Brève Histoire de la Shoah Yad Vashem | Institut commémoratif de la Shoah et de

Brève Histoire de la Shoah Yad Vashem | Institut commémoratif de la Shoah et de l’ Héroisme, Ecole Internationale pour l’ Etude de la Shoah Brève Histoire de la Shoah Rédaction | Section du Développement et Section de la formation des guides, Ecole Internationale pour l’étude de la Shoah Traduction | Esther Vento Edition | Valérie Ben Or Production | Ami Sternschuss Conception Graphique | Eran Zirman © 2005 Tous droits réservés à l’Ecole Internationale pour l’ étude de la shoah, Yad Vashem, tous droits de traduction, de reproduction et d’ adaptation réservés pour tous pays. Toute représentation integrale ou partielle faite par quelque procedé que ce soit sans autorisation de l’ éditeur est illicite. Yad vashem | Institut commémoratif de la Shoah et de l’ Héroisme, Ecole Internationale pour l’ Etude de la Shoah avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah L’histoire des Juifs d’Europe recouvre des siècles. Pendant des siècles en effet, les Juifs avaient vécu et travaillé dans tous les pays d’Europe au sein des populations locales, mais pendant la Shoah, ils seront exterminés. La plupart des récits qui sont parvenus jusqu’à nous sont tirés de témoignages des survivants. Ce n’est qu’une infime minorité d’entre eux qui survécu, la grande majorité fut victime de la machine nazie. Nous ne saurions ignorer leur dernier testament. L’idéologie nazie L’idéologie nazie était fondée sur une base antisémite. S’appuyant sur un antisémitisme traditionnel plusieurs fois centenaire et issu du christianisme, les Nazis croyaient que le monde se composait d’une hiérarchie basée sur la race, avec les Juifs représentant l’”anti-race”. Les Juifs constituaient à leurs yeux une menace biologique pour la pérennité de l’Allemagne et celle du monde entier. L’idéologie nazie rejetait l’idée de la démocratie car elle cherchait à établir un Etat totalitaire qui unirait la nation (Volk) allemande. Les allemands nazis étaient farouchement opposés au communisme “juif” et pensaient que l’Allemagne devait élargir son “espace vital “ vers l’Est. Les Juifs constituaient un objet de haine fondamental pour les Nazis. La propagande nazie incitait à la violence et à l’agression contre les Juifs. Ainsi, le slogan du Der Stürmer, un journal nazi, disait : “les Juifs sont notre malheur.” Dans les livres pour enfants, les Juifs étaient toujours des conspirateurs diaboliques, des bolcheviques, des communistes, des violeurs ou des assassins. Comme selon leur théorie pseudo scientifique, le rôle d’une personne était déterminé par sa race, les Juifs faisant partie d’une race négative et destructrice, 3 Introduction ils étaient donc considérés comme une plaie qu’il fallait éradiquer de la face de la terre. La montée au pouvoir du parti nazi en Allemagne La situation en Allemagne après la Première Guerre Mondiale avait fourni un terrain particulièrement fertile aux idéologies extrémistes et préparé la venue au pouvoir de dirigeants forts. A la défaite, l’Allemagne doit se soumettre aux conditions du Traité de Versailles par lesquelles, il lui fallu rendre des territoires, réduire considérablement la taille de son armée et payer des dédommagements aux victimes. Mais seulement après quelques années de stabilité, l’Allemagne fut de nouveau plongée dans une crise économique, qui faisait écho à la crise mondiale pendant la Grande Dépression, à partir de 1929. La réponse de l’Allemagne est un changement de gouvernement et le rejet de la démocratie. Ainsi, le 30 janvier 1933, marque de la victoire d’Adolf Hitler et du National Socialisme, mieux connu sous son nom abrégé, le Nazisme. Hitler avait pendant des années tenté de prendre le pouvoir. C’est grâce à des élections démocratiques qu’il deviendra chancelier à la tête d’un gouvernement de coalition. Avec le régime nazi s’installe le règne de la terreur. Les membres des partis d’opposition, les communistes, socialistes et les libéraux vivaient dans la peur constante de se faire arrêter et envoyer dans des camps de concentration nazis. De fait, depuis mars 1933, certains de leurs amis avaient déjà été expédiés à Dachau pour un programme appelé “ de rééducation” et dans les conditions des plus abominables. Les Juifs d’Allemagne En 1933, onze Juifs avaient reçu un prix Nobel, alors qu’ils ne formaient même pas un pour cent de la population allemande. Leur contribution au développement de l’Allemagne était exemplaire. Ils se considéraient à la fois comme Juifs et comme citoyens allemands fiers de leur pays. Ils avaient en outre prouvé si besoin était leur patriotisme pendant la Première Guerre mondiale, où douze mille jeunes dans les rangs de l’armée allemande moururent au champ de bataille. Alors pourquoi l’antisémitisme a-t-il éclaté dans un pays qui comptait relativement peu de Juifs, qui de plus étaient une partie 4 intégrante de la culture allemande, parlant et écrivant dans la langue du pays, sans signes extérieurs distinctifs ? Il n’y a pas de réponse à cette question, mais il ne faut pas oublier que la xénophobie, le racisme et l’antisémitisme n’étaient pas des phénomènes nouveaux, des siècles d’histoire prouvent qu’ils ont toujours existé. Aujourd’hui encore, ils sont toujours présents. Heinrich Heine qui était un poète qui s’était converti au christianisme cent ans avant qu’on ne se mette à brûler livres en Allemagne nazie, écrivait déjà:” là où seront brûlés des livres, des êtres humains seront brûlés aussi.” Cette remarque prophétique reste un avertissement pour tous. Au coeur d’un pays civilisé, dans les squares publics non loin des universités les plus prestigieuses, les livres, source de savoir et de culture, reflet de l’esprit même de l’humanité furent systématiquement brûlés, surtout des livres écrits par des Juifs et de la musique composée par des Juifs bien sûr. Mais bientôt aussi des oeuvres qui étaient estimées incompatibles avec la philosophie nazie étaient qualifiés de subversives et confisquées. Les livres de poésie de Heine figuraient également sur ces listes noires, et furent brûlés à cause des origines juives du poète. L’expansion territoriale de l’Allemagne, 1935-1939 Hitler, qui prônait que l’Allemagne avait besoin d’un plus grand espace vital ( lebensraum), annexe l’Autriche en 1938 puis occupe la Bohême et la Moravie en 1939 (la Tchécoslovaquie d’avant-guerre). Mais déjà en 1935 les troupes allemandes avaient pénétré dans la zone du Rhin démilitarisée, ce qui constituait une enfreinte des accords de Versailles. Face à cette militarisation et à ces agressions, la réaction des puissances alliées fut intéressante. En septembre 1938, Hitler rencontra le premier ministre britannique, Neville Chamberlain à Munich, pour résoudre le problème des Allemands qui habitaient la Tchécoslovaquie. A cette occasion, Hitler menaça d’une guerre si ses demandes n’étaient pas acceptées. Chamberlain céda et signa un accord “historique” avec Hitler. Après la rencontre il annoncera: “ je crois que c’est la paix pour notre époque” Cette déclaration deviendra le symbole de la politique conciliante connue comme la politique de l’”apaisement” adoptée par les dirigeants mondiaux dont faisait partie Chamberlain, tous mus par la peur d’une nouvelle guerre mondiale. 5 La politique anti-juive en Allemagne pendant les années 30 Le samedi 1er avril 1933, des membres de la SA se postèrent devant des magasins qui appartenaient à des Juifs, pour en empêcher l’accès aux clients. Ce boycott qui dura toute la journée avait été organisé par les Nazis en représailles du boycott international contre l’Allemagne et dont, disaient-ils, les Juifs étaient responsables. Edwin Landau, un Juif d’une petite ville dans l’Ouest de la Prusse se souvient de ce jour:. “Ces jeunes, étaient les mêmes jeunes avec lesquels nous avions combattu dans des tranchées pour défendre notre pays contre ses ennemis. N’y avait- il personne parmi eux pour réagir ? Ce qui se passait ne les révoltait-il pas? Je les ai vu marcher dans la rue y compris certains que j’avais personnellement aidé, une sorte de rictus se peignant sur le visage, ils avaient l’air de prendre plaisir au spectacle. J’ai alors été chercher mes médailles militaires, je suis sorti dans la rue, mes décorations sur la poitrine et je me suis rendu dans des magasins tenus pas des Juifs. Tout d’abord on m’en interdit l’accès. J’étais tellement furieux que je voulais crier ma rage au visage de ces barbares. La haine et le dégoût, des sentiments que je n’avais jamais connu jusque là, me submergèrent. En quelques heures j’étais devenu un autre homme. Ce pays, ce peuple, que jusque là j’avais aimé et admiré étaient soudain devenus mes ennemis. Dans ce cas, je ne suis plus un Allemand, ou du moins je ne devrais plus l’être. Il m’était évidemment impossible d’absorber tous ces changements d’un coup, en quelques heures. Mais une chose était claire, cependant, quelque chose que j’avais ressenti. J’avais honte d’avoir fait confiance à ces gens qui montraient maintenant leur vrai visage et qui faisaient de moi maintenant leur pire ennemi. Soudain, la rue même me parut étrangère, si étrangère. La ville entière m’était devenue si étrangère.” (Monika Richarz (ed.), Jewish Life in Germany – Memoirs from Three centuries, Bloomington, Indiana University Press, 1991, p. 311). Bien que le boycott officiel n’ait duré qu’un jour, nombreux furent les Allemands qui arrêtèrent de fréquenter les établissements appartenant à des Juifs. Face à ce qui se déroulait dans la rue au quotidien, les Juifs ne pouvaient éviter uploads/Geographie/ breve-histoire-de-la-shoah.pdf

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