LIBERTE LE DROIT DE SAVOIR, LE DEVOIR D’INFORMER L'adieu du peuple HOCINE AÏT A
LIBERTE LE DROIT DE SAVOIR, LE DEVOIR D’INFORMER L'adieu du peuple HOCINE AÏT AHMED ENTERRÉ HIER DANS SON VILLAGE NATAL Yahia Magha/Liberté P .2/3/4/6/7 QUOTIDIEN NATIONAL D’INFORMATION. 37 , RUE LARBI BEN M’HIDI, ALGER - N° 7118 VENDREDI 1ER - SAMEDI 2 JANVIER 2016 - ALGÉRIE 20 DA - FRANCE 1,30 € - GB 1£ 20 - ISSN 1111- 4290 Vendredi 1er - Samedi 2 janvier 2016 2 LIBERTE Dossier C e timide soleil du nouvel an commen- çait à peine à irriguer les hauteurs d’Alger de sa resplendissante lumière lorsque le cortège funèbre quitte une capitale encore endormie pour cet ultime voyage de Ho- cine Aït Ah- med vers sa terre natale. Ath-Ahmed attendait son fils depuis plus d’une semaine, comme son premier retour en Algérie, en sep- tembre 1989, après un quart de siècle d’un exil auquel il a été forcé en 1965. En ce 1er janvier 2016, Ho- cine Aït Ahmed a eu tous les hon- neurs d’un peuple qui, à sa manière, a su exprimer toute la reconnaissan- ce envers celui qui demeurera un symbole dans la mémoire de la Ré- volution algérienne. Une gratitude qui s’est manifestée à travers ces longues files de personnes qui se sont levées tôt pour le saluer une derniè- re fois avant de le laisser rejoindre sa dernière demeure, tout près des siens. Des milliers de personnes ont voulu lui rendre un dernier homma- ge depuis son départ d’Alger jusqu’à son arrivée à Aïn El-Hammam, avec quelques heures de retard. Nécessai- re halte de l’histoire, le cortège fu- nèbre s’est arrêté à la grande place de Tizi Ouzou, où Hocine Aït Ahmed, l’opposant, avait annoncé la création du Front des forces socialistes un cer- tain 29 septembre 1963. Il était 10 heures. Le temps était aussi au rappel d’un combat contre les nou- veaux maîtres de cette Algérie fraî- chement indépendante et aux pro- messes d’un lendemain qui s’inscrit dans la suite de ce qui était son idéal : un pays libre et démocratique. “Assa, azekka, FFS yella yella (aujour- d’hui, demain, le FFS vivra, ndlr)”, scandaient les présents qui, parmi les militants et les sympathisants, atten- daient presque impatients l’arrivée du cortège composé de plus d’une centaine de véhicules, escortés par le service d’ordre. Une heure auparavant, le cortège avait traversé le centre-ville des Is- sers, provoquant un flot d’émotions chez des dizaines de personnes qui l’attendaient la main sur le cœur. Les magasins avaient baissé rideau en signe de deuil pendant le passage de l’ambulance transportant le cercueil du défunt. Il y avait des jeunes et des personnes âgées parmi elles Ammi Ahmed qui a connu en 1963 le chef historique de la Révolution. “C’est un grand homme qui aimait son pays par-dessus tout”, dira-t-il à l’adresse d’un groupe de jeunes. Le cortège a poursuivi sa route pour se diriger vers Naciria et là encore, des cen- taines de personnes étaient rassem- blées au bord de l’autoroute pour rendre un dernier hommage à Aït Ahmed. De nombreux jeunes, dont certains les larmes aux yeux, ont applaudi pendant plusieurs minutes le cortè- ge funèbre qui s’est évanoui au mi- lieu de cette brume matinale qui re- monte de l’oued Sébaou au niveau de la plaine de Tadmaït. Aït Ahmed, l’Historique et le Politique n’a pas quitté Alger sans dire au revoir à quelques dizaines de personnes, ve- nues le saluer à la place du 1er-Mai et à Belouizdad, mais aussi à Réghaïa et tout le long du trajet reliant la capi- tale à Tizi Ouzou où, dans son éter- nel sommeil, il continuera d’éveiller les consciences et fera croire enco- re au combat qu’il a mené soixante- dix ans durant pour son pays. L. M. LE CORTÈGE FUNÈBRE MARQUE UNE HALTE AU ROND-POINT DE TIZI OUZOU En souvenir du 29 septembre 1963 Très tôt, ce lieu emblématique de la ville de Tizi Ouzou est envahi par une foule imposante pour saluer le cortège avec des slogans du parti et les youyous des femmes. Publicité L’ADIEU DU PEUPLE Par : LYÈS MENACER Yahia Magha/Liberté Aït Ahmed a eu les honneurs du peuple. I l est 8h30 et l’étendue des hautes montagnes de la ré- gion d’Ath-Yahia ne porte pas tout ce monde venu rendre un dernier hommage à Dda L’Hocine. D’impres- sionnantes files humaines serpentent sur les deux chemins menant à Tis- s i r t h N’Cheikh. Ils sont des milliers. De la colline d’en face, surplombant la grande surface aménagée pour ac- cueillir, dans un premier temps, la dépouille du défunt, une foule de jeunes gens scande : “Pouvoir as- sassin, Kabylie chouhada”. Des ru- meurs parlent d’une imminente ar- rivée du Premier ministre Abdel- malek Sellal, du directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, et du ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni. La foule s’enflamme. Elle jure de les chasser. Il est 10h30 et Dda Boussaâd prend la parole pour calmer les es- prits : “Aujourd’hui, Hocine Aït Ah- med libère le pays pour une seconde fois. Jeunesse, vous êtes l’avenir du pays. Vous êtes tous des Hocine Aït Ahmed. Donnons-leur une leçon de pacifisme. Montrons-leur que nous sommes contre la violence.” Des pro- pos qui seront suivis d’une prière que seule une partie des présents, récite derrière lui. Mais l’autre partie, majoritairement des jeunes, attend. Ils commencent à scander haut et fort : “Imazighen, Imazighen.” Dda Boussaâd revient à la charge pour supplier la foule de serrer les rangs et d’accueillir la dépouille de Dda L’Hocine dans le calme. “Faites-lui honneur”, lance-t-il à nouveau. Il est 11h30. La dépouille arrive à bord d’une ambulance. Dda Boussaâd demande vainement aux gens de cé- der le passage. Les éléments de la Protection civile ont du mal à se frayer un chemin pour déposer le cercueil sous le petit chapiteau, au milieu d’un terrain vague. Une fois la dépouille posée, impossible de contenir la foule. Des milliers de jeunes gens brisent les barrières et les cordons sécuritaires pour se placer autour du cercueil. Ils se marchent sur les pieds. Des personnes âgées étouffent. Un jeune homme est car- rément évanoui. La Protection civi- le a vite fait de l’évacuer. Il est midi et les gens continuent à jouer des coudes pour se rapprocher du cer- cueil et se recueillir sur la dépouille de Dda L’Hocine. L’imam entame la récitation de la Fatiha. À peine une petite minorité récite derrière lui. Cela fait déjà une demi-heure que le cousin de Hocine Aït Ahmed de- mande à la foule d’observer une minute de silence. Elle sera diffici- lement observée. Tout le monde ne l’a pas toutefois respectée. L’imam lance ensuite l’appel à la prière alors que l’horloge affiche 12h15. Un mo- ment après, la petite famille du dé- funt révolutionnaire quitte les lieux pour se rendre à son hameau natal. La dépouille sera transportée à Ath- Ahmed. Encore une fois, difficile- ment. La famille Aït Ahmed pensait enfin être soulagée. Mais voilà que la foule brise à nouveau les cordons sé- curitaires empêchant l’accès au vil- lage. Les consignes n’ont hélas pas été respectées. Des milliers de per- sonnes marchent derrière l’ambu- lance transportant la dépouille de Dda L’Ho. Ils scandent sans arrêt “Assa, Azekka, Dda L’Hocine Yella Yella”, (aujourd’hui et demain, Dda L’Hocine est là). Il est 14h passées. Hocine Aït Ahmed est enterré dans la tombe de sa mère. Il peut désor- mais reposer en paix. La foule refu- se toujours de quitter les lieux. C’est à croire qu’ils espèrent une résur- rection ! M. M. Vendredi 1er - Samedi 2 janvier 2016 3 LIBERTE Dossier UNE FOULE IMMENSE A ACCOMPAGNÉ HOCINE AÏT AHMED HIER À SA DERNIÈRE DEMEURE Colère et dignité à Ath-Ahmed Journée mémorable, hier, au village Ath-Ahmed qui, en ce vendredi 1er janvier 2016, attendait de recevoir la dépouille mortelle de son illustre fils, Hocine Aït Ahmed. Une foule nombreuse est venue rendre un dernier hommage à Hocine Aït Ahmed. Yahia Magha/Liberté PLUS D’UN MILLION DE PERSONNES ONT FAIT LE DÉPLACEMENT VERS ATH-AHMED Une organisation dépassée à l’arrivée de la dépouille L a marée humaine qui a défer- lé, hier, dès les premières heures de la matinée, sur le pe- tit village d’Ath-Ahmed, dans la commune d’Aït Yahia, pour rendre un ultime hommage à Hocine Aït Ahmed a fini par avoir raison du dispositif d’ordre mis en place par la population en col- laboration avec les autorités locales et les instances du FFS. À Thissirth Nechikh, à deux kilomètres du vil- lage Ath-Ahmed, la vaste plateforme aménagée pour exposer la dépouille du chef historique s’est avérée trop exiguë pour contenir toute la foule. Dans la matinée, le dispositif a réus- si, tant bien que mal, à maîtriser la situation en assurant l’ordre et la sé- rénité. Les heures passant, la foule ne cessait de grossir. Les routes, habi- tuellement peu fréquentées, d’Aïn El- Hammam, de Souamaâ et de Mek- la ne cessaient d’alimenter le fleuve humain qui se déversait tel un tor- rent sur Thissirth Nechikh. 11h. On parle déjà de plusieurs cen- uploads/Geographie/ 6-7118-e12c2608-pdf.pdf
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- Publié le Oct 21, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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