1 Dossier 1 : Moyen Âge et XVIe siècle 1. Mo yen Âge 1. Quand le vilain va au m
1 Dossier 1 : Moyen Âge et XVIe siècle 1. Mo yen Âge 1. Quand le vilain va au marché, il n'y va pas pour marchander mais pour surveiller sa femme, de peur qu'on ne la lui séduise. Je les ai au cœur, les jolis maux, comment en pourrais-je guérir ? Vilain, ôtez-vous donc de là car votre haleine me tuera. Je le sais bien: votre amour et le mien se sépareront encore ! Je les ai au cœur, les jolis maux, comment en pourrais-je guérir ? Vilain, croyez-vous tout posséder: et belle dame et grande fortune ? Vous aurez la corde au cou et mon ami la jouissance ! Je les ai au cœur, les jolis maux, comment en pourrais-je guérir ? (Traduction de Samuel N. Rosenberg et Hans Tischler, Chansons de trouvères, Paris, Le Livre de Poche, 1995) 2. Je suis charmante et mignonnette, donc j’aimerai. Hier matin, je me suis levée au point du jour, je suis entrée dans le verger tout fleuri de mon père, plus de cent fois j'ai souhaité y voir mon ami. Je suis charmante et mignonnette, donc j'aimerai. J'aimerai mon ami qui m'en a priée ; il est beau, il est courtois, il l'a bien mérité. Je lui donnerai mon tendre cœur malgré père et mère. Je suis charmante et mignonnette, donc j'aimerai. Ma chanson, je t'envoie à tous les amants parfaits et loyaux qu'ils se gardent bien des hypocrites, mauvais et médisants; pour moi, si fort est mon amour, je sais que je ne pourrai le cacher ! Je suis charmante et mignonnette, donc j'aimerai. (Traduction de Samuel N. Rosenberg et Hans Tischler, op. cit.) 3. Ne me battez pas, mari de malheur ! Vous ne m'avez pas élevée ! 2 L'autre jour au point du jour, je chevauchais mon chemin ; je trouvai une jeune mariée, près d'un bois feuillu, que son mari avait battue. Elle en avait le cœur chagrin, ainsi donc elle allait disant ces vers dans sa fureur: Ne me battez pas, mari de malheur ! Vous ne m'avez pas élevée ! Elle dit: « On m'a donnée à vous, vilain, voilà qui me chagrine. Mais par la Vierge qu'on honore, puisque vous me maltraitez ainsi, je choisirai un amant nouveau. Peu importe à qui cela déplaira ! Lui et moi, nous nous aimerons, et notre jouissance sera double. » Ne me battez pas, mari de malheur ! Vous ne m'avez pas élevée ! Le vilain, qui n'apprécie pas du tout l'insulte, lui ordonne: « Passe la première » ; il lui a assené une grande gifle, puis il lui dit en la saisissant par la main: « Recommence un peu ta chanson, maintenant, et puisse Dieu m'envoyer grande douleur si je ne te châtie pas comme il le faut! » Ne me battez pas, mari de malheur ! Vous ne m'avez pas élevée ! (Traduction de Samuel N. Rosenberg et Hans Tischler, op. cit.) 4. En un verger, près d’une source, –l’eau y coule sur les cailloux blancs– est assise la fille du roi, la tête dans ses mains : en soupirant elle appelle son doux ami : Hélas ! Comte Gui, mon ami, pour l’amour de vous j’ai perdu et la joie et les ris ! Comte Gui, mon ami, cruel est mon destin ! Mon père m’a donnée à un vieillard, qui me tient enfermée dans cette maison ; ni nuit ni jour je n’en puis sortir. Hélas ! Comte Gui, mon ami, 3 pour l’amour de vous j’ai perdu et la joie et les ris ! Le mauvais mari a entendu sa plainte. Il entre au verger, détache sa ceinture. Il l’a tant battue, sa peau en est toute bleuie et meurtrie. Pour un peu, il l’aurait tuée à ses pieds. Hélas ! Comte Gui, mon ami, pour l’amour de vous j’ai perdu et la joie et les ris. Le mauvais mari, quand il l’a bien battue, Le voilà qui se repent : il a fait une folie, Lui qui faisait jadis partie des hommes de son père. Il sait bien, quoi qu’il dise, qu’elle est fille de roi. Hélas ! Comte Gui, mon ami, pour l’amour de vous j’ai perdu et la joie et les ris !. La belle est revenue à elle. Du fond de son cœur, elle s’adresse à Dieu : « Beau doux Seigneur, vous qui m’avez créée, faites que mon ami ne m’oublie pas et qu’il me revienne avant la fin du jour ! » Hélas ! Comte Gui, mon ami, Pour l’amour de vous j’ai perdu et la joie et les ris ! Notre Seigneur a entendu sa plainte : voici son ami qui la réconforte, ils se sont assis à l’ombre d’une ente. Que de larmes d’amour ont alors coulé ! Hélas ! Comte Gui, mon ami, Pour l’amour de vous j’ai perdu et la joie et les ris ! (Traduction d’Emmanuelle Baumgartner et Françoise Ferrand, Poèmes d’amour des XIIe et XIIIe siècles, Paris, UGE, 1983) 5. Belle Yolande, dans une chambre tranquille, Déplie des étoffes sur ses genoux. Elle coud un fil d’or, l’autre de soie. Sa mauvaise mère lui fait des reproches. Je vous en fais reproche, belle Yolande. Belle Yolande, je vous fais des reproches : vous êtes ma fille, je dois le faire. – Ma mère, à quel sujet ? –Je vais vous le dire, par ma foi. Je vous en fais reproche, belle Yolande. –Mère, que me reprochez-vous ? Est-ce de coudre ou de couper, Ou de filer, ou de broder, Ou est-ce de trop dormir ? 4 –Je vous en fais reproche, belle Yolande. Ni de coudre ni de couper, Ni de filer, ni de broder, Ni de trop dormir ; Mais vous parlez trop au chevalier. Je vous en fais reproche, belle Yolande. Vous parlez trop au comte Mathieu, Cela déplaît à votre mari. Il en est très chagriné, je vous l’affirme. Ne le faites plus, je vous en prie. –Je vous en faire reproche, belle Yolande. –Si mon mari l’avait juré, Lui et toute sa parenté, Même si cela lui déplaît, Je ne renoncerai pas à l’aimer. –Fais à ton gré, belle Yolande. (Traduction d’Anne Berthelot, Littérature, Textes et Documents, Moyen Âge.XVIe, Nathan) 6. Gace Brulé ? Quand je vois l’aube venir, Comment, plus que tout, ne pas la haïr, elle qui oblige mon ami à me quitter, lui, mon seul amour ? Je ne hais rien tant que le jour, ami, qui me sépare de vous. Le jour, je ne puis vous voir tant je redoute d’être surprise. J’en suis sûre, croyez-moi, les médisants nous guettent. Je ne hais rien tant que le jour, ami, qui me sépare de vous. Quand je suis étendue dans mon lit, que je regarde à mes côtés, nulle trace de mon ami. Amants sincères, écoutez ma plainte ! je ne hais rien tant que le jour, ami, qui me sépare de vous. Mon bel, mon doux ami, il faut partir. allez en la garde de Dieu ! En son nom, je vous en prie, ne m’oubliez pas, moi qui n’aime personne autant que vous. Je ne hais rien tant que le jour, ami, qui me sépare de vous. 5 À tous les amants sincères je demande qu’ils s’en aillent répétant ma chanson, sans se soucier des médisants ni des maris jaloux et méchants. Je ne hais rien tant que le jour, ami, qui me sépare de vous. (Traduction d’Emmanuelle Baumgartner et Françoise Ferrand, op. cit.) 7. Thibaut de Champagne Je suis semblable à la licorne fascinée en sa contemplation lorsqu’elle regarde la jeune fille. Elle est si ravie de son tourment qu’elle tombe évanouie sur le sein de la vierge. Alors traîtreusement on la tue. Moi aussi, j’ai été tué, et de la même façon, par Amour et ma dame, c’est vérité : ils détiennent mon cœur, je ne peux le reprendre. Dame, quand je me trouvais devant vous, quand je vous vis pour la première fois, mon cœur tremblant bondit si fort qu’il resta auprès de vous quand je m’en fus. Alors on l’emmena sans accepter de rançon, captif dans la douce prison dont les piliers sont faits de désir, les portes de belle vision et les anneaux de non espoir. La clef de cette prison, Amour la détient et il y a placé trois gardiens : Beau Semblant est le nom du premier, Amour leur a donné Beauté comme maître ; devant, sur le seuil, il a mis Refus, un répugnant traître, un rustre dégoûtant, qui est très mauvais et méchant homme. Ces trois-là sont prompts et hardis ; ils ont vite fait de s’emparer d’un homme. Qui pourrait endurer les vexations et les assauts de ces portiers ? Jamais Roland ni Olivier ne triomphèrent en si rudes batailles ; eux vainquirent en combattant, mais ces gardiens, on les vainc en s’humiliant. Patience est notre porte-bannière en cette lutte dont je vous parle, 6 il n’y a de secours que dans la pitié. Dame, maintenant je ne crains rien uploads/Geographie/ antologxa-poesxa-edad-media-xvi.pdf
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- Publié le Apv 17, 2022
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