Multidisciplinary Research Academic Journal (MDRAJ), Vol 7. Issue 1, June 2022,

Multidisciplinary Research Academic Journal (MDRAJ), Vol 7. Issue 1, June 2022, 18-30 18 Multidisciplinary Research Academic Journal (MDRAJ) Vol 7. Issue 1, June 2022, 18-30 ISSN : l-2467-4699 ISSN : e-2467-4834 https://www.openlu.org/research/ Analyse des Conflits liés à l’exploitation et Commerce du Bois à l’Est de la République Démocratique du Congo Gustave Chishweka Lubala1 arbreplus10@gmail.com Résumé L’objectif de cette étude était d’analyser les sources des conflits locaux dans le milieu ou s’effectue la coupe de bois. Le focus groupe était la méthode utilisée pour récolter les données. Les résultats de notre étude démontrent que le business de bois à l’Est se fait dans un grand cafouillage qui échappe à l’État Congolais, qui se fait dans l’informel. Aussi les résultats révèlent que dans ce commerce l’opérateur économique congolais joue le rôle d’un simple commissionnaire par rapport au vrai propriétaire de bois scié qui est un sujet étranger des pays voisins à la RDC. La déconsidération, le commerce crée un climat de malhonnêteté dans les transactions, et favorise la corruption et la fraude. Les résultats montrent que les plus vulnérables des acteurs sont les communautés locales riveraines, manutentionnaires et les propriétaires des champs qui voient leurs ressources naturelles dont ils en dépendent se volatiliser sans aucune rétrocession. Les résultats montrent qu’au marché de bois, le client étranger qui a préfinancé l’exploitation du bois impose des prix de son choix ; laissant derrière lui des conflits. Ni les communautés riveraines, ni l’État, ni même l’exploitant artisanal ; aucune partie ne tire profit de l’exploitation ou commerce de bois à l’Est de la RDC. Mots-clés : Conflits, exploitation du bois, et commerce du bois, Province du Nord Kivu. Abstract The objective of this study was to analyze the sources of local conflicts in the environment where logging takes place. The focus group was used the method to collect the data. The results of our study show that the timber business in the East is done in a big mess that escapes the Congolese State, which is done informally. Also, the results reveal that in this trade the Congolese economic operator plays the role of a simple agent compared to the real owner of sawn timber who is a foreign subject of the neighboring countries to the DRC. Also, following this disrepute, trade creates a climate of dishonesty in transactions, and promotes corruption and fraud. The results show that the most vulnerable of the actors are the local communities, handlers and owners of the fields who see their natural resources on which they depend vanish without any retrocession. The results show that on the timber market, the foreign customer who has pre-financed the exploitation of the timber imposes prices of his choice; leaving conflicts behind. Neither the local communities, nor the State, nor even the artisanal miner; no party benefits from the exploitation or trade of timber in eastern Democratic Republic Congo. 1 Candidat PhD et Enseignant, Open Learning University et partenaire, arbreplus10@gmail.com Multidisciplinary Research Academic Journal (MDRAJ), Vol 7. Issue 1, June 2022, 18-30 19 Keywords: Conflicts, timber exploitation, and timber trade, North Kivu Province. Introduction Le commerce de Bois est florissant à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) et contribue à la lutte contre la pauvreté et de surcroit à la cohésion de la paix entre les parties prenantes comme l’avait cru les experts de la COMESA. En palpant les réalités sur terrain, il est évident que dans le commerce de bois, les choses se passent autrement et qu’il y a lieu de croire que le commerce de bois à l’Est de la RDC devient plutôt un malheur aux acteurs intervenant dans la filière (Nkoy, 2007). La RDC est comptée parmi les 16 pays du monde, qualifiés de méga biodiversité. Cette situation est liée aussi bien par l’immensité de son territoire (234,5 millions d’hectares) que par la variété des conditions physiques et climatiques influant sur la richesse biologique. Les estimations récentes accordent aux forêts de la RDC, une superficie 155,5 millions d’hectares, couvrant près de 67% de l’étendu nationale. Ces forêts subissent des pressions qui se traduisent par une perte nette de 0,20% de superficie annuelle. La RDC représente environ 10% des forêts mondiales et plus de 47% de celles de l’Afrique. Les produits et le service rendus par la biodiversité contribuent au bienêtre de la population congolaise (MECN, 2014). La RDC dispose de la seconde forêt tropicale du monde. Cette richesse est néanmoins menacée par des phénomènes importants de déforestation et de dégradation dont les causes directes sont l’agriculture itinérante sur brûlis, l’exploitation artisanale du bois d’œuvre et du bois énergie, l’exploitation minière et les feux de brousse ; les causes indirectes majeures étant la croissance démographique, la mauvaise gouvernance, les conflits, et les difficultés économiques conduisant au chômage et à la pauvreté. Pour autant, la valorisation des ressources et des espaces forestiers offre de réelles opportunités de développement pour le pays, pour peu que des solutions techniques, réglementaires et politiques soient proposées dans un contexte de gouvernance améliorée (AFD & MECN, 2015). Les forêts du Congo font partie du patrimoine de l’humanité. Le secteur forestier est un secteur prometteur du développement durable de la RDC du fait que 70 % de la population congolaise en dépendent. Aujourd’hui on constate un paradoxe : l’extrême pauvreté qui frappe près de 2/3 des Congolais malgré l’important potentiel des ressources forestières. Il faudrait une prise de conscience individuelle et collective pour y remédier en améliorant les pratiques des acteurs et la gouvernance dans le secteur forestier (Tropenbos International RDC, 2015). Dans le cadre de la bonne gouvernance forestière, l’exploitation des ressources forestières contribue à la lutte contre la pauvreté ; pour ainsi apporter un développement socioéconomique des communautés locales dépendantes desdites forêts (Rainforest Foundation UK et Forests Monitor, 2007). Les communautés locales riveraines des forêts dépendent de leurs forêts par la chasse, la pêche et la cueillette. Une fois leurs espaces forestiers attribués aux exploitants artisanaux de bois, sans leur consentement, elles sont blessées moralement et sont obligées à vivre une cohabitation forcée avec l’exploitant artisanal de bois qu’elles considèrent comme envahisseur, (Abdala & Lokola, 2009). La question de l’insécurité et des conflits liés autour de l’exploitation artisanale de bois reste toujours posée et souvent sans réponse. Cette étude va poursuivre les objectifs suivants : - Identifier les acteurs impliqués dans l’exploitation artisanale de bois ; - Déterminer les conflits crée par l’exploitation des ressources forestières ; - Proposer des pistes de solutions pouvant permettre la durabilité de l’exploitation artisanale de bois Revue de la littérature Multidisciplinary Research Academic Journal (MDRAJ), Vol 7. Issue 1, June 2022, 18-30 20 Conflits autour de l’exploitation des ressources forestières Les conflits restent principalement, par définition, des interactions négatives entre humains. Le contexte change suite à des modifications climatiques ou autres. Cela peut certes influencer les conditions-cadres des interactions humaines, mais il reste aux hommes et aux femmes à gérer leurs relations dans et avec cet environnement. La caractéristique première de ces conflits est donc qu’ils sont d’ordre social et non pas d’ordre environnemental (Goetschel & Péclard, 2006). Les ressources naturelles sont souvent source de violences dans les milieux d’exploitation des forêts. Pour l’Afrique de l’Ouest, la relation entre ressources naturelles et conflits a longtemps été illustré par les guerres civiles du Liberia, de la Sierra Leone et de la Côte d’Ivoire. Depuis la fin de la guerre froide, les ressources naturelles et de l’environnement occupent une importance prépondérante dans l’étude des menaces à la paix et la sécurité internationales. Plusieurs conflits se sont en effet prolongés au travers des années 1990, et tout particulièrement sur le sol africain, sans qu’une confrontation idéologique globale ne parvienne plus à expliquer cette durée. (Hellendorff, 2017). L’Afrique centrale, en particulier le Bassin du Congo, est reconnu pour son unique biodiversité. Toutefois, les conflits violents continuent à abonder dans cette région du monde. Dans un tel contexte, la conservation de la biodiversité est plus complexe et risquée. De plus, les mesures de conservation mises en place doivent s’adapter à une situation pouvant évoluer rapidement. Nécessairement, le processus de prise de décision doit lui aussi être adapté au contexte conflictuel (Guérette, 2014). Les droits relatifs à la terre, aux forêts et aux ressources naturelles, ainsi que l’appartenance au Territoire légitiment la mobilisation sociale, politique et économique de la population native de ce Territoire. Du point de vue coutumier, ces communautés appartiennent au Territoire auquel appartient la forêt exploitée. Le fait d’avoir des droits de propriété et d’accès aux ressources communautaires, leur donne la légitimité de protester et de se soulever contre le chef coutumier en cas de mauvaise gouvernance de l’exploitation artisanale de bois ainsi que de la gestion de la redevance coutumière (Kakelengwa & Maindo, 2015). Le processus de résolution des conflits sur le territoire d’exploitation des forêts reste entaché de plusieurs irrégularités. Les mécanismes classiques de gestion des conflits, à savoir l’arbitrage, la médiation et la négociation ne sont pas d’usage. La stratégie la plus courante, à laquelle recourent les acteurs impliqués dans la filière, est la coercition (Mampeta, 2012). Conflits uploads/Geographie/ 3-analyse-des-conflits-lie-s-a-lexploitation-et-commerce-du-bois-a-lest-de-la-re-publique-de-mocratique-du-congo 1 .pdf

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