1 HISTOIRE, GEOGRAPHIE ET GEOPOLITIQUE DU MONDE CONTEMPORAIN (épreuve n° 266) A
1 HISTOIRE, GEOGRAPHIE ET GEOPOLITIQUE DU MONDE CONTEMPORAIN (épreuve n° 266) ANNEE 2014 Epreuve conçue par ESCP Europe Voie économique et commerciale Sujet 2014 : L’Afrique subsaharienne est-elle à l’écart du monde ? 1 – COMMENTAIRES SUR LE SUJET PROPOSÉ Manifestement, le sujet 2014 a surpris nombre de candidats habitués depuis longtemps à l’alternance entre des sujets portant tantôt sur le programme de première année (cas de l’édition 2012), tantôt sur celui de seconde année (cas de l’édition 2013). Pour autant, le fait de donner deux années de suite (2013 et 2014) un sujet portant plutôt sur le programme de seconde année ne constituait pas un piège. Rappelons qu’il n’existe aucune règle en la matière et que tous les cas de figure sont envisageables. Cependant, le sujet proposé a été apprécié tant par les préparateurs aux concours que par les candidats. Pour la première fois dans cette épreuve d’histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain pilotée par l’ESCP-Europe, l’Afrique a été mise à l’honneur. Il s’agit en soit d’une vraie nouveauté. La direction de l’ESCP-Europe a d’ailleurs été très enthousiaste vis-à-vis de ce sujet, animée par l'idée d’adresser un signe très favorable à l’égard de ce continent qui commence à sortir de sa marginalisation. En effet, si l’on en croit les rapports les plus récents des grandes institutions internationales, tous les paramètres paraissent enfin réunis pour faire entrer la région la plus déshéritée du monde dans la spirale vertueuse du développement. Bien qu’il soit encore trop tôt pour en dessiner avec précision les contours, une ère de profonds changements s’annonce en Afrique et c’est bien cela qui était au centre du sujet posé. Mais pour sortir des sentiers battus, le sujet a été centré sur la seule Afrique subsaharienne, soit un ensemble de 48 pays formant une belle unité (il fallait prendre ce découpage au sens politique du terme, soit son sens le plus habituel). Cet ensemble méritait cependant d’être explicité dans ce qui en fait la cohérence (notamment sur le plan géographique), ce qui a trop rarement été réalisé par les candidats pour qui il allait de lui-même. Le jury attendait notamment que l’Afrique subsaharienne soit mise ponctuellement en regard avec l’Afrique septentrionale (la question du sujet se pose-t-elle dans le cas de cette région ?), voire avec d’autres régions en développement d’Amérique latine, d’Asie, etc. afin de mieux cerner la question de sa spécificité éventuelle. Il était de même important de se demander si cette question s’appliquait à l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, ou à certaines sous-régions seulement, ce qui invitait à une réflexion sur les facteurs d’unité et de diversité. Or, trop souvent, les candidats ont hélas donné l’impression que tous les pays et que toutes les sous-régions se valaient peu ou prou et que la diversité des situations n’était pas au rendez-vous… 2 2 - COMMENTAIRES SUR LE TRAITEMENT DU SUJET PAR LES CANDIDATS Le libellé du sujet ne présentait aucune difficulté de compréhension. Néanmoins, un nombre significatif de candidats a entendu le sujet comme « l’Afrique subsaharienne est-elle à l’écart de la mondialisation ? » et non comme « à l’écart du monde », ce qui n’était pas la même chose. Cette confusion a conduit alors à des problématiques erronées et à des copies partiellement ou très largement hors-sujet, souvent faites de placages de connaissances passe-partout et plus ou moins bien assimilées. Même si le sujet a été correctement défini par la majorité des candidats, de nombreuses copies ont néanmoins omis des dimensions importantes de la question posée, notamment sur les plans culturels, démographiques, diplomatiques ou sociétaux. Les aspects culturels ont d’ailleurs été les moins sollicités par la plupart des candidats, ce qui révèle un manque de culture générale. Heureusement, les meilleures copies (notes supérieures ou égales à 14/20) ont su associer précision des connaissances diversifiées et actualisées, rigueur de la démonstration, variété des exemples et clarté d’expression pour faire la différence. L’absence - volontaire - de concepts ou de notions clés dans le libellé (à l’instar des termes de « puissance », « enjeux », « rapports de force », « défis », etc.) devait permettre aux candidats de prendre des risques calculés en proposant des problématiques moins convenues, plus personnelles et plus originales. Cette plus grande liberté donnée cette année aux candidats s’est révélée a posteriori convaincante. Elle a su être saisie par les meilleurs ou les plus astucieux d’entre eux, ce qui a permis à ce sujet de se révéler discriminant au final. Bien que formulé au présent, ce sujet était à entendre sur toute l’étendue du programme comme y invitait d’ailleurs la chronologie jointe aux documents d’accompagnement (Document 1, repères chronologiques) qui débutait en 1884-1885 (Conférence de Berlin). Or, fascinées par la seule actualité, beaucoup de copies ne se sont guère appuyées sur l’histoire pour bâtir leur démonstration, se privant du même coup de précieux éléments d’explication. La principale difficulté du sujet venait de la formulation « est-elle à l’écart du monde ». Que fallait-il entendre par cette expression ? Celle-ci sous-entendait un questionnement sous la forme d’un constat (et non un jugement de valeur), d’un avis très partagé dans l’opinion, les médias, chez nombre de responsables politiques, de décideurs et de chercheurs tant en Afrique que dans les pays occidentaux. Cette question a pu être formulée à différentes époques, dans des contextes précis mais aussi par des observateurs plus ou moins bien attentionnés. Mais la formulation sous la forme d’une question suggérait surtout que cette situation (qui a pu être effectivement observée par le passé) n’est plus aussi évidente aujourd’hui, que des évolutions très favorables et un processus de rattrapage multiforme sont en cours dans de nombreux pays africains, et c’est bien ces points qu’il convenait d’analyser avec nuance. Pour autant, l’Afrique subsaharienne pèse toujours aussi faiblement dans les échanges mondiaux (à peine 3 % du commerce mondial) et elle apparaît encore à l’écart des décisions importantes car sa participation à la gouvernance mondiale est encore dérisoire. L’atypisme (si tant est qu’il y en ait un de particulier) de l’Afrique subsaharienne devait à cet égard être interrogé longuement par les candidats (même si la « singularité » de l’Afrique subsaharienne reste encore partagée à bien des égards par d’autres régions pauvres du monde). D’abord par rapport au reste du monde en développement (en raison de choix politico-économiques et de trajectoires différentes en termes de modèles de développement) ; mais aussi par rapport à la marche de l’histoire (certains candidats ont par exemple posé la question de savoir si l’Afrique était à « l’écart de l’histoire »). Ainsi en allait-il, par exemple, de sa croissance démographique tout à fait unique (les documents joints étaient là pour 3 rappeler la nécessité de s’appuyer sur la démographie), ou encore de son retard en matière de transition démographique. Le jury a pu constater qu’un nombre significatif de candidats s’est attaché à problématiser le sujet de manière originale. Par exemple : -en posant la question de savoir si le sous-continent restait encore un simple enjeu et non un acteur à part entière (rôle dévolu à certains pays cependant comme l’Afrique du sud, unique pays émergent d’Afrique subsaharienne, ou encore au Nigeria) ; -ou en se demandant si ce continent n’était pas en train d’entrer dans le cœur des préoccupations du monde, tout autant par ses opportunités nouvelles (ressources rares et convoitées, land grabing, essor des classes moyennes et de nouveaux marchés de consommation, etc.) que par sa capacité de nuisance (sida, fièvre ébola, trafics interlopes, flux migratoires incontrôlés vers le monde développé, etc.) ; -en constatant le paradoxe d’une Afrique subsaharienne intégrée contre son gré dans la division coloniale (« Pacte colonial » décrit par Jacques Marseille notamment dans le cas des pays francophones), mais qui reste néanmoins très fortement à l’écart depuis, -en encore (en s’inspirant des travaux de l’économiste africaniste Philippe Hugon) en examinant la question selon laquelle l’Afrique subsaharienne serait simplement « mondialisée », mais non « mondialisatrice », ce qui la laisserait encore à l’écart du monde. Parmi les erreurs et les lacunes les plus fréquemment observées dans ce millésime 2014, citons : -l’absence de références ou d’ordres de grandeur : près d’une copie sur deux ne cite aucun auteur de référence, ne fournit aucun chiffres et se contente d’un discours jargonneux à la limite de la caricature : des digressions convenues et disproportionnées sur le commerce triangulaire, des développements trop longs sur l’Afrique précoloniale, etc. -la problématisation du sujet s’est révélée délicate pour un grand nombre de candidats (qui ne maitrisent visiblement pas cet élément technique essentiel de la dissertation) qui se sont limités à la reformulation du sujet ou, pire, à la reprise du libellé sans autre forme de commentaire… -l’absence d’actualisation des connaissances, comme si les candidats avaient étudié la question sur des ouvrages déjà anciens…, à moins que cela ne reflète la persistance d’a priori tenaces. L’évolution des dix dernières années de l’Afrique subsaharienne a été tout à fait exceptionnelle, comme en témoignent l’envolée des cours des matières premières et les très bons chiffres de la croissance économique, uploads/Geographie/ 266-2014-rapport.pdf
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- Publié le Jan 07, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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