1. Définition du patrimoine dans un contexte architectural L’expression archite
1. Définition du patrimoine dans un contexte architectural L’expression architecturale africaine nait de structures vernaculaires qui réconcilient l’ingéniosité de l’homme avec le monde naturel. Les particularités communes que nous notons au cœur de la multiplicité culturelle de chaque région sont les fractales (objet mathématique qui présente une structure similaire à toutes les échelles) de leurs conceptions, une géométrie récursive. Seules les architectures traditionnelles africaines sont fractales. Les premières civilisations ont formé des modèles de l’univers à partir de révélations et non de recherches. Ils avaient une vision du monde cyclique enracinée dans les rythmes naturels, circadiens, saisonniers. L’architecture traditionnelle observée en Afrique reflète l’interaction de plusieurs facteurs : environnementaux, écologiques, sociologiques, démographiques, géographiques et religieux. Les ressources naturelles, le climat, la végétation, les sols, l’économie, la densité de population ne sont que quelques des nombreuses influences extérieures ayant une incidence sur la conception des bâtiments. Intrinsèquement, les méthodes de construction entre les nomades, les chasseurs-cueilleurs, les éleveurs, ou encore les peuples bédouins et touareg, en savane et demie déserte, populations de la corne du continent à l’Afrique australe varie grandement. Les constructions s’érigeaient majoritairement en dômes, tentes et autres cabanes conçues par ossatures durables et aérodynamiques les principaux matériaux utilisés pour les structures vernaculaires sont la boue, le bambou, le raphia, le chaume, le bois, la brique de terre cuite ou de pierre, le pisé, les pierres sèches, le mortier, l’adobe, feuilles de mongongo, herbes, graminées, poil de chameau, peaux de chèvre ; tous composés et assemblés collectivement. Rapport du séminaire Patrimoine architectural et matériaux locaux Image 1 : Tentes bédouines (sources : https://orb.exchange/architecture-africaine-une-histoire-didentites-d%CA %BCespaces-et-de-relations/ ) Au Bénin par exemple pays de l’Afrique de l’Ouest, le patrimoine architectural est constitué d'une grande diversité d'habitations et comprend le bâti spécifique (ou non) à certains sites nationaux. Il est matérialisé par de vieilles bâtisses d’architecture brésilienne et coloniale dans les villes ayant été le siège de la royauté, de la chefferie, de l’esclavage et de la colonisation (Porto-Novo, Ouidah, Grand Popo, Abomey, etc.) et par des bâtisses anciennes et nouvelles d’architecture traditionnelle dont les plus remarquables sont les habitations lacustres et les tatas Somba. 2 Rapport du séminaire Patrimoine architectural et matériaux locaux Image 2 : Tata Somba ( Source : https://www.fantastic-africa.com/tours/circuit-au-benin/ ) 2. Les principaux modes de construction en terre De la tradition de construction en terre, on dénombre de très nombreux modes de construction avec une infinité de variantes qui traduisent l’identité des lieux et des cultures. On connait principalement douze modes d’utilisation de la terre en construction. Parmi ceux- ci, sept sont couramment employés et constituent les genres techniques majeurs qui sont : Adobe : la brique séchée au soleil ; Pisé : la terre comprimée en masse avec un pilon dans des banches ; Terre – paille : barbotine de terre dans de l’eau, très homogène que l’on verse sur la paille ; Torchis : structure en colombages et claies de bois, hourdée avec une ou plusieurs couches de terre ; Façonnage : terre façonnée de la même façon que pour la poterie ; Blocs comprimés : terre comprimée dans un moule à l’aide d’un pilon ou d’un couvercle très lourd ; Bauge : empilement des boules de terre les unes sur les autres. 3 Rapport du séminaire Patrimoine architectural et matériaux locaux En Afrique de l’Ouest, on trouve quatre techniques constructives principales qui se répètent dans toutes les régions : La Bauge, le Torchis, le Façonnage, la Brique. 2.1. La Bauge La bauge est un matériau de construction monolithique en terre crue empilée. La terre est dans un état plastique, généralement mélangée à des fibres végétales ou animales. Les surfaces verticales des murs sont dressées par découpe après un court temps de séchage, alors que le matériau n'est pas trop dur. La construction en bauge est une technique ancienne, répandue en Europe, Afrique, Asie et Amérique. Cette technique consiste à monter des murs massifs en terre par l’empilement de mottes composées d’un mélange plastique de terre et de fibres végétales. Ce savoir-faire se différencie du pisé dans la mesure où il n’utilise aucun coffrage et les outils se limitent à la fourche et à la bêche. La terre à bâtir est prélevée sous la couche de terre arable et étalée sur le sol, à proximité du chantier. La terre est humidifiée et mélangée à de la paille au moyen d’une fourche, puis foulée au pied pour obtenir un mélange plastique. Des pains de terre sont ensuite prélevés avec la fourche et empilés pour monter la première levée de mur, qui fait 50 à 60 cm d’épaisseur sur 50 à 70 cm de hauteur environ. Les parements sont le plus souvent battus afin de chasser l’air et leur donner plus de cohésion, et enfin retaillés avec un outil tranchant. Après quelque temps de séchage, l’opération est répétée pour constituer la levée supérieure. Les parements reçoivent enfin un enduit de protection en terre. Image 3 : Bauge (source : https://amaco.org/bauge/ ) Image 4 : Mise en œuvre (source : https://amaco.org/bauge/ ) 2.2. Le Torchis Le torchis est un matériau et une technique de remplissage d’une structure porteuse en bois que l’on appelle le pan de bois ou le colombage. Un mélange composé de terre argilo limoneuse, de fibres végétales et d’eau est rendu plastique par piétinement, puis inséré entre et autour de l’ossature en bois, au moyen d’une structure d’accroche qui peut être, dans le département, constituée d’un lattage, d’un barreaudage ou d’un tressage. 4 Rapport du séminaire Patrimoine architectural et matériaux locaux Le torchis se pratique hors d'eau (mais non hors d’air). Il se pose au sein d’un ouvrage maintenu en parfait état fonctionnel. À chaque type de pose de torchis correspond un type de mélange contenant plus ou moins de fibres, elles-mêmes plus ou moins longues. Il existe une étroite corrélation entre le type de la structure, le type de support de fixation et le type de pose. Il est nécessaire d'identifier au préalable la finition du torchis afin de pouvoir anticiper les réserves nécessaires. Par exemple : tenir compte de l'épaisseur d'un enduit de finition à venir dans la conception de la structure porteuse (retrait d'un poteau/ sablière) ou du réglage d'un lattage/encadrement d'ouverture. Le torchis est fini, soit brut, paré ou revêtu en fonction des protections éventuellement envisagées. Les épaisseurs du torchis sont variables allant d'environ 3 cm et assurant un simple rôle de fermeture jusqu'à atteindre 20 cm d’épaisseur rarement plus. L'enrobage des supports de fixation fait 2,5 à 3 cm minimum. Une épaisseur de cloison, de chape ou d'enveloppe couramment rencontrée est de l'ordre de 8 à 16/18 cm. Image 5 : Torchis(Source : séminaire de patrimoine architectural et matériaux locaux) 2.3. Le Façonnage Le façonnage direct emploie la terre à l’état plastique et permet de modeler des formes sans l’aide de moule ou de coffrage. Colombin : La terre directement façonnée à la main est travaillée à l’avance : hydratation, pétrissage, 5 Rapport du séminaire Patrimoine architectural et matériaux locaux séchage pour obtenir une consistance plastique idéale. On y ajoute souvent des substances végétales ou animales, de déchets organiques. Image 6 : Colombin ( source : séminaire de patrimoine architectural et matériaux locaux) Boules façonnées : Des boules de terre de gros diamètre permettent d’élever des murs plus épais. Exemple des maisons forteresses ‘’Tamberman’’ du Togo. Image 7 : Boules façonnées (source : séminaire de patrimoine architectural et matériaux locaux) 2.4. La brique Il existe deux sortes de briques : la Brique de Terre compressée (BTC) et la Brique de Terre compressée stabilisée (BTCS). La BTC se trouve principalement en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie. C’est une technique récente que l’on rencontre surtout sur des projets humanitaires, car les organismes financent les machines utiles à la fabrication des 6 Rapport du séminaire Patrimoine architectural et matériaux locaux briques. Le taux d’argile dans la terre doit être de 15 à 20 %. Il peut y avoir des cailloux jusqu’à 1,5 cm de diamètre dans la terre. Pour la BTCS, on stabilise en général à 3 ou 4 % de chaux hydraulique ou de ciment. La proportion du mélange avec une terre à 25 % d’argile est donc d’environ 80 kg de terre et 20 kg de sable pour 4 kg de ciment. Les dimensions de briques que l’on trouve le plus fréquemment sont : – 29,5 x 14 x 9,5 : 8 kg la brique pour 33 briques au m² ; – 22 x 10,5 x 6,8 : 4 kg la brique pour 50 briques au m² ; – 30 x 20 x 10 : 13 kg la brique pour 26 briques au m². La compression moyenne d’une brique est d’environ 25 kg/cm². Sa densité est d’environ 1,9. Contrairement à la BTC, la BTCS contient un stabilisant, un liant : de la chaux ou du ciment. L’avantage de la BTC comme de la BTCS est que, pour les mêmes caractéristiques que les autres techniques, on réduit considérablement les épaisseurs de mur. uploads/Geographie/ architecture-et-patrimoine-locaux.pdf
Documents similaires










-
27
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Sep 25, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
- Taille du fichier 2.1019MB