1 DUALITE ENTRE LEGS COLONIAL ET NOYAU HISTORIQUE : L’ARABISANCE EN QUESTION ?.
1 DUALITE ENTRE LEGS COLONIAL ET NOYAU HISTORIQUE : L’ARABISANCE EN QUESTION ?. Autre vision sur la stratégie de réinterprétation. Cas : la ville de kenadsa au sud ouest algérien. Auteurs : Résumé: Les villes du Maghreb ont connu des périodes coloniales symbolisant un nouveau système politique tout en les dirigeant et en les contrôlant. L’administration coloniale a joué un rôle important dans l’organisation de l’espace qui est caractérisée par plusieurs faits. Différentes stratégies adoptées par les colons se résument en deux visages : « le style de vainqueur » et « le style de protecteur » (François Béguin, 1983). L’espace introduit par les colons a produit deux tissus où se déploient le noyau historique (ksar ou médina) par sa morphologie compacte et introvertie, et un système viaire labyrinthe et hiérarchisé, d’une part et d’autre part la ville coloniale avec ses tracés en damiers réguliers, éclatés et extravertis, et l’apparition du concept de place. Néanmoins, on constate une forte réminiscence du style néo-mauresque « arabisance » dans les édifices coloniaux dont il puisait ses référents dans le vocabulaire architecturel local. Le style adopté dans ces édifices (écoles, hôpitaux, villas…) a une forme d’adaptation et de réinterprétation de l’architecture locale dans la stylisation des formes et l’utilisation des éléments architectoniques. Cette arabisance a été courte dans le temps et marquée le paysage urbain des villes du Maghreb. Mais il faut bien souligner que les signes de l’arabisance se limitaient uniquement à une simple reproduction de quelques éléments spécifiques de l’architecture locale (arcs, coupoles, minarets...) contrairement au langage architectural vernaculaire. Cette dualité où se jouent les expériences acquise des colons sera présentée succinctement pour le cas du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie), et plus explicitement pour le cas spécifique de kenadsa (sud ouest algérien). Au siècle dernier seulement, son ksar devait être encore une véritable cité saharienne, elle est considérée parmi les plus importantes cites anciennes de la région sud-ouest par sa dimension culturelle, religieuse spirituelle, et aussi par sa valeur architecturale. Taoufik Souami (2003) a noté que cette ville constituait un cas particulier parmi l’ensemble des agglomérations sahariennes. Dés les années 1940, elle bénéficia d’un traitement spécifique en tant que centre d’exploitation et un plan d’urbanisme et d’aménagement lui fut dessiné en 1941. En face du noyau historique, une cité européenne caractérisée par son plan en damier, constituée de LAIREDJ Ahmed * *Architecte Chercheur, Magistère en architecture Département d’architecture, Université de Béchar-Algérie- B.P.470, 08000 Bechar. Email : haidalairedj@hotmail.com Mobile : +213-06-64-20-08-89 BARKANI Abdelaziz* *Architecte Chercheur, Magistère en architecture Département d’architecture, Université de Béchar- Algérie- B.P.470, 08000 Bechar. Email : abdelaziz.archi@yahoo.fr Mobile : +213-07-75-58-75-43 2 plusieurs îlots réguliers, et des constructions inspirées du vocabulaire architectural du ksar exprimées par un autre langage. En effet, des habitations dotées de jardins, cheminées et fenêtres, sont extraverties, à l'inverse de celles du ksar qui sont introverties…etc. (plus de détails développés dans le contenu de l’article). Enfin, Le propos de cet article est de s’interroger sur la logique de la production spatiale et le style « arabisance » (neomauresque) adopté dans les édifices coloniaux. Cette lecture critique permet de porter une autre logique de la réinterprétation de notre patrimoine locale, basée sur des concepts abstraits plutôt que sur des archétypes formels. La situation constatée dans les travaux dits d’interprétation n’échappe pas du risque de dévalorisation du patrimoine bâti où « la question des archétypes d’architecture se pose comme élément à copier, le risque de ce "mimétisme" par des archétypes éculés usés et abusés, contribue à vider le patrimoine de sa substance, de sa profondeur historique, de sa richesse sémantique et de ses atouts fonctionnels. » (S.Mazouz, 2009). Mots clés : Legs colonial, Noyau historique, Arabisance, néo-mauresque, identité culturelle, Archétype formelle, concepts abstraits, réinterprétation. 3 1. L’empreinte des colons au Maghreb 1.1 L’administration coloniale et les principes de production spatiale L’administration coloniale a joué un rôle important dans l’organisation de l’espace. Le commandant Godard voulait imposer « à toutes les oasis l’obligation d’avoir un plan d’aménagement et d’extension quelque soit le chiffre de leur population »1. Denis GRANDET(1992) a souligné que pour mieux comprendre les logiques de projets et l’urbanisme colonial au Maghreb, il importe de situer les actions urbaines dans un mouvement plus large, celui de l’hygiénisme. Un mouvement qui se développa, reposant essentiellement sur des médecins. En effet, des préoccupations liées à l’hygiène publique apparurent au XVIIIème siècle et se développèrent au XIXème siècle dans la plupart des grandes villes européennes.2 « …En insistant sur le fait que la problématique de l’urbanisme colonial ne nous parait pas formalisable, sans en référer à l’émergence et au triomphe du mouvement hygiéniste, et de ce que, pour aller vite, nous appelons ses héritiers : le fonctionnalisme, le Corbusier et la Charte d’Athènes 3». Cette réalité a jeté ses ombres sur les interventions urbaines coloniales au Maghreb. Au début, quelques actions urbaines furent inhérentes à la mise en contact de villes traditionnelles déjà existantes avec celles des villes européennes projetées (comme le cas de la Tunisie). Le cas de la ville d’Alger, qui fut la première porte d’entrée coloniale au Maghreb, « ait fourni l’expérience à ne pas reproduire car à « l’hygiénisme » triomphant succède un urbanisme qui conserva les médinas dans ses projets. Ce fut le cas des médinas marocaines, tunisiennes et, dans une moindre mesure, certaines médinas algériennes (Constantine, Tlemcen,…). Cependant les problèmes posés par la juxtaposition des villes traditionnels et européennes n’étaient pas négligeables. 4». Avec le discours de l’hygiénisme plus répandu, ces adjonctions aboutirent progressivement à la séparation éloignée des deux villes : traditionnel/européenne. Lyautey déclare qu’ « Il faut toujours, et vite, finir par sortir de la ville indigène et créer de nouveaux quartiers. Mais il est alors trop tard : le mal est fait ; la ville indigène est polluée, sabotée ; tout le charme en est parti et l’élite de la population l’a quittée. L’expérience de trop, les villes Algériennes étaient là pour nous l’enseigner. Il était donc bien plus simple, puisque l’on devait en sortir, de commerce par se mettre dehors. »5 Le cas marocain fut marqué par le rôle considérable du Maréchal Lyautey dans les choix d’un urbanisme basé sur cette stratégie « le principe de séparation », une théorie représente une politique développée par LYAUTEY en collaboration avec l’urbaniste PROST, le commandant Godard déclare sur cette nouvelle stratégie celle de séparation dans le cas du Marco que : « Ce principe cher Lyautey a, sans doute, eu d’excellents résultats esthétiques au Maroc et en particulier à Rabat qui constitue une des belles réussites urbaines 1 Le commandant Godard, op.cit., p215. Cité par T.Souami. 2 Un mouvement hygiéniste se développe, reposant essentiellement sur des médecins. Ceux-ci multiplient les constats d’insalubrité. C’est Villerme à Paris et à Lille, Guepin à Nantes, Saint-Ander à Toulouse. 3 D.Grandet, "Architecture et urbanisme islamiques", Alger, OPU, 1992 (réimpression). Cf. chapitre IV "l’urbanisme colonial au Maghreb", pp.92. 4 Nassima Dris, "La ville mouvementée: espace public, centralité, mémoire urbaine à Alger», page 86 5 Marchéal LYAUTEY, cité dans la page 04 dans la dernier partie« ville nouvelle », du mémoire de l’Epau, 4 françaises», malgré que le commandant n’est pas d’accord avec cette stratégie car a son point de vue ce principe ne s’impose nullement au Sahara vu le peu d’importance des agglomérations indigènes et ce n’est que dans des cas très particuliers et uniquement pour la défense du site qu’il nous parait admissible.6 Le rôle du Maréchal Lyautey débuta en 1912 avec une véritable politique d’administration d’aménagement et d’urbanisme sur la base de trois règles fondamentales : 1. séparer les médinas des « villes européennes », 2. protéger le patrimoine architectural (non seulement des monuments mais des ensembles bâtis en entier). 3. Adopter un urbanisme moderne pour les villes européennes.7 1.2 L’arabisance « style néo mauresque » au Maghreb Au point du vue architecturale, le style mauresque resurgit au début du XXème siècle. Très rapidement, les villes du Maghreb se transforment et offrent une nouvelle image urbaine grâce aux nouveaux monuments, dont le style si particulier se définit comme néo-mauresque. En Algérie et à partir du 1830, N. K. Driouèche nous informe que Les premières extensions de la ville (Alger) caractérisées par le refus de cette architecture vernaculaire, ont défini un style dit colonial dont les bâtiments publics se caractérisent par un éclectisme de style historique : le néo-classique, néo-grec,… etc. si le style néoclassique s’y développe jusque dans les années 1930, une critique a été commencé sur cette architecture très occidentale qui semble ignoré la culture locale « indigène ». Quelques années plus tard, une prise de conscience de la perte de l’héritage historique légué par une population autochtone, véhiculant des traditions culturelles et sociales, conduit, à partir de 1903, le gouverneur Charles Célestin Jonnart à imposer le style néo‑mauresque aux constructions publiques. « En, 1905, Jonnart déclare que l’architecture néo-mauresque d’inspiration locale serait style d’Etat, censé réconcilier le passé et le présent, l’Occident et l’Orient, et allier tradition et modernité. »8. Selon N.Driouèche « l’objectif de ce style architectural nouveau dans les colonies uploads/Geographie/ 2-barkani-a-lairedj-a.pdf
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- Publié le Aoû 11, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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