Téguia Bogni: Verbes et conjugaison en camfranglais 171 Verbes et conjugaison e

Téguia Bogni: Verbes et conjugaison en camfranglais 171 Verbes et conjugaison en camfranglais TÉGUIA BOGNI Centre National d’Éducation/Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation Laboratoire LADYRUS (Langues, Dynamiques et Usages) de l’Université de Ngaoundéré (Cameroun) negusteguia@yahoo.fr REZUMAT: Verbele şi conjugarea în „camfranglais” „Camfranglais” este o limbaj urban specific Camerunului. Acesta este un lim- baj hibrid ale cărui limbi de bază sunt engleza şi franceza, precum şi limbile substratului, limbile vehiculare, în general. Verbul ocupă un loc important în construcţiile sintactice ale acestui limbaj. În general, adoptă caracteristicile verbale ale francezei. Acest articol are drept scop de a înţelege şi de a explica verbele şi conjugarea în „camfranglais”. Este vorba, printre altele, de a deter- mina etimologia şi procedeele neologice a şaizeci de verbe, de a prezenta cele patru grupe de verbe şi de a enumera, în sfârșit, cele zece timpuri cel mai des utilizate ale acestui limbaj argotic. Exemplele folosite pentru a susţine această contribuţie provin, în mare parte, din lucrări ştiinţifice, dar şi din texte ale muzicii urbane. CUVINTE-CHEIE: argou, creativitate lexicală, etimologie, grupe verbale, limbaje ale tinerilor, timpuri verbale ABSTRACT: Verbs and Conjugation in “Camfranglais” “Camfranglais” is a Cameroon-specific urban language. This is a hybrid lan- guage whose basic languages are English and French, as well as the limbs of the substrate, the spoken languages in general. The verb occupies an im- portant place in the syntactic constructions of this language. In general, he adopts the verbal features of the French. This article aims to understand and explain the verb and conjugation in “camfranglais”. It is, among other things, to determine the etymology and neologisms of sixty verbs, to present the four groups of verbs and finally to enumerate the ten most commonly used times of this argotic language. The examples used to support this contribution come largely from scientific papers, as well as from the texts of urban music. KEYWORDS: slang, lexical creativity, etymology, verbal groups, youth speak, verb tenses  ARGOTICA 1(7)/2018  172 RÉSUMÉ Le camfranglais est un parler urbain propre au Cameroun. C’est un parler hybride dont les langues de base sont l’anglais et le français, et les langues de substrat, les langues véhiculaires, en général. Le verbe occupe une place im- portante dans les constructions syntaxiques du camfranglais. Il épouse en gé- néral les caractéristiques verbales du français. Le but de cet article est de com- prendre et d’expliquer les verbes et la conjugaison en camfranglais. Il s’agit, entre autres, de déterminer l’étymologie et les procédés néologiques de soixante verbes, de présenter les quatre temps verbaux et, enfin, d’énumérer les dix temps les plus usités de ce parler argotique. Les exemples, pour étayer cette contribution, proviennent en grande partie des travaux scientifiques, mais également de textes de musiques urbaines. MOTS-CLÉS : argot, créativité lexicale, étymologie, groupes verbaux, parlers jeunes, temps verbaux Introduction N PARLER JEUNE EST UN SYSTÈME de communication linguistique propre à un groupe de jeunes ; il est la résultante d’un mélange inextricable de mots, syntaxes, figures stylistiques et éléments sociolinguistiques issus de plusieurs langues, une dizaine dans certains cas [1]. En Afrique francophone, il existe deux parlers jeunes prisés par les linguistes francophones, à savoir le nouchi en Côte d’Ivoire et le cam- franglais au Cameroun. Le camfranglais [2] est un parler hybride dont les langues de base sont d’une part le français et, dans une certaine mesure, l’an- glais et d’autre part les langues nationales camerounaises, véhiculaires en général, comme langues de greffon. Utilisé par les jeunes Camerounais, le camfranglais, bien que parlé sur tout le territoire national, présente des va- riations selon les lieux, l’âge et le niveau d’étude de ses locuteurs (EBONGUE & FONKOUA 2010 ; BISSAYA BESSAYA 2015). Il s’agit, comme très souvent, d’un parler principalement oral même s’il est, de plus en plus, écrit, notam- ment dans les SMS, sur Internet et dans les textes musicaux comme les mu- siques urbaines, en particulier. Un regard sur les données écrites et orales du camfranglais rend compte, a priori, de ce que les différents éléments lexicaux qui les constituent sont susceptibles d’être rangés dans les classes de mots, les uns étant plus spéci- fiques que les autres. La phrase suivante peut illustrer ce qui vient d’être dit : Je vais go en Mbeng avec mes mouna si je win les do (« J’irai en France (Europe) avec mes enfants si je gagne de l’argent »). Le verbe, objet principal de cette étude, occupe une place importante dans les constructions syntaxiques du Téguia Bogni: Verbes et conjugaison en camfranglais 173 camfranglais, comme dans celles des langues parlées du monde. Le verbe fait donc partie, pourrait-on dire, des universaux linguistiques (cf. SAFFI 2005) tant on pourrait le qualifier de cheville ouvrière d’une bonne communication sur- tout lorsque la phrase produite est soit longue soit imprécise, c’est-à-dire con- textuelle. Le verbe permet, en effet, de situer les évènements relatés dans le temps au moyen des désinences modales, temporelles ou aspectuelles en rela- tion avec des personnes, uniques ou nombreuses. Toutefois, ces désinences sont différentes selon les systèmes linguistiques et les actions, états ou relations exprimés par le verbe. À la suite de qui vient d’être dit, on peut se demander comment se conjuguent les verbes en camfran- glais. En clair, quels sont les différents groupes de verbes, les modes et les temps du camfranglais ? Au premier aspect, il apparaît que les verbes du cam- franglais épousent les caractéristiques temporelles de la principale langue de base, à savoir le français. Néanmoins, il présente des différences assez spéci- fiques, voire originales. Le but de cet article est de comprendre, mais aussi d’expliquer, les verbes et la conjugaison en camfranglais. Il s’agit principalement du traitement des questions orthographiques et phonétiques. Ensuite, il faudra déterminer l’éty- mologie des verbes et déterminer leurs différents groupes. Enfin viendra la présentation des modes et temps verbaux les plus usités. Si la théorie utilisée dans le cadre de cette étude repose prioritairement sur le comparatisme cam- franglais-français, les exemples pour étayer cette contribution viennent, eux, de plusieurs travaux scientifiques (présentés infra) ainsi que de textes de mu- sique urbaine camerounaise. 1. Revue de la littérature sélective En général, les travaux sur le camfranglais abordent les questions du système verbal de même que ses spécificités. Mais ceux qui retiennent particulière- ment l’attention dans le cadre de cette réflexion sont au nombre de quatre. Ainsi, nous avons tout d’abord Le camfranglais : quelle parlure ? : étude linguis- tique et sociolinguistique de NSTOBÉ, BILOA & ECHU (2008). C’est un livre ma- jeur dans la mesure où il traite de presque tous les aspects linguistiques du camfranglais. En ce sens, BILOA aborde la question de la conjugaison des verbes (NSTOBÉ, BILOA & ECHU 2008 : 119-123). Pour cet auteur, les temps du camfranglais sont au nombre de six, à savoir : le présent de l’indicatif, le passé [imparfait de l’indicatif], le parfait [passé composé], le passé [plus-que- parfait], le futur et l’impératif présent. Dans son ouvrage « Influence du lexique verbal du camfranglais dans le processus d’acquisition du français de scolarisation chez les jeunes de Yaoundé », ONGUENE METE (2012) traite de l’acquisition orale du français  ARGOTICA 1(7)/2018  174 chez les jeunes, tout en montrant l’impact qu’a le camfranglais, notamment sur le registre verbal. Son statut d’enseignant justifie sa volonté de com- prendre les influences que peut avoir ce parler mixte sur les apprenants. Il conclut que même si les influences sont visibles au niveau des flexions ver- bales, les verbes du camfranglais, parce que peu nombreux, ne supplantent absolument pas ceux du français. En troisième ressort, BISSAYA BESSAYA, dans Le camfranglais, dénombre, en ce qui le concerne, cinq temps verbaux, à savoir : le présent de l’indi- catif, le présent de l’impératif, le passé [imparfait de l’indicatif], le passé composé et le futur (2015 : 128-133). Nous citerons enfin « Le camfran- glais, né de l’acclimatement/acclimatation du français, au cœur d’une glottonomie socio-profane » d’ELOUNDOU ELOUNDOU (2016). Cette contri- bution analyse les interventions des internautes sur deux forums ; ainsi, les internautes revendiquent le camfranglais comme une langue à part entière donc différente du français et du pidgin-english. Ils ont par ail- leurs une perception normative du camfranglais, notamment sur les plans grammatical, morphologique et syntaxique. C’est dans cet ordre d’idées que ces discuteurs du virtuel se retrouvent à discuter de la conjugaison en camfranglais (2016 : 7-9). 2. Corpus, méthode et théorie Le corpus de cette étude est un échantillon de soixante verbes qui ont été recensés dans les musiques dites urbaines et les travaux de recherches, prin- cipalement chez les auteurs tels que NTSOBÉ, BILOA & ECHU (2008), BISSAYA BESSAYA (2015) et KAMDEM FONKOUA (2015). On pourra noter que les verbes du quatrième groupe sont les plus nombreux de notre corpus (cf. § 4). Ce choix a été fait à dessein, car ce groupe de verbes est une particularité du camfranglais ; elle permet en effet de rendre compte des spécificités de la conjugaison de ce parler urbain. En tant que camfranglophone, c’est-à-dire locuteur uploads/Geographie/ 10a-teguia-bogni.pdf

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