier permettent, au mieux, de stigmatiser les formes d’urbanisation dispersées, au lieu de s’en préoccuper réellement. « Le thème de la ruralité est marginalisé, englouti par des préoccupations traditionnelles de l'urbanisme pour la consommation du sol ».6. Parler d’Hyperville à la manière d’André Corboz et évoquer ainsi une approche globale de l’urbanisation du sol, permet de s’interroger sur la manière dont les espaces de basses densités, qu’ils participent historiquement du rural ou, aujourd’hui, du périurbain, selon les catégories de l’INSEE, peuvent contribuer au développement de territoires globalement plus durables. Il ne s’agit pas pour autant de nier leurs spécificités morphologiques et leur diversité mais au contraire de les observer pour eux-mêmes. En d’autres termes, au regard du développement durable, l’urbain de basses densités ne doit plus demeurer hors-sujet comme modèle d’urbanisation, au motif qu’il serait incompatible avec l’économie d’espace, la diversité des fonctions, le brassage des groupes sociaux, l’espace public et l’urbanité, la sobriété énergétique, la préservation de la biodiversité et des écosystèmes agro-naturels ainsi que des patrimoines paysagers. D’autant plus que la question de la densité est à manipuler 1 Corboz,André, La pendule de profil comment penser la mutation ? Mégapole, cahier 14 institut pour l’art et la ville, Givors, nov.1996 p7-15 2 Une aire urbaine est un ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain (unité urbaine) de plus de 10 000 emplois, et par des communes rurales ou unités urbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci. 3 L' espace rural, regroupe l'ensemble des petites unités urbaines et communes rurales n'appartenant pas à l'espace à dominante urbaine (pôles urbains, couronnes périurbaines et communes multipolarisées). Cet espace est très vaste, il représente 70% de la superficie totale et les deux tiers des communes de la France métropolitaine. 4 Structuration de l’espace rural : une approche par les bassins de vie » (INSEE, SCEES l’IFEN, et la DATAR, 2003 5 choay 6 Vigano Paola les territoires de l'urbanisme le projet comme producteur de connaissance Metis Presses 2010 traduction AGA 2012 p 166 avec précautions quand on compare des calculs faits à la commune alors que les bourgs, villages et hameaux présentent des densités au moins équivalentes aux faubourgs et banlieues des agglomérations. On parlera donc plus précisément de densités dispersées. Entre ville compacte et urbanisation dispersée, les débats impliquent de prendre position pour le futur face aux conditions actuelles de crise environnementale, économique et sociale. Pour exemple, on peut citer le groupe de prospective de la DATAR sur l’espace périurbain de la France qui envisage quatre scenarios pour 2040 (Vanier, 2008): pour le premier, l’urbain compact l’emporterait, et la périurbanisation serait stoppée ; le deuxième imagine une priorité donnée à la dispersion grâce aux progrès techniques et urbanistiques, les faibles densités devenant plus facilement durables ; le troisième scénario mise sur le développement de pôles de transport créés dans un périurbain organisé ; et enfin le quatrième scénario mise sur l’émergence d’un polycentrisme densifiant des centres périphériques. La deuxième hypothèse nous intéresse car nous sommes persuadés que les territoires de densité dispersée offrent un potentiel d’expérimentation d’un futur durable à travers des solutions environnementales alternatives à une pensée techniciste, qu’il s’agisse d’énergie, d’assainissement, de recyclage… Territoires dynamiques Les territoires périurbains et ruraux sont aujourd’hui aux prises avec une dynamique qui participe d’un enrichissement des ressources sociales avec le repeuplement des campagnes par migration constatée ces dernières années et le déploiement des emplois et du réseau associatif. En bousculant à la fois les tendances lourdes à la polarisation métropolitaine, telle qu’elle a pu se concrétiser depuis plus d’un siècle, et les pré-requis de la « ville durable » nécessairement compacte, cette dynamique pose la question des perspectives d’évolution de ces territoires et des formes de re-distribution des populations. En se repeuplant ces territoires est il souhaitable de mettre en oeuvre des formes de hiérarchie entre les différents types d’agglomérat bâti (village, bourg, petite ville), ou bien, au contraire, de valoriser une organisation isotrope qui permette à chaque commune de bénéficier d’un minimum de services. Le cas de la France et de l’Allemagne illustre ces deux orientations. En Allemagne, le regroupement communal a induit une organisation hiérarchique forte et maîtrisée. Par exemple, le Regional Plan de la Franconie pèse sur les décisions programmatiques de chaque commune notamment en termes d’implantation de commerces, d’équipements et de logements. En France, chaque commune défend encore ses commerces, ses activités et ses extensions de logements, malgré la mise en place des intercommunalités. Les conséquences constatées sont évidemment une plus grande concentration des aménités dans un cas et une dispersion dans l’autre, mais ce qui est intéressant c’est la manière donc cette organisation spatiale impacte les distances entre domicile et services et donc les déplacements quotidiens. Cette question interroge la distribution des populations au sein de ces territoires d’urbanisation dispersée. C’est autour de ces questions que la recherche FRUGAL s’est construite, faisant suite à plusieurs années de travail de recherche sur quelques échantillons français et allemands historiquement ruraux. 7 FRUGAL La recherche FRUGAL « Formes Rurales de l’Urbain Généralisé » menée dans le cadre du programme ANR Villes et Bâtiments durables réunit des chercheurs en géographie (CRIA 7 Recherche : Mobilités dans l’ « entre-ville » Une comparaison franco-allemande PREDIT (GO) n° 3 2010-12 Brès+Mariolle, IPRAUS, PRODIG Géographies Cité), en écologie (Muséum d’Histoire Naturelle) et en architecture (IPRAUS). L’objectif étant d’élaborer des scénarios d’organisation spatiale prenant en compte les enjeux économiques, écologiques, architecturaux, et de mobilité à partir d’une dizaine d’échantillons de territoire français. Cette recherche, qui doit se dérouler sur trois années, démarre à partir de deux échantillons de territoires en Picardie et en Limousin. Au sein de cette équipe, l’IPRAUS a choisi de poser la question des formes urbaines et architecturales, existantes et futures, au regard des critères climatique, énergétique et hydrologique. En faisant l’hypothèse uploads/Geographie/ 03-beatrice-mariolle 1 .pdf

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