FICHE TYPE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL DE LA FRANCE 1 Invent

FICHE TYPE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL DE LA FRANCE 1 Inventaire des pratiques et représentations du minéral en Bretagne Série 2: Les pierres animées « Faire sonner les pierres du Guildo » Présentation sommaire Nom : Les pierres sonnantes du Guildo Identification : Amas de roches amphibolites qui rendent un son métallique lorsqu'on les frappe avec une autre pierre Personne(s) rencontrée(s) : Jean-Yves Castel Michel Duedal Localisation : Saint-Cast-le-Guildo, département des Côtes- d'Armor, région Bretagne FICHE TYPE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL DE LA FRANCE 2 (A) Identification et localisation : Nom et rôle et/ou fonction de la personne rencontrée : Jean-Yves CASTEL: historien, historien de l'art domicilié sur la commune de Lanvallay. Guide conférencier retraité (ville de Dinan) Michel DUEDAL : historien local domicilié à Saint-Jacut-de-la-Mer, ancien président de l'association des Amis du vieux Saint-Jacut. Coordonnées du lieu d'exercice: Les pierres sonnantes Adresse : port du Guildo Ville : Saint-Cast-le-Guildo Code postal : 22380 FICHE TYPE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL DE LA FRANCE 3 (B) Description Les pierres sonnantes du Guildo sont situées dans un cadre propice à la balade, sur les berges de l'estuaire de l'Arguenon, fleuve côtier qui se jette dans la Manche sur la commune de Créhen (22). Outre la curiosité que représentent ces pierres, cette situation exceptionnelle a fait des pierres sonnantes une attraction touristique, et ce depuis le début du XXe siècle. Les promeneurs se rendent sur place, ramassent des cailloux, de préférence en dolérite comme les pierres sonnantes, qui leur serviront d'instrument et cheminent entre les pierres en recherchant celles qui rendront le son le plus argentin. Nombreux sont ceux qui se photographient devant les plus majestueuses tandis que les enfants escaladent les chaos. L'emplacement exact des pierres est surtout connu au niveau local, par les habitants des communes de Créhen, Saint-Jacut-de-la-Mer et Saint-Cast-le-Guildo. Sur un secteur élargi, la population connaît généralement l'existence de ces pierres sans toutefois les situer précisément. Monsieur Duedal : C'est très renommé, il y a des gens qui viennent de partout. Ils ne savent pas où c'est mais ils connaissent les pierres sonnantes. C'est quasiment un monument national. Tout le monde ne les connaît pas bien sûr, mais il y a des gens de partout qui les connaissent. Ce qu’on dit, ce qu’on a dit : Les pierres sont associées au géant Gargantua - que l'on retrouve dans le roman de François Rabelais- personnage légendaire très présent sur le territoire breton. Selon la légende, ces pierres sont la conséquence d'une terrible indigestion subie par Gargantua. Jean-Yves Castel nous raconte cette légende : Un jour qu’il passe au-dessus du port de Saint-Jacut, il sent des odeurs de raietons qui sèchent – les Jaguens étaient réputés pour pêcher beaucoup de raies aux XVIIe, XVIIIe siècles et plus tard. Ces raies étaient lavées, vidées, salées et mises à sécher sur les bateaux et dégageaient donc une odeur d’ammoniaque très forte. Comme il était très gourmand, il prend les bateaux comme on prend une coupe et hop ! il vide toutes les raies qu’il avale en même temps, et comme les bateaux étaient lestés avec des grosses pierres, il avale les pierres, et comme les raies étaient salées, il a soif et il va élargir l’estuaire de l’Arguenon pour boire mais ça va le faire vomir. Il va vomir les pierres, ces grosses boules qui ont formé l’amas des pierres sonnantes du Guildo. FICHE TYPE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL DE LA FRANCE 4 D'autres versions1 rapportent que Gargantua les avait avalées plus haut dans le lit de la rivière ou qu'il les avait ingurgitées lors d'un festin offert par les habitants d'un village voisin et qu'il les vomit en arrivant près de Saint-Jacut, écœuré par l'odeur des raies qui séchaient sur les façades des maisons. On rapporte aussi que Gargantua les avait avalées intentionnellement dans le but de les rapporter dans son village natal, Plévenon(22) situé à une quinzaine de kilomètres du Guildo. On attribue les particularités de ces roches à des matériaux différents que ceux d'une pierre ordinaire. Dans le sens commun, c'est sa contenance en fer qui justifierait ce son métallique. Au Guildo, plusieurs de nos informateurs nous ont rapporté cette explication. Ces pierres hors du commun sont propices à l'imaginaire, « C’était des pierres à trésor. De l’argent ou de l’or… des fois il y a des restes de mica, il y a des géodes avec des cristaux de quartz et c’est ce qui faisait croire qu’il y avait de l’argent ou des diamants, ça brillait ... » (Jean-Yves Castel). Lieu d'exercice : Description des lieux et des installations : En passant la rivière de l'Arguenon en direction de Saint-Cast (départementale 786), la signalétique indique le port du Guildo et dans la même direction, les pierres sonnantes. En arrivant sur le port, un panneau, dédié à cette curiosité, nous invite à descendre sur la grève en suivant les rives de l'Arguenon vers la mer. Voici ce qu’on y lit : Ces roches d’amphibole frappées par un galet de même nature rendent un son argentin. L’amphibolite (silicate double de calcium et de magnésium) est une des pierres les plus dures de la nature. Sa densité est telle qu’elle peut rayer le verre. Les blocs, comme suspendus sur d’autres blocs qu’ils touchent à peine, rendent un son cristallin. La légende dit que Gargantua de passage au Guildo se trouva subitement fort gêné. Pour soulager son estomac trop chargé, il vomit ces pierres sonnantes qu’il avait avalées par mégarde. Pour accéder aux pierres, il faut marcher une centaine de mètres sur un sentier chaotique recouvert à marée haute. Quelques roches d'amphibole apparaissent rapidement et certains promeneurs font demi-tour après les avoir vues et avoir tenté de les frapper. Pourtant, c'est après la courbe que sont situées la majeure partie de ces pierres sonnantes. Comparées par Paul Sébillot à « un troupeau de moutons noirs couchés », elles sont de couleur sombre, d'un gris presque noir et plus ou moins fichées dans le sol sablonneux ou agglomérées en chaos, les unes sur les autres. L'ensemble des pierres s'étale sur deux cents mètres environ le long de la grève. Elles sont 1 P. Sébillot, Folklore de France, Tome 2, Livre 1, La Mer, Ch.4 « la ceinture du rivage », pp.91-93 ; dépliant touristique « Sites naturels en Côtes-d’Armor - château du Guildo » FICHE TYPE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL DE LA FRANCE 5 de formes et de dimensions variées, certaines sont encore prisonnières du substrat qui les maintient dans la paroi qui longe la grève. Les pierres qui sonnent le plus nettement gardent le stigmate du passage des nombreux visiteurs ; des cavités d'une dizaine de centimètres de diamètre se sont peu à peu creusées, de petites pierres y sont parfois nichées pour que le visiteur suivant puisse frapper à son tour et entendre résonner les roches. Celles qui rendent le son métallique le plus représentatif sont celles qui reposent sur d'autres et ne touchent pas le sol. En amont de cette petite falaise qui borde l'embouchure de l'Arguenon, passe le GR 34, sentier de randonnée très fréquenté qui suit la côte bretonne. Le cadre est largement arboré et offre une vue dégagée sur l'estuaire et les ruines du château de Saint-Jacut situé sur l'autre rive. Nature du lieu : Domaine public maritime. Les pierres sonnantes du Guildo, roches amphibolites, sont de nature différente de celles de Bieuzy-les Eaux. Transmission : La transmission de cette pratique et des légendes liées aux pierres sonnantes se fait à l’articulation de l’oral et de l’écrit. Ces différents modes de connaissance cohabitent, s'entremêlent et, bien souvent, les personnes interrogées ne savent plus par quel biais ils ont connu les pierres à légendes. Jean-Yves Castel, guide conférencier, nous raconte la réaction des visiteurs qu'il conduit jusqu'aux pierres : « Ah c’était là les pierres sonnantes, on croyait que c’était à Saint-Cast ! Ils en avaient entendu parler sans savoir où ». Récit raconté par les membres de la famille, visite dans le cadre scolaire, lecture des recueils de légendes ou des collectes folkloristes du XIXe siècle, les habitants du territoire ont souvent rencontré ces pierres et leurs légendes et ont l'impression de les connaître « depuis toujours » : elles font partie du paysage non seulement naturel mais aussi culturel. Pour les personnes originaires du territoire, les pierres sont connues par le biais de la légende qui met en scène Gargantua, souvent transmise dans un cadre familial, « Quand par exemple on va se balader le long de l’Arguenon, on va au château du Guildo et il y a la grand-mère ou le grand-père qui dit « Tiens ! On devrait aller aux pierres sonnantes en face » (Jean-Yves Castel). Lui-même nous raconte avoir eu connaissance de cette légende par sa grand-mère. Les grands-parents ont un rôle important dans cette transmission familiale, c'est souvent leur génération qui entretient le lien le plus intime avec le territoire et son patrimoine. FICHE TYPE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL DE LA FRANCE 6 Les écoles des communes uploads/Geographie/ fiche-pci-pierres-sonnantes-du-guildo.pdf

  • 17
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager