Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Au jardin de l'infante

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Au jardin de l'infante, augmenté de plusieurs poèmes... / Albert Samain Samain, Albert (1858-1900). Auteur du texte. Au jardin de l'infante, augmenté de plusieurs poèmes... / Albert Samain. 1911. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. 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THOMAS MERCVRE DE FRANCE XXVI, RUE DE CONDÉ, XXVI PARIS MCMXI Mon âme est une infante en robe deparade, Dont l'exil se reflète, éternel et royal, Auxgrands miroirs déserts d'un vieilEscurial, Ainsi qu'une galère oubliée en la rade. Auxpieds de son fauteuil, allongés noblement, Deux lévriers d'Ecosse aux yeux mélancoliques Chassent, quandil luiplaît, les bêtes symboliques Dans la forêt du Rêve et de l'Enchantement. 11 Sonpagefavori, qui s'appelle Naguère, Lui lit d'ensorcelantspoèmes à mi-voix, Cependantqu'immobile, une tulipe aux doigts, Elle écoute mourir en elle leur mystère... Leparc alentour d'elle étend sesfrondaisons, Ses marbres, ses bassins, ses rampes à balustres; Et, grave, elle s'enivre à ces songes illustres Que recèlentpour nous les nobles horizons. Elle est là résignée, et douce, et sans surprise, Sachant troppour lutter comme tout estfatal, Et se sentant, malgréquelque dédain natal, Sensible à lapitié comme l'onde à la brise. Elle estlà résignée, et douce en ses sanglots, Plus sombre seulementquandelle évoque en songe Quelque Armada sômbrée à l'éternelmensonge, Ettant de beaux espoirs endormissous lesflots. 12 Des soirs trop lourds depourpre où sa fierté soupire, Lesportraitsde VanDyckauxbeauxdoigtslongsetpurs, Pâles en velours noir sur l'or vieilli des murs, En leursgrands airs défunts la font rêver d'empire. Les vieux mirages d'or ont dissipéson deuil, Et, dans les visions où son ennui s'échappe, Soudain — gloire ou soleil— un rayon qui la frappe Allume en elle tous les rubis de l'orgueil. Mais d'un sourire triste elle apaise cesfièvres ; Et, redoutant la foule aux tumultes de fer, Elle écoute la vie — au loin — comme la mer... Et le secret se faitplusprofondsur ses lèvres. Rien n'émeutd'un frisson l'eaupâle de ses yeux, Où s'est assis l'Esprit voilé des Villes mortes ; Etpar les salles, où sans bruit tournent lesportes, Elle va, s'enchantant de mots mystérieux. 13 L'eau vaine desjets d'eau là-bas tombe en cascade, Et, pâle à la croisée, une tulipe aux doigts, Elle est là, reflétée aux miroirs d'autrefois, Ainsi qu'unegalère oubliée en la rade. Mon Ame est une infante en robe de parade. H D'une essence ravie aux vieillesses des roses. STÉPHANE MALLARMÉ. I5 HEURES D'ÉTÉ I Apporte les cristaux dorés, Et les verres couleur de songe ; Et que notre amour se prolonge Dans les parfums exaspérés. Des roses ! Des roses encor ! Je les adore à la souffrance. Elles ont la sombré attirance Des choses qui donnent la mort. 17 L'été d'or croule dans les coupes; Le jus des pêches que tu coupes Éclabousse ton sein neigeux. Le parc est sombre comme un gouffre... Et c'est dans mon coeur orageux Comme un mal de douceur qui souffre. 18 II Frêle comme un harmonica, L'eau pure des vasques soupire ; La même étoile en feu se mire Dans nos verres de vieux muscat. Ton col superbe et délicat De Clorinde ou de Lindamire Sort tout entier, pour qu'on l'admire, D'un brocart de pontificat. 19 Dans le soir de magnificence, Les richesses de ta présence Évoquent l'âge Florentin ; Et vers le ciel fin de turquoise Monte des coupes du festin, Suave, un songe de framboise. 20 III Lune de cuivre — Parfums lourds... Comme des lampes sous un dôme Les astres brûlent ; l'heure embaume Les fleurs dorment dans le velours. L'âme en langueur des jardins sourds Exhale d'étouffants arômes. L'eau des porphyres polychromes Dans les bassins pleure, toujours. 21 Nulle ombre de feuille qui bouge... Seule, ta lèvre éclate, rouge, A la flamme du haut flambeau ; Et tu semblés, dans l'air nocturne, Dure et fatale comme l'urne Impénétrable d'un tombeau. 22 IV Les grands Jasmins épanouis Vibrent dans les chaudes ténèbres... Seuls, les Parfums régnent, funèbres, Sur les jardins évanouis. La phalène en silence vers La flamme d'or se précipite. Dans l'obscurité qui palpite Tes yeux verts rêvent, grands ouverts. 23 Tes yeux verts, ô ma Bien-Aimée, Rêvent dans l'ombre parfumée D'affreux supplices pour les coeurs ; Et ton nez irrité respire Dans l'étouffement des odeurs Des fêtes sanglantes d'empire ! 24 V Ton menton pose dans ta main ; Tes lèvres songent, évasives, Tes prunelles dorment, pensives, Sur une branche de jasmin... La bouche brûlant de carmin, Sous tes parures excessives Tu prends, dans les ombres massives, L'air fabuleux et surhumain. 25 Et mon amour qui s'exacerbe Devant ton silence superbe Cherche en vain, sans trouver la paix, Ce je ne sais quoi de ton âme, De ton coeur, de tes sens, ô femme, Qu'il ne posséderajamais. 26 VI Il pleut des pétales de fleurs. La flamme se courbe au vent tiède ; De mes deux yeux je te possède, Et mes yeux ont besoin de pleurs. Vieille,argile faite aux douleurs, Quel goût de souffrir sans remède Harcèle ainsi le coeur qui cède... Il pleut des pétales de fleurs. 27 Les roses meurent, chaque et toutes... Je ne dis rien et tu m'écoutes Sous tes immobiles cheveux. L'amour est lourd — Mon âme est lasse... Quelle est donc, Chère, sur nous deux Cette aile en silence qui passe ? 28 MUSIQUE SUR L'EAU Oh ! écoute la symphonie ; Rien n'est doux comme une agonie Dans la musique indéfinie Qu'exhale un lointain vaporeux ; D'une langueur la nuit s'enivre, Et notre coeur qu'elle délivre Du monotone effort de vivre Se meurt d'un trépas langoureux. 29 Glissons entre le ciel et l'onde, Glissons sous la lune profonde ; Toute mon âme, loin du monde, S'est réfugiée en tes yeux, Et je regarde tes prunelles Se pâmer sous les chanterelles, Comme deux fleurs surnaturelles Sous un rayon mélodieux. Oh ! écoute la symphonie ; Rien n'est doux comme l'agonie De la lèvre à la lèvre unie Dans la musique indéfinie... 3o ACCOMPAGNEMENT Tremble argenté, tilleul, bouleau... La lune s'effeuille sur l'eau... Comme de longs cheveux peignés au vent du soir, L'odeur des nuits d'été parfume le lac noir. Le grand lac parfumé brille comme un miroir. La rame tombe et se relève, Ma barque glisse dans le rêve. Ma barque glisse dans le ciel Sur le lac immatériel... 3i Des deux rames que je balance, L'une est Langueur, l'autre est Silence. En cadence, les yeux fermés, Rame, ô mon coeur, ton indolence A larges coups lents et pâmés. Là-bas la lune écoute, accoudée au coteau, Le silence qu'exhale en glissant le bateau... Trois grands lis frais coupés meurent sur mon manteau. Vers tes lèvres, ô Nuit voluptueuse et pâle, Est-ce leur âme, est-ce mon âme qui s'exhale? Cheveux des nuits d'argent peignés aux longs roseaux... Comme la lune sur les eaux, Comme la rame sur les flots, Mon âme s'effeuille en sanglots ! 32 PROMENADE A L'ÉTANG Le calme des jardins profonds s'idéalise. L'âme uploads/Geographie/ albert-samain-au-jardin-de-l-x27-infante.pdf

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