VOYAGES ET DÉCOUVERTES AU XVIIIème SIÈCLE LES VOYAGES DE BOUGAINVILLE ET COOK M
VOYAGES ET DÉCOUVERTES AU XVIIIème SIÈCLE LES VOYAGES DE BOUGAINVILLE ET COOK Marie-France LUIGGI PLP Lettres Histoire L.P. A. Maillol PERPIGNAN Objectifs: -Faire les liens entre ces voyages de circumnavigation, l'encyclopédie et le siècle des Lumières. -Montrer les différences fondamentales entre les voyages du XV-XVIe siècle et ceux du XVIIIe siècle. Montrez en quoi les motivations ont changé. Problématiques possibles -Les voyages de grandes découvertes et le passage d'une économie précapitaliste à une économie capitaliste avec l'arrivée massive de métaux dont l'Europe manquait cruellement. -Les voyages de grandes découvertes et une première mondialisation. -Les voyages de grandes découvertes et la rencontre avec l'Autre -Les voyages de grandes découvertes et les sciences: Une nouvelle vision du monde la possibilité de faire le lien avec la séance suivante les lumières et la révolutions; quel impact de ces nouvelles civilisations pour les intellectuels européens? Au XVIIIe siècle avec la curiosité scientifique, l'exploration se fait de plus en plus indépendante, autonome des ambitions et des rivalités coloniales des puissances. Les voyages de grandes découvertes sont stimulés par la curiosité scientifique et la connaissance de la terre. Il s'agit de campagnes de découvertes scientifiques. Ces expéditions ont des ambitions encyclopédiques en lien avec le siècle des Lumières. Rendues possibles aussi grâce aux progrès des méthodes de navigation, ces expéditions sont aussi motivées par l’émergence de nouveaux courants philosophiques, incarnés notamment par Jean-Jacques Rousseau et plus tard, par Charles Darwin. Ces voyages de circumnavigation sont organisés par les deux plus grandes puissances coloniales : la Grande-Bretagne et la France avec le voyage de circumnavigation de Bougainville en 1768 et les trois voyages de Cook entre 1769 et 1778 pour permettre de vérifier les idées, les hypothèses émises dans les cabinets par les savants. Mais ces voyages sont aussi le fruit de l’ambition des grandes puissances occidentales qui veulent contrôler les principales routes de navigation et annexer d’autres territoires. L'explorateur: l'histoire d'un mot Explorateur: celui qui va, qu'on envoie à la découverte d'un pays pour en connaître l'étendue, la situation.... Cette définition signale, en 1718, l'entrée du mot « explorateur »dans le Dictionnaire de l'Académie française mais il faut attendre les vingt dernières années du siècle pour que la notion soit appliquée au champ géographique. Cependant le mot de l'époque utilisé est navigateur ou voyageur naturaliste. Quels sont les liens entre reconnaissance militaire et exploration scientifique ? Point d'intentions conquérantes pour la Pérouse qui cherche de nouvelles routes maritimes et qui travaille à la reconnaissance générale du globe à la suite des Anglais par le relevé des côtes et des îles découvertes. La tâche de l'explorateur est de dresser la carte de régions jusqu'alors échappées au regard de l'Europe. L'explorateur est un envoyé officiel, chargé par son gouvernement d'une mission de découverte dans une région lointaine et inconnue. Et peut se trouver pris dans le jeu des rivalités politiques et des conflits internationaux. Il est l'éclaireur de l'Europe, un avant coureur d'un front de conquête intellectuelle. Outre l'image romantique de l'explorateur, son voyage est l'accomplissement d'une mission organisée, et commanditée. Les liens de la découverte et de la domination du monde ne paraissent pas aussi simples au XVIII qu'au XVIè siècle. Lorsqu'à partir des années 1760, les progrès réalisés dans la mesure de la longitude et dans la préservation de la santé des équipages autorisent d'entreprendre le long voyage jusqu'aux mers australes Bougainville, Cook , la Pérouse transportent dans ces régions les rivalités politiques et les ambitions économiques ou stratégiques de leurs gouvernements respectifs. Le projet d'une « campagne de découvertes » rédigé en vue de la mission de la Pérouse l'affirme expressément: « l'entreprise de commerce n'est ici que l'accessoire » par rapport au programme géographique et scientifique que développent en détail les instructions copiées de la main du roi. La curiosité encyclopédique déployée dans ces expéditions est exceptionnelle, une volonté de connaissances qui dépasse l'utilité directe et immédiate, la conviction qu'il n'est pas de progrès possible sans que soit achevé la découverte du monde, dressé l'inventaire de toutes ses richesses. Les voyages sont l'instrument de ce progrès, car ils sont ouverture, désenclavement, première forme de la circulation et du commerce. Par eux, déjà, l'Europe répand, pacifiquement, le modèle universel de la civilisation. Les instructions de louis XVI à La Pérouse résument cette alliance idéale de la science et de la politique, du commerce et de la philanthropie. Si on retrouve en fin de compte dans ces expéditions l'intérêt politique, c'est par la dimension nationale qui leur est souvent donnée, comme si la démonstration de la grandeur passait par la conquête de la gloire scientifique. Ex la mission française pour la mesure du méridien en 1735 avec Maupertuis et La Condamine. La gloire du roi de France s'affirme dans le progrès de la science et dans la solution de l'énigme de la « figure » de la terre. Un quart de siècle plus tard, l'occasion des passages de Vénus devant le Soleil, en 1761 et 1769 provoque une véritable mobilisation internationale et lance les savants aux quatre coins du monde. L'émulation entre les pays manifeste la formation d'une communauté scientifique internationale elle signifie aussi que l'affirmation nationale passe par le prestige de la science. Du rêve à la découverte: le monde en cartes Voir le tableau de Monsiaux qui dépeint louis XVI donnant ses instructions à La Pérouse pour son voyage autour du monde: sur la table du cabinet royal, des atlas, des cartes déployées, un globe terrestre. Avant le départ c'est sur ces cartes que les explorateurs, géographes et politiques imaginent le voyage avec leurs tracés incertains et leurs espaces blancs. L'imaginaire géographique permet de penser le départ et le rend donc possible. Or deux mystères grèvent encore la connaissance du monde: celui du passage du Nord-Ouest et celui du continent austral dont depuis la Renaissance cartographes et cosmographes continuent, symétrie oblige, de tester l'hémisphère Sud. Ces deux énigmes lancent les explorateurs sur les mers. De plus dans le cas du continent austral, les curiosités des philosophes viennent s'ajouter aux théories des géographes pour pousser à son comble la spéculation. En outre la très forte mortalité due au scorbut au cours de longs séjours en mer, l'imprécision de la navigation à l'estime de ces régions les rendent jusque dans les années 1760 inaccessibles. L'image du monde construite par les découvreurs de la Renaissance et de la première moitié du XVIIème siècle est restée presque sans retouche: l'hémisphère Sud est sur les cartes occupé par un immense continent, le Pacifique est peuplé d'îles une fois repérées et jamais retrouvées avec des noms différents. Grâce aux progrès des astronomes, mathématiciens dans la détermination des distances lunaires et par les horlogers dans la confection de montres assez régulières pour garder à bord la mesure du temps, la navigation astronomique s'impose enfin, qui permet un calcul exact de la longitude. James Cook est le premier lors de son deuxième voyage à emporter des montres, des chronomètres (horloge marine de John Harisson en 1759). Des progrès sont accomplis en matière d'hygiène navale et de protection de la santé des équipages : grâce à des provisions de fruits, choucroute, de légumes confits dans le vinaigre et à une logistique des escales. Le journal, la carte, l'herbier: enregistrer la découverte Expéditions longues de plusieurs mois à plusieurs années : deux ans et sept mois pour Bougainville et quatre pour le troisième voyage de Cook et La Pérouse. Difficultés à supporter l'éloignement, la distance et l'isolement. Les journaux de bord ou de route témoignent des tâches routinières et répétitives: faire le point, dresser la carte observer le pays, la faune, la flore et ses habitants. Le journal de bord permet au fur et à mesure d'enregistrer la découverte. Pratique rendue obligatoire par les ordonnances de 1689 et 1765 pour les officiers comme pour les savants. Curiosité des hommes des Lumières pour les plantes. Le primitivisme des philosophes de Buffon à Rousseau, d'Helvétius à Diderot instaurent le sauvage en témoin des origines de l'homme . Les notations révèlent combien le déplacement dans l'espace est vécu comme un voyage dans le temps qui conduit aux premiers âges de l'Humanité. Pour Bougainville l'escale tahitienne marque l'achèvement de cette remontée dans le passé, jusqu'aux temps originels: il trouve là un peuple « ayant des arts ces connaissances élémentaires qui suffisent à l'homme voisin de l'état de nature, travaillant peu, jouissant de tous les plaisirs de la société, de la danse, de la musique, de la conversation, de l'amour enfin, le seul dieu auquel, je crois, ce peuple sacrifie ». Pour l'Européen, le voyage est occasion d'un retour aux sources de l'histoire humaine. Du voyage au récit. Car écrire est un devoir que rappelle l'Abbé Prévost: « un véritable voyageur doit travailler pour la postérité autant que pour soi même et rendre ses écrits utiles à tout le monde. »De fait avec ses 3540 titres la littérature de voyage devient un genre conquérant. Dès son retour commence pour l'explorateur une période nouvelle celle de la remémoration et de l'écriture: une autre aventure comment raconter une aventure personnelle en uploads/Geographie/ 2-devoydecouvbougainvillecookmfluiggi.pdf
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- Publié le Nov 07, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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