Bulletin de l'Institut Scientifique, Rabat - 1978 - N° 2 - p. 75 et 76. BIBLIOG

Bulletin de l'Institut Scientifique, Rabat - 1978 - N° 2 - p. 75 et 76. BIBLIOGRAPHIE Paul Ozenda : Flore du Sahara, 2" éd (revue et complétée). - 622 p., 176 + 60 fig. au trait, 16 pl. ph. h. t., 1 carte h.t., Editions du Centre national de la recherche scient(fique. paris, 1977. Le succès mérité q).l'a rencontré la première édition de cet ouvrage a amené l'auteur à nous présenter une seconde édition considérablement augmentée et mise à jour de nos connaissances actuelles. Sans reprendre l'analyse que j'en avais faité en son temps pour sa parution en 1968 (C.R. siances Soc. sei. nat. phys, Maroc. 1959' : 24-26), je tiens à répéter tout le bien que j'en pense pour ceux qui abordent maintenant le Sahara et souhaitent trouver un guide botanique utile et agréable. Aucun ouvrage comparable n'existe et il a ainsi comblé une lacune d'autant plus regrettable que la connaissance botanique de ce désert résultait de nombreux travaux épar~. Si la flore saharienne est pauvre en espèces comme en individus, n'importe quel itinéraire à travers ergs, hamadas êt regs permet l'obser- vation de plusieurs centaines d'espèces et les grandes traversées nord-sud qu'on est maintenant accoutumé de faire grâce aux moyens modernes demandent la connaissance d'environ un millier de taxons, adaptés au climat désertique certes, mais avec toutes ses nuances depuis les méditerranéennes jusqu'aux tropicales. Et encore ne fait-on allusion ici qu'aux taxons de rang spécifique au sens ordinaire du mot. Des travaux récents de l'équipe dirigée par le professeur J.P. Barry montrent qu'un certain nombre, par exemple dans le genre Rhanterium. présen- tent une variation témoignant d'un jeu subtil des influences climatiques tant actuelles que passées. L'auteur a su réaliser dans cette Flore un compromis heureux entre l'érudition et la vulgarisation de haute tenue. Une bibliographie importante, comportant de nombreux titres récents, permet mieux encore que le texte de prendre connais- sance des études sahariennes approfondies dans toutes les branches de la géobotanique. C'est bien une Flore au sens habituel avec ses clés de détermination, mais accompagnée d'une substantielle introduction allant de la phytogéographie à la phytosociologie, l'écologie et même la physiologie écolo- gique, sans oublier l'aspect floristique qui en découle si naturellement, avec une analyse fort instructive des éléments représentés au Sahara. Enfin une illustration abondante et de très bonne qualité accompagne le texte. Disposée le plus souvent par pages entières, eUe est facile d'accès et d'une échelle uniforme (demi- grandeur, sauf exceptions). On doit en féliciter très vivement les auteurs de la 1ère édition (Mm' Schotter, Mlle Genevois et P. Ozenda) comme de la seconde (Mm' Lucas). Il est difficile par exemple de mieux rendre par le trait en noir la blanche élégance des Aris/ida à la floraison'. Quand aux planches photographiques (dues surtout à P. Bellair et P. Ozenda), elles permettent de passer en revue les principaux biotopes sahariens, les diverses formations végétales et quelques-unes des plantes caractéristiques qui frappent l'imagination, tel Ca/otropis procera (malheureusement en fleurs seulement ... ). Cette seconde édition conserve bien entendu toutes les qualités et tous les mérites de son ainée. Si les planches photo- graphiques n'utilisent plus l'héliogravure et perdent un peu de leur velouté, l'abandon d'une justification rigide permet de mieux remplir les pages avec un meilleur agrandissement. Malheureusement les moyens financiers du Centre national de la recherche scientifique qui a assuré l'édition n'ont pas permis 'de refondre le texte primitif. Les pages 9 à 463 sont l'exacte reproduction de la première édition (en dehors de quelques coquilles, dont certaines incomplètement corrigées, comme à la p. 394 pour Echiochilon Chaza/iei), L'auteur a donc dû rédiger une mise à jour par touches successives en les groupant dans une 3' partie de "Compléments". On ne peut que regretter vigoureusement cette politique qui place l'auteur dans le cruel dilemme, ou bien l'ouvrage; épuisé, ou bien la réimpression annotée. L'éditeur a contraint l'auteur à conserver toujours le même point de départ, son texte primitif et c'est 1. La figure 18 a même été améliorée pour deux espèces et il faut reconnaître que la silhouette générale d'Androcymbium punctatum est beaucoup mieux rendue. 76 CH. CHAUVAGE particulièrement regrettable pour les sujets qui ont fait l'objet de nombreuses recherches récentes ou d'une mise au poiill importante. Ainsi, pour ne prendre qu'un exemple, la parution en 1959 et 1%3 de la monumentale monographie de J. Dubief sur le climat du Sahara aurait certainement amené P. Gzenda à refondre complètement son paragraphe sur les facteurs climatiques. Que dire des acrobaties que le système des corrections impose au lecteur pour la détermination des plantes. Contrairement à une opinion trop répandue, la taxi- nomie n'est pas une science figée. L'étude approfondie des plantes permet de découvrir de nouveaux caractères ou de constater que ceux que l'on croyait généraux sont fluctuants. Ajouter une bonne centaine d'espèces dans des clés exige l'emploi de caractères génériques et spécifiques supplémentaires et par suite une refonte entière. Toutes ces remarques ne font que rehausser le mérite de P. Gzenda qui a su rendre aussi facile que possible la navette imposée entre l'ancien et le nouveau texte. Encore faut-il que l'impression n'ait pas omis la lettre C qui permet de passer du premier au second (exemples: p. 16 pour aller à un complément sur la nébulosité et la rosée, particulièrement important pour qui veut comprendre la végé- tation du Sahara océanique ; p. 70 surtout pour des remarques sur la validité de la notion d'association au désert; p. 294 pour deux espèces supplémentaires de Lotus ... ,) Il est nécessaire de souligner les mauvaises conditions faites à l'auteur pour juger aussi honnêtement que possible le résultat obtenu. En ce qui concerne l' "introduction à la botanique saharien- ne", la 2' édition apporte des compléments importants sur la physiologie écologique (alimentation en eau, biologie de l'eau chez les thérophytes, photosynthèse des plantes sahariennes, résistance des tissus désertiques, etc.) en faisant largement appel à la bibliographie étrangère. Quelques données sont également apportées sur la biomasse et la productivité des écosystèmes sahariens. Peut-on dans une synthèse si condensée et où le choix est de ce fait si difficile regretter des oublis? l'aurais pourtant pour ma part aimé que soit signalé ailleurs qu'en bibliographie l'essai que J.P. Barry et J. CI. Celles nous ont proposé en 1973 pour les divisions bioclimatiques et floris- tiques du Sahara algérien. La partie analytique ou Flore proprement dite est augmentée de 67 pages qui introduisent les principales espèces des Sahara occidental et méridional, à peine traités dans la première édition, ainsi que les espèces découvertes 'dans les vingt dernières années aux Sahara septentrional et central, avec en outre quelques notes sur le Sahara égyptien. Comme l'a voulu P. Gzenda, c'est avant tout une "Flore du milieu saharien" et non celle d'un territoire difficile à limiter strictement par des critères floristiques. Ainsi les botanistes du Sahara ont de nouveau un outil moderne qui leur servira d'introduction aussi bien en phyto- géographie, en phytosociologie, en écologie et bien entendu en taxinomie et en floristi9ue. Ce n'est pas le moindre mérite de cet ouvrage d'avoir réuni l'essentiel en un volume de 622 pages, qui reste encore maniable. L'amitié qui me lie à l'auteur me permet de lui adresser cette fois encore 'quelques critiques. Je n'aurai garde d'aborder le problème de la nomenclature, puisque nous venons avec quelques collègues, de nous engager à y mettre bon ordre pour la flore du Maghreb, la saharienne comprise. C'est un très gros travail, mais je regrètte toutefois que les conventions orthographiques ne soient' pas strictement les mêmes entre la partie ancienne et la nouvelle. plus importante me paraît,l'insuf- fisance de l'index réduit comme pour la 1·" édition, à la liste des familles et des genres aux pages des parties analytiques seulement. Cela limite beaucoup l'utilisation de l'information très importante qui se trouve dans J'introduction et son complément. Cela aurait permis au passage de redresser quelques flottements de nomenclature, quelques oublis aussi. tel Barleria Schmittii Benoist, endémique du Zemmour cité dans les compléments p. 495 et omis dans la clé nouvelle des Acanthacées. Une erreur d'auteur a été introduite par mégarde p. 555 où il faut lire Hedysarum argentatum Maire (Contr. 2966, 1939). D'une façon plus générale, la flore du Sahara occidental est encore un peu sacrifiée, soit que certaines additions aient été seulement mentionnées sans être introduites dans les clés de détermination (Polycarpaea. Suaedu, Teucrium). soit que quelques taxons aient été omis, ainsi Limonium Cha~aliei (Boissieu) Maire qui remonte jusqu'en Seguiet-el-Hamra (A. Dubuis, L. Faurel et p, Simonneau, 1960), soit enfin que l'existence au Sahara occidental de certaines espèces et citées par ailleurs soit passée sous silence, ainsi pour Tephrosill purpurea et T. leptostachya. la seconde faisant partie du stock des plantes tropicales qui remontent au Maroc jusque dans la région de Goulimine 2. Enfin, SI Je comprends que P. Gzenda ait reculé devant l'introduction systématique des noms vernaculaires, si variables selon les région et surtout les ethnies, je m'inscris en faux contre l'assertion selon laquelle "les populations rurales n'ont pas toujours une connaissance très silre des végétaux spon- tanés uploads/Geographie/ 06-sauvage-75-76.pdf

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