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Haute Ecole libre de Bruxelles – Ilya Prigogine Département social – Ecole ouvr

Haute Ecole libre de Bruxelles – Ilya Prigogine Département social – Ecole ouvrière supérieure ANALYSE DE L'APPROPRIATION D'UN ESPACE PUBLIC BRUXELLOIS : Le cas de la place Flagey « (…) Se détacher, se laisser aller à l'enchantement des choses, se surprendre à marcher sans but, sans lieu à atteindre, sans horaire, ouvert au hasard des rencontres que la rue met à notre disposition. Ainsi, il se peut que la rue nous rende, par son caractère ouvert et niveleur, l'exacte dimension de notre humanité mise à nu, dépouillée des procédures raisonnables, des hiérarchies et des distinctions, qu'elle nous révèle soudain notre condition d'humanité imprévisible dans notre relation aux autres, humanité exposée aux autres dans sa nature transitoire. » Giannini Humberto, La ‘réflexion’ quotidienne. Vers une archéologie de l’expérience, 1992 Ferreira Manuela manuecf6@hotmail.com 3e année Ecologie sociale Année 2014 – 2015 Table des matières RESUME .............................................................................................................................................3 REMERCIEMENTS............................................................................................................................4 INTRODUCTION ..............................................................................................................................5 METHODOLOGIE .............................................................................................................................6 A. Analyse historique du développement du quartier Flagey et de sa place .......................................7 1. Les origines, l'évolution du noyau villageois Moyen-âgeux. .....................................................7 2. De la Renaissance aux Temps Modernes, une cohabitation entre ruraux et bourgeois ..............9 3. Le XIXème siècle, Hygiénisme et naissance de l'emplacement actuel de la place Flagey ......11 4. Le XXème siècle, l'époque de la Bruxellisation et du fonctionnalisme ...................................13 5. Le XXIème siècle, des nouvelles pratiques d'aménagement.....................................................17 B. La rénovation de la place Flagey ..................................................................................................21 1. L'émergence d'un doute sur le plan des autorités.......................................................................22 2. La naissance de la Plateforme-Flagey et leur appel à idées.......................................................25 3. L'avant-projet de D+A International & Latz+Partner................................................................29 4. La place Flagey et son rendu actuel ..........................................................................................31 5. Flagey, une gentrification par la rénovation de l'espace public ? .............................................35 C. Analyse des usages de la place Flagey..........................................................................................37 1. Situation de la place Flagey.......................................................................................................37 1.1. A l'échelle Macro – La place Flagey en Région de Bruxelles-Capitale ............................37 1.2. A l'échelle méso – La place Flagey dans la commune d'Ixelles et ses quartiers ...............39 1.3. A l'échelle micro – La place Flagey comme entité ...........................................................45 2. La population du secteur ...........................................................................................................58 2.1. Sur la commune d'Ixelles .................................................................................................58 2.2. Dans les quartiers riverains de la place Flagey..................................................................60 2.3. Dans l'échantillon des personnes interrogées sur la Place Flagey.....................................62 3. Usages et représentations des usagers ......................................................................................63 3.1 La diversité géographique des usagers ...............................................................................63 3.2. Les représentations des usagers.........................................................................................65 3.3. Un avis global des usagers de la place Flagey...................................................................68 2 RESUME 3 REMERCIEMENTS 4 INTRODUCTION À travers ce travail de fin d'étude, je souhaite proposer une réflexion sur le lien entre les réaménagements des espaces publics et les types d'appropriation qu'ils vont provoquer. Plus précisément ce travail tente d'étudier le cas de la place Flagey, espace public emblématique de la Région de Bruxelles-Capitale, qui semble être un exemple opportun pour ce type de réflexion puisque son réaménagement a causé de nombreux remous et revendications. La place Flagey semble également être intéressante à ce titre vis-à-vis de son positionnement, puisqu'elle se situe à la frontière entre un quartier fortement bourgeois et des pans de rues beaucoup plus populaires. Au fur et à mesure des recherches sur les lieux, il m'a semblé important de recourir à la notion de « gentrification », afin de chercher à savoir si la place répondait finalement à la logique qui semble gagner le territoire bruxellois depuis déjà plusieurs années à travers les différentes politiques publiques mises en place tels que les contrats de quartier et autres programmes de revitalisation urbaine. En effet, plusieurs auteurs ont déjà prouvé le lien qui pouvait exister entre la « revitalisation des quartiers » et la sélection d'une certaine population pouvant alors y résider et utiliser les lieux. À travers cette réflexion entre le réaménagement de l'espace et son appropriation par les usagers, je tenterai donc de déterminer si la place Flagey et son quartier ont réellement subi un phénomène de gentrification, et si tel était le cas, par quel processus il est passé. J'avancerai ici l'hypothèse qu'une gentrification a bien eu lieu sur cet espace, mais qu'elle doit cependant être nuancée : En effet, à travers une analyse historique on s'apercevra que des niches bourgeoises ont presque toujours été présentes sur les lieux. Elles perdront pendant plusieurs années de leur influence sur l'endroit, pour finalement lancer une récupération de celui-ci grâce à des rénovations qui semblent encore être d'actualité. Dans une seconde partie, à travers l'analyse des rénovations de la place je tenterai alors de faire ressortir le processus par lequel cette classe bourgeoise a pu lancer ce processus de récupération de l'espace. Enfin, une analyse des usages actuels de la place et de son appropriation par ses usagers me permettra de confirmer cette hypothèse. J'utiliserai pour ce faire une partie de la méthodologie de Michel Bassand (professeur de sociologie français qui aura dirigé l'Institut de Recherche sur L'environnement Construit (IREC) ainsi que le Laboratoire de Sociologie Urbaine (LASUR)) proposée dans son ouvrage Vivre et Créer l'Espace Public. 5 METHODOLOGIE 6 A. Analyse historique du développement du quartier Flagey et de sa place Cette partie tente de retracer l'évolution du noyau villageois qui aura donné naissance à l'actuelle place Flagey et à son quartier. Elle permet par la même de situer le lieu d'étude et de comprendre les différents enjeux auxquels il aura dû répondre au cours de son évolution. Enfin, il sera également possible à travers cette analyse historique de déterminer à quels moments la classe bourgeoise et la classe populaire ont émergé sur l'endroit. Enfin, elle retracera également l'histoire des fonctions et rôles de la place publique au cours du temps. 1. Les origines, l'évolution du noyau villageois Moyen-âgeux. Carrefour entre la Chaussée d'Ixelles et de Boondael dès le XIIIème siècle, cette position particulière va participer à l'évolution des noyaux villageois présents à l'emplacement actuel de la place Flagey. Ixelles résultera en réalité de l'existence de trois hameaux : Ixelles-Le-Vicomte, Ixelles-sous-Bruxelles et Boondael. Le hameau le plus ancien, Ixelles-Le-Vicomte, se situait alors au débouché de la Chaussée de Boondael, à quelques mètres d'un grand étang issu du Maelbeek. Le ruisseau compte alors quatre étangs : le Grand Etang, le Pennebroek, le Ghevaert et le Paddvijver. C'est au XIIIe siècle qu'un second hameau verra finalement le jour au pied de la partie basse de la Chaussée d'Ixelles.1 On verra alors rapidement s'y installer un hospice afin de soigner les passants et travailleurs devant franchir la difficile montée de la Chaussée d'Ixelles (anciennement Zwaerenberg - « Montagne d'Ixelles ») pour se rendre à la ville. On ajoutera à l'hospice, en 1459, une chapelle dédiée à la Vierge et à la Sainte-Croix à l'angle de la Rue Malibran et de la Rue du Vergnies, qui nécessitera d'ailleurs plusieurs reconstructions jusqu'à l'assèchement final de l'étang en 18602. On peut constater que l'espace, qui deviendra plus tard la place Flagey, respecte le principe de proximité des grands axes routiers comme à l'habitude de l'époque, tout comme le choix d'y construire un hospice en bord de route pour le passage des travailleurs vers la ville est une démonstration 1 P. VAN GOSSUM, « Histoire dʼIxelles en quelques pages… », fascicule de la commune dʼIxelles n°10 et « Ixelles-villages et le quartier des étangs », fascicule de la commune dʼIxelles n°3 2 MICHELLE HAINAUT, PHILIPPE BOVY, Brochure « A la découverte de l'Histoire d'Ixelles, Ixelles-Village et le 7 Illustration 1: L'hospice et la Chapelle Sainte-Croix, vers 1750 du système ville – faubourg du Moyen-âge. En effet, durant cette période un certain sentiment d'insécurité avait gagné la population qui se refermera alors derrière les villes fortifiées. Pour des raisons techniques, les villes se développent alors le long des axes routiers marchands hérités de l'Empire romain. Entre le XIème et le XVème siècle, on observe un certain regain de la ville en même temps qu'une croissance importante de la population rurale et du commerce qui permet l'agrandissement des cités, mais également la conception de nouvelles places publiques aux formes irrégulières. La place revêt à cette époque des fonctions commerciale, sociale, civique et religieuse. Sur cette logique, les villes évoluent doucement durant la seconde partie du Moyen-âge en raison de la montée de plus en plus importante de la logique commerciale. Elles s'étendent alors, forçant au décalage des remparts et à la formation de faubourgs autour de ceux-ci. Le rôle de la ville évolue alors de sa fonction première de défense pour devenir le lieu du pouvoir, de la richesse et du commerce, donnant ainsi naissance aux premières niches bourgeoises. On constate que les places du Moyen-âge diffèrent des places de l'Antiquité principalement par leur spécialisation des fonctions, mais également du fait qu'aucune planification ne soit pensée autant dans l'édification de la place que dans le schéma d'agrandissement plus global de la cité, offrant à la place médiévale un certain sentiment de quotidienneté et de spontanéité. Mais, « Cette dissolution spatiale de l'espace public s'accompagne par contre, cette fois-ci, de sa véritable émergence en tant que lieu de confrontation et d'échange social. (…) la rue médiévale est empruntée aussi bien par le seigneur que par le mendiant. Les femmes y ont droit de passage autant que les uploads/Geographie/ appropriation-de-la-place-flagey.pdf